PDV CelloIls avançaient, uns à uns, dans ce long couloir. Claquant sur le sol à cause de mes semelles épaisses, et résonnant violemment contre les vitres d'où s'échappaient les rayons de lumière à travers l'eau. Mes yeux passaient de la pénombre sur le côté à cette lumière presque aveuglante sans aucun problème, admirant la beauté des fonds marins. Toujours souriante, mes pieds seuls me guidaient dans ce dédale.
Alors que je m'apprêtais à tourner, et ainsi de me séparer de la fenêtre, une ombre passa, et, dos à la vitre, mon sang se figea. Un poisson aussi énorme existait-il vraiment? Lentement, ma tête se tourna vers la vitre, et mes yeux se posèrent sur une machine énorme.
Les hélices de ce qui me semblait être un sous-marin battaient dans l'eau, laissant l'écume venir s'écraser face à la vitre, et, ainsi, former une tâche blanche contre cette dernière. La paroi de cet engin était grise, et rouillée à certains endroits. Non, ce n'était pas un navire aussi modernes que ceux d'ici, et donc, il ne pouvait s'agir des nôtres. Mais alors... Qui était-ce...? Reculant d'un pas, mon dos heurta quelque chose, et je laissai un hoquet de surprise sortir de ma bouche. En relevant le visage, je découvris le visage fermé de notre instituteur, Aypierre. Il ne semblait refléter aucun sentiment, ni positif, ni négatif, comme s'il était en plein contrôle de sa personne toute entière. Il posa alors ses iris saphir sur moi, et je soutins son regard, avant qu'il ne me repositionne normalement, et qu'il se retourne.
«Vas te réfugier dans la quartier central, et avertis chaque personne que tu puisse croiser sur ton chemin.
-Attends! Que ce passe-t-il?
-Rien, nous t'expliquerons à toi comme aux autres ce qui...
-Non, j'en ai assez de devoir vivre entourée de mensonges!
-Écoute, je...
-Non, j'exige des réponses, c'est plus qu'important, car, vous avez beau nous voiler la vérité depuis tout ce temps, nous voyons tous ce qui est réalité, nous savons tous que notre vie est entièrement cachée derrière une barrière de mensonge, trop brut et épaisse pour nous permettre d'avoir des explications réelles. Et, à vrai dire, je dois avouer que cela m'énerve, comme cela énerve tout le monde. Nous avons été enfermés ici, non pas pour nous protéger, mais bien pour combattre une force dont nul ne connaît la nature, mis à part vous. Cela est plus qu'honteux, et, je serais vous, je dirais immédiatement ce qu'il se passe, car je ne mettrais pas ma vie en péril ici sans avoir de réponse. Alors, toujours décidé à ne pas me répondre?, demandais-je en croisant mes bras sur sa poitrine.
-Cello...
-Je ne bougerais pas d'ici.
-Il s'agit d'un clan ennemi, je ne peux t'en dire plus.
-De quoi sommes nous menacés?»
Les yeux saphirs du plus vieux, me scrutèrent de la tête aux pieds, semblant ainsi sonder les tréfonds de mon âme pour me mettre à nue, moi et mes secrets, moi et mes sentiments. Je me sentis incroyablement mal, ressentant soudainement le besoin de me cacher, de détourner mes pupilles, de laisser mon être se reposer sur ce parterre bien plus rassurant, calme, et défenseur que cet aura de peur et de stress que me faisait ressentir Aypierre.
«De mort. Nous sommes menacés de mort.»
Ce n'était presque pas une surprise. Bien évidemment que nous étions menacés d'un danger énorme. Ce n'était pas comme si, apprendre à se battre, était offert au premier venu. Nous avions usé du savoir des armes, des poings, de la coordination de chaque geste que pouvait organiser notre corps, et de la raison, de la technique, de l'intelligence, et, plus que cela de la puissance, dans tous les sens du terme.
«Où est Aliona?, fut la seule phrase qui sorti de ma bouche.»
Je n'eus pas le temps de recevoir une quelconque réponse, qu'un énorme tremblement pris le sol, et que je dus m'agenouiller part terre, posant mes mains sur ce dernier. Je vis Pierre faire de même, en laissant son bras passer au dessus de mon crâne, comme cherchant à protéger ma tête d'un quelconque éboulement. Je fermais fortement les yeux, attendant que ce mauvais moment passe, et que tout se calme. En relevant enfin la tête.
«On a pas le temps d'aller la chercher, elle est à l'infirmerie, et, d'après le son que l'on vient d'entendre, il se trouve qu'ils ont percé le mur juste à côté, au-dessus de nos têtes. Bientôt, l'inondation va se faire jusqu'à nous, si on ne remonte pas vite. Faire un détour vers cette pièce ne nous fera que rapprocher de la mort, dit Aypierre.
