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| Dim 3 Jan - 14:12 Epona La deuxième parti qui ne voulait pas s'envoyer! X) Texte 5 : - Spoiler:
Unster
C’est joli, un plafond. C’est grand, spacieux, impressionnant, propre. Oui, propre, parce que personne ne touche jamais au plafond, sauf si on est un géant parmi les nains et qu’on se retrouve à se cogner la tête tout le temps, mais c’est un cas extrême, je ne pense pas qu’on trouve vraiment des maisons de nains habitables, en dehors des films. Oh, et puis, c’est quand même sacrément pratique un plafond. Forcément, si ça n’existait pas, on serait bien embêté quand il pleut. Quand il neige aussi, remarquez. Mais qu’est-ce qui est le plus dérangeant entre la pluie et la neige, dans une maison ? Je pense que ça doit dépendre de s’il pleut fort ou non. N’empêche que les soirs tièdes d’été, ne pas avoir de plafond doit être incroyable. S’endormir après avoir longuement contemplé les étoiles en se demandant comment les gens font pour séparer cet amas de petites tâches lumineuses pour y voir apparaître des formes et aussi pourquoi diable des astrologues ont décidé d’appeler une casserole « Grande Ourse ».
Tellement de choses que je ne comprends pas... Tout comme la raison pour laquelle elle m’a quitté. Merde. J’avais pas envie d’y repenser... Pourquoi quelle que soit la réflexion que je me fais, je finis toujours par y revenir ? Normalement je suis fort pour faire s’évader mon esprit en pensant à tout un tas de trucs débiles et en m’interrogeant sur le sens de la vie. Je me suis beaucoup entraîné pendant mes insomnies récurrentes...
Je prends mon duvet entre mes doigts et je me tourne pour apercevoir l’heure sur mon réveil. 04H49. Je n’ai toujours pas dormi... Est-ce que ça vaut réellement la peine que je reste dans mon lit ? De toute manière, je ne dormirai pas. Mais à quoi bon me lever ? Tout ce que je vais faire aujourd’hui, c’est me traîner dans mon appartement en essayant désespérément d’oublier ma solitude. Je pourrais en profiter pour faire un live de Noël, pour tout ceux qui sont dans ma situation... Non, je n’ai vraiment pas le cœur à ça. En plus, je sais qu’il y en aurait plein qui seraient déçu de rater le live et je ne veux pas qu’il y ait la moindre chance que quelqu’un se désiste de son repas de famille pour venir voir le live. Noël, c’est trop important. Enfin, pour moi, ça l’était. Cette année, c’est fichu de toute façon.
Je soupire longuement et repousse mon duvet. Mon corps sursaute dans un frisson et je me dépêche d’enfiler quelque chose de plus chaud. Je ne fais pas attention à ce que j’attrape. De toute manière, personne ne va venir me voir, aujourd’hui. Dire qu’elle aurait dû dormir dans mes bras, cette nuit... Peut-être que j’aurais eu moins froid, ce matin. Peut-être que j’aurais trouvé le sommeil. Peut-être que je me serais senti moins vide...
Je me saisis de mon téléphone et pars vers la cuisine. Je n’ai pas faim, mais j’ai atrocement soif. En même temps, avec toute l’eau que j’ai laissée m’échapper hier soir... Je passe devant mon petit salon et je vois le petit paquet posé fièrement sur la table, comme pour me rappeler qu’il est encore là et qu’il va rester. Forcément, je ne vais jamais le lui offrir. Je m’approche un peu et prend délicatement le petit paquet argenté entouré d’un ruban bleu nuit. C’est bête, j’y suis attaché.
Je secoue la tête et pars vers la cuisine. Là, au dessus de la poubelle, j’hésite. Est-ce que j’ai vraiment envie de le jeter ? Et si elle m’appelait dans la journée pour me dire que c’était une blague ? Qu’elle n’a dit ces mots que pour me faire marcher ? Qu’on va quand même passer le réveillon ensemble ? Je me frappe le front de toutes mes forces pour m’empêcher d’avoir encore une pensée du genre. « Aïe !» je couine en me massant les tempes. Je crois que je commence à devenir cinglé, à me faire mal tout seul. J’essaie de détourner mes pensées en me servant un jus de fruit. Je n’ai pas laissé tombé le paquet. Je l’ai posé négligemment quelque part, je ne sais même plus où tellement j’ai l’impression que plus rien n’a d’importance. Je m’assieds à ma table et ne peux pas m’empêcher de fixer la chaise vide devant moi. Elle aurait du s’y trouver, ce matin. Elle aurait du m’embrasser au réveil. Elle aurait du me masser les épaules avant de se prendre un café, comme elle en avait l’habitude. Elle aurait du chantonner avec sa voix rauque du matin en tartinant le pain de ses tartines. Mais non, elle ne le fera plus. Elle ne viendra plus. Elle m’a quitté.
Et moi, je noie mon chagrin dans mes notifications twitter, en espérant désespérément que j’y trouverai quelque chose qui saura me faire sourire...
NT
18h00. Dans quelques heures, ils viendront. Ils viendront fêter Noël chez-moi, oui. J'ai invité des amis pour le réveillon, puisque je ne peux pas le fêter en famille, cette année. Et comme certaines personnes que j'apprécie étaient dans le même cas que moi, on a décidé de le faire entre potes. Mes lèvres étirées en un sourire, je regarde une nouvelle fois mon PC juste avant de le fermer pour de bon. Mon œil désintéressé survole les quelques messages que j'ai pu recevoir sur Skype, malgré le fait que la plupart des personnes sont déconnectées à l'heure actuelle. Mais sans m'en rendre compte, mon regard est attiré par quelque chose. Unster, connecté. C’est bizarre. Il ne fêtait pas le Réveillon avec sa copine ? Curieux, je commence à taper un message Skype pour lui demander, avec humour, si sa copine le laisse aller sur Skype ou s'il le fait pendant qu'elle a le dos tourné. Et aucune de ses réponses n'est la bonne. Parce que oui, Unster s'est fait larguer. En lisant son message, la surprise déforme un instant mes traits, avant de regretter aussitôt ce que j'ai marqué. Je m'excuse alors, et lui demande donc ce qu'il fait. Il me répond qu'il ne fait rien, et qu'il ne fera rien ce soir non plus. Ainsi une idée germe, fleurit. Les pensées ne sont jamais dites dans la tête, non, mais je reformule celle-ci avec une précision étonnante.
