PDV Kai (Demon)
Aujourd'hui, le ciel était aussi bleu qu'hier. Aussi resplendissant et bleuté que mon passé était gris et rougeoyant du feu de la pollution, des usines et des cheminées de ces dernières.
Tout en contemplant les cieux, je songeais à ce que j'avais abandonné pour venir dans ce semblant d'havre de paix. Ceux que j'avais laissé. Je repensait à eux. A Min-Min, à Ling et...Lui. Sen.
'Dickson' m'avait prévenu de sa manœuvre. Grâce à lui, Sen avait retrouvé l'espoir et la force de vivre ses rêves, comme je l'espérais. Mais aussi, il va peut être me détester.
Après tout, je l'ai laissé là-bas et j'ai fuis. J'ai fuis cette société ou j'ai vu le jour, cette ville qui m'a, même en me rejetant ainsi, tant donné. Et qui ne m'accueillera peut être pas les bras ouverts quand j'y ferais mon grand retour...
Arrachant ma contemplation de mon large velux, je fit glisser mon regard sur le mur de photo au dessus de mon lit. L'une d'elle attira particulièrement mon attention.
Je caressais du pouce les cieux amplis de ces filaments de guirlandes lumineuses brillant dans la nuit grisâtre et fumeuse, puis le visage de celui qui tenait l'un de ces fils d'or.
Je soupirais. L'air pollué de mon ancienne ville et son atmosphère ne me manquaient pas, il ne faut pas y croire. Non, ce qui me manquait, ce sont les étoiles dorées. Ses étoiles.
Les messagères de ses rêves, celles qu'il partage avec notre ville chaque nuit sans faute. Ce rêveur...Il me manquait, il faut bien l'affirmer. Et je n'étais pas honteux de le reconnaître. Par contre, j'en connais un qui ne serait pas près d'admettre une telle chose!
Je souris en y pensant, et secouant légèrement la tête pour me chasser les idées, je me dirigeais vers mon ordinateur afin de surfer un peu sur le net. Je me dirigeais vers mon profil Twitter, avant de remarquer quelque chose qui n'était pas là la dernière fois que je l'avais laissé...
PDV Sen (moi)
Après le départ de Kai, j'ai décidé de ne plus retourner à l'école, m'adonnant seulement à mes étoiles. Je faisais tout pour les améliorer. Plus grandes, plus jolies, plus nombreuses, mieux situées sur les fils... Les fils, justement... je les avais renforcés pour que plus personne ne les sectionne. J'étais là, allongé sur le toit de l'immeuble où, chaque soir, je démarrais mon ballet stellaire. Et où j'avais aussi vu les étoiles, les vraies... Je le savais, elles étaient au dessus de tous les nuages de pollution causés par les nombreuses usines de la ville. Je fixais le ciel gris. L'air était lourd, pesant. Il allait bientôt avoir un orage. C'était pas bon... Rapidement, la pluie tomba, suivie par des éclairs blancs qui strièrent le ciel par fractions de seconde. Les grondements surprenant de la tempête se firent entendre. Je ne bougeais pas, les bras croisés derrière la tête. Je fermais même les yeux. Mes habits seront mouillés, tant pis. Je ne veux pas rentrer. Après un long moment ainsi, je sentis la pluie s'amenuiser. Je rouvris alors les yeux pour contempler... les nuages. Toujours les mêmes... Chaque jour, nous n'avons pas d'autre ciel, d'autre horizon, que cette habituelle pollution qui ravage l'air, l'eau et la terre. La nuit tomba. Je me relevais et me saisis de mes précieuses étoiles que je lança dans le ciel. Il y avait juste assez de vent... Elles volèrent dans le ciel. J'admirais le spectacle. Et je repensais aux paroles de Kai. Sa petite sœur... Tout ces gens qui aimaient notre travail. Celui des Knites. Pourtant, ils étaient peu. La plupart pensait que nous n'étions que des rêveurs sans avenir... Quel avenir que la pollution ! Je préfèrais mes rêves...
PDV Kai (Demon)
Une photo m'avait été tweetée. Je l'affichait en grand sur mon écran, avant de retenir une exclamation de surprise, puis un sourire. Sur la photographie, on pouvait voir des semblants d'étoiles lumineuses dans le ciel, s'agitant au gré de la brise et du vent. Les petites éoliennes rouges et les guirlandes lumineuses accrochées au grillage faisait tout pour donner un cachet intime et chaleureux à la scène. Et pour moi, c'était plus que touchant. De plus, il y avait une personne face à ce spectacle, en train d'admirer. Admirer ses étoiles. C'était lui, Sen...Je devinais que la photo avait du être prise à son insu, car jamais il n'aurait autorisé une telle prise.
...Aaah, Sen...Ce renfrogné me manque...Son expression blasée de tout me manque...Son caractère à l'apparence froide me manque...Son amitié me manque...IL ME MAAAAANQUE!
Et puis Min-Min, qui est resté dans sa chambre, toujours bardée de perfusions j'imagine. La pauvre...Elle aussi, je l'avais perdue de vue. J'aimerais vraiment revenir. Après tout, qu'Est-ce qui m'en empêcherait? Qui si opposerait? Mon père? Nan, il a passé sa vie dans le travail et m'a quasiment abandonné pour ça. Après m'avoir forcé à venir ici avec lui pour éviter de subir les conséquences de ses actes à mon tour, il ne s'en préoccuperais pas...
