Une tempête de neige dans un décor glacial. Le son du silence. La détresse inaudible. Cette solitude, ce vide, ce froid. La clarté du ciel se mêlant au blanc immaculé de la neige. L'espoir et le désespoir. C'est ce que je vois, dans ses yeux bleu glace. Ils tremblent. Puis la glace fond, et inonde ses joues. Il pleure. Le remord et la tristesse m'empalent le cœur, dansant dans ma cage thoracique douloureuse, sous le joug de fierté. Mais elle commence à faiblir. Pourquoi ? Pourquoi l'ai-je abandonné ? Pourquoi a-t-il fallu que je l'insulte, qu'on se dispute ? Pourquoi ne me suis-je pas rendu compte que je l'avais détruit ? Pourquoi l'ai-je oublié, de mon plein gré ? Pourquoi ce regard ? Pourquoi l'ai-je revu ? Pourquoi avant sa fin ? Pourquoi lui n'avait-il pas pu résister ? Pourquoi allait-il faire ça ? Pourquoi je me sens si faible ? Pourquoi ? Il n'a pas d'ailes, comme je l'avais toujours vu. Ce n'est pas un ange. Il n'a donc pas le droit. Pas le droit de pleurer. Par le droit de tomber. Pas le droit de partir. Pas le droit de s'envoler là où je ne pourrais plus l'atteindre.
Je m'avance prudemment de quelques pas, alors qu'il se tient à la limite de la mort. Le son des vagues tapant contre son dernier support résonne dans ma tête, me donnant la nausée. Il ne bouge pas. Ses yeux vides me fixent. Puis je glisse mes doigts dans sa main froide, comme si la vie l'avait déjà quitté. Je le tirai doucement vers moi, l'écartant de la porte vers l'autre monde qu'il avait lui même créé. Puis je lui souris, serrant sa main de toutes mes forces. A un détail près...
"Pardon, Frigiel."
Un sourire. Un tout petit, si léger qu'il était presque invisible. Et il finit dans mes bras. Mes deux mains se scellèrent dans son dos. Il sanglota contre moi, trempant mon t-shirt de cette eau maudite. Puis je fermai les yeux, me mordant la lèvre pour empêcher mes larmes de couler. Mais je sentis une goutte dévaler ma joue, avant que je n'entrouvre la bouche pour laisser échapper mon sanglot, alors que mes joues prenaient un petit bain dont elles auraient pu se passer. Je ne retenais plus mes larmes. J'avais failli le perdre. Et il s'était lui-même perdu tout seul. Par ma faute.
Et c'est ainsi que nous nous retrouvâmes à sangloter dans les bras de l'autre, à l'endroit de notre bonheur et notre malheur. Sur cette falaise. Voilà à quoi ressemblait notre réconciliation... Pas fameux, hein ?
(Oui, j'ai changé de point de vue. Yolo)