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Un monde entre deux mains - Os

Mystiana
Mystiana
Newbie Sadique
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Ven 5 Aoû - 13:20
Mystiana
Un monde entre deux mains

Dans ce monde, tous étaient identiques. Les hommes possédaient un sourire éclatant, des yeux bleus et une chevelure blonde. Les femmes, quant à elles, étaient dotées d’un corps parfait, de grands yeux bruns et de longs cheveux sombres. Les êtres humains étaient formatés.
Le temps s’était écoulé et, dans le passé, une guerre interne avait éclatée. Les causes ? Les différences humaines. Le racisme, l’homophobie, le harcèlement, la critique, les religions … Tout cela avait fait basculer le monde dans l’horreur et le désarroi. Les dirigeants de cet état avaient réfléchi pour apporter une solution à ce problème. Finalement, si tout le monde se ressemblait et que les traits émotifs négatifs tels que la colère, la jalousie, étaient supprimés du cerveau, il n’y aurait plus aucunes raisons de se battre. Pendant de longues années, des recherches furent mises en place afin d’inventer un appareil pour parvenir à cette idée.
Cela s’acheva par une grande réussite. Les Hommes étaient, au départ, suspicieux. Cependant la transition se fit sans violence. Malgré ce changement accepté, une question restait sur toutes les lèvres ? Qu’en était-il des enfants ? De si lourdes opérations les tueraient ou, dans tous les cas, les traumatiseraient gravement. Une loi naquit de cette interrogation. A ses dix-huit ans, tout être humain devra se formater, accepter la société et en devenir.

Sofya n’aime pas ce monde. Ses lois la désarçonnent et elle trouve tout cela stupide. Comment les humains ont-ils pu tomber si bas ? Après tout, il suffisait d’accepter les autres mais surtout soi-même. Telle était sa devise : « Si je les envie, je me renie moi ! »
Elle avait déjà évoqué le sujet avec sa mère lorsqu’elle avait une quinzaine d’années.
« Pourquoi tu t’es laissée faire ? T’aurais pu devenir, rester un être humain doué d’une conscience ! T’es plus qu’un robot maintenant, incapable de penser par toi-même !
- Sofya, ma chérie, calme toi. C’est pour le bien de notre nation-
- Je m’en fiche de la nation ! Je veux des parents ! Ceux passés dont on cite les colères et la personnalité. La coupa Sofya.
- Et le nôtre … Si tu m’avais laissé finir. Ce n’est pas parce que nous ne ressentirons plus jamais la colère ou la peur que nous n’avons pas de personnalité propre. Si tu avais connu ton arrière-grand-père, tu ne dirais pas ça. Il était violent, brutal sauvage. Haineux. »
Sofya affirma dans un chuchotement presque inaudible :
« La haine permet de survivre, elle reprit d’une voix sonore, toutes ces émotions négatives,  la haine … Elles te rendent plus fort !
- Elles ne font qu’embrouiller ton esprit et tes décisions. Elles transforment n’importe qui en monstre.
- Il n’y a qu’un seul monstre sans cœur ici. Et c’est toi. »

Chaque naissance est recensée, permettant aux forces de l’ordre de savoir quand et qui doit subir l’opération.

