Salut tout le monde =3
Un petit chapitre tranquillou entre deux temples !
Bonne lecture o/ !
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Chapitre 6 : Doute, maîtrise et rivalité.La nuit était tombée sur le village d'Ëarndhel, les villageois, tous chez eux, avaient eu vent de la nouvelle : les élus avaient trouvé la première pierre. Une sérénité s'était installée dès lors dans la ville. Le monde serait donc sauvé? Ils l'espéraient et leurs pensées accompagnaient les braves combattants. Ce qu'ils ne savaient pas, c'était que l'obtention de la gemme avait eu un prix... un prix assez élevé.
«
Il était une fois, dans une contrée lointaine et enneigée, une créature magique. On l'appelait Hatii. Elle était blanche comme la neige. Sa peau était dure comme la plus solide des glaces. Son souffle glacé gelait quiconque traversait sa route. Elle était la plus forte. Elle était la meilleure. Elle ne craignait personne. C'était l'orgueil incarné.
Pourtant, il fallait la chasser. Sa présence empêchait les hommes de faire pousser leur blé. La terre gelée ne pouvait être traitée. Depuis la venue de la bête, il y eu un blizzard sans fin. Nombreux étaient ceux qui voulurent la chasser. La tuer. La détruire.
Personne n'y parvenu.
Par un beau matin, un homme encapuchonné d'un vêtement noir venu à ce petit village qu'on appelait Lutie. Il se présenta à la mairie, et exprima son désir de terrasser Hatii. Les villageois acceptèrent volontiers une nouvelle aide, mais se doutèrent du résultat... la bête vaincrait.
L'homme ne fit que leur rire au nez et partit.
Il revint le soir même, un croc de glace dans les mains, qu'il s'empressa de planter dans le bureau du maire, devant toute son assemblée.
L'homme était froid. Froid comme le monstre de glace qu'il avait terrassé. Il ne réclama aucune prime en échange de son service. Aucune. Tout ce qu'il voulait, était une gemme à la couleur glace. Mais le maire refusa de la lui donner. L'homme laissa un silence s'installer dans la pièce. Il partit tout aussi rapidement qu'il fût venu.
Personne ne le revit jamais.
On ne revit plus la bête des glaces dans les jours suivants.
Et pourtant, son hurlement fendait le vent, les soirs de pleine lune et réclamait vengeance.
Un jour, Hatii reviendrait. Et se vengerait.
La bête revint. Une année après son sois-disant décès.
Elle détruisit la ville de Lutie.
L'homme en noir revenu lui aussi.
Les habitants l'implorèrent.
Il ne fit rien. Dans ses yeux se reflétaient l'horreur du massacre.
Et si seulement ils avaient accepté de lui remettre la gemme...
Lutie existerait encore de nos jours.
Moralité de l'histoire : N'aidez pas votre prochain. Il ne le rendra jamais. »
Quelle étrange histoire que voici. Superbrioche se frottait les yeux après avoir lu son livre. Les livres de ce monde recélait d'histoires bien glauques et pas toujours pleines de sens. Le guerrier l'avait pris pour passer le temps. Chose qui était faite. Brioche reposa le livre sur la bibliothèque non loin de lui. Il tourna sa tête pour voir si la situation avait évolué. Ils étaient chez Calypso. Une petite maisonnette tout près du temple de cette dernière. Il n'y avait qu'une seule pièce, d'une taille appréciable. Au fond de celle-ci, se trouvait un lit où était allongé Unsterblicher, la prêtresse était à son chevet. Elle passait une serviette mouillée sur son front. La respiration du mage était saccadée, des perles de sueurs coulaient sur ses tempes. Il avait attrapé une sacrée fièvre.
Non loin de Brioche, se trouvait une table et des chaises. Sur l'une d'elle était assit Siphano, dont la tête était soignée par les mains de Malon. Elle faisait le tour de son crâne avec un bandage et soupirait, l'air agacé.
« Arrêtez de bouger ! Vous croyez que c'est simple? »
Siphano essaya de devenir le plus raide possible. Mais il serrait les dents. La douleur était présente. Siphano échangea un regard à Superbrioche. Ce dernier n'avait que de petits pansements au niveau de la figure et des bras. Il était de loin, le moins amoché des trois en fait. Siphano regarda alors le fond de la pièce. Il y avait un drap qui les séparait de leur ami mage et de la prêtresse. Ne pas savoir ce qu'il s'y tramait le rendait malade. Il s'inquiétait.