"Tu veux venir ce soir ? On organise une soirée entre amis, tu peux venir si tu veux."
J'attends sa réponse. Au début, il ne me répond pas, et je me mets à penser qu'il est parti faire je-ne-sais-quelle-autre-chose. Alors, je lâche un instant Skype pour tenter de me divertir sur une vidéo. Mais après quelques minutes, une notification s'affiche en bas à gauche de mon écran. Un seul mot, un seul.
« Oui »
Un nouveau sourire naît sur mes lèvres, vite effacé. Il me demande alors quand est-ce qu'il doit venir, ce à quoi je réponds qu'il peut venir maintenant s'il le voulait -pensant qu'après une rupture, il a sans doute besoin de distraction et de réconfort-, mais que sinon, 20h00, c'était bien. Il me dit alors qu'il arrive bientôt, et son icône devient déconnectée les quelques minutes qui suivent. Un soupir s'échappe de ma bouche. Je préfère le savoir avec moi plutôt que seul chez lui à ruminer. Ce n'est pas du genre d'Unster de broyer du noir comme ça. Généralement, il arrive à s'occuper l'esprit, à penser à autre chose, et ses problèmes sont vite réglés. Mais j'ai bien compris que s'il parlait de sa rupture avec sa copine, c'est bien qu'il n'arrivait pas à l'oublier.
Tout d'abord, je me dirige vers mon réfrigérateur, avant d'y sortir une boisson que je dépose sur la table, suivie de deux verres, pour quand il va arriver. Bon. En attendant 20 heures, qu'est-ce qu'on va bien pouvoir faire ? Ma main vient gratter mon menton. Se regarder un film ? Jouer aux jeux-vidéos ?... Se regarder un film. En plus, j'en ai un bon, je crois. Je vais alors chercher le fameux film, que je dépose sur la table de salon. Ceci fait, je m'affale sur le canapé, attendant l'arrivée du malheureux brun, le sourire aux lèvres.
Je vais l'aider.
Unster
Je me déconnecte vite fait et je me lève immédiatement de ma chaise de bureau, faisant miauler Gribouille au passage. Ne te plains pas mon petit chat, tu as déjà pu me faire des câlins toute la journée pendant que j’essayais d’oublier, allongé sur mon canapé. Finalement, j’ai bien fait de passer sur Skype. Après m’être rendu compte qu’en restant seul, je n’arrivais pas à ne plus y penser, j’ai essayé de trouver de la compagnie. Ce cher Newtiteuf est vraiment adorable, même si j’avoue que je n’ai pas très envie de lui raconter les choses dans les détails...
J’espère qu’il ne m’en demandera pas trop, j’ai juste envie de me changer les idées. Je passe rapidement sous la douche pour paraître un peu plus soigné. Je dois dire que comme je pensais passer le réveillon seul avec Gribouille, je me suis un tout petit peu laissé aller... Une fois propre, je me rends dans ma chambre et je suis bien embêté. Débile que je suis, je n’ai pas demandé à NT comment il fallait que je m’habille. Est-ce que je dois amener quelque chose ? Merde, je vais me sentir vraiment con si je ne le fais pas...
Bon, respire un coup. Tu es le grand Unsterbliicher, joyeux et décontracté en toutes circonstances. C’est une soirée entre ami, donc un jean et un pull normaux suffiront, j’imagine. Au pire, NT me filera un truc, on fait presque la même taille. Après, pour le reste... Je prendrai une boite de chocolats... En deux temps trois mouvements, je suis prêt à partir. J’ai refourgué dans un sac tous ce dont je pourrais potentiellement avoir besoin. Du plus utile, comme mon téléphone portable, au plus simple, comme un paquet de mouchoir, si jamais j’ai besoin de...
Oui, je sais, NT en a sûrement lui aussi, mais je suis un mâle viril. Je ne pleure pas devant les gens. Jamais. Sauf Gribouille, mais lui, ce n’est pas la même chose. Il m’a vu pleurer plus souvent que je n’ose l’admettre et je m’en maudis d’ailleurs. Je n’aime vraiment pas pleurer. Pourquoi je viens de passer ma journée à le faire, vous dites ? Parce que ça ne se contrôle pas, justement. C’est pour ça que je déteste ça.
J’enfile ma veste, mets mes chaussures et après avoir jeté un dernier coup d’œil à mon appartement, je m’engouffre à l’extérieur. Il fait déjà sombre et mes pieds crissent un peu sur la neige désormais glacée qui recouvre les trottoirs. C’est rare qu’il neige à Paris, et encore moins que ça tienne. Mais ça ne durera pas longtemps je pense. De toute manière, la neige de Paris est moche, salie par la pollution des trop nombreuses voitures qui y circulent. Je prends le métro et je suis presque étonné de voir à quel point il est vide.
Le voyage jusque chez NT n’est pas long et j’arrive déjà devant son immeuble. Je suis déjà venu quelques fois, mais jamais très longtemps. En fait, je me demande bien combien de personnes vont venir, parce que son appartement n’est pas très grand... Je ne lui ai même pas demandé qui c’était... Tant pis. Si je les connais, ce sera chouette, si je ne les connais pas, je me ferai de nouveaux amis ! En essayant de ne pas penser aux raisons de ma présence, je sonne.
