CHAPITRE 14
Léo s'approcha du lit et secoua Siphano.
-Salut Siph' ! Tu m'avais dit de te réveiller. Tu t'en souviens ?
-Moui... répondit-il en baillant.
-Allez viens, on est en train de creuser les douves.
Le plus vieux se leva, pris une pioche en fer et rejoignit Brioche en compagnie du blond. Il constata que les murs étaient construis, mais que les leviers n'étaient pas encore placés. Il commença à creuser, la moitié étant déjà faite. Siphano avait des cernes et un regard sombre. Brioche s'approcha de lui.
-Siph'... Tout va bien ?
-Non. Je ne sais pas si tu es au courant, mais Frigiel a tué Dortos, cracha-t-il, furieux.
À cet instant, Bri' aurait aimé disparaitre.
* * * * *
-Frigiel ! Écoute moi, s'énerva Ectalite.
-Quoi ?
-Tu as tué Dortos...commença-t-il.
-Non, sans blague...
-Tais-toi et écoute moi. Tu l'as tué. Mais il m'avait blessé, non ? Sans Léo, je serais mort. Tu ne m'aurais pas vengé ?
-Si, bien sur que si...répondit Frigiel, d'abord incertain.
-Frigiel ?
-Oui. Je t'aurais vengé.
Cette fois, le châtain avait parlé avec assurance. Son regard le prouvait. Il était à présent insensible, sûr qu'il avait fait le bon choix.
* * * * *
Devant l'air coupable de Brioche, Léo commença à s'énerver.
-Siphano ! Je vais finir par t'abandonner si tu t'en prends encore à Bri' ! Tu crois que c'est sa faute si l'autre est mort ?
-L'autre, il a un nom, répliqua le brun.
-Oh. T'as pas mieux comme réplique ?
-Ferme-la. Sincèrement, ferme-la.
Siphano mis fin aux discussions comme prévu, et continua de creuser les douves. Une fois terminées, il constata que les autres s'étaient arrêtés pour se reposer. Visiblement de mauvaise humeur, il méprisa une fois encore son ami.
-Brioche, espèce d'incapable, tu crois que je vais finir le sale bouleau tout seul ?
Sans prévenir, Léo se leva, et avant que Siphano n'ait pu réfléchir, lui mis une giffle avec toute la violence et la force qu'il ait pu rassembler. Il repartit et sortit de la base, furieux. Siph' se frotta la joue, referma la base et dit avec lassitude :
-Et c'est repartit...
Brioche fondit en larmes :
-Tu crois qu'on est insensibles à la mort de Dortos ? Tu crois qu'on ne l'aimait pas ? Que c'est de notre faute ?
-Non, vous n'êtes peut-être pas insensibles, mais oui, c'est la faute de Léo.
-Comment peux-tu dire une chose pareille ?!
-C'est simple. Si l'autre ne voulait pas te faire encore flipper, il ne serait pas passé devant moi et il ne se serait pas pris cette flèche.
-Ben oui, mais c'est toi, qui te serais pris la flèche !
-C'est ce que je viens de dire...soupira le plus vieux, l'air soudain abattu.
-Dortos aurait fait pareil.
-Non. Tu ne comprends pas ? Je lui ai fait jurer de ne pas prendre de risques pour moi, de me laisser mourir si ça devait arriver.
* * * * *
Ectalite retourna en grottes, un sourire mauvais sur son visage sombre. Ses plans fonctionnaient à merveille. Frigiel se laissait manipuler, il pourrait bientôt tuer Siphano, cet homme qui lui volait l'amitié de Fri', celui qui faisait oublier au châtain qu'il avait des autres amis. Encore quelques jours... Quand Frigiel haïra suffisamment l'autre équipe grâce au faux air doux d'Ecta, il serait enfin en mesure de se débarrasser à jamais de son adversaire.
* * * * *
Le blond monta en haut de son arbre, s'installa à nouveau dans les branches. Il frissonna. Le vent devenait glacial. Il réfléchit. Le jeu lui faisait perdre toute notion du temps. Après un moment, il compris que l'hiver s'installait. Il se souvint d'une de ses aventures avec la Coopteam au complet, moment où Frigiel s'était réveillé sous un tas de neige, créé par Siphano avec l'aide du blond. Il esquissa un sourire, remplacé par une grimace. Il n'était pas blessé. Ou plutôt si. Mais pas une blessure physique, plus un manque de compagnie. Il aimerait pouvoir à nouveau rire avec ses trois amis autour d'un feu. Ces moments seraient inoubliables. Il se souvenait parfaitement de la rencontre de la Coop avec Dortos. Ils l'avaient vu pour la première fois, poursuivit par un creeper, devant chez lui, la porte fermée, inaccessible à cause de blocs d'obsidienne posés par un enderman. Le pauvre criait, maudissant ces monstres, que Siphano avait tué en riant. Cette scène était tellement ridicule qu'on aurait pu le confondre avec Zelvac. La Coop l'avait invité par la suite, et tous étaient devenus de très bons amis. Léo soupira. Pourquoi Frigiel avait eu la brillante idée de proposer ce jeu ? Pourquoi Siphano l'avait-il accepté sans réfléchir ? Ou avait-il réfléchit, justement ? Voulait-il faire souffrir son ami ? Ou plutôt, ses amis ? Pire encore, voulait-il la mort de Frigiel ? Tant de questions sans réponses... La vie est injuste. Personne ne devrait mourir ou souffrir par amitié. Ou par haine. Le blond eut soudain une idée. En espérant que ses plans fonctionneraient, il tira sur lui la couverture tissée de brindilles et de feuilles, confectionnée quelques jours plus tôt, et s'endormit.