Il repensa au combat qui avait eu lieu...si l'on pouvait appeler cela ainsi. La magicienne Sélès fût la seule à montrer ses dons. Qu'en étaient ils des deux autres? Gabrielle semblait être d'une classe totalement nouvelle. Elle n'était pas une ninja en tout cas. Son marteau lui faisait penser à une sorte de forgeron. Fay elle, était clairement une rivale pour Brioche. Une bretteuse, avec une armure différente.
Siphano les avait décrite au Roi, qui leur avait rendu visite quelques instants plus tôt. Nolduron ne lui avait pas fourni plus d'indices....
« Elles doivent forcément vous dire quelque chose, enfin ! Elles ont clairement dit que vous les aviez repoussé? »
« Je suis navré... je ne me souviens pas de telles chimères en ses terres. Mais je vais donner leur signalement à mes gardes, qui les transmettront un peu partout sur Tellüron. Peut être le Sage a-t-il plus de réponses? »
« Sa porte était fermée... »
Siphano y repensa. En arrivant en ville, la première idée qu'il avait eu, fût d'aller demander de l'aide au sage. Après tout, il s'agit du maître d'Unsterblicher. Il aurait dû lui venir en aide. Ça le faisait rager intérieurement. Au lieu de cela, personne ne leur avait ouvert. Brioche avait suggéré qu'il s'était probablement absenté, mais Siphano n'y avait pas cru...pas avec la lumière qui émanait de sa demeure. Ce fût après cet échec qu'ils s'étaient rendus chez Calypso.
Malon s'écarta du ninja, en prenant soin de ranger tous son matériel dans une sacoche en cuir. Siphano se releva et la remercia, avant de s'approcher du fond de la pièce, pour se faufiler sous le drap blanc.
« Comment va-t-il? » Questionna le ninja en se rendant aux côtés de Calypso.
« Pas mieux. Il lui faudra beaucoup de repos et de calme....je dirais même plusieurs jours de repos. Vous dites que c'est une magicienne qui lui a infligé ça? » Répondit Calypso en se tournant vers Siphano.
« Il était déjà bien amoché avant de la rencontrer... mais oui. Elle a utilisé un sort assez...impressionnant. » Siphano se massa le cou en y repensant. Le sortilège en deux mots. Et la rapidité de l'invocation... rien à voir avec un « Inferno » de leur mage. Elle était clairement de haut niveau. « Elle ne vous dit vraiment rien? Sélès? Mage de glace apparemment... »
« Je ne la connais pas. Mais je sais qu'un mage de glace utilise aussi la magie aquatique. Mais cela ne veut rien dire... un mage peut utiliser les quatre éléments principaux : l'eau, l'air, le feu et la terre. Mais il existe des éléments cachés...comme la magie noire... la magie lunaire....le poison... la nécromancie... »
Tellement de choses à apprendre en fin de compte. Brioche les rejoignit. Il était attristé par l'état de son ami lui aussi.
« On ne peut vraiment rien faire pour l'aider à guérir? Comme euh...avec des plantes par exemple? Vous n'utilisez pas les plantes? » Suggéra Brioche, les yeux pleins d'espoir.
Calypso se mit à sourire. Brioche était attendrissant. « Je lui ai déjà donné une potion de ma composition. Il faut qu'il se repose. Et vous aussi. »
« Viens Bri. » Demanda Siphano en repassant de l'autre côté du drap blanc.
Le guerrier le suivit, ne comprenant pas. « Où tu vas? On ne reste pas ici? »
« Pour faire quoi? Nous sommes inutiles. Il vaut mieux qu'on parte et qu'on repasse plus tard, quand il ira mieux, non? »
« Tu veux qu'on amène la gemme de Vie au temple, on est juste à côté? » Questionna Brioche en sortant la pierre de sa sacoche.
« Non. C'est à Unster de l'amener. Tu le sais aussi bien que moi. » Le ton qu'avait pris Siphano étonna le guerrier. Son ami ninja semblait bien embêter, mais à quel propos? La brioche tira son ami par le bras, pour qu'ils sortent de la maison de Calypso. Avant de franchir la porte, il parla à cette dernière : « Nous reviendrons plus tard ! On vous confie Unster ! »
« Comptez sur moi? » Répondit la prêtresse en les regardant partir tous deux.