-Je refuse de l'abandonner, et, si tu ne viens pas avec moi, j'irais la chercher seule.
-Non, tu n'as pas le droit. Tu risquerais de te faire tuer.»
Sans même prêter attention à ses paroles, je me relevais précipitamment, et me mis à courir le plus rapidement possible vers les escaliers. Derrière moi, ne retentit le cri du brun que comme un simple murmure qui vint caresser mes tympans d'un doux courant d'air. Les ondes s'étaient atténuées, et je n'entendis pas bien cette légère brise étant censée m'offrir une information, sûrement cruciale pour lui, mais complètement inutile pour moi.
Un seul objectif se profilait à présent sous mes yeux, celui de sauver mon amie. Mes cheveux châtains glissaient de gauche à droite sur mes omoplates, alors que mes jambes commençaient à me faire souffrir, mais je ne lâchai pas ce que je souhaitais le plus, et, bien que mes pieds me brûlaient actuellement, je courus encore plus vite, bien décidée à atteindre le prochain étage. Une porte en fer se dressait à présent devant moi, mais, sans même poser mon regard dessus, je tournais, et laissais de nouveau un bruit de pas métallique percer les airs, accélérant encore la cadence.
Un nouveau hurlement. Non, je ne pouvais renoncer, bien que, déjà, les clapotis de l'eau sous mes semelles résonnaient. L'inondation arrivait sur nous, sans aucune solution possible. Redoublant d'effort, sous mon souffle saccadé, je sentis mon pied se prendre dans le rebord d'une marche, et mon genou entra violemment en contact avec la substance froide de cette dernière. Ne renonçant toujours pas, et serrant les dents, je me tirais avec difficultés sur mes jambes si frêles, qui tremblaient de froid et de souffrance. En baissant les yeux, je vis du sang couler sur ma peau blanche, et se mélanger à la transparence de cette eau si pure.
En reprenant ma course, je me rendis compte que, sur mon passage, une autre ligne de sang, mis à part celle qui s'écoulait de la mienne, semblait provenir d'en haut. Mon cœur rata un battement. Je courus d'autant plus vite, et mes membres semblaient, cette fois-ci, me porter tous seuls, comme portés par une force divine, et cherchant à me faire avancer.
Arrivant enfin, à bout de souffle, à mon objectif, l'eau m'arrivait à présent aux genoux, et un nouveau tremblement me fit tomber à quatre pattes, ce liquide venant tout à coup ensevelir mes épaules, et me congeler sur place, tout comme alourdir mes cheveux.
En relevant mes yeux noirs, je vis alors un corps flotter à la surface, et un hurlement sorti de ma cavité buccale. Les jambes de ce qui ressemblait étrangement à un cadavre étaient longues, blanches, et trop livides à mon goût. Son haut avait été presque entièrement déchiré, nous permettant ainsi de voir tout son ventre, et le bas de sa poitrine, prouvant ainsi qu'il s'agissait d'une femme. Ses bras étaient étendus tous deux vers un côté différent, s'ouvrant ainsi dans une position d'étoile, comme offrant son âme à la faucheuse, dont je pouvais presque voir la cape noire traîner non loin, venant de nouveau voler la flamme de la vie à un être si jeune, si innocent. Autour de son visage semblant endormi, une traînée de cheveux noirs, comme le charbon, s'étalaient à la surface de l'eau, encadrant à la perfection cet air si pur que lui donnait la mort.
Mes larmes ne purent se retenir plus longtemps, et, alors qu'un gémissement de douleur sorti de ma bouche, et que ma tête retomba sur ma poitrine, cherchant sûrement un refuge pour me recueillir, pour tenter de calmer mes larmes.
Soudain, je sentis deux bras venir se refermer autour de mes hanches, alors qu'un nouveau tremblement parvint jusqu'à nous, faisant à peine trembler celui qui venait de m'enlacer. Je tapais fortement contre le torse de ce dernier.
«Lâche moi! Je veux aller chercher son corps!
-Elle est morte, elle ne pourra pas revenir, même si nous recueillons son cadavre!
-Il s'agit de mon amie!
-Et alors, elle va juste nous encombrer!
-Aypierre, lâche-moi, bordel!
-Non, Aliona est morte, il ne sert plus à rien de revenir sur ce qui appartient au passé, dit-il en atteignant le second palier.
-Laisse moi aller la cher...»
Mes pupilles se dilatèrent violemment. Une pierre tomba, pile sur le corps de mon amie, et tout se transforma en bain de sang. Il flotta dans les airs et l'eau se tinta de rouge. C'était fini, même son cadavre n'était plus.
