Jiraya s’était allongé sur le sol, exténué. Melon avait bien essayé de le secouer pour qu’ils continuent d’avancer, mais l’homme aux cheveux longs ne voulait rien entendre. Il ne voulait rien voir. Il ne voulait rien savoir. Il voulait Xari.
- Jiji... Si on avance pas, on ne le retrouvera jamais... lui dit calmement Melon.
Et cela énervait terriblement le pauvre Jiraya. Le pire, c’était qu’il savait que son fichu partenaire avait raison. Mais lui, il était fatigué. Il en avait marre de marcher sans but pour échapper à il ne savait quoi.
Il s’en était bien rendu compte, qu’ils étaient manipulés par une force supérieure dont ils ne savaient rien. Melon avait beau lui rabâcher qu’il fallait qu’ils avancent, lui était persuadé que les choses se passeraient, qu’ils se tuent à marcher dans ce foutu labyrinthe, ou qu’ils s’asseyent dans un coin en attendant tranquillement qu’on les retrouve. Et puis, de toute façon, il...
Hein !?
Melon venait de l’interrompre dans ses pensées. Il lui avait attrapé les bras et avait commencé à le traîner sur le sol froid du labyrinthe.
- Eh ! se plaint la victime.
- Quand tu auras fini de bouder, tu bougeras par toi même. En attendant, je vais continuer à me casser le dos pour te faire avancer.
Jiraya faillit laisser échapper un petit rire. Quel abruti ce Melon.
Mais il se reprit très vite.
- On fait une pause. Allez. Sinon on sera incapable de réagir la prochaine fois qu’il essayeront de nous torturer.
Melon soupira.
- Tu veux qu’on réagisse comment, hein ? Tu l’as bien vu avec Xari, il n’y avait rien qu’on puisse faire, fatigués ou pas.
Des images revinrent à la mémoire de Jiraya. Il secoua la tête pour essayer de les oublier. Il n’avait vraiment pas envie de bouger. Et encore moins d’être traîné au sol.
- Melon, lâche-moi, d’accord ? demanda-t-il très sérieusement.
Brusquement, le jeune homme s’exécuta. Il se retourna et partit plus loin, laissant son partenaire seul, assis sur le sol. Ce dernier se leva lentement et épousseta son pantalon qui avait pris toutes les saletés du sol avec lui.
- Tu vois, quand tu veux ! dit-il alors, satisfait.
Il se tourna vers son ami, toujours dos à lui. Il attendit une réponse qui ne venait pas. Puis il le remarqua.
Le léger soubresaut des épaules de Melon.
Oups.
Il s’approcha doucement de lui et posa une main sur son épaule.
- Melon ... ? demanda-t-il.
- Je... Je suis désolé Jiji... J... J’arrive pas à... être fort pour deux...
Il le sentait trembler sous sa main.
- Je suis désolé, mon gars, je m’étais pas rendu compte... s’excusa Jiraya.
- C’est... C’est juste que... Avec ce qui est arrivé à Xari, je... J’ai peur pour les autres, tu... tu vois ?
- Viens-là... soupira doucement Jiraya en le prenant dans ses bras après l’avoir fait se tourner vers lui.
Il l’étreignit quelques secondes avant de le relâcher.
- J’ai peur aussi. Je crois que c’est le cas de tous les autres aussi... Mais on ne doit pas se laisser faire... Ils essaient de nous manipuler, de nous faire du mal. Tu as raison, je ne devrais pas me laisser aller, désolé, mais... C’est dur pour moi aussi.
Melon acquiesça doucement, passant ses doigts sous ses yeux pour essuyer les traces de larmes encore visibles sur ses joues.
Jiraya lui sourit doucement. Voilà, il avait réussi à le consoler un peu. Il soupira. Dans les premiers temps, il voulait juste retrouver Xari. En fait, il ne voulait voir personne d’autre. Parce qu’il les tenait tous pour responsables de ce qui était arrivé à son meilleur ami. Sauf Melon. Parce que lui il n’arrivait pas à lui en vouloir, de toute façon. Il ne se l’expliquait pas. Probablement que son ami était trop gentil.
