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Une semaine de Mai

Hache
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Dim 3 Juil - 15:02
Hache
Une semaine de Mai

Jour 1 : (11/05/2022)

Je suis parti de Banyuls-sur-mer à 8h40 dans le but de faire le GR10, de préférence, dans son intégralité. Néanmoins, j'ai besoin de bosser cet été car je suis fauché. Je n'ai donc que quarante-huit jours devant moi en comptant trois jours de stop.
J'ai déjà fait le GR10 jusqu'à La Cabanasse en quatorze jours et pas à a suite. (Voir Malacostracé Lacustre.) Sauf que cette fois, j'aimerai suivre les étapes. Il faut savoir que cette route de grande randonnée numéro dix possède des étapes officielles. Jusque La Cabanasse, ça donne : Banyuls → Col de L'Ouillat → Las Illas → Gîte du Moulin → Batère → Les Cortalets → Marailles → Ras de la Carrença → La Cabanasse.

Mon objectif pour aujourd'hui, c'est le refuge de la Tanyarède. C'est la version « je ne fréquente pas les refuges payants » de la première étape. Parce qu'encore une fois, je suis fauché. Avec le GR10, on passe son temps à monter et descendre tout au long de la marche. Aujourd'hui, j'ai plus de mille mètres de dénivelé. C'est beaucoup. Mais c'est le jeu.
Je ne suis pas tout à fait seul, en effet, je suis accompagné de Donatello mon fidèle sac à dos, de tente May et de Gandalf le bâton de berger grec. Ok, j'avoue, je suis tout seul comme d'habitude parce que les recommandations demandant de ne pas faire de longues randonnées seul sont ridicules.
Normalement, partir aussi longtemps s'organise. Je me suis préparé la vielle, j'ai perdu ma carte et je n'ai même pas assez de réserve de nourriture. Il faudra donc que je m'arrête au Perthus pour acheter de quoi tenir. En résumé ; je suis un aveugle sans le sou.
J'espère juste avoir assez de détermination pour tenir quarante jours de marche et – qui sait ?- parvenir à Hendaye. Si je fais vite, c'est possible !

Je marche sans m'arrêter jusqu'à midi où je fais ma pose repas ; une tartine de gouda et de l'eau.
Ensuite, je marche encore une heure avant d'arriver au refuge de Tommy. Je connais son histoire ; il a été créé à même la roche par un passionné de randonnée et amoureux de la région, en l'honneur de son chien. D'ailleurs, cet homme s'amuse également à tailler les buissons alentours en forme de tête de chien.
Être arrivé ici signifie que je suis à la moitié du chemin. J'ai encore pas mal de montée à faire ! Et je commence déjà à fatiguer, plus question de marcher sans m'arrêter. Bonjour les courtes pauses de cinq à dix minutes.
Le plus difficile dans cette journée, c'est éviter les vaches. Elles ont l'art de se mettre littéralement SUR le chemin. Heureusement, on n'est pas sur des sentiers escarpé, il y a l'espace de les contourner. J'en ai un peu peur, pour ne pas mentir. Je crois une randonneuse qui leur passe à côté sans sourciller. Je me demandais comment se débrouiller les autres. Elles sont en fait moins agressives que ce que je pense. Même si certaines me dévisagent et tapent du sabot, je peux passer plus proche qu'avant. Je reste méfiant. C'est de ma vie dont il s'agit, je ne veux pas non plus tester leurs limites et me retrouver encorner.
Il ne se passe rien de passionnant sur le chemin, je profite juste tranquillement de ma marche. J'ai quand même réussi à tomber dès cette première journée. Sur un arbre qui m'a bien fait mal. Tomber est une habitude chez moi. Un problème d'oreille interne me donne un problème d'équilibre, couplé à une maladresse générale fait que je suis donc capable de tomber même sur une route goudronnée bien droite.
En général, je sais comment tomer pour éviter les bobos, là j'ai écorché ma main et ma jambe gauches.