PDV IloTout paraissait si calme, trop calme. C'était trop étrange. D'habitude, même dans le couloir, les cris des autres résonnaient, mais, aujourd'hui, rien. Ouvrant la porte dans un léger grincement, je laissais mes yeux observer l'extérieur d'un air curieux, que je ne me connaissais pas. Mes yeux sondèrent les alentours, observant la pénombre de la nuit qui venait tout juste de tomber. Il n'était pourtant pas si tard que cela...
Soudain, des bruits de pas pressés parvinrent à mes oreilles, et une silhouette difforme se dessina devant mes yeux. Tout ce que je pouvais affirmer, c'était qu'il s'agissait d'une fille, à cause de ses cheveux qui bougeaient de droite à gauche dans son dos, et les formes de son corps, étant trop efféminées pour s'agir d'un homme. Je fronçais les sourcils, jusqu'à ce que je puisse distinguer la couleur des cheveux de la demoiselle, et que je reconnaisse Nayara.
Elle semblait totalement à bout de souffle, et dut poser ses mains sur ses genoux en arrivant devant moi, tout son corps semblant trempé.
«O-on... On se fait... Attaquer...»
Ne comprenant pas, je fronçais les sourcils, et la regarda d'un air totalement déconcerté.
«Comment ça?
-Avec... Thaek... On a vu... Un sous-marin... Mais il ne venait pas... Du sixième grade...
-Tu es sûre de ce que tu affirme?»
Elle hocha positivement la tête, et, lui ordonnant de reprendre son souffle et de retrouver les autres, je courus dans chaque chambre, afin de vérifier qu'il n'y avait personne restées à l'intérieur. Je ne savais pas s'il s'agissait d'un exercice, ou de la vérité, mais quoi qu'il en soit, je me devais de protéger les autres, rien que pour ne pas paraître faible.
En allant vers le dortoir des garçons, je me fichais éperdument de savoir s'ils se changeaient actuellement ou non, et j'ouvrais chaque porte, hurlant à chaque personne présente d'aller se réfugier dans la salle d'entraînement. Arrivant au bout du couloir, j'ouvris violemment la porte, et mon regard croisa deux iris noisettes. Serrant les dents, je détournais le regard, et dis la même chose qu'aux autres.
«Ilo.»
Je me figeais, haïssant tellement cette voix. Je serrais les poings, et continuais mon chemin, sans même prêter attention à ce dernier.
«Pardon.»
Mon pied se posa devant moi, et je ne fis pas d'autre geste. Comme de marbre, je sentais presque ma haine tenter de me guider. Pardon?! C'était la seule chose que cet idiot trouvait à me dire?! En relevant le menton, je lui lançai un regard des plus noirs.
«Faites ce que je vous ai dit.
-Dortos se sent mal, intervint Unster qui se trouvait dans la même pièce.
-Qu'a-t-il?
-Mal au ventre.
-Il survivra.»
En reprenant ma marche, j'entendis soudainement le gémissement de douleur du blond, et ris un peu. C'était moi, ou il faisait du cinéma? En laissant mon regard se tourner vers les jeunes hommes, je souriais, amusée.
Ce à quoi je ne m'attendais pas, c'était l'énorme tâche de sang qui se tenait sur son haut. Je me retournais alors d'un coup, et entrais dans la pièce, prenant le jeune homme par le dessous du bras, le soulevant ainsi légèrement. Unster prit l'autre bras de Dortos, afin de m'aider à le maintenir.
«Que lui est-il arrivé?
-Eh bien, en fait...
-Oh, en fait, laisse tomber. J'ai même pas envie de savoir quelle idiotie vous êtes allés faire au point de ne pas prévenir les instituteurs de sa blessure.»
Débutant la marche, je me promis de prendre le soin d'aller chercher des bandages sur le chemin, afin d'arrêter les saignements du jeune homme. En laissant mes pas, seuls, me guider dans les longs couloirs, entendant les répercussion du bruit de ceux de Brioche.
Cet homme avait-il sincèrement pensé ses paroles? Le regardant du coin de l'oeil, je vérifiais qu'il suivait notre allure, et accélérais même, afin d'arriver plus tôt en zone sécurisée, pour me laisser le temps d'aller à l'infirmerie.
En montant une première marche, une secousse me pris, ainsi que tous les autres, et un éboulement nous fonça dessus. Je vis Brioche à mes côtés, et Unster de l'autre. Prenant une décision logique, je me dis qu'Unster sauverait la vie de Dortos, et, poussant Brioche sous mon poids en me jetant sur le côté, je me trouvais d'un seul coup, lui dans mes bras, au dessus de son corps. Je refermais mes membres sur son corps frêle, et l'enlaça, comme pour le protéger de la moindre pierre tombant du plafond.
