La musique que j'ai écouté en écrivant (entre autres)
Elle court. Ça fait longtemps. Elle ne s’arrête pas. Elle n’a pas la force. Elle n’a plus la force.
Non ! Reviens !
Chacun de ses mouvements est calculé avec précision, chaque ligne formée par son corps relève la vitesse contenue en ses gestes. Une machinerie parfaite.
Où vas-tu ?
Ces cheveux sont trempes. De la sueur ? De la pluie ? Ils paraissent noirs à la faible lumière des étoiles seules dans le ciel sombre.
Et moi ?
Le vent tourne, les herbes de la grande plaine suivent le mouvement et dansent dans les souffles froids. La forêt au loin est une ligne sombre, promesse de protection et d’obscurité silencieuse, mordante. Tueuse.
Ne me laisse pas.
Les nuages se rassemblent, forment une masse sombre qui recouvre tout, pèse sur la nature, la force à une soumission sans pitié. Tout est sur le point d’éclater, le vent a cessé, aucun bruit, aucun mouvement.
Son genou touche parterre avec un bruit sourd, un souffle de sa bouche entrouverte, une larme qui tombe du coin de son œil. Elle coule, suivant un chemin connu que par elle, laissant une trace à peine visible sur la peau qui a perdu toute sa couleur. La poussière du sol se soulève au choc avec l’eau, puis s’y mélange, comme s’il n’y avait jamais eu de différence. Une explosion silencieuse, une destruction sans son, sans impact autre qu’un esprit sans vie.
Le seul mouvement est provoqué à la fille qui court toujours, refusant la soumission aux éléments. Sa robe autrefois blanche vole en lambeaux derrière elle, sa peau couleur d’ivoire est striée de pourpre là où les branches ont essayé de la retenir. L’obscurité l’entoure de partout, ses yeux cherchent sans voir.
Ses yeux volent vers l’arrière, vers le bruit cette fois bien présent dans son dos. Il se retourne, la regarde. La peur prend possession d’elle. Il se relève, la prend, la serre contre lui dans une étreinte désespérée. Pars ! Maintenant !
Les nuages s’ouvrent tout d’un coup, un rai de lumière. La lune envoie sa douce froideur sur la terre. Son souffle s’arête, ses pas ralentissent. Elle se fige. La lumière disparaît dans une clameur intense tandis que le ciel fête sa victoire sur la fille. La pluie se met à tomber, elle est sèche, sans pitié, elle écorche la terre et celle qui est maintenant à genoux au milieu de la pleine qui semble s’étendre, repoussant la forêt sombre de plus en plus loin. Des larmes apparaissent, troublent son regard, elle est perdue dans son chagrin, n’arrive plus à se relever. Une fin là où se trouve un nouveau départ. Dans ses yeux, les souvenirs du passé deviennent réels et se jouent, encore et encore, sans terme visible.
Il sent la morsure du fer chauffé sur sa peau et une froideur s’installe dans sa nuque. Elle est partie. Les cris autour de lui paraissent loin, un bruit de fond soudainement entrecoupé d’un sifflement aigu. Un plafond clair, du bois blanc, sali par une myriade de gouttelettes carmin, ses yeux fixent, sans le voir, le ciel.
La pluie a cessé, rien ne bouge plus sur la plaine humide, mais dans l’air le changement à la lumière se prépare. Les nuages font une course effrénée dans le ciel, tentant d’échapper au jour, mais le silence dure encore, tentant d’égaliser par son vacarme muet la violence de la tempête de la nuit. Le soleil parvient à éparpiller les nuées et laisse tomber quelques rayons froids sur la terre éteinte. Le vent s’amuse à faire danser un voile blanc sur une colline d’herbes hautes sur place, ne parvenant pas à l’arracher au corps inanimé que le tissu entoure. La fille n’a pas bougé depuis qu’elle est tombée. Ses yeux sont ouverts, ils regardent les longues tiges qui se balancent devant elles. Beige, bleu, beige, bleu. Au grès des brises. Elle finit par se relever, il est temps de disparaître. Silhouette noire devant le soleil se levant couvrant tout d’or clair, elle marche, seule.
Juste un petit texte que j'ai écrit en laissant mes pensées couler.
C'est assez sombre, ce qui montre à quel point la musique que j'écoute en écrivant se reflète dans le texte...
J'espère qu'il vous aura plu!