Il fait chaud. Mes pieds, dans le vide, jouent à s'enrouler en l'air, puis se dérouler, laissant mes jambes se lier, puis se délier. Mes iris rouges les observent, se demandant si cette sensation de légèreté est réelle. Non, certainement pas. Je laisse mes doigts jouer avec les rayures du parquet, passant mes ongles dans ces creux si fins, le triturants légèrement. Mes cheveux bruns sont éparpillés au sol, mes boucles glissant sur ce dernier dans de beaux reflets qu'envoyaient les rayons du soleil.
En laissant enfin mes cuisses retomber sur le sol, je ne souris toujours pas. Mes lèvres étaient closes depuis bientôt trois jours, et j'étais ainsi allongées depuis tout autant de temps. Mes yeux observaient ce plafond blanc depuis ce temps, ou, parfois, laissaient mes paupières se refermer sur eux, pour laisser un sommeil réparateur s'emparer de mon corps. La nourriture, je n'y avais pas touché, et l'eau, j'avais bu toute une bouteille non loin. À présent, sa carcasse était étalée au sol.
Ma tête se tourna vers le mur droit. Ses photos y étaient accrochées. Ses prunelles noisettes semblaient rire de mon accablement, et ses dents blanches souriaient de mon malheur. Ses magnifiques cheveux flottaient dans le vent presque inexistant. Et, pourtant, je ne pouvais cesser de me répéter que la beauté de cette image était époustouflant. Pourtant, elle semblait me narguer, tel un rêve.
J'aurais aimé passer mes bras autour de sa taille, serrer sa chair contre moi, entendre son rire cristallin percer mes oreilles dans une douce mélodie, lui embrasser les joues, et lui sourire, pour enfin lui glisser un "je t'aime" au creux de l'oreille. Mais, finalement, tout cela, une autre le fera pour moi. Je n'en veux à personne, tant que le bonheur est de la partie. Car, après tout, le bonheur passe avant tout.
Je sais que mes objectifs sont égoïstes, je ne pouvais pas garder quelqu'un indéfiniment rien que pour moi, c'est comme tenter d'enfermer une colombe dans une cage, c'est priver injustement. Alors la colombe s'était envolée, et avait trouvé le bonheur ailleurs. Elle m'avait abandonnée, et était partie loin, à tire d'ailes, dans un autre pays. Sans même prévenir. Lorsque l'oiseau s'échappe, on ne peut plus entendre son chant.
Mes larmes avaient, longtemps, coulées sur le rebord de mes pommettes, et, aussi, s'étaient écrasées au sol. Mais, finalement, elles s'étaient épuisées, et, à présent, mon corps était à court d'eau salée.
Alors, en fermant les yeux, je m'interdis de les rouvrir, avec un fin sourire. Après tout, à quoi sert une vie sans la personne que l'on aime? Je n'imagine pas ma vie sans toi.