Oui allô bonjour !
Désolée, j'avais dit que je le mettrais plus tôt, mais j'ai vraiment eu du mal à l'écrire, celui-là.
J'espère qu'il vous plaira quand même !
Bonne lecture !
Flo'
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- On n’a plus qu’à aller en parler à l’organisation, déclara Dfg sans cesser de jouer avec la bouteille qu’il tenait entre ses mains.
Ils l’avaient ramassée après avoir émis l’hypothèse du poison, curieux de savoir s’ils pourraient y trouver quelque chose. Melon avait effectivement aperçu des particules étranges se promenant dans l'eau et ses dires avaient été confirmés par Dfg.
- On pourra aussi en profiter pour leur dire qu’on déclare forfait, soupira Brigels en s’approchant de mes deux amis.
- Non !
Chap éclata dans une nouvelle quinte de toux et je ne pus que le regarder tristement en attendant qu’il ne se calme. J’avais fini par le relâcher après que Melon et Dfg se soient mis à inspecter sa bouteille d’eau. Il avait bien plus envie que moi de connaître la vérité et ce n’était pas difficile à comprendre. Après tout, c’était lui le plus touché.
- Quoi, Chap, tu veux qu’on te trouve un remplaçant pour la finale ? Non, autant déclarer forfait tout de suite… refusa Brigels.
- Surtout qu’on a probablement pas le droit, ajouta Dfg en lançant un regard désolé à Chap.
- Je peux jouer.
- Mec, tu déconnes ! T’es presque mort, pas question que tu viennes faire la finale sur scène ! La meuf a dit que tu devais dormir.
- Je vais bien, les gars, vraiment. En plus, si on y va pas, ça voudra dire que ceux qui m’ont... fait ça, auront eu ce qu’ils veulent...
- Oublie, on a déjà eu assez de problème ce week-end.
- Les gars, putain, je vous jure que je peux le faire !
- Arrête, Chap, c’est pas de ta faute. Ce sera plus simple si on déclare forfait maintenant. On aura d’autres occasions. De toute manière, on ne gagnera pas, intervint Melon, diplomate.
- Non, justement, c’est ça que vous comprenez pas... On est en finale ! C’est peut-être la seule fois ! Je sais qu’on gagnera pas, mais pour l’honneur d’Eclypsia ! Les gars, allez...
Dfg s’adossa au mur en le dévisageant longuement tandis que Brigels lui lançait des petits regards furtifs. Ce dernier avait clairement envie d’y croire et d’aller à la finale, mais il fallait réussir à convaincre notre capitaine.
J’attendais sagement qu’il prenne une décision, lorsque je sentis le regard de Chap posé sur moi, insistant. Je me tournai vers lui et mon visage se teinta d’une moue exaspérée en croisant ses yeux. Il cherchait clairement mon soutien. Hors de question. Il pouvait duper les autres en leur faisant croire qu’il allait bien et qu’il était capable de jouer cette finale, ça ne marcherait pas avec moi. J’étais suffisamment proche pour voir chacun des frissons qui parcouraient son corps et entendre sa respiration restée très aléatoire.
De plus, le laisser jouer aurait été une belle preuve d’inconscience. Il venait d’être empoisonné par un produit dont nous ignorions tout, c’était prendre des risques inutiles que de continuer à le garder ici. Il fallait le ramener à l’hôtel et le laisser se reposer...
Pourtant, je n’arrivais pas à me résoudre à l’y obliger. C’était plus fort que moi et je me sentais un peu égoïste de tout de même avoir très envie de participer à la finale. Et le regard suppliant de Chap ne m’aidait pas à écouter ma raison. Je finis par prendre ma décision, interrompant Dfg qui allait se prononcer.
- Si Chap y tient vraiment, c’est jouable. Va juste falloir qu’on gère bien le coup.
- Alde… soupira Dfg, visiblement en désaccord avec moi.
- S’il y a la moindre couille, on arrête, Dfg, promis. Mais si on n’essaie pas, on va le regretter à fond.
Il croisa les bras. On aurait dit que j’avais réussi à le contrarier, c’était déjà quelque chose. Il se tourna vers les deux autres pour avoir leur avis. Melon haussa les épaules et Brigels tentait de cacher au mieux sa position, pourtant évidente.
- Ok, finit par déclarer Dfg, mais s’il y a le moindre soucis ou que ça ne va plus, tu nous en parles tout de suite, Chap, compris ?
- Oui! Je serai un bon chérubin !
Notre capitaine leva les yeux au ciel tandis qu’un petit rire m’échappait. Quel con !
- Bon, on va quand même aller raconter tout ça à l’organisation. Il nous reste combien de temps avant la finale ?
- Un peu plus d’une heure, répondis-je après avoir vérifié sur mon téléphone. Ça vaut pas la peine d’aller à l’hôtel.