Sofya court à perdre haleine dans la forêt. Sa main sert aussi fort qu’elle peut celle de James, son ami d’enfance. Le souffle court, la respiration bruyante, ils ne s’arrêtent pas. A 22h13 précisément, Sofya aura dix-huit ans. Ils ne leurs restent que deux heures et trois minutes. James a déjà dépassé son délai mais lui aussi fuit la vie qu’on leur promet et qu’on leur impose. Malheureusement, Sofya a dû couper ses longs cheveux roux. Ils étaient trop visibles, quel que soit le lieu où ils puissent se cacher. Dans ses beaux yeux verts se reflètent une peur commune aux deux adolescents.
D’une main, elle rabat un peu plus la casquette de baseball sur sa tête pour camoufler son visage encore enfantin et ses taches de rousseur. James se retourne et lui sourit, essayant vainement de la rassurer. De grosses lunettes de soleil mangent la moitié de son visage mais réussissent à cacher ses yeux chocolat. Des mèches blondes cendrées sortent de dessous de son bonnet noir. Ils sont en fuite. Ils sont effrayés, seuls, perdus. Pourtant ils continuent de courir, de rire. Comme soi ce n’était rien, comme s’ils ne pouvaient que s’en sortir.
« Ru sais, tu corresponds presque au profil, Juste à mettre des lentilles. Lance Sofya dans un rire tremblant.
- C’est pas parce que je suis blond que ça suffit. Par contre, pour toi, c’est même pas la peine d’y penser. »
Ses sourcils se froncent. Il est soucieux de ce qui va leur arriver. Ils ne savent rien de ce monde. Ils ne connaissent que leur petit village et les bois qui l’entourent. Pourquoi a-t-il fallu qu’ils naissent en hiver ? L’air est froid et même leur course ne parvient pas à les réchauffer. Leurs mains étroitement serrées n’aident pas à la circulation du sang mais ils ne se lâchent pas. Si leurs doigts se détachent, ne serait-ce qu’une seconde, ils ne pourront pas continuer. Leur monde tient en cette amitié, en cet amour quasi-fraternel. Il tient tout entier en cette poignée de main.
Ils doivent trouver un abri avant que la neige ne les recouvre comme la cime des pins. Le seul avantage à ce temps désastreux est qu’il effacera les traces de pas précipitées des fuyards.
Sofya s’essouffle rapidement. Trop rapidement même. Elle n’a jamais été bonne à la course. Le souvenir d’elle s’écroulant deux mètres à peine avant l’arrivée la fait sourire. Elle ne peut pas se permettre de laisser tomber. Elle a convaincu et entrainé James dans cette histoire, pourtant il ouvre la marche. Elle devrait être devant, sa main toujours dans la sienne, à pointer des directions au hasard et criant à tue-tête ses instructions. Comme au bon vieux temps, comme quand ils jouaient aux archers et aux voleurs. Mais, ça n’a rien d’un jeu. Ils ne jouent plus. Ils ont cessé de jouer dès l’instant où ils ont passé le pas de la porte.
Leurs sourires sont faux, fébriles. Ils n’ont leur place que pour rassurer l’autre. L’angoisse leur tord le ventre. L’angoisse d’être trouvés, l’angoisse d’être perdus, l’angoisse de ne plus exister, l’angoisse de lâcher à tout jamais cette fichue main.

Un flash, un souvenir. Sofya se rappelle d’une partie de cache-cache ayant duré une éternité.
« Att- attends ! Je sais, je sais où aller, souffle-t-elle en ralentissant, suis moi !
- Fonce, je te fais confiance. »
Ils slaloment entre les arbres, le cœur battant. Si elle ne s’est pas trompée, il devrait être ici. Bingo ! Pour une fois, l’espoir et le soulagement l’emportent sur tout le reste.
Un monticule de neige se détache du paysage. Sofya commence rapidement à creuser.  James, les yeux écarquillés, l’imite. Il a compris. L’entrée est dégagée, il ne reste qu’une épaisse plaque de pierre à enlever. Ils la repoussent sur le côté et laissent assez de place pour se glisser dans l’ouverture. Un escalier sombre les attend et descend dans les profondeurs de la Terre. Sofya s’y engage d’un pas décidé. Ils n’ont plus d’autres choix, ils n’ont plus de temps. Une fois la dalle mise en place, ils s’enfoncent prudemment dans l’obscurité.
Cette ancienne chaufferie, ils la connaissent par cœur. Ils pourraient s’y déplacer les yeux fermés. Enfants, ils venaient y jouer à cache-cache ou s’y réfugiaient en cas de crise. C’était leur jardin secret.
Construite sous terre, loin du village pour éviter d’éventuels blessés –un malheureux accident pouvait surgir à tout moment, personne n’y allait.
Ils arrivent enfin à leur cachette imprenable. Camouflés derrière un immense tuyau, ils tentent d’évacuer la tension omniprésente.
« Il fait nuit maintenant, on est dans le noir complet, personne n’aurait l’idée de venir ici, énumère James en comptant sur les doigts de sa main libre, tout va bien se passer.
- On est seuls, perdus dans un lieu clôt, on ne voit rien du tout et le silence m’oppresse plus que tout. Tout ne va pas bien, James. »
Sofya se mord la lèvre après avoir parlé. Elle n’a pas à dire cela après tout.
« Désolée. Je ne dois pas abandonner maintenant.
- Ne t’inquiète pas, je comprends. Mais je te promets, je ne les laisserais pas-
- Chut ! »
Sofya plaque une main sur la bouche de James et pose un doigt sur ses lèvres, oubliant un instant qu’il ne peut pas la voir.