Il vient m’ouvrir et un petit sourire orne son visage. Je lui souris en retour et j’essaie d’éviter son regard qui essaie de lire en moi pour savoir comment je vais. « Content de te voir, Unster ! me dit-il en m’invitant à entrer. - Moi aussi, mon chou. Merci pour l’invitation. - Pas de quoi ! Ça me fait plaisir ! » Il me propose ensuite d’enlever ma veste et de poser mon sac, ce que je fais avec reconnaissance et je me laisse entraîner vers le salon où il m’invite à m’asseoir. Je m’affale dans son canapé tandis qu’il va chercher à boire. Je me retiens de ne pas mettre mes pieds sur la table basse. J’ai vraiment des mauvaises habitudes...
Je me redresse et mon regard est attiré par un DVD posé sur ladite table. Je l’attrape entre mes mains. Je reconnais sur la couverture les personnages emblématiques du film « la reine des neiges ». « Ça te dit de le regarder ? Il traînait dans mon armoire, alors je me suis dit qu’on pourrait le voir... - Moi ça me va bien, oui, mais t’as rien à préparer pour la fête ? » Il hausse les épaules en s’approchant et dépose un verre de coca devant moi. « Si, mais je les connais, ils vont tous arriver en retard. Et puis, c’est juste une fête entre amis. On a dit qu’on s’en fichait un peu de Noël. - Ah. D’accord. » Il met le disque et vient s’asseoir près de moi. Je me cale confortablement dans le fauteuil en sirotant mon coca. Je ne lui ai pas demandé qui venait. Ni si j’étais habillé convenablement. Ni si j’aurais du amener quelque chose de particulier. En fait, je m’en fiche. Le film se lance et je jette un coup d’œil amusé à NT, captivé par l’écran.
Je souris, attendri et amusé. Quand je regarde un film, je ne peux pas m’empêcher de commenter ce qu’il se passe. C’est plus fort que moi. Au début, NT se contente de rire un peu à mes conneries, mais il finit par s’y mettre avec moi et tout devient nettement plus intéressant. Je n’ai jamais autant apprécié regarder un film avec quelqu’un, je crois.
En tout cas, pour la première fois depuis... que ça s’est passé... Je réussis à rire et à passer un bon moment... Non, vraiment, je ne regrette pas d’être venu...
NT
Je m'étire aux côtés de mon ami, légèrement engourdi, avant de frotter mes yeux fatigués. Je sens Unster bouger à côté de moi, et le son du générique de fin se coupe. Je réprime un bâillement puis me lève, faisant craquer mes os, avant de regarder l'heure qu'il est sur mon portable. Presque 20 heures. Je devrais me préparer, au cas où un de ces tardos n'arrive pas avec du retard, comme je l'ai prédit à Unster. Avec un petit sourire à l'intention de ce dernier -soit dit en passant, bien plus joyeux que quelques heures auparavant-, je me dirige vers le réfrigérateur, pour en sortir pas mal de boissons que je dépose sur la table. Il s'approche, probablement pour m'aider, mais je lui fais un signe négatif de la tête.
Après avoir un peu tout mis sur la table, à savoir des biscuits apéro et des boissons, j'entends sonner. J'ouvre pour laisser rentrer quelques-uns de mes amis, venus en groupe de trois. Unster ne les connaît pas, je crois. Je hausse les épaules. Ce n'est pas grave.
Dès lors, mes amis arrivent tous à la suite. On est tous serré dans la pièce, malgré le fait que je n'ai pas invité grand monde. J'ai même pas mis de sapin, en plus ! Mais que voulez-vous ? Seul mon appartement était disponible.
Mis-à-part ce petit détail un peu gênant, on arrive à bien s'amuser. J'ai perdu Unster de vue, depuis la fin du film, mais je ne m'inquiète pas. Tel que je le connais, il doit déjà avoir sympathisé avec pas mal de monde. Et puis, il avait l'air plutôt joyeux, tout-à-l'heure.
Les heures passent. Je n'ai toujours pas recroisé Unster. Apparemment, les quelques bouteilles d'alcool que j'avais mis ont été consommé. L'esprit de Noël est parti en voyage très loin. Même si nous n'avions pas l'intention de faire un Réveillon, mais plutôt une fête, je m'attendais quand même à un peu plus de... de Noël, quoi. Les mecs bourrés fusent, ils font des conneries partout, tandis que moi, je songe plus au futur ménage qu'autre chose. Certaines personnes sont même déjà amorphes. Et il n'est que 2 heures de matin, c'est dire !
Au fur et à mesure, je commence à avoir chaud dans la pièce. Trop chaud. Je jette un coup d’œil à la porte de sortie, et annonce à mon compagnon, plus ou moins lucide, que je vais faire un tour. Puis je suis sorti.
L'air est plutôt froid, dehors. Le panache glacé que forme mon souffle en témoigne. Mes pas crissent sur le tapis blanc, et je lève alors la tête vers le ciel. Un ciel neigeux.
Des bruits de pas se font entendre derrière moi, mais je n'y prête pas attention très longtemps.
Les flocons de neige blancs, si petits, et pourtant si lumineux -car ils reflètent la lumière des réverbères- contrastent parfaitement avec le ciel noir immaculé. On dirait que si les étoiles ne viennent pas consteller le ciel, ce soir, c'est parce qu'elles tombent en ce moment même de la voûte céleste. Ces froides petites étoiles donnent une beauté incommensurable à ce paysage urbain. Personne dans la rue. Personne pour gâcher ce spectacle. Les immeubles se dressant fièrement derrière ne sont qu'un fond. Le véritable spectacle est partout et nulle part à la fois. J'ai l'impression d'assister à la chute des étoiles. Ces petites tâches blanches les imitent parfaitement.
« C'est beau, hein ? » La voix d'Unster me tire de ma torpeur. Je me tourne vers lui alors qu'il se place à côté de moi. Il semble également fasciné par le paysage.