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Une fois dehors, le guerrier et le ninja descendirent en ville, afin de revendre les objets qu'ils avaient trouvés dans le temple et à ses alentours. Sur la place du marché, Brioche demanda plus d'informations à Siphano, concernant son mal-être.
Ce dernier baissa le regard, s'asseyant sur le rebord de la fontaine qui ornait le centre de la place du marché d'Ëarndhel.
« … j'ai...juste l'impression de n'avoir servi à rien. Je vais être franc, Unster n'aurait pas été là, on se serait tous fait tuer. Je veux dire...mon pouvoir est très utile, mais contre des monstres stupides, ce qui n'était pas trop le cas de ce scarabée. Il m'a vu. C'est pour ça que je me suis fait éjecté. » Commença Siphano en soupirant profondément.
« Je n'ai pas été très utile non plus. Ce gros insecte avait une carapace très solide. Mes coups d'épée ne lui faisait rien du tout. Tu penses qu'on ne sert à rien? »
« A rien...je ne sais pas. Mais moi, quand je vois dans quel état mon incompétence a mis Unster... j'ai qu'une envie...c'est de m'entraîner à fond...pour être plus efficace. S'il doit tout encaisser seul à chaque donjon, il ne tiendra jamais. »
« Je suis d'accord. Et tu sais quoi? Je pense qu'on devrait trouver ceux qui nous ont choisi? » Pensa Brioche en se rappelant son choix de classe.
« Nos maîtres? On ne sait même pas où ils sont? Quoique...c'est le désert de Kakkara notre prochaine destination... je me demande si je ne peux pas la trouver là-bas? »
« Qui ne tente rien n'a rien ! Pour ma part, je vais retourner dans la forêt. Mon maître est une sorte de gros loup...peut être qu'Aypierre et ses amis pourront m'aider? »
« En gros...on doit se séparer, si j'ai bien compris? » Dit Siphano en regardant sérieusement son ami le guerrier.
Ça ne lui plaisait guère de laisser Superbrioche partir seul comme ça. Même si la forêt avait retrouvé son aspect normale et que la paix y régnait à présent. Il le couvait peut être un peu trop. Le brun aux yeux bleus ferma ses yeux en souriant. Il était grand temps de lâcher la bride et d'apprendre à se débrouiller pour en revenir plus fort. C'était ce qu'ils recherchaient tous les deux. D'un autre côté, le guerrier n'était pas chaud non plus pour laisser le ninja partir seul. De plus, si Unsterblicher se réveillait pendant leur absence, il s'inquiéterait probablement. C'était un choix difficile.
« On se sépare alors? » Demanda Brioche, comme pour sortir le ninja de sa réflexion.
« Laissons nous une journée pour nos recherches. On se retrouve à l'auberge ce soir. D'accord? » Conclu Siphano d'un hochement de tête. « Et sois très prudent, si quelque chose ne va pas, tu cours, ok? »
« Cela vaut pour vous aussi Mr. Phano. Ok? » Taquina Brioche en donnant un petit coup de coude à son camarade.
« Très bien Mr. Ioche. Faisons comme ça. » Sourit Siphano avant de se lever.
Ils partirent ainsi, ensembles au départ, et se séparèrent au niveau de la maison de l'alcoolique. Un dernier hochement de tête l'un envers l'autre, puis ils finirent par partir chacun de leur côté.
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Superbrioche marchait sur le sentier qui menait à la forêt de Firone. Il connaissait le chemin par cœur, mais son but n'était pas de retourner au Temple Sylvestre. Non. Il cherchait la tanière des Patricks.
Les bois avaient retrouvé une certaine sérénité. On entendait le chant des oiseaux. De petits animaux courraient de-ci de-là. Un peu fleur bleue sur les bords, le guerrier ne pouvait s'empêcher de sourire. Toute cette scène bucolique l'apaisait. Il ramassa une petite fleur jaune, elle lui rappela de bons souvenirs avec Siphano : leurs aventures sur les sept océans, le goût de l'aventure, la maison ignoble qu'ils avaient construit à partir de restes d'épaves... Mine de rien, il avait eu de belles aventures. Le guerrier se demanda si Unster avait eu cette chance. Il se rappela son récit à propos de la mort de son ami. C'était triste. N'en avait-il pas d'autres?
« Si on sort vivants de cette aventure, il faudrait qu'on parte en voyage tous les trois ! » La brioche parlait toute seule. Il fronça les sourcils et remonta les manches de sa tunique. « Bon, il est temps de trouver le maître ! Vas-y, BriBri. Tu peux le faire! T'es un winner ! »
« C'est quoi un « winner »? » Fit une petite voix aux pieds de la brioche en armure. Ce dernier fit un bond en arrière, surpris.