J'arrive au refuge non-gardé à 17h. Je suis dans les temps de marche indiqué par les panneaux. Je pose avec soulagement mon sac puis par à la source située à dix minutes de marche afin de remplir l'une de mes deux bouteilles. Je rencontre alors Bastien. Il est novice en randonnée longue, mais veut faire le GR10 en entier. Je lui explique tous mes trucs et astuces. Il est très intéressé. Il galère à cause des vingt kilos de son sac. Tu m'étonnes. Il porte cinq litres d'eau. Je lui dit que trois est largement suffisant. Surtout en cette période où la canicule et la sécheresse ne sont pas encore arrivées. Il a trop à mangé aussi. Je lui dit qu'il passera assez souvent par des villages où il pourras se ravitailler. Il me partage donc un peu de sa nourriture. Ça m'aide beaucoup !
Il prévoit d'aller jusqu'à Las Illas demain, comme moi. Il veut néanmoins passer le pic du Néolous dès aujourd'hui. C'est sage de sa part, personnellement, je suis crevé et préfère dormir en refuge qu'en tente. Je lui déconseille de dormir au pic même. Trop de vent. Je lui parle du refuge gardé au col de l'Ouillat où il y a assez d'espaces pour bivouaquer.
Nous nous quittons, il reprend sa route. Il était sympas. Et je dois avouer que ça me fait plaisir de jouer aux professeurs. C'était une bonne rencontre. On se reverra peut-être.
Je retourne au refuge et m'y cuit des pâtes agrémentée de soupe donnée par Bastien. Et dire que si je ne l'avais pas rencontré, je mangerai des pâtes blanches !
Je lis un livre et au dodo.

Jour 2 :

Après une très bonne nuit, je me lève à 7h et démarre quarante minutes plus tard. En moins d'une heure, j'ai atteint le pic. De là, je descend au col où il y a le refuge gardé des Albères. Je n'y fais même pas de pause. Je fonce en direction du Perthus. J'ai pratiquement dix heures de marche pour atteindre mon objectif sachant que je dois m'arrêter faire des courses.

Le chemin jusqu'au Perthus alterne entre plat et descente donc ce n'est pas trop compliqué, même si ça parait un peu long. C'est surtout de la route de terre, on a vu plus passionnant. Je trouve le balise peu clairs à plusieurs moments, mais ça ne m'empêche pas d'arriver en ville à 12H20. Je rentre dans la première boutique que je vois, mais elle craint. Il n'y a même pas de fruits et légumes ! J'y achète des pâtes et un paquet de nouilles.
D'ici, le panneau indique ma destination à 6h30 de marche. Et je suis déjà fatigué ! Ça s'annonce être une journée difficile. Je ne me laisse pas décourager et avance. Évidemment, après être tant descendu, c'est de la montée qui m'attend maintenant.
J'arrive au niveau d'une tour près du château. Il y a une entrée en hauteur, j'escalade la tour. Ce n'est pas très dur, les pierres sont vieilles donc il y a des trous où passer mes doigts et pieds. À l'intérieur, il n'y a rien grand chose d'intéressant, mais ça reste cool.
Je reprends mon chemin. Honnêtement, je souffre un peu. Je commence à regretter chaque seconde de ma vie que je n'ai pas passé  faire du sport, c'est-à-dire l'intégralité de ma vie.
Dire que demain s'annonce tout aussi compliqué ! Chaque jour sera de la montée. Je dois tenir bon.