Je tente alors moi aussi de me concentrer de nouveau sur ce spectacle, mais la présence du brun me perturbe. Je lui jette sans cesse des coups d’œil, sans parvenir réellement à observer la neige.
A croire qu'Unster est plus fascinant que celle-ci...
Unster
Je suis bien content d’être enfin un peu seul avec NT. Oh, je n’ai rien contre ses amis, ne vous méprenez pas. C’est simplement que discuter avec des gens totalement ivres, ce n’est pas vraiment la chose la plus intéressante au monde. Surtout quand on a pas bu la moindre goutte d’alcool. Il n’en manquait pas, clairement, je pense que j’aurais pu me servir, mais j’avais peur. Trop peur de la fameuse « cuite pleureuse », qui m’aurait forcé à gâcher la fête de quelqu’un et ça, c’était vraiment la dernière chose que je souhaitais faire. Je sais à quel point c’est douloureux, je n’ai vraiment pas envie d’infliger ça à quelqu’un d’autre.
C’est comme pour NT. J’ai essayé de le laisser profiter de la soirée avec ses amis en me faisant discret vis-à-vis de lui. Je suis juste allé me présenter à des gens et j’ai fait ce que je sais le mieux faire : j’ai parlé. Tout compte fait, je les ai peut-être saoulés, ces pauvres gars... Ou peut-être pas... Je n’arrive jamais à déterminer si les gens m’écoutent par envie ou par politesse.
J’avais de toute manière l’intention de prendre l’air à un moment ou à un autre, alors en voyant mon ami sortir, j’avais saisi l’occasion. Je ne sais pas ce qui avait pris à NT d’organiser une fête dans son tout petit appartement, mais il faut croire qu’il avait imaginé que ça passerait. Bon, c’est vrai qu’au niveau place, c’est encore jouable, mais il faisait bien trop chaud !
Je finis par revenir à la réalité et détourne mes yeux du tourbillon de particules blanches et froides que je fixais depuis quelques minutes. Mon regard croise celui de NT et je me rends compte qu’il me fixait déjà. Mince, est-ce qu’il m’a posé une question que je n’ai pas entendue ? Est-ce que c’est juste une coïncidence ? Que faire ?
Tiens, c’est étrange. NT n’a toujours pas détourné les yeux. Je m’y attendais, pourtant. Les gens ne soutiennent jamais mon regard, en général. J’incline la tête et essaie de déterminer s’il est sobre ou non. Je crois que oui. Je finis par lui sourire et il reporte finalement à nouveau son regard sur les flocons de neiges. Je suis un peu jaloux, je dois dire. J’aime bien avoir l’attention des gens, c’est plus fort que moi.
Les bouts de mes doigts sont congelés et je glisse mes mains dans les poches de ma veste. Elles y rencontrent un petit objet carré. Je ne parviens pas à l’identifier immédiatement et je le retourne sous mes doigts pour essayer de comprendre ce qui s’y cache.
« Tout va bien ? me demande finalement NT, qui a du remarquer mon petit manège. - Oui, oui ! J’avais juste froid aux mains. - Ah, tu veux qu’on rentre ? - Non ! Non, c’est bon. J’aime bien être là. C’est joli. » Il ne répond rien et je lève la tête pour regarder le spectacle sous un autre angle. Mes lunettes se recouvrent rapidement d’une fine pellicule blanche et au bout de quelques secondes, je suis obligé de les enlever pour les sécher. J’entends NT rire à côté de moi. « Arrête un peu ! - Excuse-moi, Unster, mais c’était mignon. On aurait dit un gosse. » Je lui tire la langue brièvement et remets mes lunettes sur mon nez. C’est pas la qualité de Mr. Propre, mais au moins je vois devant moi.
NT se mord la lèvre, sûrement pour ne pas rire encore. Voyant que je le remarque, il se retourne. Je sors mes mains de mes poches dont j’ai réussi à identifier la contenance, et je me penche en avant, puis je ramasse rapidement un petit tas de neige sur le muret à côté de moi. Je la forme en boule. Mes doigts sont mouillés en plus d’être glacés, mais tant pis ! « Hey, NT ! »
Il se retourne, je lui souris. Et il se prend une boule de neige dans le cou. Oups !
NT
Je pousse un cri un peu efféminé sous le coup du froid, avant de me débattre avec ma veste pour l'enlever et faire tomber la neige fondue s'infiltrant sous mon t-shirt. Je suis parcouru d'un long frisson en sentant l'eau froide coulant sur ma peau, et je remets correctement mon haut avant de lancer un regard assassin à Unster, qui se retient de ne pas ricaner. Puis mon regard sombre prend une teinte joueuse, malicieuse. Hein, ça le fait rire ?
Je me penche à la hâte pour ramasser de la neige entre mes mains, imité par Unster, qui a remarqué mon geste. Puis, à la vitesse grand V, je me jette vers lui pour lui lancer ma boule à peine modelé, bloquée de justesse par son bras. Mais, pris dans mon élan, je lui tombe dessus, nous faisant chuter tout les deux dans la neige froide, moi au-dessus de lui.
« Hey ! C'est pas juste ! Toi, t'es pas tombé dans la neige ! », râle-t-il faussement.
Avant que je ne puisse réagir à cette gaminerie, je le sens saisir mes avant-bras, et inverser nos positions, moi dans la neige, lui au-dessus. Je me cabre alors au contact de la neige. Aaaaaarh ! C'est froid ! Je tente de nous remettre en position initiale, et nous commençons à rouler dans la neige froide, nos éclats de rire se mêlant à aux cris que l'on pousse au contact du tapis glacé. Nous finissons par arrêter de rouler, chacun sur le côté, haletant et riant. Son nez et ses joues sont rouges, sa chevelure brune est devenue plus foncée tant elle est trempée, collant même à son front, et ses lunettes sont embués par son souffle chaud. Il est mignon, comme ça. Mais le froid brûle ma peau, et je commence à trembler, tout comme lui.
