Je sais que je vais mal, que chaque jour empire, que cela me ronge l'intérieur, comme la haine ou la tristesse le ferait, mais je m'en fiche, je me bâts, j'avances, et je ris, je me forces. Mon énergie est souvent des plus faibles, mais je ne montre que ma force, car je le dois. Et, chaque jour qui avance, je faiblis.
Mais, quand tu me regardes, j'oublie.
Quand les autres s'amusent, et que je restes assise sur mon banc, les regardant courir à travers cette vaste étendue de goudron noir qui recouvre le sol, sautant sur ces emplacements où figurent des cases dessinées à la craie blanche, je désespère, et je me rappelles, que je ne suis pas capable de vivre normalement, il est bien trop tard pour essayer de m'amuser comme eux le font.
Mais, quand tu me regardes, j'essaie.
Lorsque je croise tous ces gens en pleine santé, qui marchent dans la rue, sans se soucier des problèmes de la vie, comme je le fais, du haut de mes huit ans, et, quand ils posent leurs regards sur l'appareil que je garde avec moi, je les ignore, car ils ne savent pas ce que c'est, que de voir sa courte vie se transformer peu à peu en un souvenir. Et je sais qu'ils chuchotent de moi, dans mon dos.
Mais, quand tu me regardes, je les ignore.
Je sais que ma vie n'est et ne fut pas facile, mais j'ai toujours tout tenté pour toi, et, lorsque je te faisais sourire, j'étais fière. Lorsque je te tendais mes dessins, tu riais, me remerciais, m'embrassais, et j'etais heureuse, je te calinais, et tu me chouchoutais. Maintenant, alors que les machines bipent, et que je sais que je ne te verrais plus, je pleures.
Mais, toi, maman, quand tu me regardes, je suis prête à affronter la mort.