J'arrive alors à la fameuse zone naturiste traversée par le GR10. Je suis tranquillement le balisage quand deux hommes débarquent pour s'occuper d'un jardin-potager. Ô merci univers, ils portent un t-shirt assez long. Et rien d'autre... Merci a ces deux t-shirts d'être long !
Ils me disent que si je continue tout droit au lieu de suivre le balisage, j'arriverai plus vite à Las Illas et que ce sera plus agréable car je ne passerai pas par la route. Je les remercie et les écoute.
Je suis le chemin et fini sur une route goudronnée. En plus de n'avoir aucune idée de où je suis. Je suis haut, dans un lieu résidentiel. Grâce à la 4G et à Map, je me rend compte que je suis juste au-dessus de Las Illas, justement je peux voir le hameau plus bas. Je n'ai qu'à descendre une route goudronnée. Je commençais à me dire que je n'aurais peut-être pas dû faire confiance à des hommes sans pantalons, mais j'arrive à destination à 18h15, soit presque une heure plus tôt que mes estimations.

Je ne parviens pas à reconnaître l'endroit. Ce n'est pourtant pas très grand. Je cherche la zone de bivouac sans la voir. Je regarde alentour et... La douche et la toilette sont là. Ce qui signifie que la zone devraient être... Là ? Oui ! Mais elle est méconnaissable. Elle a pratiquement disparut sous le sable. Et je suis tout seul. Où sont les randonneurs ?
Le maire vient à ma rencontre et me parle. Il m'explique qu'il y a eu des inondations et qu'il y en a régulièrement, avec des torrents de boue. D'où l’ensevelissement. C'est parce qu'en amont, une forêt a été abattue. En l'absence d'arbres et végétations, l'eau coule et se déverse dans le village. Eh ! On pourrait presque en tirer une leçon sur l'écologie.
Bref, je prends une douche, fait un feu, mange, vidéo et dodo ! Demain, j'espère atteindre Arles-sur-tech, ce qui ferait trente-cinq kilomètres. Aujourd'hui, j'en ai fait trente et je suis KO.

Jour 3 :

J'ai bien dormi, mais pas assez. J'aurais besoin d'au moins quatorze heures de sommeil pour rattraper ma fatigue. Hier, j'ai vraiment mis mon corps à rude épreuve.
Je range mon camp et pars à 8H50. Il fait beau, mais la météo annonce de l'orage dès 13H.