« T'es...ah oui ! Tu es le bébé ! Mais tu ne parlais pas l'autre fois? »
« On ne parle pas aux inconnus, c'est Bill qui l'a dit ! Et je ne suis pas un bébé ! »
« Non, tu n'es pas un bébé, mais tu es encore trop petit pour t'aventurer hors du pack, jeune nabot. » Fit un autre loup, bien plus imposant que les autres, de couleur orange avec des rayures noires.
« Bonjour, Fuka ! Salut Fuka ! » Tenta le petit en voulant s'enfuir, avant d'être plaqué au sol par la grosse patte de ce dernier.
« Restes-là, microbe. Tu es...Superbrioche non? » Demanda t-il à l'attention du guerrier en levant les yeux vers lui.
« Oui ! »
« Tu voulais quelque chose peut être? Où sont tes acolytes? »
« Siphano est parti au désert et Unster...ben, il dort. Je cherche un loup, moi. Heuh...gros...sur deux pattes...avec une armure bizarre...? » Demanda-t-il timidement.
« Sur deux pattes? Personne ne marche sur deux pattes ici. Je ne pense pas que tu trouves ce que tu cherches ici....enfin...tu peux chercher, mais bon... » Soupira le loup tigré.
« Je vais chercher un peu, ça ne coûte rien ! Merci quand même ! » Répondit Superbrioche en s'écartant d'eux et partant sur un sentier voisin.
« Si tu te perds, crie un bon coup, on viendra te chercher. » Sourit Fukano en pensant déjà à une opération de sauvetage de biscuit.
« Ouaih ! Pleure comme une fille ! » Ajouta le petit sous la patte.
« La-ferme toi ! On rentre ! »
Brioche émit un petit rire. Il vit Fukano repartir avec le louveteau dans sa gueule. Celui-là ne sortirait pas de la journée. Le guerrier recommença à marcher sur le sentier. Il espérait que son maitre apparaisse comme par magie devant ses yeux... pour le moment, rien ne se passa. Il continua d'avancer.
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Calypso lisait un livre, bien installée dans son fauteuil en patchwork, quand elle entendit des gémissements. Elle se leva et vint au chevet du mage qui semblait souffrir. Il rêvait probablement. Sa fièvre était tombée plus tôt. Physiquement, il semblait mieux. Mais mentalement, qui sait ce qui pouvait se tramer dans son esprit? Elle le regardait gémir, ne pouvant rien pour lui. Elle humecta un torchon et le reposa sur son front. Le garçon finit par ouvrir ses yeux bleus océan. Il semblait perdu. Il tenta de dire quelque chose, mais rien ne sortait de sa gorge.
« Ne dites rien. Vous êtes chez moi. Vous vous rappelez ce qui s'est passé? Répondez par un hochement de tête. » Demanda calmement la prêtresse en lui souriant. Le mage hocha lentement la tête. Il se rappelait vaguement. L'autre magicienne lui en avait fait voir de toutes les couleurs.
« Vos amis sont partis ce matin, ils reviendront tout à l'heure. » Continua-t-elle avec le sourire. Unster sembla surpris. Ils étaient partis sans lui? Il soupira longuement, avant de rabattre la couverture sur sa tête.
Calypso le laissa tranquille, vu qu'il ne voulait pas parler. Elle retourna à sa lecture. Le mage réfléchissait. Il se sentait encore trop faible pour se lever ou bouger quoi que ce soit. Allait-il subir ça à chaque fin de temple? Il se rappela les dernières paroles de la magicienne des glaces : « Si tu n'es pas trop idiot, tu nous la remettra. » La gemme de la vie. Elle était posée non loin, sur la table de chevet. La lueur verte émanait de la sacoche en soie. Unster poussa un grognement. Repenser à cette connasse de première catégorie l'énervait. Calypso le regardait de temps en temps, pour s'assurer qu'il n'avait pas mal...et replongea directement dans son livre.
« C'est déloyal ! » Les mots de Siphano n'avaient jamais été aussi juste. Déloyale, elle l'avait été totalement. Il n'espérait qu'une chose, retrouver vite ses forces et prendre sa revanche. Pour qui elle se prenait? Madame se crut la plus forte sous prétexte qu'elle avait des niveaux de plus. Le feu fait fondre la glace. Avec de l'entrainement, il gagnerait la prochaine fois. Ou pas. Et si elle le battait encore, même avec son Dahäl au maximum? Même avec toutes ses forces? Il n'osa pas y penser. Un frisson lui parcourut l'échine.