Alors dans un accord tacite, nous nous levons, enlevons nos vestes pour faire tomber la neige qui n'avait pas encore fondu.
Quand nous rentrons dans l'appartement, j'ai l'impression qu'il fait moins chaud que lorsque nous sommes partis. Nous faisons vraiment tâche, parmi les autres, mais tant pis. De toute manière, ils commencent à partir. Là, mon rêve, c'est juste d'aller prendre un bain chaud. Mais je me force quand même à rester. Bah oui, il faut quand même trouver un covoiturage à tout ces mecs insouciants qui veulent quitter la soirée alors qu'ils ont vidé deux bouteilles de bière... je soupire, découragé.
Et Unster a encore disparu parmi tout ces mecs.
Doucement, la pièce commence à se vider. Et ils partent tous. Oui, tous. Sauf un.
Et je m'approche d'Unster, accoudé à la fenêtre.
« T'as passé une bonne soirée ? »
Unster
Décidément, j’adore la neige. Enfin, surtout à regarder, hein, parce qu’on aurait peut-être pas du se rouler dedans comme des abrutis, avant. Maintenant, j’ai froid, même à l’intérieur. Je crois que les gens ont commencé à partir, mais je n’y prête pas trop attention. Je suis installé devant cette fenêtre depuis au moins vingt bonnes minutes, quand la voix de mon hôte me sort de mes pensées : « T’as passé une bonne soirée ? - Oui, c’était vraiment sympa. Merci. - Je suis content que ça t’ait plu, alors... » Il se tait et je finis par m’arracher à ma contemplation pour me tourner vers lui. Entre temps, il s’est mis à ranger les bouteilles et les verres qui traînaient un peu partout dans son salon. Je m’approche de la table et je commence à l’aider.
« Oh, Unster, t’es pas obligé, tu sais... - T’inquiète. Si on s’y met à deux, on ira beaucoup plus vite. » Il ne proteste pas et on range l’appartement en silence. Je sens l’eau qui trempe mes cheveux dégouliner dans mon dos et je me rends compte petit à petit que j’ai encore vraiment froid. « Eh, NT ? - Ouais ? me demande-t-il en refermant un sac de poubelle plein. - T’aurais pas des fringues à me prêter ? J’ai pas vraiment envie de chopper la crève. » Je lui montre mon T-shirt imbibé d’eau et il hoche la tête avant de partir vers sa chambre. « Tu veux aussi prendre une douche tant que t’y es ? Ça te réchauffera. » crie-t-il à travers l’appartement. Il revient vers moi et me fourre un petit tas de vêtements entre les mains. Je le dévisage longuement. J’ai froid, oui, mais je ne crois pas l’avoir mentionné devant lui. « Volontiers », finis-je par dire en le laissant m’entraîner vers sa salle de bain.
Il me sort un linge et m’explique rapidement comment marche sa douche. J’ai presque envie de lui répondre que je peux me débrouiller, mais je sais qu’il veut juste bien faire, et mon cynisme laisse place à un sourire attendri. Je le remercie et vais me plonger sous l’eau chaude, qui me fait le plus grand des biens. C’est étrange de se dire que ma dernière douche remonte à moins de neuf heures. Une fois dehors, j’enfile les vêtements qu’il m’a prêtés. Ils sont pile à ma taille, sûrement encore une attention de sa part. Je plie soigneusement mes habits trempés et en déposant mon jean, je sens quelque chose de dur dans la poche. Je l’en sors et je soupire.
Encore ce fichu paquet cadeau. Je ne sais vraiment pas pourquoi je l’ai pris avec moi. Peut-être que j’avais l’espoir de lui trouver une utilité. Plus j’y pense, et plus je me dis qu’en réalité, j’ai une idée bien précise de la raison pour laquelle je l’ai embarqué avec moi. Après avoir fourré le petit objet dans ma poche, je sors de la salle de bain et vais ranger ma pile de vêtements dans mon sac à dos. Je retourne ensuite au salon où je trouve NT somnolant sur le canapé. J’hésite un peu à le réveiller, mais je n’en ai finalement pas besoin. Il a sûrement du m’entendre et s’est redressé. « Ça a été ? demande-t-il en bâillant. - Oui, parfait, merci. - Tu veux rester dormir, aussi ? Le canapé est confortable. » Il me dit ça avec un sourire railleur, preuve qu’il a déjà testé. Je réfléchis un peu à sa proposition. C’est vrai que je n’ai pas vraiment envie de retourner au froid pour ce soir. Je ne réponds pas à sa question et je fouille dans ma poche. Il me regarde faire, sans trop comprendre, et écarquille les yeux lorsque je lui tends le petit paquet argenté et bleu. « Unster... C’est pour moi ? Il fallait pas, vraiment... J’ai rien moi, je passe vraiment pour un con...» Je ne sais pas si je devrais lui dire la vérité ou non... A vrai dire, je préfère être honnête. Et il se sentira moins «coupable ». « A la base, c’était destiné à quelqu’un d’autre, mais je me suis rendu compte que tu en valais bien plus la peine. » Je crois qu’il comprend parce que son regard s’adoucit un peu. J’avais peur qu’il ne le prenne mal, mais ça n’a pas l’air d’être le cas. Il prend délicatement le paquet de mes mains et je vais m’asseoir près de lui. Je me moque un peu de lui quand il se bat avec l’emballage et il finit par réussir à le retirer, après m’avoir lancé un ou deux regards de réprimande. Il se retrouve donc avec une petite boite blanche entre les mains. Il l’ouvre lentement et je le vois s’immobiliser un peu, avant de lever les yeux vers moi, incertain. Je lui souris et l’encourage d’un signe de tête.