Au bout de deux heures de marche, j'arrive à un panneau m'indiquant que Montalbà est à 5H30 de marche et que Arles-sur-tech est à 9H de marche. Entre les deux, il y a l'écogîte de la palette. Mais c'est payant et je sais qu'il n'y a aucun endroit où camper avant, d'après mes souvenirs. Pour après, j'avoue avoir oublié, mais je ne penses pas. J'y suis déjà allé dans cet endroit. C'était super cher. Et payer pour dormir en tente, ça me fait chier. Par contre, j'y avais mangé comme un roi !
Actuellement, l’entièreté de mon corps et de mon âme me crient que Arles est inaccessible pour aujourd'hui.
Soit, direction Montalbà ! Heure d'arrivée prévue à 16H !
Enfin, entre ce qui est prévu et les faits... Hier, j'ai trop forcé. Mon corps est tout cassé. Je n'arrête pas de faire de pauses. Heureusement que je voyage seul, sinon je serais un vrai boulet. Si ces deux premiers jours je parvenais à suivre le temps indiqué par les panneaux, aujourd'hui est une autre histoire. C'est le lièvre et la tortue. Vaut mieux y aller plus lentement, à son propre rythme, que de ne jamais y arriver.
Il n'y a pourtant pas trop de dénivelé, mais chaque montée m'apparaît comme une épreuve.
À 16H, j'arrive devant un panneau qui me dit que Montalbà est dans trois heures. Au moins, la météo s'est trompée.
Sur le chemin, je croise un randonneur un peu spécial. Il a un look entre un hippie et autochtone américain. Il avait des plumes ramassées dans la montagnes, attachées un peu partout et utilisait deux genres de bâtons de marche recouverts de fourrure avec des genre de griffes au bout. D'après lui, ça imite la patte de l'ours et c'est très pratique pour marcher en montagne. Ses gourdes et un couteau y sont accrochés. Il m'affirme avoir déjà vu un ours dans les Pyrénées. Il n'y en a que quarante, alors j'avoue être admiratif. Il m'affirme faire très régulièrement le GR10 et avoir même déjà vu un lynx ! Ils sont tellement discret et peu nombreux, qu'on ne sait même pas combien ils sont. Avant qu'il ne me dise ça et que je regarde sur internet, j'ignorais même qu'il y en avait. Il me dit n'avoir par contre jamais vu les loups (Il y en a très peu dans les Pyrénées (Trop peu tout court)), mais les avoir entendu hurler.
Je lui dit que l'animal le plus incroyable que j'ai pu voir sur le GR10 c'est l'Aigle royal. Il me montre justement une de ses plumes et me raconte qu'un Aigle royal l'a laissé tombé en face de lui et que d'après les peuples autochtones d'Amérique, c'est un signe. Il me dit même avoir déjà fait le mort allongé dans la montagne pour y attirer les Vautours fauve.
Il me raconte pleins de choses cools et un peu dures à croire. Néanmoins, il a l'air d'être le genre d'homme à qui toutes ces choses pourraient vraiment être arrivées. Il a l'air spécial.
Un moment, dans la conversation, il me raconte avoir croisé un grand randonneur à la barbe rousse transportant cinq litres d'eau. Bastien ! Je m'attendais à ce qu'il soit à Las Illas, mais il n'y était pas hier soir. Il a dû camper plus loin. Il semblerait qu''il n'ait que quelques heures d'avances sur moi. Malheureusement, mon retard va certainement se creuser. Ce soir, il arrivera probablement à Arles voire Batère vu comme il avance vite !
Avant que nous nous quittions, le monsieur bizarre mais sympas m'indique que je serais à Montalbà dans deux heures. Deux minutes plus tard, je crois un panneau qui confirme son dire. Cette conversation m'a redonné de l'énergie et du courage et je parviens à destination sans m'arrêter ! Il est 19h, quelle journée !

J'ignore pourquoi, mais je croyais que c'était le sommet d'une montagne. En réalité, il s'agit d'un hameau. Ce n'est pas étonnant vu à quel point je suis descendu ces dernières heures. Je parviens à trouver un endroit à peu près plat où planter tente May et il y a une fontaine. Hors de question de faire un feu, un panneau l'interdit clairement et les habitations sont trop proches pour ne pas être remarqué. Tant pis, je mange froid et lave ma chemise que je laisse sécher sur une branche d'arbre.
Je vais me coucher tôt. J'ai tellement sommeil ! 21H30 et au lit !

Jour 4 :

