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Stranger - H U I T

Manoblack
Manoblack
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Dim 1 Jan - 11:10
Manoblack



Stranger
H U I T

Les couloirs étaient silencieux. Une impression de vide, comme si aucune âme n'habitait les lieux se faisait ressentir. Tout semblait abandonné. Les murs blancs, qui se dissimulaient derrière la crasse, le carrelage terreux, les quelques meubles surmontés par la poussière, et même les ampoules, pour la plupart éclatées, hurlaient à la négligence. Rien ni personne ne voulait, ou ne pouvait faire quoi que ce soit pour l'état des lieux, sans que cela soit jugé suspect par le gouvernement.

L'illusion de mort se dissipa en un claquement de doigts, ou plutôt de pas. Le bruit répétitif de semelles se posant à vive allure sur le sol se répercuta contre les corridors de ce supermarché désaffecté, ou plutôt de ses sous-sol. Ces sons ressemblaient à une sorte de course, auquel son propriétaire offrait beaucoup d'importance. Bientôt, un deuxième bruit se fit entendre : ceux de pas plus lourds, et leurs deux allures se distinguaient l'une de l'autre. Si la première semblait aussi légère que le chant des oiseaux au petit matin, la deuxième, quant à elle, était aussi imposante que les pattes d'un loup courant après sa proie.

Un bruit sourd, puis plus rien. Juste deux respirations saccadées, des regards et un épuisement. Deux hommes se faisaient face, l'un plaqué violemment au mur, et l'autre le gardant bien en place, en face de lui. Leurs regards se confrontaient, comme cherchant à faire flancher l'autre, juste après que le premier ait fini de grimacer de douleur en ayant senti son crâne frapper la paroi qui, à présent, se tenait tout contre son dos.

Taehyung fronça les sourcils de manière presque autoritaire, en rapprochant leurs deux visages, à tel point que leurs souffles se mélangeaient à perfection. Un duel silencieux avait pris place, mais le plus âgé fut le premier à le rompre :

"Tu ne devrais pas le leur dire. Pas maintenant."

Un rire ironique l'interrompit. Jungkook baissa légèrement la tête, et la faible luminosité ne laissa plus apparaître que le bas de son visage. Le haut était quant à lui caché par ses mèches noires qui retombaient devant ses yeux et le haut de son nez. Ses lèvres roses étaient étirées en un léger sourire vers le côté droit, dans un rictus moqueur. Ses yeux se relevèrent vers ceux de son aîné, comme l'encourageant à continuer, et à le provoquer un peu plus.

"Quand ça, alors? Quand Jimin sera mort par la main de on-ne-sait-qui?

-Demain matin, ou après demain. Laisse les se reposer... Tu devrais, toi aussi, te reposer, d'ailleurs."

Des poches violettes s'étaient placées sous les yeux sombres du garçon, confirmant les dires de Taehyung : il était mort de fatigue, et son corps ne pourrait pas supporter cela. Sa peau était si blanche, que l'on aurait pu croire que cela faisait des siècles qu'il n'avait pas vu le soleil, or, ce n'était rien d'autre qu'un effet secondaire de son manque d'énergie.

"Je n 'ai pas besoin de cela. Arrête de toujours vouloir m'arrêter dans ce que j'entreprend, V.

-Tu en as besoin autant qu'eux. Ne sois pas égoïste, et pense deux secondes à tes amis. Crois-tu qu'ils soient assez en forme pour secourir qui que ce soit, ou même pour simplement sauver une population? Moi non. Je pense qu'ils ont besoin de repos, de manger, et de recouvrer des forces. À commencer par Hoseok.

-C'est lui qui se fait le plus de mal, à penser à la mort de Jimin! C'est lui qui n'en dort pas! On doit au moins le lui dire!"

Sa voix était partie dans les aiguës suite à cette affirmation, et son corps avait basculé en avant en essayant de repousser celui de son ami. Mais il ne le laissa pas faire. La main de Taehyung rencontra violemment le mur sur lequel il avait coincé Jungkook, et son regard devint presque sauvage. Dans une voix plus rauque, il répondit vivement, après avoir réussi à recoller son cadet à la paroi.