Que dire des deux autres qui accompagnaient Sélès? Il n'avait pas eu le temps de les analyser à vrai dire. L'une était guerrière, comme Brioche. L'autre...avec des potions... sûrement une alchimiste ! En y réfléchissant, c'était une équipe bien composée. Un tank. Un mage. Un soutien. Eux... un mage, un guerrier et une classe pas classable. Unster se mit à rire tout seul en pensant à la nullité de Siphano. En vrai, son pouvoir d'invisibilité ne servait qu'à l'enquiquiner lui au réveil, le matin. Il se moquait mais n'en pensait pas un mot. Il eût tellement peur de le perdre face à l'insecte géant.
Le mage s'endormit lentement. Réfléchir était épuisant. Les bras de Morphée l'emportèrent.
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Le soleil brûlait la surface de la terre. Le désert de Kakkara s'étendait devant le ninja habillé de bleu. Une tenue idéale pour se camoufler dans cette environnement hostile, bien entendu. Au moins, la totalité de son corps était protégé contre les rayons dévastateurs de l'étoile brûlante. Il faisait horriblement chaud. Tout n'était que sable et rocher dans cette contrée. Par moment, on croisait un ou deux palmiers, ou un cactus, seules entités vivantes du coin. Ou presque. Il parla trop vite. Des squelettes se trouvaient là. Ils étaient vêtus d'un pagne déchiré, qui tombait en lambeaux. Ils étaient armés d'une épée qui brillait d'une couleur mauve. En gros : trop puissants pour lui. Siphano choisit d'utiliser son sort d'invisibilité et de vitesse pour les contourner et continuer ses recherches.
Il passa tout près de ce qui semblait être un brin de mer. Un galion échoué se trouvait au loin, sur un banc de sable. Le vent agitait ses voiles déchirées. Siphano ne s'y attarda pas pour autant, il y retournait avec ses compagnons. De plus, nager dans ces eaux infestées de monstres ne le tentait absolument pas. Sa route le mena tout droit à un village du désert. Il y avait quatre huttes en bois, encerclant un petit point d'eau. Des palmiers étaient là pour assurer l'ombre et la fraicheur à un troupeau d'ânes. Le ninja retira son invisibilité et s'approcha de l'une des huttes. Il frappa à la porte en bois et eut une réponse très rapidement : « Nous n'aimons pas les étrangers ! Partez ! »
Ça c'était fait. Encore des gens inhospitaliers à qui il fallait montrer patte blanche pour se faire accepter. Ne se décourageant pas pour autant, le jeune brun décida d'essayer une autre hutte. Cette dernière semblait habitée. Un homme âgé s'y trouvait. Il était vêtu d'une toge brune toute simple et avait la barbe et les cheveux blancs.
« Tient? Un visiteur. Ce n'est pas courant. Entrez, jeune homme ! » Dit-il à l'attention de Siphano.
« Merci. » Le ninja entra dans la demeure et se posta pile en face de l'ancêtre. « Désolé de faire irruption dans votre village ainsi... je m'appelle Siphano. Je fais partie du trio d'élus envoyés pour vous sauver. » Expliqua t-il avec du mal. Cette célébrité le mettait mal à l'aise.
« Je m'en suis douté en voyant votre accoutrement à vrai dire. Vous n'êtes clairement pas d'ici. Nous avons eu la missive de notre bon roi ce matin. Mais les gens d'ici n'ont pas eu de problèmes vis-à-vis de ce Ranégot. Nous sommes cachés et le désert est hostile, personne n'ose s'y aventurer de toute façon. Même les monstres. »
« Pourtant, j'en ai croisé en venant ici? » Répondit le ninja d'un air étonné.
« Ce ne sont pas les monstres du tyran. Il s'agit de vieux guerriers tombés au combat il y a de cela des siècles. Ils hantent le désert la nuit. Hum...peut être est-ce lié à la gemme du Courage...? »
« Justement, vous pouvez m'en dire plus à ce sujet? » Questionna le brun.
« Bien sûr. Laissez-moi me présenter. Je m'appelle Caïn. Caïn Descartes. Je suis historien. J'écris des mémoires sur l'histoire de cette contrée. Ce désert regorge de trésors historiques. Et la gemme du Courage en est un.