J'ai bien dormi, mais je suis encore fatigué.
Je me lève, range le camp et part dès 8H. Je me sens mieux qu'hier. Ça devait être ma fameuse journée morose que je fais à chaque randonnée. Cela signifie que le pire est peut-être derrière moi. Je marche un peu moins de deux heures et parviens au gîte du Moulin de la Palette. Il est fermé comme l'indiquait des tagues sur les panneaux. J'ignore pourquoi.
Par contre, exactement comme je le pensais, il n'y avait aucun moment où planter sa tente avant. Et après, je ne vois qu'un seul endroit qui pourrait convenir. Juste après le pont suspendu, au bord de la rivière, il y a un petit coin d'herbe qui a l'air assez plat.
J'adore ce pont, il donne cette impression de vieux pot au milieu de nulle part. C'est très stylé, je trouve.
Je continue ma journée très tranquillement. Si je ne vais pas bien, c'est parce que j'ai trop poussé les deux premiers jours et même hier. Parce qu'au final, avec la fermeture de l'écogîte rendant tout arrêt difficile, on peut dire que j'ai suivis les étapes du GR10. Si je voulais les suivre pour aujourd'hui, je devrais marcher jusqu'à Batère. Ça me paraît impossible. Je vais obligatoirement prendre du retard, mais ça n'a pas d'importance. Le bon rythme, c'est le siens comme disent pleins de randonneurs.
Hors de question d'à nouveau dépasser mes limites. Hormis risquer une blessure, ça ne peut rien donner de bon. Je suis là pour m'amuser, pas remporter une médaille inexistante. Aujourd'hui, je me contente d'atteindre Arles-sur-tech. Batère sera pour demain.
De plus, n'oublions pas que je peux traîner. Je dois juste atteindre La Cabanasse avant le vingt-deux mai pour mon job dating. Ça annule mes projets, mais c'est une aubaine à ne pas rater pour moi. L'avenir, c'est important aussi. Même en traînant, j'y serais le vingt. Donc, aucune raison d'épuiser mon corps, j'ai déjà assez mal aux pieds et à la hanche comme ça. Sans parler de mes épaules.
C'est d'ailleurs pour ça que je ne comprends pas ceux qui disent que le GR10 se prépare longtemps en avance. Certaines parlent de 6 mois voire deux ans. Quoi qu'on fasse, on ne pourra jamais être à 100 % prêt, alors autant ne rien préparer. C'est la capacité d'adaptation et d'improvisation qui prime selon moi pour réussir cette randonnée. Ainsi que le mental et la motivation. La préparation ne pourra jamais combler la moindre lacune.
Regardez-moi, je m'y suis pris deux jours en avance et je ne suis pas mort. Enfin, j'ignore ce qui m'attends après La Cabanasse donc une carte ne serait pas de refus.

Je monte pendant deux heures puis descends pendant trois heures et me voilà arrivé à Arles-sur-tech. Il n'est que 13H. De suite, je suis accueilli par une Sitelle torchepot. Je suis ravi parce que, bien que ça soit un oiseau commun, je n'avais jamais eu la chance d'en voir une. Si seulement je pouvais voir le Coucou gris et la Huppe fasciée que j'entends depuis des jours sans réussir à les voir. Néanmoins, hier et aujourd'hui, j'ai pu observer pas mal de Geais des chênes. Chaque nuit, j'entends la Chouette hulotte et le Petit-duc scops, mais impossible de les voir dans le noir.
J'ai faim. Je passe au Spar et y achète un coulommiers, du pain de mie, de la soupe en sachet, une tomate et une pomme. Je me fait plaisir en somme. Je mange juste après avoir repris de l'eau au cimetière. Les martinets et hirondelles me survolent joyeusement. Que c'est vivant le printemps !
Il est maintenant 15H et je décide de continuer tranquillement. Je me sens en forme. Je sais que je n'atteindrais pas Batère. Je m'avance, c'est tout.
Au bout d'une heure, le ciel gronde et des nuages gris arrivent. Ça m'inquiète. La météo avait encore annoncé des orages, mais à force de crier au loup, Pierre se faut dévorer. En l’occurrence, je ne les ai pas pris au sérieux.
Je déboule sur un genre de carrefour à pistes. C'est plat, pas trop caillouteux, dégagé et il y a déjà eu un feu de fait par des campeurs. Je décide donc d'y monter mon camp. J'ignore sur cet orage annoncé et qui s'annonce va venir ici, mais on ne sait jamais. Et de toute façon, tranquille. Et s'il ne pleut pas, je pourrais faire un feu et manger chaud.