"Parce que tu crois que savoir qu'on a retrouvé sa position va l'aider? Il va vouloir aller le retrouver, voilà tout. Il n'aura plus de pensées que pour ça, et je ne suis pas sûr qu'il le supporte. Tu sais aussi bien que moi qu'attendre ne pourra être que bénéfique. Pour tout le monde.

-Je n'arriverais pas à dormir.

-On est bien parvenu à endormir Hoseok avec des somnifères. Je vois mal pourquoi cela ne vaudrait pas pour toi aussi.

-Il a raison."

Les deux hommes sursautèrent simultanément. Leurs visages se tournèrent vers la provenance de la voix qui venait de les surprendre.

Un homme se tenait là. De petite taille, et à moitié dissimulé par la pénombre de son emplacement, il laissait deviner une chevelure claire. Seule la lueur de ses yeux était reflétée par les néons aveuglants qui parsemaient le plafond du couloir non loin des deux jeunes hommes. Finalement, il s'avança de quelques pas, laissant enfin percevoir son visage rond, ses vêtements un peu trop grands pour lui, et ses yeux d'un brun foncé.

Yoongi aussi, semblait si vulnérable... Quand Taehyung se remémorait sa première rencontre avec l'homme, il avait tout de suite pensé à la puissance, malgré sa petite taille. Il n'était pas spécialement musclé ni même impressionnant, si ce n'était par son aura, mais ses yeux perçants étaient désagréables. Lorsqu'ils s'étaient posés sur lui, il avait ressenti de nombreux frissons remonter le long de son dos; l'intelligence et la ruse se lisaient à travers son regard. Aujourd'hui, il semblait plus faible que jamais, malgré la posture dans laquelle il se trouvait. Il était là, fier, mais ses traits trahissaient de l'épuisement et de la vulnérabilité. Tous avaient besoin de se calmer, et de penser à autre chose pendant l'espace d'une nuit.

"Tu devrais prendre des somnifères, Jungkook. Et dormir, pour cette nuit."

Le plus jeune planta son regard dans celui du blond. Il ne savait pas comment prendre ces paroles. Semblait-il si désarmé que cela? Cette pensa lui effleura l'esprit, mais fut aussitôt balayée par les paroles de son ami.

"Ne le fais pas que pour toi. Fais le aussi pour nous. Tu nous en parlera demain... Je ferais semblant de ne pas être au courant."



¤▪°▪¤



Ses paupières se soulevèrent difficilement, et douloureusement. Après un léger temps d'adaptation, ses yeux se mirent à capter les éléments nécessaires à comprendre où il se trouvait. Mais, dès qu'il réfléchit un instant à ce qu'il faisait ici, son crâne le lui fit regretter, et un grognement de douleur passa la barrière de ses lèvres. Il n'osa pas bouger plus, posant son avant bras sur ses yeux, et respirant fortement.

Son crâne lui fit un mal de chien pendant quelques minutes, avant qu'il ne se relève légèrement, posant sa tête sur l'accoudoir contre lequel il était allongé depuis le début. Son regard sombre analysa la pièce, avant de se fixer sur un unique objet, qui était là, écrasé au sol, comme abandonné de son propriétaire. Un verre vide, allongé sur son flanc, reflétant la faible lumière provenant de la lampe au coin de la pièce. Et les souvenirs arrivèrent, telle une bombe à retardement.

Ses baisers avec Yoongi, la chaleur partagée de leurs corps, ses muscles tressaillant à ses touchés, ses lèvres glissant sur son torse, sur ses jambes ivoire à la peau si fine, sur ses cuisses sensibles, ses doigts tirant sur les mèches blondes de l'homme, sa voix partant dans les aiguës lors de son ultime jouissance ; tout lui revint dessus sans prévenir, appuyant sans pitié sur ses épaules déjà bien frêles. Mais une seule question subsistait, faisant écho dans sa tête.

"Pourquoi n'est-il plus là?"

Son regard se tourna vers la porte ouverte, qui donnait sur le couloir mal éclairé de ce supermarché désaffecté. Il ne savait même pas lui-même à quel étage il était exactement, mais s'en fichait. Il voulait juste savoir pourquoi son amant d'un soir s'était envolé, comme si ce moment de liberté ne leur avait jamais appartenu.