Il prend délicatement entre ses doigts le petit médaillon en or blanc et le dépose dans la paume de sa main. Le bijou est sculpté en un petit « N », qui rappelle la première lettre de son pseudo Youtube, mais aussi celle du prénom de mon ex petite-amie. Il l’observe sous toutes les coutures et j’attends qu’il dise quelque chose.
J’espère que ça lui plaît...
NT
Je remue le pendentif un instant entre mes doigts, le regardant de haut en bas. Sa couleur blanche, brillante à la lumière artificielle produite par les lampes de ma maison, donne en soit une forme de pureté au bijou, ce qui étire mes lèvres. Je le trouve vraiment joli. Et l'intention encore plus. Je lève mes yeux vers ceux de l'offreur, qui se détournent légèrement, accentuant mon sourire ; il est plutôt mignon, quand il est gêné.
Alors, je fais la chose la plus amicale qui soit pour le remercier : je l'attire contre moi, passant mes bras autour de sa taille. Au début, je le sens un peu hésitant, et je panique légèrement. Quoi ? Il ne veut pas ? Mais il finit par me rendre mon étreinte amicale.
Puis nous nous séparons quasiment instantanément. Je lui fais alors dos, regardant le pendentif, et finis par passer les bouts de la chaînette de chaque côté de mon cou pour les faire se rejoindre au niveau de ma nuque. Je n'ai pas de problèmes pour ça, non. Le problème, c'est surtout d’accrocher les deux bouts. Après de nombreux efforts, et quelques râleries dues aux légères moqueries de mon ami, je finis par lancer un petit appel à l'aide à l'intention de ce dernier.
Je sens alors ses doigts passer sur ma nuque, ce qui m'arrache un léger frisson. Il tire la chaîne en or en arrière pour se faciliter la tâche et je patiente, me concentrant sur le son des accroches qu'il essaye lui aussi d'enfiler.
« C'est bon ! », finit-il par dire, avant de lâcher le bijou qu'il m'a offert, le médaillon en or retombant alors sur mon torse. Je le remercie, avant de me lever, et de lui faire à nouveau face.
« Alors ? Pas trop féminin ? », je rigole. « Pas plus que d'habitude... » Il sourit, taquin. Je comprends que je ne pourrais pas obtenir de réponses plus sérieuse de sa part, je soupire. « On va dire que oui. » Je me détourne. « Je vais te chercher des couvertures. »
Je lui jette un léger regard, le temps de voir la surprise passer dans ses yeux, avant de me diriger vers ma chambre. Oui, comme il ne m'a pas répondu tout à l'heure, j'en déduis qu'il dort ici. Et puis, il ne m'a pas contredit, donc bon. En passant près de ma chambre, mon regard glisse sur le reflet sur la fenêtre. Le pendentif brillant se dessine parfaitement sur la vitre. Non, il ne fait pas féminin. Et il est très beau.
Je prends alors les couvertures rangés dans une armoire à l'intérieur de ma chambre, avant de retourner dans le salon avec celles-ci.
« Tu veux un oreiller, aussi ? », je demande.
Il refuse. Alors je lui souhaite bonne nuit, et je vais dans ma chambre pour me coucher, harassé par cette soirée
-*-
Après avoir réussi à passer les épais volets, la lumière passe mes paupières, me faisant grogner d'inconfort. Puis je papillonne un instant, l'esprit enveloppé d'un voile brumeux. Alors je reste dans mon lit, fixant le plafond, me remémorant ce qu'il s'est passé hier, avant d'enfin me décider à me lever. Mes yeux se tournent alors vers ma table de chevet, où trône fièrement un pendentif. Le pendentif qui était à la base destiné à la l'ex-petite-amie d'Unster, qu'il a finalement décidé de m'offrir.
Tiens, d'ailleurs, il est encore là ? Et il est quelle heure ?
Je me saisis de mon portable, à côté du bijou, et plisse mes yeux non-habitués à la lumière, pour distinguer le chiffre 11h11. Unster doit déjà être réveillé. C'est même sûr ; le pauvre est insomniaque.
Je me lève alors, engourdi de ma nuit. La chaleur de ma peau rencontre le froid de la pièce, me donnant la chair de poule. Mais je ne me presse pas pour autant d'enfiler quelque chose. J'hésite un instant devant mes vêtements, avant d'enfiler quelque chose pour sortir, pensant accompagner Unster pour rentrer chez-lui. Je sors alors de ma chambre. Mes pensées se confirment : Unster est déjà réveillé.
« Bien dormi ? », me lance-t-il, semblant légèrement étonné de me voir habillé. « Ouais... », je baille, avant de frotter mes yeux endoloris. « Et toi, j'imagine que non ? »
Il ne me répond pas. C'est le silence qui prend la parole. Et c'est moi qui le brise :
« J'imagine que tu veux rentrer chez-toi ? Je te raccompagne ? »
Unster
Je souris, amusé. « Je vais rentrer, ouais. Mais je peux y aller tout seul, tu sais, je connais le chemin », je le taquine. En réalité, je n’avais pas l’intention de passer la nuit ici, et pour ce que j’ai dormi, j’aurais aussi bien pu rentrer chez moi il y a neuf heures, mais je ne regrette pas d’être resté, finalement. Le canapé de NT est plutôt confortable, j’arrive bien à y penser à tout et n’importe quoi. Le temps est passé étrangement vite, depuis que je suis là, et je dois avouer que ça me rend un peu triste de déjà devoir m’en aller. En réalité, je ne suis pas contre que mon ami me raccompagne, mais je ne veux pas le déranger encore plus.