Un homme qui me voit faire la sieste, s'arrête pour papoter. Il me dit son nom, mais je l'oublie immédiatement. Il me fait boire une infusion d'une plante Sud-américaine. Il me dit ce que c'est, mais je n'ai pas retenu puisque je ne connais pas. S'il faut il m'a fait boire un dérivé du cannabis et j'en sais rien. Je sais, ce n'est pas prudent d'accepter une boisson d'un inconnu. Surtout pas d'un homme qui semble vivre en marge de la société quand on est perçu femme et qu'on est seul au milieu de la montagne. Mais j'ai envie de ne pas me méfier des gens que je croise en randonnée. Son infusion à un arrière goût de thym. On parle pas mal et il m'invite à passer au camp (hippie) des trois ruisseaux qui n'est pas très loin d'où nous sommes actuellement, c'est-à-dire pas très loin du camp (hippie) situé sur le GR10 un peu avant Batère. Je refuse poliment. Je n'ai pas vraiment le temps. Il fini par partir tandis que je commence un feu pour cuir mes pâtes à la soupe. Vive les plats chauds ! J'adore faire du feu et aller chercher du bois. Le temps est parfaitement clair maintenant. La météo avait encore tort. Je lis et paresse. Ça fait du bien.

Jour 5 :

Je me lève et comme chaque nuit pour le moment, j'ai bien dormi ! Même si j'ai eu un peu peur un moment. En effet, j'ai entendu des bruits de pas et le bruit des feuilles se faisant routourner à moins de deux mètres de ma tente. Des « Groink Groink » régulier m'ont vite fait comprendre que les fautifs étaient des sangliers. Je suis donc resté sans bougé dans ma tente. Ils sont très vite parti. Il ne devait pas y avoir de truffe ou gland dans les parages. Ces animaux n'ont fait que passer. Tant mieux, car la bagarre contre un sanglier, je la perds. (Cela dit, les risques sont bas. Les animaux sauvages sont rarement agressifs).

Je range le camp et parts dès huit heure ! Aujourd'hui, ça va monter, mais je sais aussi que c'est une petite journée donc je ne suis pas inquiet. Batère n'est qu'à quatre heures de marche de là où je suis et je compte m'arrêter au refuge intermédiaire, deux heures plus loin. J'aime bien le fait de connaître la montagne comme ça, de savoir où je vais, j'en ai pour combien de temps, etc... Mais j'avoue que j'aimerai bien aussi marcher dans un lieu inconnu, pour l'aventure !
Je n'ai plus beaucoup d'eau, mais ne me recharge pas en chemin. J'ai assez pour tenir jusqu'à Batère où il y en a ! Et moins je transporte d'eau, plus léger je suis. Ce n'est pas négligeable compte tenu du dénivelé que j'ai à faire aujourd'hui. Batère culmine à 1284 mètres et j'en suis à 400.
Néanmoins, je me sens en forme ! Je dévore avec plaisir ces cinq heures sans m'en rendre compte. Lorsque je suis passé par le camp hippie, j'ai pu constater qu'il avait bien évolué. Il y a vraiment pas mal de monde, de tentes, huttes et caravanes. Des voitures aussi et pleins de potagers. J'aimerai bien les appeler autrement que « camp hippie », mais je ne connais pas le nom du camp, ni de leur communauté (Et je n'ai rien trouvé sur internet alors qu'ils sont implanté ici depuis des années). Contrairement à l'homme rencontré hier qui m'a fait l'éloge du camp des trois rivières où les voitures sont interdites contrairement à ici.

J'arrive alors au refuge de Batère qui semble fermé. Bizarre. J'y pose mon sac, prends ma bouteille vide et ouvre le robinet. Pas d'eau.
Je vais frapper à la porte et aucune réponse. Ah ! J'ai soif, moi !
Heureusement, je sais qu'il y a une source non loin, plus haut. Je mange mon pain et ma demi-tomate tandis que deux touristes étrangers débarquent. Je dirais qu'ils parlent slaves. Ils me donnent un fond d'eau, de quoi me désaltérer le temps d'aller à la source.