Namjoon posa ses pieds au sol, en grimaçant lorsque son crâne sembla se resserrer autour de son cerveau. Il soupira lourdement, ses cheveux l'agaçant encore plus que le froid qui accueillit son corps à peine réveillé. Il frissonna, et décida donc de se revêtir, enfilant les vêtements étalés de l'autre côté du canapé.

En enfilant son pull, il songea que Yoongi ne pouvait de toute façon pas partir bien loin. Il devait les aider à atteindre leur fin. Celle qu'ils avaient prévu tous ensemble, depuis des années maintenant. Et il savait mieux que quiconque que l'homme ne partirait pas ainsi, sans aucune explication.

Un bruit de pas le fit presque sursauter. Il se retourna vers la provenance du son, et tomba sur Yoongi, enfin là, un verre d'eau dans une main et un cachet blanc dans l'autre. Sans un mot, il referma la porte en appuyant son dos à celle-ci, et posa le tout sur la table basse. Enfin, son regard se releva vers l'autre homme, et Namjoon en profita pour l'analyser.

Ses yeux semblaient plus vifs que la veille, comme s'il avait vraiment bien dormi. Ses cernes avaient légèrement disparus, ses cheveux blonds semblaient plus soyeux encore qu'avant. La seul chose qui lui restait, et qui ne partirait pas de si tôt, c'était sont teint aussi blanc que celui d'un fantôme. Il ne l'avait pas abandonné à proprement dit. Il avait juste pensé à lui, après avoir pensé au fait qu'il ait bu pas mal de verre le soir.

"Salut."

Un fin sourire se dessina sur les lèvres du scientifique, qui se passa une main dans les cheveux. Aujourd'hui encore, son ami était resplendissant et bien habillé. Ses cheveux étaient bien coiffés, et il lui sembla qu'il sentait une odeur fruitée émaner de sa personne : il avait sûrement pris une douche avant de revenir ici.

"Salut. Tu es réveillé depuis longtemps?

-Hum. Une heure ou deux, je ne sais plus."

Namjoon acquiesça vaguement, avant de reposer ses fesses sur le coussin du canapé. Il détailla l'homme qui lui faisait face un instant, avant que ce dernier ne croise son regard. Toujours aussi sombre et mystérieux. Son ami ne changerait jamais. Il se saisit du cachet et du verre que lui tendait Yoongi, et avala la pilule blanche d'un coup, avant de vider le verre, lui hydratant la gorge, qui s'était asséchée pendant la nuit.

Pendant ce temps, le blond n'avait pas détaché les yeux de son corps fin, et de ses doigts fins, qui déposèrent délicatement l'objet à présent vide sur la table basse. Il apprécia secrètement le voir rejeter un instant la tête en arrière, avant de se reprendre et de poser ses prunelles sur la petite silhouette du blond.

"Tu as bien dormi?"

Le sourire de Yoongi s'étira un peu plus, laissant comprendre à Namjoon que c'était effectivement le cas, et qu'il n'avait pas besoin de s'inquiéter à ce sujet. L'idée que ce jeune homme ait eu les pensées accaparées par sa personne plutôt que ses soucis lui plaisait.

"Très bien, et toi?

-De même. En partie grâce à toi.

-Tu veux dire totalement.

-Ouais... Même si le faire avec un ami est déstabilisant."

Le regard du plus petit, qui s'était perdu dans l'analyse des fissures dans le mur qui lui faisait face, se tourna soudainement vers Namjoon, comme cherchant à lire à travers les lignes de son visage. Il ne trouva cependant pas ce qu'il voulait, ses sourcils s'étant froncés légèrement.

"Parce que tu le fais avec des amis?"

Ce fut au tour de Namjoon de ne pas comprendre, et de chercher la réelle signification de cette question. Il plissa un peu les yeux, sondant ceux de Yoongi, et tentant de comprendre. Mais il n'y parvint pas. Ou, du moins, il ne put pas lire ce que pensait vraiment le blond, puisqu'il camouflait trop bien ses émotions.

"Eh bien, comme je te l'ai dit, non. Mais hier, apparemment, ça a changé..."