Le bruit des pas résonnent dans la large pièce. Un faisceau lumineux balaye chaque recoin. Un mince filet de lumière permet à James d’apercevoir le visage pâle de Sofya. Une goutte de sueur coule le long de sa tempe. Ils retiennent leur respiration et leurs mains jointent se crispent.
« On cherche un garçon et une fille, c’est bien ça, demande une voix fluette et guillerette.
- Exact. Je ne pense pas qu’ils sont là, c’est bien trop inconnu comme endroit. Ils sont peut-être allés à la vieille usine, répond l’autre d’un ton joyeux.
- Je ne comprends pas pourquoi ils sont partis …
- Ils ont peur, qu’est-ce que tu crois.
- La peur … Je ne sais même plus comment ça fait … »
Sofya serre la mâchoire et répète sa phrase fétiche en boucle dans sa tête. « Si je les envie, je me renie moi. Si je les envie, je me renie moi ! Si je les envie- »
« Ils savent au moins que c’est indolore, j’espère, intervient le second garde, on ne va pas leur lobotomiser le cerveau non plus.
- Ouais puis au moins, ils seront heureux jusqu’à la fin de leur vie. Plus de tristesse, envolée.
- Et ça évitera de nouvelles guerres civiles. Imagine si d’autres les suivaient, un nouveau conflit pourrait éclater ! Ils ne veulent pas de ça.
- Hum hum, acquiesce la militaire d’un hochement de tête, et puis, imagine aussi, devoir fuir et constamment vivre dans la peur, comme des vagabonds. Malheureusement, ils seront toujours pourchassés …
- Et dire qu’ils ont à peine dix-huit ans.
- Ils sauront faire le bon choix, ils ne sont pas si bêtes. »
Un lourd silence emplit l’atmosphère. Le cerveau en ébullition, Sofya cherche désespérément une solution qui ne vient pas.
La voix masculine reprend et coupe ses pensées.
« Bon … Je te propose de retourner dans l’escalier et les couloirs, voir si ils ne sont pas là-bas. On retournera ici après.
- D’accord, allons-y. »
Ils quittent la chaufferie d’un pas déterminé et plus aucun bruit ne se fait entendre hormis l’écho lointain des semelles sur le pavé.