J'entendis un hurlement strident. Mon sang ne fit qu'un tour. Me relevant d'un seul coup, mon regard se tourna vers l'endroit où une énorme pierre se trouvait à présent. Je sentis mon rythme cardiaque augmenter, et, avnçant d'un pas hésitant, je dis d'une voix blanche:
«Unster, Dortos, vous m'entendez?»
Seul un reniflement me répondit. Ce qui me fit encore plus peur. En contournant la pierre, mon regard se posa sur une touffe de cheveux bruns. Deux iris saphir se relevèrent vers moi, embuées de larmes. Mes yeux glissèrent alors sur le haut de sa tête, puis sur ses bras, et, enfin, sur ce qui reposait dans ceux-ci.
Un hoquet de surprise me prit, et, reculant d'un pas, je vis Brioche arriver en courant. Il regarda Unster, puis Dortos, et, enfin, un «non» hurlé perça les airs.
«Dortos!, hurla Brioche en courant vers ses amis.»
Déjà, une énorme flaque de sang s'écoulait au sol, et, les jambes et le bas du corps écrasé de son ami, par la pierre, avaient disparues. Un profond dégoût devant la peau, à présent devenue charpie, me prit, et je ne pus rien voir de plus que les larmes des deux jeunes hommes, refusant à mon être tout entier d'observer quelque chose d'autre.
«On devrait... Y aller... Je suis tellement désolée...
-Tu as sans doute raison..., murmura Unster. Brioche, viens...
-Non, on ne peut pas abandonner le corps de Dortos.
-On ne peut pas prendre son corps... Il est presque totalement enseveli sous la roche.
-Si, on pou...
-Non, Brioche, relève toi, et viens. Il ne sera certainement pas le dernier mort de cette bataille, dit Unster.»
À contre-coeur, il se dressa sur ses jambes, et regarda son ami. Pourtant, dès ce moment, la main du blond attrapa doucement la cheville de Brioche.
«Ne... Meurs pas...»
À peine eut-il terminé sa phrase, que la lueur de vie qui restait dans ses douces iris mauves disparu, et ne laissa place qu'à une couleur terne, et trop morte à mon goût.
Je détournais le regard sur le côté, et baissa la tête. Si je ne m'étais pas fiée à ce que me disais la logique, je me dis que, peut-être, il serait encore vivant à cette heure. La culpabilité me pris alors, et je serrai fortement les poings, honteuse. Je n'avais pas pensé aux autres, comme à mon habitude, et avais d'abord pensé à des probabilités ignorantes, qui n'étaient même pas basées sur des choses réelles. Combien y avait-il eut, honnêtement, de pourcentage de chance que, effectivement, Unster ait le réflexe de sauver Dortos? Il ne pouvait pas lire en moi, ne pouvait pas deviner le fond de ma pensée, et, bien plus, ne pouvait pas comprendre que je comptais sur lui pour sauver son ami.
«On y va.»
Je me retournais alors, et entendis, malgré tout, le bruit des reniflements de Brioche. Je serrais les poings. Comment pouvais-je encore avoir pitié d'un homme qui n'avait réussi qu'à faire une chose: attiser ma colère, et me rappeler des moments douloureux.
En tout cas, j'étais sûre d'une chose. Notre attaque n'était pas un exercice.
PS: Niouky mes Zorua!
J'espère que vous allez bien, et que, malgré tous les morts dans ce chapitre, vous n'avez pas le moral plombé parce que, moi, j'suis en pleine forme!
Je sais que Aliona va me reprocher de l'avoir tuée, mais je m'en fiche xD
Le beau et bon gros bain de sang ne fait que commencer les amis, si vous ne le supportez pas, accrochez vous bien pour les chapitres qui arrivent parce que sachez que, des cadavres et du sang, il y en aura! Alors, les âmes sensibles, si vous voulez savoir, sans que vous ayez besoin de lire des passages trop sanglants ou quoi, ce qu'il se passe, dites le moi, je peux tenter de vous résumer la situation.
Aussi, je suis désolée de vous annoncer que ce chapitre ne dépasse pas les 3.000 mots, tout simplement car j'aurais pensé prendre plus de temps pour que tout ce passe, etc... Ce qui n'était pas le cas, et donc, je ne pouvais pas savoir qu'il serait trop court!
Malgré tout, j'ose espérer que vous appréciez le chapitre, et que vous serez assez gentils pour me dire ce que vous en pensez :33
Bien, sur ce, je vous dis à dimanche prochain et n'oubliez pas que, si vous appréciez, vous pouvez commenter le chapitre, et appuyer sur le petit "+" en haut à droite du post!
Je vous aime! :DD