8- Shopping
Il est huit heure du matin. On était debout depuis... hier soir, vingt-et-une heure. Aypierre, qui avait décidé de faire une veillée de vingt-quatre heures en s'occupant avec des jeux vidéos devant des milliers de fans... je le remercie. J'étais mort. Ou presque. Je le regardais jouer avec Nems. Moi, je n'arrivais même plus à comprendre le jeu tellement que j'étais fatigué. J'ai laissé tomber ma manette et m'était enroulé dans la couverture patchwork qui traînait sur le canapé. Je les regardais jouer à ce jeu FPS, sentant mes paupières s'alourdir. Ils riaient bien tous les deux. Ils ont sans doute oublié ma présence et j'essayais de m'endormir...
« Bon les mecs, petite pause, le temps qu'on aille se restaurer un peu ! À tout à l'heure ! »
« Ça va le faire tu penses? »
« Ouaih, on peut bien se détendre trente minutes dans vingt-quatre heures? Aze? »
J'écoute à moitié, la tête enfouie dans mes bras. Il vient me secouer un peu. Je relève mes yeux remplis de fatigue.
« Toi, t'as besoin d'un bon café ! » Me fait-il d'un sourire.
« D'un lit, surtout. » Fais-je en baillant.
« Go boulangerie et dévalisons-la ! » nous dit Nems tout en se levant pour enfiler son manteau. Parce qu'en plus, je vais devoir marcher? Sérieux? Je regarde Pierre pour tenter de l'amadouer, mais ça ne fonctionne pas. Je soupire et sors de cette couverture pour aller chercher ma veste blanche.
Dehors, il neige. Nous sommes en plein hiver. Il fait encore nuit et très froid. Je frissonne sous ma veste. Elle n'est pas très épaisse. Je laisse même échapper un petit éternuement. Pierre le remarque et s'approche de moi.
« Aze...tu n'as pas de manteau? » Me demande t-il.
« Tu vois bien que « non »? » Rétorque-je en soupirant.
« Hum...viens là. » Je me sens tirer vers lui et je finis sous son bras, contre lui. Je me mets à rougir, mal à l'aise...mais en fait, c'est super agréable. J'ai plus chaud ainsi. Nous arrivons enfin devant cette boulangerie sacrée. Nems y entre et parle avec la vendeuse. Nous, nous attendons dehors... pourtant, j'aimerais bien rentrer volontiers au chaud? Pierre me prend la main, grimaçant.
« Tu es gelé, Aze... » Soupire-t-il.
« J'ai pas de moufles non plus. Hey, je ne gagne pas autant de YoutubeMoney que toi mon grand. » Souris-je.
« … je sais, c'est pour ça que tu vas venir avec moi ! »
Je n'ai pas le temps de refuser. Il me tire avec lui dans le magasin d'en face. Un magasin de vêtements? Je baisse les yeux, me doutant de ce qui va se passer. On entre. Nous sommes les seuls clients. Normal, il est hyper tôt. Je masse mes yeux fatigués et Pierre me tire de nouveau vers le coin « hiver » de ce magasin de vêtements. Il me dit de regarder les manteaux. Je regarde, sans vraiment d'intérêt... de toute façon, je ne veux pas qu'il paye pour moi. Je sens mon casque audio partir de ma tête.
« Hey ! Rend le m... » Il pose un autre casque sur mes oreilles, un qui protège du froid. Il sourit, se baissant à ma hauteur.
« C'est pour protéger tes petites oreilles. » Je détourne la tête, rouge pivoine. Il prend mon menton et me tourne la tête lentement vers ses yeux.
« Ça te va à ravir... je t'assure. »
« Si...Si tu le dis... » Réussis-je à balbutier. Il se relève et me met un manteau gris sur le dos, très doux au toucher et confortable. Je me regarde dans la glace, en penchant la tête. Ça ne me va pas si mal.
« Et beh, tu es magnifique. » Me complimente t-il.
« Pierre, je ne peux pas accepter... ! » Il plaque son doigt sur ma bouche et approche son visage.
« Si...tu dois. Et je sais comment te réduire au silence. Toi aussi, tu sais. » Me dit-il d'un ton charmeur. Oui. Je sais comment il va faire. Donc je ne dis rien. Je me contente d'un léger sourire. Nous nous rendons en caisse et il paye toutes mes affaires. Je le rembourserai. Je le jure.
Dehors, nous retrouvons Nems qui a deux gros sacs en main. Je ne sais pas ce qu'ils contiennent, mais il y a de la quantité. Je roule des yeux, amusé. Il remarque alors ma tenue.
« Hey, vous avez fait du shopping? Joli manteau ! »
« Merci. » Fis-je. « Et toi, t'as dévalisé leur stock apparemment? »
« Comme toujours ! » Me répond-il. « On rentre? On se les gèle ici. »
Nous acquiesçons.
Mais malgré le manteau, je sentais bien le froid sur mon visage. Le vent faisait pleurer mes yeux et bientôt, je me retrouvais à terre, pris d'un malaise étrange. J'avais de la peine à garder les yeux ouverts, mon esprit était envahi par cette envie de dormir. J'entends vaguement Nems s'inquiéter. Pierre aussi. Puis, plus rien. Le noir complet.
Je me suis réveillé un peu plus tard, ils étaient toujours en train de jouer, des pâtisseries en bouche. Ces goinfres alors. Moi, j'étais allongé sur le canapé, deux grosses couvertures sur moi. La lampe avait été éteinte pour mon confort. Quand je vis Pierre tourner la tête vers moi, sans doute alerter par mes mouvements, je fis mine d'être endormi, les yeux clos.
« Mec, c'était trop mignon la façon dont tu l'as porté... » Taquine Nems d'une voix amusé. Pierre m'a porté? Le pauvre.
« Tais-toi tardos, regarde plutôt ce que tu fais~ » Répond Pierre. En écoutant, j'ai compris qu'il venait de le tuer dans le jeu. Nems rage un peu, puis éclate de rire. Pierre rit aussi.
« S'il m'avait dit qu'il était épuisé... je l'aurais couché plus tôt. Après tout, y a que nous deux qui sommes supposés ne pas dormir. Mais non, monsieur n'en fait qu'à sa tête. »
« Ça te plait, avoue. D'être au petit soin et tout...~ »
« Tu me connais trop bien, tardos. »
Pierre est adorable. Je vais peut-être dormir un peu finalement. Attendez...est-ce qu'il vient de dire cela devant trois mille personnes, en live?
Salaud.