Leurs regards restèrent encrés l'un dans l'autre. Namjoon crut voir de la peine traverser ces prunelles noires un instant, avant qu'il ne détourne le visage vers ce mur inintéressant. Yoongi courba légèrement le dos en s'asseyant sur un fauteuil aux côtés de son amant de la nuit passée. Il serra les poings, et ne montra aucun signe de faiblesse face à cette réponse qu'il n'attendait pas. Il avait l'impression de s'être reçu un coup de poing en plein estomac. Mais la douleur était beaucoup plus longue, et brûlante.

"C'est drôle."

Namjoon fronça les sourcils, ne comprenant pas ce qu'il y avait d'amusant dans cette conversation. Visiblement, il avait loupé quelque chose. Alors il attendait que Yoongi ne lui explique de quoi il s'agissait. Et cela ne tarda pas trop, car il reprit bien vite, sur une voix un peu plus tranchante, et teintée de mélancolie.

"Comment deux personnes, en partant d'un même fait, peuvent y voir tant de significations différentes?"

Namjoon resta longuement sceptique, cherchant une réponse à cette question, qui n'avait rien à voir avec leur précédente conversation. Du moins, en apparence. Il tenta de comprendre quel était le lien, connaissant Yoongi sur le bout des doigts, il n'avait pas pu s'éloigner ainsi du sujet principal. Alors son cerveau partit en ébullition, se créant milles et uns scénarios. Mais aucune réponse ne lui semblait correcte, alors il voulut des explications.

"Comment ça?

-Pour toi, on a baisé."

La violence de cette réponse le choqua presque. Cette impression se calqua sur les réactions de son corps : il se colla au dossier du canapé, son regard ne pouvant plus se détacher de lui, comme hypnotisé par la présence si forte de l'homme. Il avait le souffle court, comme si la vulgarité de ses propos le surprenait plus que tout.

Il le regarda se lever, et faire quelques pas dans la pièce. Il comprit alors rapidement qu'il se dirigeait vers la sortie. Mais il ne pouvait pas le laisser partir ainsi, avec seulement une part de raison. Seulement, à peine arriva-t-il devant la porte qu'il s'arrêta à nouveau. Il vit sa main trembler légèrement, avant de s'enfoncer dans le jean qu'il portait, comme refusant de dévoiler une faiblesse supplémentaire.

"Pour moi, on a fait l'amour."

Namjoon écarquilla les yeux à cet aveu. Il comprit alors immédiatement le sens de sa question complexe, mais ne ressentit rien d'autre qu'un énorme vide. Vide qui s'accentua juste après.

"Si tu croise Jungkook, il aura certainement quelque chose à te dire."

Yoongi ouvrit la porte, et disparut de la pièce. La seule chose qu'il lui restait de sa présence était le retentissement assourdissant de la porte qui claqua.



¤▪°▪¤



La nuit était pâle, des rayons traversaient les rideaux du petit appartement comme si rien ne pouvait se passer. Comme si la lune était mère de sûreté dans ce monde. Elle éclairait le canapé crème du salon, son écran plat, et dévoilait le seul être vivant présent dans les lieux à l'apparence si vide : un chien, tapit dans son panier, la gueule entre les pattes et les paupières fermées, dévoilant un sommeil profond. Tout sonnait comme calme, agréable et sécurisant.

Pourtant, un bruit sourd le réveilla. L'animal ouvrit rapidement les yeux, et ses oreilles se dressèrent sur sa tête. Il resta à l'affût pendant de longues minutes, avant que le son ne se répète. Aussitôt, le husky releva la tête, et chercha du regard quoi que ce soit, qui soit susceptible de lui indiquer de quoi ce son s'échappait, et de quoi il en revenait. Le cœur de la bête battait de plus en plus vide, à mesure que le temps s'écoulait. Et ce bruit ne cessait de se répéter, toujours un peu plus fort, toujours un peu plus proche.