Évidement, la source est là, dans son magnifique paysage, comme toujours. Où serait-elle allé de toute façon ? Elle coule toujours. Comme quoi, la nature peut être plus stable qu'un refuge.
J'y rempli ma bouteille et y boit abondamment. Elle est fraîche et bonne, ça fait du bien ! Celle donnée par les touristes étaient dans une gourde en plastique et y a pris le goût. D'autres randonneurs semblent très étonné que je ne filtre pas cette eau de source juste au-cas-où. Ils sont bizarre.
Je ne sais pas si les autres randonneurs me voient comme un cassos ou un sauvage. En tout cas, si j'avais gagné un euro chaque fois qu'on me dit que je suis courageux d'aller dans la nature, d'y aller seul, de randonner, et bien... Je serais moins fauché !

Après une petite grimpette, le reste du chemin est relativement plat. C'est très agréable. Je me sens vraiment bien et ces deux heures passent vite. Comme quoi, quand je respecte mes limites et ne pousse pas trop, ça avance vite.
J'arrive à 16h20 à la maison forestière de l'Estanyol à 1479 mètres d'altitude. Demain, Cortalets sera à moins de cinq heures de marche. Ça veut dire que j'aurais probablement le temps et l'énergie d'aller au sommet du Canigou. S'il n'y a pas trop de neige ! On verra.

Actuellement, je n'ai qu'une demi-journée de marche sur les étapes du GR10. Demain soir, j'aurais une journée.
J'ai l'impression de ma sentir capable d'avancer encore, jusqu'aux Cortalets même ! Sauf que ça me ferait arrivé vers 20h30 ce qui est vachement tard en plus de ne pas être prudent du tout. Et ça ne me laisserai pas le temps de grimper au sommet ni rien. En résumé, je suis très bien et pas besoin de me presser.
Je profite d'être au refuge tôt pour laver quelques vêtements. Des mésanges noires viennent agrémenter ma lessive. Il y a une source et de quoi faire un feu. Que demander de plus ?

Jour 6 :

Et bien voilà ! Je n'ai pas très bien dormi. J'ai eu froid et mal au dos, mais ça restait supportable.
Je traîne alors au « lit ». J'ai un peu la flemme. Ma marche commence à 8h20.
Et à peine quelques minutes plus tard, j’aperçois un chevreuil en plein milieu du chemin. Il est si proche ! Si majestueux aussi. Il m'entend et fuit dans la forêt. C'est trop bien, les cervidés font parties de mes animaux favori. Ils sont cool et élégant en plus d'être des êtres de la forêt.

J'avance bien et vite et j'arrive, au bout d'une heure, au refuge du Pinatelle. Hier, on m'avait dit qu'il était mieux que l'Estanyol, mais je ne suis pas d'accord. Il est semblable en plus petit, a autant d'aménagement et n'a pas d'eau. Par contre, il est en plein soleil et n'a pas de vitres cassées puisqu'elles ne sont pas en verres, mais en plexiglas. Donc, j'aurais peut-être eu moins froid, sauf que l'eau c'est plus important.
Je continue. Je suis à deux heures de la dernières montée avec les Cortalets. J'arriverais alors à une intersection où j'aurais le choix entre la route ou le sentier. Je choisirai le plus court.
Mais avant, j'ai ces fameuses deux heures de marche. C'est honnêtement ma portion du GR10 préférée pour l'instant. Le sentier est à flanc de montagne et plutôt étroit, sans grands arbres pour cacher la vue. Il y a pleins de fleurs et de papillons et on doit traverser plusieurs petites cascades. C'est vraiment sublime et rempli de vie, j'adore !
Il y a quatre cascades exactement. Le défis est de ne surtout pas tomber (Une chute pourrait être très dangereuse) et d'éviter de mouiller les chaussures.
Avant mon départ pour cette randonnée, j'ai longtemps hésité à prendre Gandalf le bâton de berger grec avec moi sachant que je préfère marcher sans rien dans les mains. En fait, j'aime pouvoir utiliser mes mains en cas de montée difficile et je déteste devoir tenir des choses dans les mains. Sauf que depuis l'attaque des chiens albanais, je me suis promis de ne plus jamais marcher en montagne sans bâton si je sais que je risque de tomber nez à museau avec des patous ou autres chiens de protections. Alors, j'ai pris Gandalf. Et qu'est-ce que je ne regrette pas ! Je n'irais plus jamais marcher longtemps sans ! C'est tellement pratique pour les montées, les descentes et, en l’occurrence, pour les traversées de ruisseaux. Grâce à lui, je peux m'appuyer et compenser mes problèmes d'équilibre ainsi que le poids du sac pour aller de rocher en rocher.
La troisième cascade pose plus de problème. Elle est large et assez profonde (L'eau peu arriver aux cuisses). Je ne vois pas du tout de passage possible sans se mouiller les pieds. Tant pis, pas le choix, j'enlève mes chaussures et y vais pied nu. Ce n'est pas facile pour autant. Déjà, c'est froid. Mais le soleil est au rendez-vous, donc passons. Le problème est surtout que les cailloux glissent et coupent et qu'il y a pleins de branches mortes qui flottent tout aussi coupantes et glissantes.
Grâce à Gandalf, je parviens à passer sans tomber. Tandis que la dernière cascade est petite et facile à traverser.

