La première fois que j'ai vu cette dame en noir, j'ai pensé qu'elle s'était fait posé un lapin et j'ai eu pitié d'elle. Elle pleurait et son maquillage coulait sur ses joues pâles mais personne ne venait la consoler car personne ne voulait qu'elle sache qu'on avait pitié d'elle. Elle avait pleuré puis elle avait commandé un verre de vin rouge. Elle avait une rose posée en face d'elle. C'était elle qui l'avait amené et elle se retrouvait en tête a tête avec une rose. Elle ressemblait a une muse perdue, a une muse triste, sans but car elle était belle dans sa tristesse. Elle portait une longue robe noire et des escarpins de la même couleur. Ses cheveux roux étaient attachés avec soin comme si la place de chaque mèche était importante pour l'ensemble de la coiffure. Ses lèvres étaient rouges foncées et ses yeux emplis de tristesse. Elle est partie en laissant la rose. Une semaine plus tard, la revoilà seule a cette table avec une robe noir différente de celle de la dernière fois, les mêmes lèvres rouges sang et le même verre de vin en face d'elle. Elle a pleuré. Ça se voit a ses yeux d'où s'étirent d'élégantes traces noires. Ses cheveux sont attachés en tresse au dessus de sa tête cette fois. Il n'y a plus de rose. Elle a été jetée entre-temps. Encore un lapin pour la dame en noir. Personne n'est venu la consoler ce soir la. Ni tout les autres soirs. Elle revenait chaque semaine commander son verre de vin, portant une robe noire différente de la dernière fois. Ses joues étaient tout le temps striées de larmes noirâtres et ses yeux gris ne montraient que la tristesse d'une femme seule. Un jour, j'ai décidé d'aller voir cette dame. Je me suis assis en face d'elle.
- On vous a posé un lapin ou vous faites semblant d'être triste pour pouvoir boire sans être jugée ou abordée ?
- On ne m'a posé aucun lapin. Je me fiche que les gens me jugent. Y'en a pas un qu'a les couilles de venir s’asseoir en face de moi. A part vous.
- Le premier soir, vous aviez une rose avec vous. Puis-je vous demander pourquoi ?
- Elle n'était destinée a aucun rendez-vous galant si c'est votre question. Elle était destinée a mon défunt mari. Il est décédé il y a 2 mois de cela. Un œdème cérébral. Tout c'est passé tellement vite. Il s'est évanouit et le temps d'appeler les urgences, il était parti.
- Je suis désolé, je ne savais pas...
- Ne vous en voulez pas, personne ne sait ici. Trop de pitié, pas assez de compassion.
- Dans ce cas pourquoi persistiez vous a vous attabler ici ?
- C'est a cette table même que mon époux m'a fait sa demande en mariage. Vous voyez cette tâche brunâtre la ? C'est son sang après que je l'ai frappé pour avoir fait une mauvaise blague sur les roux. Je ne contrôle pas bien ma force.
- Je déteste être ordinaire et vous souhaiter toutes mes condoléances mais je ne suis qu'un simple humain totalement ordinaire donc : Toutes mes condoléances.
- Vous n'êtes pas ordinaire. Vous êtes le premier qui ose faire un pas en avant et venir me parler. Merci pour votre compassion, personne dont je ne connais pas le nom.
- Et si nous ne changions pas nos prénoms ? Et si nous passions cette soirée ensemble dans l'anonymat total ? Dans ce cas je vois appellerais la dame en noir.
- Et moi, l'homme compatissant.
C'est a ce moment la que je suis tombé amoureux de la dame en noir. De la dame qui pleurais comme une muse. De la dame a la rose et au lèvres rouge sang. De la dame aux cheveux flamboyants et aux yeux tristes. De la veuve qui n'avait qu'un verre de vin pour noyer son chagrin.