Qui n'a jamais rêvé de lâcher prise?
Juste disparaitre comme disparaisse chaque jours des milliers de personnes...
Tomber du haut d'une falaise et attendre la chute, partir en un fragment de seconde.
Tu t'avances au bord de la roche, tu regardes en bas, tu te retournes, inspire, expire et te laisse tomber.
Tu te dis que peut être la main de celui que tu aimes te rattrapera et finalement, non. Tu fermes les yeux tu respires les derniers instants de ta vie. Tu t'étais souvent imaginé cette scène, souvent imaginé que tu verrais ta vie défiler, mais là tu n'as pas le temps. Tu tombes et t'écrases au sol, dans un bruissement d'os et de chair. Et pour la première fois de ta vie tu ne peux pas te relever après ta chute.
Et si jamais après ça il n'y avait rien? Et si tout s'arrêtait vraiment, comme si le monde se figeait au moment même où ta vie s'envolait?
Mais il est trop tard pour y réfléchir. Tu sombres, dans le sommeil éternel.
Tu as les yeux fermés, impossible de les ouvrir. Tu vois des images défiler dans ta tête, tu prends conscience de la peine que tu as engendré, mais que peux tu y faire maintenant?
Peu à peu les images deviennent floues, tu ne perçois ni les présences de tes proches, ni les pleurs de ce qui ont un jour tenu à toi. Veux tu te réveiller?
Tu n'es plus sure de rien mais tu as agis et il est trop tard pour réparer ce que tu as brisé.
Toute tristesse et colère s'évade de ton corps, suivi du reste de tes émotions, tes sentiments sont également entrainés. Il ne reste qu'un corps sans vie.
Le noir se referme autour de toi, l'obscurité devient étouffante.
Tu ouvres les yeux, la lumière du soleil est aveuglante. Tu mets quelques secondes à t'habituer à tant de luminosité puis tu t'observes. Tu entends les battements de ton coeur qui s'accélèrent, les mouvements de ta poitrine qui se soulève à un rythme régulier. Tu as beaucoup de mal à te lever, tu y parviens mais il y a quelque chose d'étrange. Tu as quatre longues pattes.
Tu te redresses, les yeux écarquillés. Tu trembles un peu, mais tu parviens à faire quelques pas. Ce n'est pas tout, tu as une queue.
Ton coeur bat et retrouve ses émotions, ses sentiments, son "humanité". Tu recouvres tes esprits, tu reconnais maintenant la forme que tu es devenue.
Une jolie jument, sombre comme tu les aimes. Tu gagnes un peu plus d'assurance à chaque mètre que tu fais, tu finis par te mettre à courir, fonçant comme une flèche à travers la plaine baignée de soleil. Tu revis, est ce vraiment possible? Finalement, tu en es heureuse.
Mais tu t'arrêtes brusquement, les yeux larmoyants. Tu as provoqué une immense tristesse autour de toi, et maintenant que tu vis de nouveau, tu te retrouves loin d'eux, ne pouvant vivre à leurs côtés, prisonnière de ta forme animale.
Tu soupires et adoptes une allure plus lente.
Tu te laisses retomber dans l'herbe tendre et t'affales sur les flancs, contemplant le ciel si bleu ou n'apparait aucun nuage, un ciel parfait pour une vie faite d'imperfections.
Le passé est passé. Une nouvelle vie t'as été offerte, tu as sacrifié une partie de toi pour recouvrir celle que tu étais. Tu ne sais pas si tu es heureuse. Il faut que tu "les" revois.
Tu fermes les yeux et aperçois deux silhouettes se serrant dans les bras. Tu les reconnaitrais sans aucuns doutes. Tu t'approches, silencieusement, mais la légère brise apporte le bruit de tes pas aux fines oreilles de ta mère. Elle se retourne et plante son regard dans tes yeux ambrés. Elle sourit et te dépose un baiser sur le chanfrein. Tu ne sais pas si elle t'a reconnut, elle n'a pas l'air de te prendre pour celle qui fut sa fille mais elle parait tout de même contente de te voir. Tu ne sais que penser.
Elle caresse ton poitrail et ballade sa main sur ton nouveau corps. Elle se fige.
Sur le flanc, tu as un petit "V" discret, elle le reconnait.
Sur ton corps de jeune femme, tu avais le même, sur le ventre. La dame qui se tient en face de toi te parait soudain très fatiguée, des larmes perlent au coin de ses yeux. Elle passe sa main autour de ton encolure, dans ta crinière et sourit une dernière fois. Son visage se trouble, tu dois plisser les yeux pour la voir. Elle parait loin à présent, tu te mets à courir pour la rattraper, ressentir ses douces caresses sur ton corps, percevoir sa présence à ses côtés, entendre sa voix douce et contempler ses yeux si triste. Tu ne veux pas te réveiller, tu veux rester avec elle, et ce pour toujours. Tu te débats et ouvres finalement les yeux. Toujours couchée dans la plaine. Une larme coule le long de ta joue...
Tu te relèves faiblement, le vent souffle fort et ta crinière vole dans l'air frais du printemps.
Tu détales, courant aussi vite que tes pattes te le permettent et trace tout droit, peu importe où tu vas, tu ne peux cesser de courir.
Voili voilou ! Un petit OS un peu particulier je vous l'accorde mais c'est ce qu'il me passait par la tête à ce moment là... J'ai fais un petit test en rédigeant à "Tu" je n'avais encore jamais essayé, vous donnerez vos avis ! Hum... désolée pour les fautes ! :S