Et soudain, il arriva contre la porte. Il semblait à Wings que tous les murs et les meubles s'étaient mis à trembler, et il se mit sur ses pattes, avant de se cacher derrière la table à manger, à moitié dissimulé par les pieds de cette dernière. Son regard ne quittait plus l'entrée, comme cherchant à savoir quand elle céderait finalement. Ses yeux brillaient légèrement à la lueur des lampadaires extérieurs. Il restait à l'affût, chaque membres bandés, et prêt à se jeter sur quiconque oserait entrer dans ces lieux vides de son propriétaire. Bientôt, des secousses se rajoutèrent aux sons désagréables aux oreilles de l'animal. Mais il ne flancha pas, et grogna même un peu, comme pour se donner du courage à lui-même.

La porte craqua finalement. Le chien, qui était prêt à se jeter sur le nouvel arrivant, ne fit finalement rien à part se cacher dans un coin plus sombre. Ils étaient trop nombreux. L'animal observa des hommes débarquer, tous vêtus de noir, armés jusqu'aux dents. Ils se positionnèrent comme s'ils traquaient l'homme le plus dangereux peuplant cette planète, à l'affût du moindre mouvement, et cherchant une âme qui vive dans cet appartement à l'apparence si vide.

Ils avancèrent, jusqu'à, apparemment, apercevoir Wings. L'un des hommes observa un instant le chien, qui se mit à grogner. Il pointa l'animal de son arme, et visa. Mais le chien fut plus rapide que l'humain. Il se jeta sur lui, et lui mordit violemment le visage, le goût du sang venant soudainement se répandre dans sa gueule. Il aboya fortement, laissant ses pattes et ses crocs malmener la chair de cet inconnu qui avait violé son territoire.

Une détonation suffit, et l'animal se retrouva là, couché sur le flanc, couinant fortement. Une deuxième, et plus un son ne sortit de sa gorge puissante. Il se retrouva juste là, couché et le regard vide. Quelques heures après, l'appartement fut déserté totalement, et plus un son n'était audible.

Pourtant, au centre du salon, Wings était toujours là, couché. Il aurait pu paraître attendre son maître, comme il le faisait avant la venue de ces personnes mal intentionnée, mais il était mort. Et une énorme flaque de sang se répandait autour de son cadavre.



¤▪°▪¤



Il respirait difficilement. Son souffle était lourd, et parfois agrémenté par de légères plaintes de douleur, quand son bras le piquait. Ses paupières, trop lourdes, reposaient sur ses yeux fatigués. Et, pour être sûr qu'il ne voit pas,un bandeau enroulait son crâne. Sa tête était négligemment penchée sur le côté, et, avec le temps, il ne ressentait même plus l'inconfort que cette position lui offrait. Il avait envie de dormir, et tout son corps le suppliait de se laisser aller à ce désir, mais il se refusait de rester sans défense en face d'eux. Il ne savait pas qui ils étaient, ni à quel point ils étaient dangereux, bien qu'il en ait une petite idée depuis l'épisode de son opération pour lui ôter sa puce. Il ne savaient même pas s'ils travaillaient pour Solem. Si c'était le cas, ne serait-il pas déjà mort? Il aurait préféré l'être, plutôt que de souffrir de la sorte. Et il avait peur que cela ne recommence.

Une porte grinça, sciant un peu plus le cerveau de Jimin, déjà bien abîmé. Son crâne le faisait souffrir. Il avait l'impression de ne jamais trouver la paix, et une frustration au goût âcre le prenait bien souvent aux tripes. Une sensation désagréable de malaise le prit, lorsque la porte se referma dans un son lourd, soulevant certainement la poussière sur son passage. Enfin, s'il y en avait. Et il se surprit à se demander s'ils passaient souvent la poussière dans ces lieux. Cela devait bien être le cadet de leurs soucis, mais il ne se rappelait pas avoir eu affaire à une salle dégoûtante et mal lavée.

Des bruits de pas secondèrent le court laps de temps qui s'écoula après que la lourde porte ne se soit fermée. Plus ils se rapprochaient, et plus Jimin s'enfonçait dans son siège, tête baissée, et le corps se remettant à trembler. Ses muscles le tirèrent lorsqu'il sentit son cou le lancer un peu plus, maintenant qu'il venait de changer de position. Cela le rendait encore plus pitoyable, certainement, aux yeux de la personne qui avait dû entrer. Il se concentra sur les bruits qui l'entouraient. Les froissements des vêtements, les frottements des chaussures contre le sol, le tintement des boutons mal fermés, et même la respiration calme et lente qu'il percevait. Il était attentif au moindre son. Ses oreilles et son nez étaient ses seuls points de repère dans ce vide auquel il ne pouvait pas échapper.