Ensuite, j'arrive à la fameuse intersection. J'ai déjà pris les deux chemins une fois chacun. La première fois, j'avais choisi le sentier par la montagne et l'avais trouvé très long et pénible. Si bien que le deuxième fois, j'avais pris la route. J'avoue que mes souvenirs sont très très floues. Je n'ai pas une très bonne mémoire (c'est pour cela que j'écris et recopie au propre tous mes comptes-rendu de randonnées). Néanmoins,  d'après les panneaux, le sentier est plus court et plus rapide. Je le choisi donc. Très mauvais choix.
La montée est très raide et les balises assez difficile à voir. Et comme si ça ne suffisait pas, des nuages débarquent, foncent sur la montagne et me plongent dans le brouillard. Je ne vois rien à plus de deux mètres. Je décide de persévérer et, tiens ! De la neige ! De plus en plus de neige. Je manque de littéralement tomber de la falaise à deux reprises. C'est dangereux quand même. Heureusement que Gandalf est là !
Entre la neige et le brouillard, je me perds à trois reprises. À un moment, j'ai beau prendre n'importe lequel des « chemins » que je semble apercevoir, pas moyen de trouver la prochaine balise.
Très bien. J'abandonne ! Avec toutes cette neige, je ne pourrais de toute façon jamais traverser le Canigou et atteindre Mirailles demain. Oui, on peut le dire : Je manque de témérité, de volonté, de détermination, de persévérance ! Je sais. Néanmoins, on n'a qu'une vie et elle est précieuse. Je connais mes limites et clairement, il y a trop de neige pour moi. Les risques que j'ai un accident sont trop élevé. Je n'ai pas envie de tomber d'une falaise.

Je rebrousse chemin. Une marmotte choisi ce moment pour passer tout près de moi, me réchauffant un peu le cœur.
Bref, je redescends tout. En manquant de tomber à cause de le neige une fois de plus. Très vite, je suis à nouveau à l'intersection. Clairement, je pourrais atteindre les Cortalets par la route, mais à quoi bon ? La neige m'arrêterait là de toute façon. Abandonner, c'est démoralisant, je préfère partir.
Je décide de me poser au refuge du Pinatelle parce que c'est le plus proche. Je marche vite et je prends la confiance. Un peu trop. Le soleil est parti et je n'ai pas envie de marcher dans l'eau et la flemme d'enlever mes chaussures malgré l'obstacle que représente cette cascade. Je me dit que je suis capable de passer sans mouilles mes chaussures. Non.
Je marche l'heure qui me sépare du refuge et y arrive, les pieds trempés, à 17h50. Puisque c'est mon dernier jour, je dépose ma nourriture non périssable pour les futurs randonneurs.

Demain, Batère sera ma ligne d'arrivée.
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