Mais il avait fini par se résigner. Tout n’était de la faute que de ceux qui les avaient emmenés là. Il ne devait pas diriger sa colère contre ses amis, mais contre leurs tortionnaires.
Il se mit à nouveau à avancer dans les couloirs du labyrinthe.
Ils trouveraient leur fichue sortie.
Et il reverrait Xari. Il allait bien. Sinon, Jiraya l’aurait su. Il sentait ces choses-là. Ou pas. Mais il préférait penser qu’il allait au mieux.
Il entendit les pas de Melon derrière lui.
Il ne le laisserait pas tomber, comme lui ne l’avait pas laissé.
**
Ils déambulaient toujours lorsqu’un bruit soudain les fit se retourner brusquement.
Elle était là. Elle et son horrible tignasse blonde. Son visage était toujours caché par sa capuche blanche immaculée. Comment osait-elle porter encore la couleur de la pureté après avoir fait couler le sang de son meilleur ami ? Il allait s’avancer vers elle, ses poings brûlant d’envie de venger Xari, mais un bras tendu devant lui l’arrêta.
- Ne fais pas n’importe quoi. On ne sait pas ce qu’elle veut.
Jiraya grogna. Bon.
Elle ne semblait pas vraiment s’intéresser à eux. Elle trafiquait quelques chose sur le mur, près de l’endroit où s’était ouverte la brèche par laquelle elle venait d’arriver. Elle avait l’air pressée d’ailleurs. Elle se retourna vers eux se mit à courir. Jiraya s’était automatiquement mis en position défensive, mais elle se contenta d’attraper un poignet de chacun des deux hommes, et de les entraîner dans sa course.
Instinctivement, ils s’étaient tous les deux mis à courir pour suivre le rythme effréné de la damoiselle, dont ils n’apercevaient toujours pas le visage.
- OK les gars, tout d’abord, ne parlez jamais de ce que je suis entrain de faire. Même entre vous, dit-elle, son timbre trahissant une certaine angoisse.
Jiraya faillit s’arrêter net, mais il se força à continuer. Il avait déjà entendu cette voix... Pourtant, elle n’avait encore jamais parlé en sa présence...
Elle ne se rendit pas compte de ses réflexions et continua, sombrement :
- Il faut qu’on le sauve.
Elle lâcha le bras de Jiraya et accéléra avec Melon. L’homme aux cheveux longs laissa un cri d’indignation lui échapper. Il les suivit du mieux qu’il pouvait. Il devait comprendre de quoi il retournait. Il voulait savoir qui était en danger...
**
Melon voulut s’arrêter, lorsqu’il vit Jiraya ralentir, mais la femme qui le tenait ne lui en donna pas l’occasion.
- Écoute, si on ne se dépêche pas, on risque d’arriver trop tard. Je vais te dire comment le sauver, mais je t’en supplie n’oublie jamais de ne pas parler de moi...
- OK, dit Melon dans un souffle.
- Très bien. Il est incapable de bouger. Ils vont lâcher un chien qui a été dressé pour le mordre directement à la gorge. Quand vous allez arriver, voilà ce que tu vas faire...
Elle continua son monologue, peinant parfois à parler à cause de l’essoufflement. Elle les guidait à travers le labyrinthe sans hésiter une seule seconde sur le chemin à emprunter, comme si elle le connaissait par cœur. Elle termina ses explications et continua à courir en silence. Melon avait tout retenu. Enfin, il l’espérait.
Il entendait le halètement rassurant de Jiraya derrière eux.
- Tournez à droite à la prochaine ! Je compte sur vous !
Elle s’arrêta là. Melon serra les dents et accéléra. C’était la dernière ligne droite. Ils allaient y arriver. Ils y étaient presque !
