Il transpirait. Dans les profondeurs de la grotte, seul le bruit presque insonore des gouttes créées par l'humidité, et s'écrasant au sol résonnait dans les airs. Les pierres grises étaient devenues extrêmement sombres sous le manque conséquent de lumière, et seule l'unique flamme présente dans la galerie venait illuminer le côté droit de la face blafarde de l'homme. Parfois, dans le silence de mort qui régnait, un soupir de fatigue parvenait aux oreilles de chacun, et l'homme reprenait sa dure tâche. Il frappait la pierre, la taillait, la creusait, la minait, sans jamais renoncer, sans jamais se démonter, et en persécutant encore. Ses mains étaient devenues moites, et le bois de sa pioche glissait d'entre ses doigts, mais, à chaque fois, il reprenait sa prise, et son occupation. Sans savoir où la pointe de son outil se fracassait ,sans fin, il s'obstinait, dans le seul et unique espoir d'apercevoir une douce lueur bleue océan flotter dans le milieu d'une pierre grise.
Ses yeux saphirs, habitués à la pénombre, parvenaient parfaitement à discerner les couleurs différentes, présentes à chaque endroit. Ses cheveux bruns, à cause de la sueur s'échappant des pores de sa peau, se collaient à son front et à ses tempes, dans lesquelles battait son sang, comme cherchant à éclater les veines qui le contenait pour se répandre sur sa chair, glisser sur ses habits pour, finalement, former une énorme flaque vermeille au sol.
Il ne flanchait pas, malgré ses muscles qui le tiraient, et la crampe qui s'accrochait à ses mollets, en s'amusant à le faire souffrir. Pourtant, les paroles de son ami résonnaient encore dans son cerveau, et c'était ce qui le faisait tenir bon, ce qui lui permettait d'avancer, sans même regarder en arrière, pour être sûr qu'aucun individu malsain ne tente de lui planter une épée dans le flanc.
«Unster, je compte sur toi pour trouver du diamant par là!»
La voix fluette de Newtiteuf avait eut un effet des plus immédiats chez le jeune brun, et, dans une pression lourde, ses épaules s'étaient comme affaissées sous la volonté de son ami. Il avait donc, avec le peu de fer qu'il possédait, construit une pioche, et avait, machinalement, débuté une longue épreuve torride, et difficile. Sous les multiples efforts dont il faisait preuve, il ne pouvait que se répéter que c'était pour ses amis qu'il faisait cela, pour ses coéquipiers, les gens en qui il se devait d'avoir confiance, malgré le fait qu'un traître se cacherait bientôt dans leurs rangs, et que, dans un simple geste d'inattention, il pourrait parfaitement sentir une faux lui découper la tête, avant qu'un long manteau noir ne vienne recueillir son cadavre, offrant une magnifique vue sur le blanc du crâne de celle que l'on nommait la faucheuse.
S'il avait peur? Oui. Atrocement. Si il était lui-même une taupe, il n'aurait pas les réflexes de survie habituels, et serait donc totalement déboussolé. Le simple fait de s'imaginer dans la peau d'une personne tuant ses alliés lui tiraillait le ventre, et semblait prendre un malin plaisir à le tourmenter, mais, malgré cela, il s'accrochait, car il ne pouvait pas abandonner. S'il lâchait maintenant, qu'adviendrait-il des autres? Aussi, il était vrai qu'il n'osait non plus s'imaginer une personne qui lui était chère en tant qu'ennemi, car elle prenait trop de place dans son cœur.
Frigiel, le mignon petit châtain, une âme presque pure s'il n'avait pas autant de pensée négatives, et s'il n'avait pas décidé de tuer chaque membre d'une autre équipe se dressant sur son chemin, il ne pourrait pas le tuer. Si jamais il s'approchait de ce jeune homme, ayant compris qu'il était à présent un adversaire, il ne sentirait pas la force nécessaire déferler en lui pour empaler le corps du châtain sur sa lame, et voir ainsi son corps inerte tomber au sol, dans un fracas inaudible, et voir un liquide rouge asperger ses propres chaussures. Non, impossible.
Daweed, le guerrier de l'équipe, celui qui semblait le plus sûr de lui, étant presque le plus mature, celui sur qui reposait le statut de leader, la tête, le cerveau. S'il s'agissait de la personne à abattre, il ne pourrait pas trouver le courage de s'emparer d'une pioche, et fracasser sa pointe contre le crâne de cet homme si fort, avant de voir le teint de ce dernier devenir livide, son regard lui glacer le sang, et lui sonder l'âme, comme lui hurlant à la figure son grade de meurtrier, tandis que la moelle de l'os ressortait de son entre, afin de lui offrir des nausées désagréables et putrides, pour qu'il ne régurgite pas le repas absorbé il y avait peu.