D’ailleurs, plus j’y pense, plus je me rends compte que ce n’est pas juste le confort du canapé qui m’a fait me sentir si bien, cette nuit. C’est tout l’endroit. Tout est simple, humble et à la fois convivial. Un peu comme NT, finalement. Oui, en réalité, je crois que j’aime juste être avec NT. Nos conversations Skype pendant toute la nuit, nos petites allusions sur twitter, les séries qu’on tourne ensemble... J’ai toujours aimé passer du temps avec lui et je crois que son invitation de hier est la preuve que c’est un gars vraiment adorable.
Il se dirige vers l’entrée, et je le suis en marchant d’un pas léger. Il se met à enfiler ses chaussures et je mets les miennes, sans le quitter des yeux. Il ne semble pas le remarquer. « Dis-donc, mon bichon, si tu prends les décisions toi même, pourquoi tu me demandes encore mon avis ? - Je prends pas les décisions moi-même. J’interprète tes réponses » Je ne peux pas m’empêcher de rire en attrapant ma veste qu’il est entrain de me tendre. C’est vrai que j’ai tendance à ne jamais dire « oui » ou « non » clairement. Je préfère quand les gens décident eux-même, ça attire moins d’ennuis. Il me tient la porte et je la franchis avant d’appeler l’ascenseur, pendant qu’il ferme.
Le trajet me parait court. En chemin, il me propose de nous arrêter acheter quelque chose à une boulangerie mais je refuse. Je n’ai pas d’argent sur moi et je suis sûr que si je le lui dis il va m’offrir quelque chose. On passe devant l’endroit où on s’est « battu » la veille et je lui lance un regard en coin espiègle, auquel il répond avec un air un peu provocateur, du genre « essaie seulement de recommencer, je t’en refais bouffer ». On ne parle pas beaucoup, je pense qu’il est fatigué.
Une fois arrivé devant la bouche de métro, je ralentis et m’approche de lui pour lui faire la bise et le remercier, mais il recule d’un pas. Je ne comprends pas, jusqu’à ce qu’il se tourne et descende les escaliers en me faisant signe de le suivre. Il veut m’accompagner jusque sur le quai ? Typiquement NT, ça, les trucs dramatiques avec un gars qui regarde l’autre s’en aller vers un autre horizon. Oui, bon, je divague un peu. Il n’empêche que je suis surpris un le voyant prendre un ticket. Il a vraiment l’intention de m’accompagner jusque devant ma porte ?
La chaleur du métro a l’air de le réveiller et on se met à parler de tout et de rien. Ce qui est bien avec lui, c’est qu’il connaît plein de choses, alors il peut me suivre sur pas mal de sujets. Une fois à l’extérieur, nos conversations ne s’amenuisent plus et je n’ai plus le temps de penser à mes chaussures trempées à cause de la neige sur le sol ou au froid qui me sèche les yeux et me rougit les joues. On marche côte à côte en blaguant, les mains bien au fond des poches et à nouveau, le temps passe trop vite. Beaucoup trop vite.
Nous finissons par nous arrêter devant la porte d’entrée de mon immeuble. Je me mets en face de lui tandis que ses yeux observent le bout de ses chaussures, aussi trempées que les miennes. « Tu veux entrer ? je demande. - Non, c’est bon. J’imagine que tu veux dormir. - Je dois interpréter ? » Il relève les yeux et croise mon regard taquin, avant de grimacer un peu. On dirait bien que je l’ai eu ! « Non, vraiment Unster, je vais rentrer. J’ai encore pleins de tournages a faire, je me suis un peu laissé aller, avec les fêtes. » Je deviens suspicieux. Si c’est une excuse, elle est très maladroite. Pourquoi m’avoir raccompagné jusque là et prétendre avoir beaucoup de choses à faire ? Et s’il a vraiment tout ce tas de chose à faire, pourquoi avoir perdu du temps à venir avec moi ? J’ai un peu du mal à comprendre.
Je crois qu’il sent mon malaise, parce que ses joues se teintent de rouge et son regard se pose à nouveau sur le sol. Bon, s’il ne veut pas, c’est qu’il a une raison. « En tout cas, merci pour tout, NT, c’était vraiment cool ! - Oh, c’est rien. Merci pour le collier, il est vraiment superbe. Je m’en veux un peu de ne rien avoir à t’offrir » Il relève ses yeux marron pour me regarder avec une grimace désolée. Je lui souris. « Ce que tu as fait pour moi vaut largement plus qu’un collier, tu ne crois pas ? » Il incline la tête et je le prends dans mes bras, comme lui la veille pour me remercier. Il semble un peu surpris, et puis je le sens m’entourer de ses bras à son tour, un peu hésitant. Je fais un peu durer l’éteinte, conscient que je risque de ne pas le revoir IRL avant un bon moment. C’est drôle, je reconnais sur lui l’odeur du produit de douche qu’il m’a prêté la nuit dernière. Je finis par me reculer un peu et il me relâche, laissant traîner ses mains sur mon dos. Il soupire légèrement en me regardant. « Ça va aller ? S’il y a un soucis, tu m’appelles, hein ? » Je mets quelques secondes à comprendre de quoi il parle. Ma rupture. J’avais presque oublié. J’essaie de prendre un air enjoué, mais je ne sais pas si je suis crédible. « T’inquiète pas pour ça. La UnsterArmy me remontera le moral avec des fanarts de nous deux l’un dans les bras de l’autre. - Oublie pas de les RT ! - Bien sûr, comme d’habitude ! » Ah les fan-arts. Je trouve ça drôle que les gens s’imaginent que NT et moi on puisse être ensemble. C’est aussi pour ça que je ne peux pas dire à mes abonnés que j’ai plus de copine, parce qu’ils ne savaient même pas que j’en avais une. J’aime bien ce petit jeu, je ne veux pas qu’il s’arrête. Je pose une main sur la joue d’NT et lui fait la bise. Je le sens reculer vivement et se dégager. Ma main reste suspendue en l’air et je me fige, sans comprendre. « NT ? Ça va ? je demande, inquiet. - Je te retourne la question ! Mais ça va pas ! hurle-t-il, les joues bordeaux et le regard accusateur. - Mais NT, je te faisais la bise, comme hier pour te dire bonjour... - Ah bah bien sûr, sauf que la bise, ça se fait sur la joue, Unster. Franchement, c’est pas correct de me faire ça, c’est pas parce que je suis gay que ça ne me dérange pas d’embrasser tous les hommes de la terre ! »