L'ancien peuple du désert : les Tamineko, avaient pour lieu de culte le Temple de Karkan, qui se trouve derrière cette dune là-bas. » Commença le vieillard tout en montrant du doigt la direction.
« Les jeunes Tamineko devaient entrer dans le temple et ressortir avec la gemme du Courage, pour prouver leur valeur et ainsi devenir des adultes à part entière de leur tribu. »
« Ils existent encore? » Demanda Siphano, se rappelant que celle qui l'avait choisi en tant que ninja était une des leurs.
« Je n'en ai jamais vu pour ma part. Mais rien ne prouve leur extinction. Ce sont des êtres rusés, mi-homme, mi-chat. Ils peuvent vivre ici, même juste à côté de nous, et nous ne l'aurions jamais su. Pour en revenir à la gemme du Courage, la légende dit qu'un puissant sorcier vint pour la dérober, mais périt en chemin. Le temple est une mine de pièges et de traquenards. S'y aventurer et en sortir vivant est très difficile. On raconte aussi qu'il est l'antre d'une bête assoiffée de sang... » Continua l'historien, voulant faire peur à Siphano.
« Il faudra bien qu'on y aille si on veut la récupérer. » Répondit le ninja avant de se lever pour partir vers l'entrée de la hutte. « Je pourrais repasser avec mes compagnons, plus tard? »
« Bien sûr. Les habitants du coin sont un peu ronchons... discutez avec vous aura été des plus agréables. » Salua l'ancêtre avant de retourner à l'écriture de son parchemin.
« À bientôt dans ce cas ! »
Une fois dehors, Siphano regarda la dune de sable voisine. Hors de question de s'approcher du temple sans Brioche et Unsterblicher. Il devait toujours trouver la Tamineko. Il se demanda s'il n'avait pas rêvé et si ses recherches n'étaient pas vaines. Il se demanda aussi comment s'en sortait sa brioche adorée, lui qui avait habituellement la trouille de tout et n'importe quoi. Le pauvre. Se retrouver seul en forêt. Ici au moins, la luminosité était claire. Il le plaignit.
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Superbrioche s'était arrêté à un petit cours d'eau, dans la forêt de Firone. Il remplit sa gourde pour continuer ses recherches. Il se releva, quand il entendit un bruissement dans le buisson voisin. Rapidement, il posa une main sur le manche de son épée.
« Qui est là? » Cria-t-il d'une voix menaçante. Ce fût à ce moment que sortit la tête d'un drôle d'oiseau.
« C'est quoi encore ce truc? » Se questionna la brioche en voyant la bête sortir du fourré.
C'était un oiseau géant. D'apparence, il ressemblait aux autruches et autres émeus de son époque, monté sur deux grandes pattes. Il n'avait pas de long cou. Juste une drôle de tête jaune, avec un énorme bec noir griffé de rayures rouges. Son corps était orangé sur le dessus et plutôt crème en dessous. Il n'avait que deux ridicules petites ailes qui ne lui permettaient surement pas de voler. Il portait également une selle en cuir. Il devait donc être apprivoisé. Brioche le regardait. L'oiseau le regardait. Un oiseau. Une brioche. Irp?
« Non ! Me mange pas ! Je ne suis pas comestible ! » Supplia le guerrier en repensant à ce que mangeaient certains oiseaux.
« Péco? » Répondit l'oiseau géant.
« Tu parles? »
« Péco ! Péco ! Péco ! » Piailla-t-il d'une voix très aigüe.
« Ou bien tu ne sais que dire ça...très bien. Euh...donc tu ne me manges pas...c'est cool ! » Soupira Brioche, soulagé.
« Évidemment, mon Péco-Péco ne mange pas n'importe quoi. »
La voix féminine fit sursauter Superbrioche. Il dégaina son épée en la reconnaissant, et se retourna pour la voir : la bretteuse de l'équipe de Sélès. Elle se tenait là, juste derrière lui, assise sur la grosse racine d'un chêne centenaire.
« On se calme. Si je te voulais du mal, tu serais déjà mort. Je t'observe depuis dix bonnes minutes. »
« C'est vrai? » Demanda Brioche, surpris de l'entendre.
« Tu n'es absolument pas sur tes gardes au fait. N'importe qui pourrait te sauter dessus pour te tuer, tu ne réagirais même pas. »
« La forêt n'est plus hostile... » Se contenta de dire la pauvre Brioche.