Mon regard se tourna à nouveau vers la photo. Elle ne devait pas dater de très longtemps. Je pense que celui ou celle qui me l'a envoyé voulait aussi me fournir une preuve qu'il n'avait pas abandonné ses rêves, lui. On aurait presque dit qu'il se moquait de moi et me narguait, riant sous cape et dos à l'objectif pour que je ne m'en rende pas compte, ce qui était encore plus impertinent de sa part. Je pouvais très bien imaginer son expression narquoise et son sourire débordant de sarcasme quand il me tiendras des propos emplis de franchise comme "Alors, on abandonne? C'est toi qui m'a ouvert les yeux, abrutis! Et c'est toi qui m'a permis de ne pas m'effondrer et laisser tomber mes illusions dorées et mes rêves! Alors remue-toi bon sang, au lieu de faire la plante en pot, parce que sinon c'est moi qui vais venir te déraciner, tu verras!".
Je fronçais les sourcils à cette pensée, avant d'éclater de rire. Ça lui ressemblerait tellement...Je suis persuadé que je l'ai laissé encore plus rêveur et songeur qu'avant, mais tout aussi agressif.
Un message accompagnait la photo.
"En attente d'une étoile filante pour exaucer le vœu d'une promesse de retour. En attente pour les rêves."
Oui, vraiment. J'avais hâte de revenir.
PDV Sen (moi)
Je restais toute la nuit à observer les étoiles sans me soucier d'autre chose. Jamais je ne me lasserais de ce spectacle si beau... Le matin arriva finalement, malheureusement. Je ne voulais pas me résoudre à tout ranger maintenant. Mais il le fallait. Il fallait laisser place à la journée. Les enfants vont aller à l'école, les grands au travail. Plus personne de toute façon ne pourra prêter attention à ce que je fais... Alors je remballais mes étoiles pour laisser place à une nouvelle journée grise. Je m'allongeai contre le grillage et l'observais. EN particulier les mouvements des éoliennes accrochées. À force de les regarder, je m'endormis. Après avoir passé une nuit blanche à surveiller mes étoiles, ce fut un repos bien mérité, non ? Pendant mon sommeil, je ne savais pourquoi mais je rêvais du retour de Kai.
Comme à chaque nuit, je regardais mes étoiles voler, rêveur. Je fus coupé dans mes songes par des bruits de pas derrière moi et me retournai alors. Ses mêmes cheveux bruns, son éternelle veste verte sur le dos, son sourire... Il n'avait pas changé... Je lui souris aussi et...
Je me réveillais soudainement en entendant des cris d'enfants plus bas. Je regardais alors. Ils étaient juste en train de se disputer. Je soupirais. Me réveiller pour ça... Je me rallongea et ne tarda pas à me rendormir, les bras croisés sur mon torse.
PDV Kai (Demon)
Je me réveillais le lendemain d'une nuit blanche. J'avais passé la soirée d'hier et la nuit entière à regarder les étoiles sur notre terrasse panoramique. Tout le luxe de notre nouvelle maison ne me plaisait pas, mais la seule chose qui me convenait à cette nouvelle vie encore friquée, c'était cette terrasse. Parce qu'elle me permettait de regarder les étoiles, les vraies. De me rattacher au désormais seul et unique lien qui me reliait à Sen. Et elle me faisait voyager vers d'autre cieux pour y voir d'autres étoiles, des filaments dorés enveloppant mon corps et l'intégralité de mes mouvements et mes pensées pour m'attirer vers quelque chose, quelqu'un.
Alors je me plongeais à corps perdu dans le sommeil, m'abandonnant intégralement au froid du Printemps pour la chaleur des rêves d'Été ou il se trouve, là à m'attendre, la lumière chaude de ses bulles de rêves dorés à ses côtés.
Désillusion. C'est ce que j'avais évoqué la première fois que j'avais vu les vraies étoiles. Mon avis a bien changé depuis. Pour moi, cela est une sorte de rêve transcendant la réalité. Mais pour lui, ça reste un songe dans un monde éphémère. Ça n'a tenu qu'une fois, n'a duré qu'un temps bref, comme ses propres étoiles. J'espérais quand même qu'un jour il les voit. Qu'il les regarde à nouveau, qu'il les remarque. Qu'il comprenne. Qu'il sache tout, tout ce que j'attends du ciel, de mon père, de sa 'belle-mère', de Min-Min, de Ling, de lui, de moi...de nous. Tout ce que je ressent à son égard. Au mien.
Qu'il comprenne tout ça et en prenne connaissance à travers une simple étoile, mais la plus brillante d'entre elle. Celle qui aura le plus d'attrait à ses yeux, qui saura attirer son regard pour y transporter mon message, lui transmettre mon vœu.
Alors j'aimerais...J'aimerais qu'il soit avec moi, actuellement, à contempler les mêmes cieux avais-je murmuré à la nuit et la lune. Et le vent m'a répondu "Si vous regardez le même ciel et ceux à travers les 'mêmes yeux' émerveillés chaque fois, alors c'est comme si vous étiez ensemble."
Savoure l'instant d'une caresse sur ta peau, le bruit du vent et son doux sifflement, sa mélodie. C'est comme un chant de retrouvailles, le même que j'espère entendre quand je reviendrais te trouver. C'est là que mes pensées dérivent ce matin alors que je paraisse dans mon lit, refusant de me lever. Ces songes emplis de ces idéaux niais et plein à ras bords de naïveté, de la même innocence dont je t'avais dépourvu le jour ou j'avais brisé l'une de tes croyances. Mais j'espère que ce en quoi je croyais en ce moment, cela ne se briserait pas en cours de route.
Si tu m'entends, Sen, sache que même si nous sommes éloignés, que nos cieux sont opposés et nos étoiles contraires, je serais toujours avec toi...Et chaque minutes et battements de cœur nous séparant nous rapproche des retrouvailles que j'attends et de la vérité que je te dirais une fois revenu...Et toi auprès de moi.
"Bientôt", soufflais-je dans la semi-pénombre. Attends-moi, j'arrive bientôt.
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Lun 16 Mai - 15:53