Sofya, les pupilles dilatées, la respiration saccadée, se tourne vers James.
« On fait quoi ?! On … Est-ce qu’on peut seulement s’enfuir ? Je sais plus quoi faire, James, je suis tellement désolée. Je … Je n’aurai jamais dû nous emmener ici … Mais on va réussir, je te le promets ! On va s’en sortir. »
James, le regard éteint, fixe le mur face à lui. Il ne bouge pas, ne répond plus. Face à son manque de réaction, Sofya serre sa main un peu plus fort, sentant la panique étreindre douloureusement son cœur.
« James ? Eh, James, est-ce que ça va ? Qu’est-ce qui t’arrive ? James ! »
Elle a les larmes aux yeux. Elle sent qu’elle ne va pas tenir le choc plus longtemps. Sa voix suppliante entrecoupée par les sanglots, semble sortir James de sa transe.
« James … Je t’en supplie, dit quelque chose …
- Pardonne-moi, Sofya.
- Hein ? Mais … mais pourquoi ?
- Je te promets qu’il ne t’arrivera rien de mal, je te le jure. »
Il la prend maladroitement dans ses bras, leurs mains toujours liées. Il lui caresse tendrement les cheveux, la casquette jonchant à terre. Le bonnet et les lunettes se retrouvent tous deux sur le sol.
« Qu’est-ce que tu fais ? Ils arrivent bientôt ! Demande Sofya totalement perdue et la gorge serrée.
- Nous n’aurons plus besoin de nous cacher. Je te protègerais. »

Les pas reviennent. Ils sont debout, toujours à l’abri. James s’approche de Sofya et lui murmure à l’oreille.
« Dis-toi que tu ne pleureras plus que de joie. »

Il s’avance, part dans la lumière, et soupire bruyamment.
Elle s’effondre, restée dans l’ombre, et pleur en silence.

Il a lâché sa main et tout son monde s’est écroulé.


Elle ouvre les yeux. Elle est dans son lit, bouleversée. Emie, son amie et colocataire passe la tête par l’encadrement de la porte et lui jette un bref regard interrogateur.
« Tiens, Sofya, tu viens seulement de te réveiller ?
- Ouais … J’ai rêvé du passé. Ça faisait longtemps …
- J’imagine. »
Elle se retourne vers Sofya et la fixe plus attentivement.
« Mais … mais, qu’est-ce qui ne vas pas ? Tu pleures ? Je- Tu vas bien ? »
Sofya touche ses joues mouillées, étonnée. Elle ferme les yeux et sourit. Elle plonge une main dans sa tignasse brune pour finalement murmurer en un souffle :
« Je ne sais pas. Des larmes de joie. »


FIN
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GoldenPalace
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Sam 6 Aoû - 19:22
GoldenPalace
WoWW..J'aime beaucoup le fait que les sentiments soient si biens ressentis lorsque que l'on lit le texte, aussi l'ambiance y est très prenante. Sinon je pense que tu devrais faire des phrases un peu plus longues pis bravo encore !
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Mystiana
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Sam 6 Aoû - 19:36
Mystiana
Merci, je suis contente que ça t'ai plu
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Zutto
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Dim 4 Sep - 17:47
Zutto
Waaaaaaah, c'était trop bien! Ça m'a fait pensé à un mix entre Uglies et The Giver. C'était trop court, I want more. D:
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Mystiana
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Dim 4 Sep - 17:49
Mystiana
Merci xD
Je connais ni l'un ni l'autre par contre ^^'
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Zutto
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Localisation : Somewhere only we know~
Dim 4 Sep - 17:57
Zutto
Je te conseille de les lire, ils sont géniaux, et comptent 4 tomes chacun. Dans Uglies aussi les gens subissent une Opération dès 16 ans pour devenir beaux (tout le monde ressemble à tout le monde), et dans The Giver, les gens sont parfaits et il  n'y a plus aucune émotion négative (d'ailleurs y'a un film sur le premier tome  mais il est pas terrible).

Mais sinon, dans la description c’est marqué "Second Os sur un monde futuriste où deux ados tentent d'échapper aux lois imposées", et j'ai  pas vu le premier. XD
J'peux avoir le lien, plz? :3
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Mystiana
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Dim 4 Sep - 18:00
Mystiana
Ah si, Uglies, je m'en rappelle ! J'ai aussi pensé à ces bouquins quand j'ai écrit cet Os ^^
Et sinon pas de souci, le voilà https://communautesadique.forumactif.fr/t4265-interrogatoire?highlight=Interrogatoire :3
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