"Tu as soif?"

La même vois aiguë et insupportable que la dernière fois. Le jeune homme ne ressentit qu'une profonde haine envers ce personnage qui faisait semblant de se soucier de son confort. Il entendit ses chaussures claquer au sol, se rapprocher. Et cela suffit au garçon pour se recroqueviller comme il le pouvait sur sa chaise, pieds et poings liés.

"Ah, oui, désolée, tu ne peux pas parler."

Un rire cristallin et malsain lui emplit les oreilles, comme si la bouche de cette femme s'était trop rapprochée, ou que ses cordes vocales étaient trop puissantes. Dans les deux cas, il se retenait de pousser des gémissements plaintifs à la place de mot, à cause du bâillon qui le retenait de parler. Il tremblait légèrement, mais tenter de retenir son corps coûte que coûte d'être traître avec lui. Il était déjà assez faible ainsi, sans que l'on ne décide d'en rajouter une couche supplémentaire.

Un froissement lui indiqua qu'elle venait certainement d'esquisser un mouvement avec le haut de son corps. Cette hypothèse fut confirmée, lorsqu'il sentit un souffle chaud frapper sa tempe et son oreille. Un frisson de dégoût le prit, et il rentra sa tête dans son cou, causant un nouveau rire de la part de la femme.

"Amusant. Tu es amusant, Park Jimin."

Ses ongles pointus se posèrent sur son bras nu, et ses poils se hérissèrent d'un seul coup, comme si son simple contact était la pire des sentences jamais connues dans ce monde. Il banda ses muscles par réflexe, alors qu'elle semblait analyser ses réactions. Et puis, elle souffla, visiblement las de quelque chose. Mais Jimin ne pouvait pas savoir de quoi, puisqu'il ne pouvait pas voir. Seulement entendre. Mais entendre ne permettait pas de déchiffrer les expressions faciales des autres, puisqu'il ne pouvait pas savoir quelle forme avait pris sa bouche, comment ses yeux s'étaient plissés, et quelle pli ses sourcils avaient esquissé.

"Mais un peu frustrant, je dois dire."

Cette phrase piqua la curiosité du prisonnier à vif. Il releva légèrement, et elle le remarqua, puisqu'elle passa ses doigts dans sa touffe de cheveux mal coiffés, et certainement en mauvais état. Elle les tira en arrière, faisant grimacer Jimin de douleur, tandis que quelques larmes semblèrent apparaître au coin de ses yeux. Il ne s'était pas préparé à une attaque de ce type.

"Tu sais... Je pensais pouvoir retrouver tes amis avec cette puce..."

Elle soupira. Apparemment, elle n'avait pas eu ce qu'elle souhaitait, et, d'un côté, cela rassura l'homme, qui sentit son cœur se gonfler en pensant à ces personnes qui avaient toujours tout fait pour lui. Elles seraient saines et sauves.

"Une vraie bande de surdoués, hm? Vous êtes tous plus intelligents les uns que les autres, c'est à croire que l'on élimine les mauvaises personnes dans la vie. J'en avais déjà parlé à mon supérieur... Pourquoi supprimer les idiots naïfs, qui seraient prêts à faire confiance à n'importe qui? Ils seraient capable de gober tout et n'importe quoi, que ce soit à cause de la peur, de la crainte, ou tout simplement de la naïveté? On m'a juste dit de me taire. Et on les tue, eux plus que les moins manipulables. Eux plus que des gens comme toi."

Elle relâcha légèrement sa prise sur ses mèches pour, apparemment, jouer un peu avec. Il sentait juste ses doigts s'enrouler autour de quelques mèches, avant de recommencer avec d'autres. Sa dernière phrase lui fit froid dans le dos.

"Mais je ne veux pas te tuer, pour le moment. Tu pourrais être très utile, pour me mener à cette bande de gamins qui se prennent pour des super héros, sur lesquels on ne peut mettre la main. Mais vous êtes comme des souris. Quand on en attrape une, on attrape les autres aussi. Elles se jettent sur nous comme des aveugles, la gueule grande ouverte en espérant nous blesser. Mais je vais te dire un secret..."