Je me fige. Merde. Qu’est-ce que que j’ai fait. Ooooh non, ne me dites pas que... Eh merde, si, on dirait bien que je ne suis qu’un gros con maladroit. C’est de repenser à mon ex et aux fanarts, ça a du me brouiller l’esprit. En plus avec mon manque de sommeil, je ne pense pas que ça ait aidé. Je m’approche d’un pas de NT, les mains légèrement en l’air en signe d’innocence. « Désolé, je... J’ai vraiment pas fait exprès, je... Je te jure que je voulais pas... » Il secoue la tête avec dédain. Merde, je crois que je l’ai vraiment mis en colère. Qu’est-ce que je m’en veux... « Ouais, c’est ça. J’allais rentrer, de toute manière. On se revoit sur Skype. » Il se retourne et me plante là, seul dans la neige. Non... Je ne veux vraiment pas que ça se termine comme ça. « NT, attends ! » Je cours derrière lui pour le rattraper et lui agrippe la manche. Il se retourne et me regarde avec mépris avant de se dégager et de repartir en avant. Je le suis et essaie de marcher à sa hauteur, mais la colère semble lui donner des ailes et j’arrive de moins en moins à tenir son allure. J’ai tellement mal au cœur. C’est totalement de ma faute et je le sais. Ce serait vraiment égoïste de demander à NT de bien le prendre, mais je n’ai vraiment pas envie de le perdre. Pas lui. Jamais.
Je fais une deuxième tentative pour l’arrêter et cette fois-ci il s’immobilise et son regard sévère se plante dans le mien. « Quoi ? me demande-t-il sèchement. - Je te promets que je ne voulais pas... - Franchement, Unster, c’est une excuse débile, arrête. On embrasse pas les gens par inattention. Pas comme ça. » Quoi, parce qu’en plus, je l’ai embrassé genre... Vraiment ? Oh bordel, pourquoi je ne m’en souviens pas ? Je l’ai fait tellement machinalement... Comme mes excuses ne semblent pas fonctionner, je me réfugie dans autre chose. Moins sincère, beaucoup plus efficace... « Et bah si j’embrasse aussi bien sans m’en rendre compte, imagine si je le fais vraiment ! » Je prends un air malicieux en priant de toutes mes forces pour qu’il n’essaie pas de repartir. « J’ai jamais dit que tu embrassais bien. - Tu l’as sous-entendu, mon chou. - Pas du tout, arrête d’interpréter ce que je dis, d’accord. - Merde, tu trouves vraiment que j’embrasse mal ? » Je prends une mine déçue et je vois ses yeux s’écarquiller légèrement. Il est toujours hostile, mais au moins, il me parle... « Non, Unster, tu embrasses bien, mais c’est pas ça la question. - C’est quoi la question ? - T’es vraiment chiant, quand tu t’y mets ! - J’ai pas le choix, si j’arrête de parler, tu vas partir et rester énervé. Et c’est la dernière chose dont j’ai envie. » Il ravale la réplique cinglante qu’il allait me balancer à la figure et hoche la tête doucement. « Je suis pas énervé, Unster. Juste... recommence pas, d’accord ? » Je m’approche un peu de lui et il me regarde faire. Nos têtes ne sont qu’à quelques centimètres l’une de l’autre, lorsque je lui murmure un petit « promis », mon regard plongé dans le sien. J’ai vraiment envie de le prendre dans mes bras, mais je n’ose pas. J’ai peur qu’il s’offusque encore.
Alors imaginez ma surprise lorsque je sens une main passer timidement sur ma nuque et rapprocher mon visage du sien jusqu’à ce que nos lèvres se touchent. Je me laisse faire, curieux. C’est vraiment étrange, cette fois, j’ai pleinement conscience de ce qu’il se passe. Et étrangement, ça ne me dérange pas le moins du monde. Je passe délicatement mes bras dans son dos et j’y joins mes mains tout en prenant part à l’échange. C’est terriblement doux, mon estomac en est complètement retourné. Ça me change des baisers désintéressés que me servait mon ancienne petite amie, mais en réalité, là, je n’ai vraiment pas envie d’y penser. Il finit par rompre l’échange, mais mes mains restent bien en place pour le garder contre moi. « Tu avais raison, tu embrasses bien mieux en le faisant vraiment... » me murmure-t-il avec une voix un peu rauque. Avec un sourire amusé, je replonge sur ses lèvres et l’une de mes mains vient se nicher dans ses cheveux. Quelque chose de froid s’y dépose délicatement, mais je n’y fais pas attention, pas plus qu’à tous les autres flocons qui se mettent à tomber avec légèreté autour de nous, comme pour nous recouvrir d’un voile blanc, pur. Mes mains deviennent frigorifiées et mes cheveux trempés, mais je m’en fiche, je veux rester là avec NT, pour toujours. On finit par se séparer et il se tourne pour admirer la neige qui tombe. Je souris, attendri, en le voyant tendre une main en avant pour que les flocons s’y déposent et fondent sous sa chaleur. Je prends son autre main dans la mienne et il se tourne vers moi avec un sourire heureux. « Tu es sûr que tu veux rentrer chez toi ?» Il secoue la tête et je l’attire doucement à moi pour lui poser un chaste baiser sur les lèvres, avant de l’entraîner à l’intérieur pour qu’on se blottisse bien au chaud l’un dans les bras de l’autre...
Décidément, le père Noël fait vraiment bien son travail. Même si parfois, il livre avec un tout petit peu de retard...
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