La pluie battait contre les feuilles des arbres. les gouttes, lentement, tombaient sur leurs pointes, pour finalement glisser au sol, et se faire absorber par la terre. En relevant mes yeux noisettes, seules quelques parties du ciel étoilé se dévoilaient. La noirceur absorbait tous les soldats, qui, dans un silence presque religieux, avançaient entre ces longs troncs. Les corps de chacun se faufilaient entre les branches, se faisant plus fins pour ne pas faire de bruit, se baissant pour éviter un obstacle.
Moi? Pourquoi je m'étais engagé dans cette guerre? Je n'en sais rien. Au départ, je voulais être ingénieur, pas militaire. Mais peut-être que tout a dérapé... Peut-être que, finalement, j'avais envie de mettre ma vie en péril pour mon pays ou pour un autre, ou tout simplement pour une personne. Je ne le connaissait que de visage, à l'époque. Aypierre. Un homme plutôt fort, carré d'épaule, grand, musclé, avec de beaux cheveux bruns, et un regard océan magnifique. Je ne sais ce qui m'a poussé à me dire qu'une telle personne avait besoin d'une protection. Je n'étais qu'un grain galet...
Une main s'accrocha à mon poignet, faisant pivoter ma tête, alors que mes yeux se déposaient sur son beau visage. Pierre était vraiment magnifique... C'est fou comme, avant de le rencontrer par hasard, je ne remettais pas en doute mon hétérosexualité... Mais, maintenant, c'est bien le fait que je l'aime que je ne remets pas en question. J'aime sa façon de vouloir me protéger, malgré le fait qu'il inverse les rôles que j'avais décidé de nous attribuer, la façon dont ses yeux me sondent pour savoir comment je vais, celle de s'inquiéter pour moi à cause d'une petite blessure... Il me prenait pour son meilleur ami, ou son petit frère. Car, oui, j'étais plus petit que lui, autant en taille qu'en âge.
Il me passa devant, sans que je comprenne pourquoi, alors que je fronçais les sourcils, et accelerais pour le dépasser. Une fois fait, il m'attrapa de nouveau, et me mit à sa hauteur. Je le regardais, interrogatif. Il ne répondit pas, et feignit l'indifférence. Sûrement voulait-il garder un œil sur mes actes... En soupirant, je passais derrière lui, car, passer à deux de front, c'était mission impossible.
Un souffle vint caresser ma peau, décollant mes cheveux bruns de sur mon front, et je trouvais cela louche. Il n'y avait ici qu'une humidité omniprésente... C'était plutôt étrange. En relevant le regard vers mes camardes, je vis que cela n'inquietait personne. J'étais sûrement paranoïaque.... Ou pas.
Alors que mon pied se posait de nouveau au sol, un long sifflement me serra le ventre, figeant tout le monde sur place. Je fus le premier à réagir.
«Reculez!, hurlais-je
Je fois demi-tour en un rien de temps, en vérifiant avant que Pierre ait fait de même. Puis, dans un élan, je me mis à courir aussi vite que je le pus, même s'il y avait pas mal de chances que je sois très vite essoufflé. Je sentais d'ores et déjà mes jambes souffrir, mais ne ralentis pas. Alors que le sifflement pénétrait toujours plus fort même timpans, je sentis une secousse, puis, dans un énorme bruit, je vis du feu me passer à côté. L'obus était arrivé... Mes pieds décollèrent du sol, et la dernière chose que j'eus le temps de voir, c'était le tronc d'un arbre en très gros plan.
* * *
L'air était à présent sec. Mes yeux papillonaient à la lumière du soleil se levant. J'eus du mal à m'habituer à la lumière, alors que, en me remettant sur mes coudes, je réussis à m'asseoir... Avant de me figer.
La foret avait été totalement détruite, soit les arbres n'existaient plus, soient les troncs s'était envolés au loin. Le sol n'avait plus un brin d'herbe, et des cendres s'étaient accumulés dessus.