- Chaud, ça aurait été pas mal qu’il se repose avant…
- Oh, sinon… Vous avez qu’à mettre toutes les couvertures, vestes, et autres vêtements que vous pourrez trouvez sous nos tables ! J’ai une idée.
- T’es sûre de toi, Alde ?
- Oui ! Allez-y déjà, je me débrouille avec Chap.
Ils me regardèrent, suspicieux.
- Ok, à toute à l’heure, alors. On passe à l’orga’ et après on te fait ça…
- A plus !
- Bye ! Et merci, les gars ! coassa Chap, de sa voix toujours rauque.
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Uns fois qu’ils furent sortis, je me retrouvai seul dans les toilettes avec Chap. La salle aux teintes claires me parut bien vide. Je m’appuyai sur le sol pour me relever et m’étirai longuement. Lorsque je me tournai vers mon ami pour aller l’aider à se relever, il se mordait la lèvre, les yeux clos, et avait ramené une main à son ventre.
- Je leur cours après pour leur dire, ou comment ça se passe ? demandai-je, entre l’exaspération et l’inquiétude.
Il réagit brusquement à ce que je venais de dire et se redressa, un sourire faux sur les lèvres.
- Non, pourquoi ? J’ai dit que j’allais bien !
- Pas de ça avec moi, Chap. Tu peux le faire croire aux autres, mais m’embrouille pas avec ça. Comment tu te sens ?
- Mal. J’ai jamais eu autant mal au bide de toute ma vie et je suis même pas sûr de pouvoir marcher, mais... Je veux vraiment faire cette finale, alors fais semblant que je vais bien, d’accord ?
J’inclinai simplement la tête. Je ne savais pas si je le trouvais très, mais alors très con, ou juste vraiment courageux. Je finis par m’approcher de lui.
- Tu peux te lever, au moins ?
- J’en suis même pas sûr, dit-il, gêné.
- On va vérifier.
Je lui tendis d’une main et il la saisit mollement, avant d’y mettre tout son poids pour réussir à se hisser sur ses jambes. Il y parvient avec beaucoup d’aide et fut forcé de se raccrocher à lavabo pour ne pas retomber au sol.
- C’est pas crémeux, tout ça, Chap, soupirai-je.
- Sans rire... grogna-t-il, j’ai pas vraiment envie de passer devant tout le monde en marchant comme une petite vieille, tu vois...
- Je comprends.
- En fait, j’ai pas tellement envie de sortir d’ici.
- Si tu veux bivouaquer dans les chiottes, je t’en empêcherai pas, tu sais. Je trouverais ça vachement drôle, même.
- T’es con...
Il osa enfin croiser mon regard et je lui souris avant de me placer à côté de lui.
- Allez, viens-là...
Je lui fis passer un bras autour de mes épaules et j’assurai son bassin en déposant une main sur sa taille. Je le forçai à faire un pas, puis deux, mais chaque nouvelle étape le faisait chanceler un peu plus. Il finit par me demander d’arrêter.
- Mec, j’ai vraiment pas envie de sortir d’ici... Enfin, j’ai vraiment l’air d’un gros retard’...
- Mais non, Chap, les gens s’en foutront.
- J’te jure que non...
- T’es entrain de me demander de sauver ton amour propre, là ?
Je le vis rougir un peu, sans qu’il ne tourne la tête vers moi. Je me permis un petit rire, à la fois amusé par son comportement, et secoué par sa faiblesse qu’il n’arrivait pas à cacher.
- Ouais, en gros... marmonna-t-il.
- J’ai une solution mais tu vas pas aimer...
- Dis toujours ?
Non... Décrire ce que je voulais faire avec des mots aurait été bien moindre drôle. Et puis, je n’aurais pas eu le droit à son cri de surprise lorsque je l’avais fait basculer, ni au tambourinement de ses poings sur mon dos après qu’il ait réalisé ce que j’avais fait. En réalité, j’étais sûr qu’il m’aurait dit non.
Mais là, perché au dessus de mon épaule, sa tête tombant dans mon dos et ses jambes gigotant sur mon torse, il ne pouvait plus vraiment refuser.
- Putain Alde lâche-moi ! criait-il en essayant de me faire réagir grâce à des petits coups tellement faibles que je ne les sentais même pas.
- C’est bien, mec, continue comme ça. Si tu te débats jusqu’à ce qu’on arrive à nos places, les gens croiront juste que tu te fais troll. En gros, ils penseront que tu t’es fait soumettre par un mec méga-balèze, franchement, y a pas à perdre son égo.
- Alde repose-moi ! Je te jure que je te vomis dessus ! Dfg va t’engueuler ! Allez ! hurla-t-il.
J’éclatai de rire et avant d’ouvrir la porte blanche devant moi. C’était ma petite vengeance personnelle. Et puis, j’avais été sincère. Je trouvais ça bien moins dégradant pour lui que de devoir être assisté et traverser tout l’Open Space à pas de fourmis...
Bon, j’espérais quand même qu’il ne m’en voudrait pas trop...