« Est-ce une raison? Il y a toujours eu des bêtes et il y en aura toujours. » Répondit Fay d'un air narquois.
« Tu es venue jusqu'ici pour te moquer? Elle est où ta copine là? »
« Les autres ne sont pas ici. Je tenais à te rencontrer seule. Notre dernière rencontre fût bien trop brève. Ainsi donc... » Commença-t-elle en se levant et en venant tourner autour de lui pour l'observer : « Tu es de la classe guerrière. Je suis moi aussi de cette classe. À quelques différences de niveaux, puisque je suis chevalier. »
« ...Je ne vois pas la différence. Uh? » Brioche eut la surprise de se retrouver avec le tranchant de l'épée adverse sous le nez. « Ok. À part le diamant. »
« Elle est enchantée. »
« Et l'enchantement ! Bon, c'est bon ! Vous vous croyez où avec votre air supérieur !? On est arrivé ici il y a trois jours ! C'est vrai, on ne connait rien de ce monde, ni de nos classes, ni des ennemis, ni des habitants et alors? On fait de notre mieux pourtant ! Pourquoi vous nous en voulez à ce point-là? On veut aider tout le monde ! » Craqua la brioche en sentant les larmes venir à ses yeux.
« Comme l'a dit Sélès...le premier temple était le plus simple de tous. Vous croyez vraiment pouvoir réussir tous les autres? Le temple de Karkan, abrite un monstre encore pire que l'insecte de Firone. Un ancien démon ressuscité, qui ne craint pas les armes banales comme la tienne. Seules les armes enchantées peuvent l'atteindre. » Expliqua calmement l'ainé.
« On en trouvera ! On ne va pas se laisser berner par votre jalousie... et la prochaine fois, on vous éclatera ! Ou je peux t'éclater ici et maintenant ! » Répondit Brioche d'un ton anormalement agressif. Fay sourit.
« Gardes donc tes forces pour le temple dans ce cas. Mais ne venez pas dire qu'on ne vous avait pas prévenu? Je pense qu'on va rapidement se revoir en tout cas. Mon Péco semble t'apprécier. »
« Quoi? » Hurla Brioche en sentant l'horrible bec de l'oiseau contre sa tête. Il le reniflait. « Arrête de te moquer de moi ! Va t'en ! »
« Et toi, arrêtes de pleurnicher et peut être que Maître Wyndum viendra t'aider. » Répondit la jeune femme en grimpant sur son destrier. Elle le regarda quelques instants en fronçant les sourcils avant d'ajouter : « Ça ne m'intéresse pas d'avoir une chochotte comme rivale. Tâche de te montrer plus digne de ton épée. À la revoyure. » Elle disparut alors de son champ de vision, son destrier venait de passer les buissons et partait loin, très loin de lui.
Chochotte? Rival? Lui? Une chochotte? Elle avait tapé dans le mille. Le jeune épéiste se frottait le bras nerveusement. Il sentait les larmes monter à ses yeux. Il n'était qu'un couard en armure. Elle venait de le lui prouver.
« Non non non, attend une seconde. » Commença Brioche comme pour se répondre à lui-même. Il commença à tourner en rond, pesant le pour et le contre. Il n'était pas bien courageux. Vrai. Mais il n'avait jamais baissé les bras. Vrai. Dans tous les cas, lorsque ses amis étaient en danger, il avait accouru pour les aider. Il avait peut être peur tout seul, mais avec ses acolytes, rien ne pouvait l'arrêter.
« C'est comme Unster et son Dahäl en fait... s'ils sont là, je n'ai pas peur. C'est parce qu'ils sont mes amis. Et que je dois les protéger. Moi je m'en fiche...si je suis seul et que je meurs...du moment que ça ne fait souffrir personne. Ça me va. » Soupira t-il soulagé. Il entendit alors une voix grave.
« Un chevalier obéit à des valeurs. Son cœur ne connait que la vertu, son épée défend les démunis, son bras protège les faibles, sa bouche méprise le mensonge et sa colère déjoue les tours du malin. Tu possèdes ces qualités, Superbrioche. Sinon, pourquoi t'aurais-je choisi comme apprentie? »
Le vent souffla violemment. Brioche ferma les yeux quelques secondes et quand il les rouvrit, il se trouva nez à nez avec le loup blanc en armure.
