Le Lutin du Père Noël.
Je marche dans les plaines enneigées. Chaque arbres, lacs, pierres, bout de nature est si magnifique. Milles et uns flocons tombent du ciel, tourbillonnant. Mon souffle chaud traverse mon écharpe cramoisie dans laquelle je suis emmitouflé créant une fumée amusante à regarder. Je m'en vais rejoindre cet endroit où je vais depuis maintenant une semaine.
J'arrive enfin non loin de l'entrée d'une forêt et m'assoie sur un vieux tronc de sapin que j'ai installé. Je souffle sur mes doigts gelés non protégés par mes mitaines avant de sortir mon matériel de dessin.
J'observe, un sourire béat sur les lèvres un troupeau de rennes sauvages. À force de me voir là, immobile dans le froid dont ils ne souffrent pas, ils se sont habitués à ma présence et s'approche maintenant sans crainte. Je peux donc les dessiner facilement. J'observe leur traits si beaux, les détails de leurs pelage que je peux retranscrire.
Les minutes, ou heures, je ne compte pas, s'écoulent. Ces animaux si majestueux m'entourent complètement. Ils n'ont décidément plus peur de moi.
Tout est calme et paisible. Rien ne m'arrête dans mon art et ma contemplation.
Jusqu'à un moment. Les rennes commencent à réagir de manière étrange. Ils me poussent du bout de leur museau et me font des signes. J'ai l'impression qu'ils veulent que je les suive. Je crois rêver. Il s'agit d'animaux sauvages et pourtant ils tentent de communiquer avec moi.
Incertain, je me lève et les suis. C'est qu'ils me guident vraiment je ne sais où.
Le troupeau et moi nous enfonçons dans les bois, de plus en plus. Certains m'attendent devant me trouvant trop lent alors que d'autre me poussent gentiment.
En file indienne, ils se mettent à passer au travers de branche de sapin faisant tomber la neige se trouvant dessus. Je les suis mettant mes bras devant jusqu'à ce qu'une lumière blanche m'éblouisse.
Je suis complètement abasourdi. Où suis-je donc ? Et comment est-ce possible ?
Les animaux m'ont mené dans un lieu onirique. Un bâtiment géant se trouve en face de moi. Je connais la forêt comme ma poche et il n'y a aucun être humain qui y vit ! J'en suis certain et pourtant...
Mais les rennes ne me laissent pas réfléchir plus longtemps car ils continuent à tenter de me faire avancer. Ils me dirigent vers un petit chalet que je n'avais pas remarqué tant le bâtiment géant attirait mon attention.
Le chalet est en bois et semble si chaleureux malgré la neige recouvrant le toit. Des rideaux m'empêchent de voir l'intérieur mais une lumière s'en dégage. C'est habité. Un tremblement incontrôlable prend tout mon corps. L'adrénaline tombée, mon corps ressent finalement la marche dans ce froid mordant et cette neige humide.
Je frappe à la porte voulant m'y abriter.
Alors un homme grand, très enrobé, barbu et très souriant m'ouvre. Je n'en crois pas vraiment mes yeux. Pourrait-il s'agir du... Père Noël ?
Ne voyant pas de réaction de ma part, il m'invite à rentrer en m'appelant par mon prénom comme s'il me connaissait et savait que j'allais venir.
Je rentre dans ce qui semble être le salon. La chaleur de la grande cheminée décorée pour les fêtes m'apaise d'ores et déjà. La pièce, bien qu'assez sombre et richement décorée respire une certaine plénitude et simplicité. L'homme m'invite à m’asseoir et part dans une autre pièce à coté. S'agissant certainement de la cuisine, il en ressort avec des cookies et une grosse tasse de chocolat chaud garnie d'un marshmallow et de chantilly. J'en avale une gorgé en le remerciant. La boisson chaude est délicieuse et me réchauffe.
-Qui êtes-vous ? Demandé-je à mon hôte.
-Saint-Nicolas ou Père Noël. Ne le sais-tu pas, mon enfant ? Répondit-il.
-Mais c'est impossible, vous... Enfin, le Père Noël ,n'existe pas !
L'homme soupire en caressant sa longue barbe blanche et marmonne qu'il ne comprenait pas pourquoi les adultes ne croyaient pas en lui alors qu'enfant, ils le connaissaient.
Quelqu'un d'assez jeune, déguisé en ce qui semble être un lutin en vue de ses oreilles pointue et de sa tenue verte et rouge bordée de fil d'or, pénètre le chalet l'air affolé en appelant l'homme « Père Noël » mais s'arrête net lorsqu'il me voit.
-Oh, notre invitée est là ! Salutation mademoiselle, fait-il en se courbant respectueusement.
-C'est monsieur voyons ! Pars donc devant, je te rejoint, répond le Père Noël en se levant et faisant des petits gestes amicaux pour chasser le lutin.
Maintenant, je ne peux plus douter qu'il s'agisse vraiment du vrai.
-Mais n'est-ce pas grave ? Il m'avait l'air affolé, dis-je en voyant que le barbu s'est rassit en me regardant, l'air très patient.
Il m'avoue alors en rigolant légèrement que les lutins ont tendances à paniquer pour un rien. Il m'explique qu'en cette période de l'année, ils préparent les cadeaux pour les enfants et qu'il suffit qu'un jouet est un minuscule défaut pour qu'un lutin débarque en criant.
J'en rigole avec lui. Une bonne humeur règne entre ces murs.
Voyant que ma boisson est finie, il me propose de monter à l'étage et de me changer avec les vêtements qui me plaisent. Avant que j'ai le temps de poser la moindre question, il me dit que c'est magique. Ne trouvant pas agréable de continuer à porter mes vêtements humides et froid, j’obtempère.
Une fois changé, le Père Noël me propose de le suivre ce que je fais volontiers. Nous nous dirigeons vers l'énorme bâtiment. Il m'explique qu'il s'agit de l'usine et des appartements de ces neuf cent nonante-neuf lutins. Nous rejoignons celui que j'avais vus plus tôt afin de régler son problème. En réalité, l'un des rennes, Gourmet, a mangé dix mètres de papier cadeau.
-C'est qu'il est gourmand, explique le lutin nommé Karim.
Nous rions tous ensemble.
Le Père Noël me guide à travers l'usine et m'explique tout ses secrets pour livrer autant de cadeaux à tous les enfants sages de la terre. L’ambiance de travail des lutins est très agréable. Ils travaillent toute l'année afin de ne pas avoir un boulot trop acharné, sauf en cette période où la fête approche mais ils semblent quand même très joyeux.
Je rencontre même le Père Fouettard qui est plus gentil que ne laisse prévoir son nom.
Cette journée est si magique et incroyable. Je voudrais pouvoir rester en ce lieu pour toujours. En plus, rien ne me donne envie de retourner dans le monde d'où je viens.
Mais je demande quand même au Père Noël pourquoi il m'a fait venir ici. Je ne suis pas bête et sens qu'un intérêt se cache derrière.
-Je suis embêté. Si je t'ai fait venir ici c'est en effet par intérêt. Tu es un garçon très gentil, qui a toujours été sage et tu aime beaucoup les rennes et justement, il me manque un lutin pour m'en occuper.
Je reste bouche bée. Le Père Noël venait tout juste de me proposer de devenir l'un de ses lutins. Pour m'occuper des rennes en plus. Je vis un rêve éveillé qui peux devenir réalité grâce à un mot que je m'empresse de crier sans cacher ma joie.
« Oui ! »
En ce jour, je suis donc officiellement devenus l'un des assistants du Père Noël et je fais donc complètement parti de la magie de Noël !