Il le sauverait. Il ne savait pas qui, il n’avait pas réellement le temps de se poser la question, mais il priait pour que ce ne soit pas quelqu’un d’Eclypsia. Il bifurqua à droite, Jiraya sur les talons.
*****
Ils avaient continué leur filature de Jiraya et Melon, se déplaçant et se reposant au même rythme qu’eux. Leurs deux cibles n’étaient pas très rapides et cela arrangeait bien Aypierre qui était inquiet pour Xari. Ce dernier avait toutes les peines du monde à avancer, son dos le faisant horriblement souffrir. Aypierre marchait lentement à côté de lui, l’empêchant parfois de tomber de faiblesse, à cause de la douleur.
Ils suivaient tranquillement Melon et Jiraya depuis quelques heures, lorsqu’ils entendirent des bruits de course au loin. Aypierre grimaça. Il se tourna vers Xari qui lui lançait un regard anxieux. Il haussa les épaules. Il ne savait pas ce que cela voulait dire...
Il vit son ami blessé accélérer et le suivit , le cœur battant. Ils rejoignirent l’endroit d’où avaient dû partir leurs amis. Sur un mur était accroché un étrange mécanisme. Aypierre voulut s’approcher pour l’examiner. Il sentit qu’on lui attrapait l’avant bras et s’arrêta.
- Attends ! N’y va pas, on ne sait pas ce que c’est...
Xari avait peur, le plus âgé le voyait dans ses yeux.
- ça va aller Xari, ça me paraît inoffensif.
À contrecœur, l’intéressé relâcha la pression qu’il exerçait sur l’avant-bras de son ami.
Aypierre s’avança vers le mur et se mit à inspecter la chose. Elle était composée d’une barre métallique sur laquelle était fixée une bobine. Le fil qui l’entourait était entrain de se dérouler, tiré dans une direction du labyrinthe, comme un chemin à suivre.
- Je pense qu’on devrait le suivre, constata-t-il sans détacher ses yeux du fil.
- Pierre, je suis sérieux. C’est probablement un piège.
Il se tourna vers le jeune homme qui venait de parler. La peur dans ses yeux avait laissé place à de la détermination. Aypierre aurait préféré qu’il accepte. Il finit par soupirer.
- Tout va bien se passer, tu vas voir. Ils ne veulent juste pas qu’on perdre les autres de vue...
Xari se mordit la lèvre, contrarié. Ils entendirent un cri, au loin. Aypierre prit la main de son ami dans la sienne.
- Viens, dit-il avant de se mettre à avancer.
Il fallait qu’ils continuent de les suivre. Aypierre avait peur pour Jiraya, qui avait semblé très affecté par ce qui était arrivé à Xari. Le plus âgé se refusait de ne pas pouvoir réagir en cas de soucis trop conséquent. Jusque là, Melon s’était bien débrouillé tout seul, mais le cri qu’ils venaient d’entendre ne présageait rien de bon. Il avait accéléré leur allure habituelle, et il sentait que Xari faisait au mieux pour le suivre, malgré la douleur.
Ils devaient rattraper leurs amis.
*****
Melon avait tenté de réfléchir le moins possible. Il avait lancé un coup d’œil rapide au jeune homme entravé, allongé sur le sol, serrant les dents en le reconnaissant. Il l’avait enjambé d’un bond et s’était placé entre lui et le chien. Il avait tendu son bras tremblant devant lui et avait fait ce que la femme blonde lui avait dit de faire : il avait servi un magnifique doigt d’honneur à l’animal qui courrait toujours vers sa victime.
La bête avait rempilé immédiatement. Elle s’était assise sur place et avait attendu sagement l’ordre suivant. Melon avait crié « Fissa ! », un peu trop fort, mais il ne contrôlait plus vraiment sa voix. Le chien s’était retourné et était reparti d’où il était venu. Le châtain mit quelques secondes à réaliser ce qu’il venait de se passer. Il revint à la réalité en entendant la voix douce de Jiraya derrière lui.
Il se retourna et s’approcha des deux jeunes hommes au sol. L’homme aux cheveux longs essayait de défaire les liens qui entravaient le pauvre Chap.