Elle se rapprocha de son oreille, et il put sentir son souffle tiède se glisser dans son cou, le gênant et lui donnant envie de gesticuler dans tous les sens.

"Vous n'êtes rien. Et vous ne pourrez jamais rien pour cette population que vous tentez de sauver."

Elle se recula enfin, et lâcha totalement sa proie. Jimin ne savait pas s'ils étaient seuls dans la pièce, mais il avait envie de penser qu'il ne se ridiculiserait pas plus devant quelques spectateurs involontaires dans les environs. Il trembla en entendant un bruit métallique dans son dos, et serra les dents en comprenant que c'était elle qui s'en était saisit.

"Finalement, tu es aussi naïf que les faibles. Mais toi, tu es plus fort qu'eux. Ce qui fait la différence, tu me demanderas? J'ai eu l'occasion de voir ton corps."

Ces paroles furent agrémentées par un petit ricanement malsain, et il se sentit dégoûté à l'idée qu'elle ait pu le voir nu.

"Cela se voit que vous aviez de l'espoir. Mais je suis là pour détruire tout espoir. En commençant par le tien."

Il était tellement concentré sur ses paroles, qu'il ne l'avait même pas entendu se rapprocher à nouveau. Par contre, il la sentit poser une lame sur son avant bras, coupant légèrement sa chair, et créant quelques gouttes écarlates qui ne se firent pas prier pour tâcher le sol et ses habits.

"Quel est ton espoir le plus vif, Jimin? Je suis curieuse. J'aime connaître mes victimes avant de devoir les détruire. Mais je ne te connais pas assez... Mais je n'en ai peut-être pas besoin? Si je peux te transformer en qui je veux, je le ferais volontiers..."

Un cri de douleur, étouffé par le tissus qui barrait sa gorge, résonna entre les murs de la pièce.

"Allons, allons... Tu cries déjà? Mais ça vient à peine de commencer!"

La jeune femme s'amusa pendant de nombreuse minutes à découper sa peau, à laisser son sang sécher de lui-même sur le beige, et à le faire gémir de douleur. Elle s'amusait apparemment bien, en sentant les sursaut de son prisonnier sous ses doigts fins et ridicules. Et puis, elle s'arrêta, pour essuyer sa lame apparemment, laissant un Jimin tremblant sur sa chaise, bien calé contre son dossier, et perdu dans cette noirceur environnante qu'il ne pouvait faire disparaître.

Alors qu'il s'apprêtait à recevoir une seconde vague, un nouveau bruit de porte lui perça les tympans. Et il serait certainement tombé dans les pommes en quelques secondes, si sa panique et ses sens n'étaient pas en alerte. Il entendit la femme râler, et ordonner au nouveau venu de partir, mais ce dernier ne le fit pas. Au lieu de cela, il prit la parole, de sorte à l'interrompre tout en restant poli.

"Monsieur votre père veut vous voir..."

La femme sembla devenir furibond à cette affirmation. Elle jeta la lame sur le sol ou un meuble, Jimin ne le sut pas, et s'éloigna à pas rapides vers la sortie.

Il entendit le nouveau venu faire l'inverse, et s'approcher de lui, ne rassurant pourtant pas le prisonnier, qui se retenait de pleurer, mais qui tremblait comme une feuille depuis le début. Il entendit que l'on versait de l'eau, mais la voix criarde de son bourreau revint à la charge.

"Non. Ne le guérit pas."

Un silence s'installa un instant, mais sembla durer une éternité. L'eau cessa de couler, et, si Jimin avait pu voir le regard que la femme lui lança, il en aurait fait des cauchemars toutes ses nuits.

"Je pense que je serais encore plus frustrée en revenant."

Et c'était mauvais présage.



¤▪°▪¤



Je suis désoléééééééééée (comme toujours) de poster après trois milliards d'année, mais je n'ai jamais le temps en semaine d'aller sur mon ordinateur. Je tiens à garder de bonnes notes m'voyez?

Du coup, j'espère avoir le temps de m'avancer pour le prochain chapitre x) Dabisous ~
BY.MANOBLACK

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