Newtiteuf, le jeune et frêle garçon. Oui, garçon car il n'était pas un homme. Encore trop faible pour être traité comme tel, trop chétif, et trop naïf. Il était vrai que, malgré tout cela, il savait se défendre plus ou moins bien, mais, jamais il ne pourrait lever la main sur cette peau blanche, sous ces yeux bordeaux terrifiés, tenant dans ses mains une lame tranchante, la tendant dans un mouvement vif vers cette chair, prêt à la découper en des dizaines de morceaux. Il n'avait pas envie de briser les moments où il le prenait dans ses bras, lui souriant gaiement, en caressant ses doux cheveux, pour le rassurer, en lui embrassant le front par un meurtre de sang froid, de peur, d'égoïsme. Oui, NT était comme un petit frère pour lui, celui dont il voulait protéger la pureté, et la garder enfouie sous ces yeux encore flous de toute violence.
Une autre goutte effleura le sol, et explosa en des milliers de particules contre le gris de la pierre. En la voyant tracer son chemin vers le parterre, Unster ne put s'empêcher de s'imaginer à la place de cette simple partie d'eau, qui s'écoulait, et qui se brisait. La transparence à l'aspect bleu prenait une teinte marron, touffue, et deux points bleus, alors que, dans la rondeur parfaites de l'objet si frêle, le rouge sang prenait place, accompagné d'un noir, aussi poussiéreux que le charbon, et d'un jaune, brillant comme de l'or. Lorsqu'elle explosa, les membres de ce qui lui était apparu comme un être humain se séparèrent, et vinrent rouler sur cette surface plane, avant de s'évaporer comme elle était venue.
Dans une peur bleue, il recula, ses pieds cherchant à l'aveugle une seule issue pour fuir ce spectacle, pour ne pas laisser son âme voir ce que le destin ne réservait pas qu'à lui, mais à tous ses amis, à toutes ces personnes innocentes, n'ayant rien réclamé. Lorsqu'il vit dans cette vision affreuse son corps se démembrer, il y voyait une perte de raison, une fissure dans son cerveau, une trahison. Une taupe.
Était-ce vraiment ce que l'on voulait faire de lui? Un meurtrier? Un être sans cœur, dont seul le sang guidait ses actes? Ce liquide rouge, qui battait contre les parois des veines bleues, qu'une seule égratignure laissait couler un filet, et qu'une plaie béante, laissait un fleuve s'échapper.
Si le destin décidait, finalement, qu'il serait celui qui aurait dans le devoir d'assassiner les autres, il boirait le sang avec avidité. Dans ses yeux, brillerait la flamme de l'envie, il tirerait la langue, dans l'attente que ce liquide chaud ne s'introduise dans sa gorge, pour laisser la simple saveur de métal sucré dans cette dernière, tout en sentant un rideau glisser sur son front, sur la pâleur nouvelle que son visage laisserait apparaître, et il se caressera la peau en souriant.
Oui, il boirait son propre sang, sans même oser s'approcher des autres, sans même leur tendre une main, tremblante, comme un appel au secours muet, qu'aucune parole ne venait briser, tellement la terreur de la violence des autres le tétaniserait.
Il serait rapide, il se le promettait, et il se planterait la pointe de cette lame, aussi furtivement que possible, aussi rapidement qu'un guépard, en se transperçant l'estomac, dans un bain total, et la délivrance de la mort se jettera sur lui, comme pour le cueillir dans la finesse de ses membres, et pour l'étouffer dans cette cage qu'étaient ses bras osseux.
Mais, pour l'instant, il n'avait comme seul droit que de laisser le bout de sa pioche creuser dans les tréfonds de la terre, recherchant dans cette dernière un seul minerai. Et il le trouverait, avant que son destin ne se dessine que trop brutalement devant ses pupilles.
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NIOUK.
Alors j'avais dit dans le prologue que je posterais la suite de cette fiction une fois que tout serait fini mais... J'ai encore changé d'avis! xD
Du coup, vous aurez un PDV par partie, et normalement la prochaine partie ne devrait pas trop tarder, il faut juste que je l'améliore! Voilà, donc je posterais un peu quand j'en ai envie, mais j'espère que cela vous plaira! N'hésitez pas à me donner vos avis et à cliquer sur le petit "+" en haut à droite si ça vous a plu!
Dabisous~