- J’arrive pas à défaire ces foutus nœuds. Le type qui les a fait devait être un malade, grogna Jiraya en l’entendant approcher.
Melon s’agenouilla près d’eux et ensemble ils parvinrent à libérer leur ami. Celui-ci avait les yeux grands ouverts, ses pupilles étaient dilatées. Il n’avait aucune réaction due à leur présence. Melon passa doucement sa main sous le nez de son ami. Il ne sentit rien. Il allait commencer à paniquer, mais Jiraya posa une main sur son épaule avant de dire calmement :
- Il respire, regarde.
La poitrine de leur ami se soulevait lentement, difficilement. Melon ne put s’empêcher de laisser échapper un soupir de soulagement. Il posa doucement une main sur le front tiède de son ami blessé.
- Chap... l’appela-t-il doucement pour le faire réagir.
Mais il ne semblait toujours pas avoir conscience de leur présence, le regard toujours perdu dans le vide. Melon sentit son cœur se serrer. Qu’est-ce qu’ils lui avaient fait...
Il se pencha doucement au dessus de lui et le prit dans ses bras.
- Tout va bien, Chap, on est là maintenant...
Au bout de quelques secondes, il sentit le corps de son ami remuer timidement sous son étreinte, avant d’entendre des sanglots étouffés sortir de sa gorge. Melon resserra sa prise sur son collègue alors que Jiraya relâchait le souffle qu’il avait retenu.
- On l’a échappé belle, hmm ? murmura alors Melon, sans lâcher Chap.
Et ils restèrent encore assis tous les trois, Jiraya se joignant à leur câlin.
*****
« On l’a échappé belle, hmm ? »- NON ! hurla le Maître, furieux.
Comment cela pouvait-il être possible !? Melon et Jiraya étaient beaucoup plus loin dans le labyrinthe lorsqu’il y avait replacé Chap ! Comment était-il possible qu’ils aient été assez rapide pour le sauver !
Il y était presque ! Il avait presque réussi à toucher le paradis ! Frustré, il se leva.
- Ce jeu est terminé ! Faites-les sortir de ce labyrinthe ! Je veux enclencher la deuxième partie ! Demain. Alors dépêchez-vous !
Il se leva et sortit en trombe de la pièce.
La jeune fille relâcha son souffle dans un coin de la salle. Elle avait réussi. Le Maître était tellement concentré sur son écran qu’il ne l’avait pas vue intervenir dans l’action. Elle avait réussi à amener les quatre jeunes hommes jusque vers Chap sans se faire repérer. Elle avait eu peur qu’ils refusent de la suivre, mais visiblement, elle avait réussi à ne pas leur laisser le choix. Ses alliés avaient gommé toutes traces de son passage sur les enregistrements. Elle était très fière d’eux. Il n’avait pas été difficile de former la résistance, puisqu’elle existait déjà. Elle les avait rejoints et ils avaient accepté sa venue avec joie. Surtout lorsqu’ils avaient appris quelle était sa véritable identité. Ils pensaient que ce serait un atout. Elle espérait qu’elle n’aurait jamais à s’en servir...
Sauf si c’était pour les protéger. Là, elle n’hésiterait pas.
Mais en attendant, elle avait plus important à faire : préparer le terrain de jeu suivant.
Alors que les hommes en noir essayaient de trouver une solution pour que les captifs rejoignent rapidement la sortie du labyrinthe, la jeune femme regardait inlassablement les plans du jeu suivant. Ils pouvaient tous s’en sortir. Il fallait juste qu’ils soient rapides.
Et pas trop cons.
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Hey !
Bon, forcément, il est moi tragique que le chapitre d'avant.
J'ai eu beaucoup de mal à écrire celui-ci, d'ailleurs !
Bien évidemment, encore un grand merci à Mlle Ness (Nothing de son prénom) pour son soutien et ses corrections !
A dans deux jours pour le prochain chapiiitre !
Flo'