Alors que je regardais ce paysage vide de vie, je sentis une énorme douleur à ma jambe, et, baissant les yeux, je me rendis compte que... Que mon mollet et mon pied n'existaient plus. Je saignais encore, mais j'avais dû perdre énormément. Si dans une heure j'étais encore en vie, j'avais une chance énorme. Mais j'avais peur de ne pas pouvoir bouger... Plus jamais... Je ne me servirais plus de mon pied...
Et Pierre? Comment allait-il. Mon regard observa tous les corps au sol, puis, je le vis, à environ cinq mètres de moi, étalé au sol. Ses mains et ses jambes étaient écartées, et je voyais une tache énorme de sang qui s'écoulait toujours plus. Mais il n'avait pas de blessure... Comment était-ce possible? En grognant, je m'accrochais à la terre, plantant mes doigts dans cette substance marron et en m'aidant de ma jambe valide pour me pousser verslui. Je serrai les dents, sentant une ddouleur ardente au niveau de ma blessure. Pourtant, je n'abandonnais pas, et continuait mon avancée jusqu'à lui.
En tendant le bras, je sentis la chair de ses doigts sous ma paume. Elle était gelée. Je réussis dans un nouvel effort à me hisser jusqu'au dessus de son torse. Déposant mon oreille sur sa poitrine, j'attendis. Le silence c'était installé dans la plaine, plus aucun oiseau ne chantait, et il ne pleuvait plus, les gouttes ne s'acharnaient plus sur les feuilles vertes, à présent inexistantes. C'était pour cela, que j'espérais entendre mieux qu'avant les battements du coeur de l'homme. Mais ne n'entendais rien. La panique me gagna, et, en relevant la nuque, je ne fis même pas attention à la douleur. Je passais ma main sous ses narines. Aucun souffle. Je près sais mes doigts sur une de ses artères. Pas de poul.
Je sentis mes yeux s'embrumer, alors que, déjà, des larmes se préparaient à un coin de mes yeux. Je serrais les dents, totalement désemparé.
«Pierre! Lève toi! Tu m'avais dit qu'on sortirait tous les deux vivants d'ici! Tu t'en souviens, n'est-ce pas?! Alors réveille-toi, tout de suite!»
Je frappais violemment la poitrine de mon ami, en sentant des gouttes rouler sur mes joues, des gouttes salées. Je regardais les yeux vitreux de l'homme que j'aimais. Ce bleu merveilleux... Il était devenu terne, froid, mort. Je passais mes mains dans cette touffe brune, sentant leur douceur, en gémissant, et en naissance la tête vers le visage d'Aypierre.
«Tu me l'avais promis... Et... Tu avais dit que tu aurais une surprise, en plus...»
Mes larmes s'effondrèrent sur ses joues, roulant sur son teint de porcelaine, si fragile. Le dos de ma main caressa cette joue, lisse, douce. Puis, fermant les yeux, je me penchai sur ses lèvres, pour ne déposer qu'un baiser chaste sur ces dernières. Le seul que j'aurais, et le seul que je n'avais jamais eu. Mes épaules furent prises d'une secousse incontrôlable.
«Je t'aime... Tellement...»
En serrant son cadavre dans mes bras, je restai bien comme cela une heure, sans mourir, avant de finalement être pris en charge par une troupe de sauvetage. Finalement, j'étais le seul survivant. Mais il aurait dû survivre, car c'est Aypierre, et c'est un battant.
* * *
Petit mot de l'écrivaine:
Niouky les Zorua!!!
Comment ça j'avais dit que cet OS devait sortir hier soir...? *va se cacher*
J'ai écris ça un peu en mode "J'ai un scénario, alors on va le faire!!!"
J'ai abandonné le 30 d'Ay OTP challenge, c'est pas un truc pour moi je crois x) J'ai plus vraiment la motivation disons. Mais j'en avais un en avance (chuuuuut) qui est le 5e, donc je vous le posterais sous peu!
J'avais aussi dit que j'avais deux autres OS en préparation dans ma tête, et ils arriveront certainement dans les soirs qui suivent!
Je vous nem fort! ♥