Concours de monologues - Les Textes.

Le personnage entre sur scène, se tiens face au public, autours sont dispersés tous types d'objets, un désordre qui semble organisé.
EMANON : J'ai mille-et-une choses à vous dire, des idées les plus anodines aux folles. Déconstruites, inimaginables, détruites, insupportables, insensées, sérieuses, cassées, moqueuses, colériques, tristes, mélodramatiques, pessimistes, niaiseuses, craintives, amoureuses, compulsives, légères, gênantes, particulières, puissantes, innovantes, désespérées, bienveillantes, ratées, astucieuses, perdues, joyeuses, inattendues, bruyantes, placides, tremblantes, splendides, éphémères, honnêtes, irrégulières, incomplètes, innocentes, unique, dissonantes, illogiques, mes pensées sont, pour quelques instants, toutes à vous. Je ne vous demande pas de comprendre, puisque j'en suis moi-même incapable. Je ne vous demande pas de répondre, puisque nous risquerions de ne pas nous en sortir. Je n'attendrai de vous que de l'attention. Alors, regardez moi dans les yeux. Et écoutez une dernière fois ce que j'ai à dire. Écoutez.
Silence.
Silence. Silence.
Silence. Silence. Silence.
Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence. Silence.
Silence.

Je dois écrire un monologue pour participer à ce concours… et c’est horrible parce que c’est comme si on me regardait droit dans les yeux et qu’on me disait « parle ». Bah moi forcément je sais plus quoi dire ! Pourtant je suis pas du genre spécialement timide, au contraire je peux parler pendant des heures ! D’ailleurs à l’école j’avais toujours « bavardages » marqué sur mon bulletin. J’ai eu l’occasion de faire un bon nombre de petits séjours dans le couloir et même qu’une fois la maîtresse elle a fini par me mettre un bout de scotch sur la bouche. Bon ça m’a pas empêché de parler mais j’avoue que c’était drôle. Avec le temps ça s’est pas arrangé, je parle toujours autant en cours mais la différence c’est qu’à la fac on a plus les bulletins avec les remarques des profs. Et hop finit le « bavardage » qui me valait toujours une bonne engueulade de la part de ma mère. D’ailleurs à la fac, si je sais que je vais passer mon temps à parler, alors je préfère ne pas aller en cours. Comme ça je peux discuter tranquillement dans un endroit confortable sans déranger personne. Parce que oui j’adore parler mais je ne souhaite pas être irrespectueuse non plus. Moi je ne suis clairement pas dans la bonne filière mais il y a des personnes de ma promo qui sont très impliquées, et certains de nos profs sont vraiment passionnés !

Je trouve ça beau. Sincèrement, je trouve ça beau. Des fois je vais en cours et j’écoute pas forcément de manière très attentive mais je suis heureuse de voir un prof qui donne vie à ce qu’il raconte, de voir des étudiants qui l’écoutent, qui sont content d’être là et d’apprendre des choses. Dans mes cours d’introduction au théâtre par exemple il y a un homme d’environ soixante-dix ans qui vient et je trouve ça super. Un jour il m’a proposé qu’on boive un café ensemble, ce que j’ai fait avec plaisir. On a un peu discuté et en fait cet homme a littéralement passé sa vie à étudier ! Au départ il a fait un doctorat en sciences, puis de la recherche en chimie et cette année il suit des cours de littérature française et anglaise. Ça m’a vraiment émue de discuter avec quelqu’un qui a une telle soif d’apprendre, de toujours s’enrichir de nouvelles choses et ce dans des domaines très variés.

Ah bah tiens, je l’ai fait finalement le monologue.

L'argent est au centre de nos modes de vie actuels et est également très ancien. Il a été créé afin d'obtenir des choses sans recourir au troc et ses nombreux défauts.
Seulement, aujourd'hui, il est devenu comme une religion. Il n'y a qu'à voir tous ces gens qui idolâtrent le dieu argent.
Ils prient pour gagner au loto, ils prient pour une augmentation, ils prient pour avoir, avoir et encore avoir.
Ils veulent.
Ils veulent mille et une choses qu'ils auraient s'ils étaient riches. Ou ils veulent l'argent pour avoir de l'argent.
Comme si ces bouts de papier ou ces chiffres sur un écran étaient une finalité en soi.
Certains vivent pour l'argent. Il s'agit de leur seule motivation. Leur seul but dans la vie. Ils ne veulent plus vivre, ils veulent s'enrichir. Encore et toujours plus. Et même après être parvenus à gagner des millions, ils en veulent encore inlassablement ou alors, ils tombent dans le vide sans fond de ne plus avoir d'objectif.
Avoir de l'argent pour avoir de l'argent.
L'homme veut toujours plus. Un désir insatiable. Mais cela le mène à sa perte. Car une fois qu'il a, il veut plus.
Alors, il tombe dans l’excès. C'est une descente aux enfers.
Sa vie part à vau-l'eau. Sa vie le quitte. Son âme quitte son corps et il devient une coquille vide à jamais insatisfait alors qu'il possède tout. Incapable de voir ce qu'il possède. Aveuglé par l'envie, il est accablé par un manque. Il ne lui manque rien mais il le veut.
Tout cela car il n'a pas su se satisfaire des petites choses de la vie.
Ces petits tout qui ne peuvent s'acheter et sont immatériels.
À quoi sert à l'argent si ce n'est obtenir des biens et services nous faisant oublier qu'ils ne peuvent nous mener au bonheur.
L'Amour, l'amitié, la bonté, la liberté et la paix ne peuvent s'acheter.
Pourtant certains le croient.
Certains pensent que grâce à l'argent, il parviendront à trouver l'amour et des amis en se pavanant en belle voiture tel des paons ou en offrant des cadeaux plus cher qu'un mois du salaire d'un ouvrier qui aurait apparemment raté sa vie.
Ils pensent être bons et gagner la sympathie en donnant des milliers d'euros à des associations caritatives mais oublient que le bon donne sans rien attendre en retour.
Ils croient que l'argent va leur apporter la liberté et voyagent à travers le monde sans se soucier des dépenses mais ils sont en réalité aliéné à ce luxe et ces bouts de papier.
Alors ils cherchent la paix mais se font consumer par la jalousie et brûler par la haine de ceux qui rêvent d'un morceau de pain, sacrifié par la société de consommation excessive.
L'argent ne peux être un but à atteindre pour être heureux.
L'argent ne peux être un moyen afin d'être heureux.
Seules les qualités humaines le peuvent et l'argent est un défaut de l'homme.