« Maître Wyndum? C'est vous? »
« Tu ne t'es pas laissé envahir par la colère. Ni par la déception. Au contraire, tu souhaites avancer. »
« Je veux protéger mes amis contre les monstres...mais pas qu'eux...tout le monde aussi. Tous ceux qui ont besoin d'aide méritent d'être protégés ! Pas vrai? » Se risqua Brioche. « Mais j'ai bien peur de ne pas avoir les bonnes armes. »
« Les armes. L'armure. Ce n'est pas ce qui fait de toi un chevalier. Ce qui compte plus que tout, c'est ce que tu es. Ton âme est grande. Mais devant ta détresse, je ne peux que te répondre. Si tu veux occire le démon de Karkan, il te faudra quelque chose. »
« Qu'est ce que c'est? » Demanda Brioche, curieux de le savoir.
Pour toute réponse, le loup blanc sortit une épée en fer et la planta à ses pieds. Il fit signe à Brioche de s'approcher, ce qu'il fit. Prenant le manchon à deux mains, le jeune guerrier la retira du sol. Elle semblait être une épée tout à fait banale. Ce fût à ce moment-là que Wyndum hurla sur Brioche, de sa puissante voix désincarnée. Le guerrier resta caché derrière la lame de son épée, qui prit le hurlement de plein fouet. Une fois ce dernier terminé, Brioche eut la surprise de voir que son épée avait désormais une aura bleutée.
« Voici le Hurlement de Wyndum. Son épée tranchera désormais les airs et touchera aussi les monstres immatériels tels que les spectres et les mort-vivants. Je pense que tu en feras bon usage. Pour le moment, je n'ai rien de plus à t'apprendre. Crois juste en toi et tout ira bien. »
La lumière devint aveuglante. Lorsque Brioche reprit ses esprits, il était seul. Il regarda sa nouvelle épée et sourit. Avec cette arme, il se sentit plus en confiance. Il décida de l'utiliser contre un vieil arbre. Une lame d'air fendit le vent pour découper l'arbre en deux parties égales. Elle était puissante. Très puissante. Il se mit à sautiller de bonheur, avant de regarder autour de lui, nerveusement.
« Oh non...comment je suis venu ici déjà? Aaaah! Au secours ! »
On ne le changera jamais. Jamais.
*_*_*_*_*_*_*
Dans le désert de Kakkara, le jeune Siphano continuait ses recherches. Il grimpa à une dune de sable et la vue de l'autre côté fût époustouflante. Le désert s'étendait de toute sa beauté, jusqu'à la mer au fond. Il n'y avait plus de plantes. Juste des rochers par endroit. Le vent balayait les petites dunes de sable. Siphano prit le temps de s'asseoir pour admirer la vue. Le soleil caressait son visage. Mais ce ne fût pas le seul. Le jeune ninja sursauta en sentant une chose poilue le frôler à la joue. Il se tourna pour tomber nez à nez avec une créature encapuchonnée. Il ne dégaina pas ses armes, il l'avait reconnue tout de suite.
« C'est vous? Vous me suivez depuis longtemps? »
« Assez. Depuis le petit village en fait. Mais tu n'as même pas remarqué. Tu ne remarques jamais rien d'ailleurs. » Répondit l'esprit du désert, en faisant sautiller la bourse de Siphano dans sa main gauche.
« Rendez-moi mon argent... » Soupira t-il.
« Fallait pas te laisser faire aussi. T'es trop coincé comme gars ! Faut te détendre ! C'est d'ailleurs ce qui t'a fais faux bond dans le temple Sylvestre, je n'ai pas raison? » Continua le félidé encapuchonné.
« Peut-être? Il m'a vu oui...mon invisibilité ne marche pas sur les boss on dirait... »
« Elle marcheraitsi tu étais moins stressé. Tu te laisses envahir par le doute, par tes sentiments...par ta rancœur...il y a de l'amertume dans ta voix... les monstres sentent tes sentiments et peuvent donc te voir. C'est aussi simple que ça. » Expliqua la Tamineko en lui envoyant sa bourse.
Siphano rancunier? Il baissa les yeux. Quand il était en colère, le ninja avait bien du mal à se calmer. Cela brouillait son esprit. Il ne concentrait pas assez. Il se perdait en lui-même. Il avait peur. Et cette peur bloquait toutes ses capacités.
« Tu as perdu quelqu'un de proche, n'est-ce pas? Et depuis tu doutes de toi. »
« Je ne l'ai pas perdu. Il s'est cassé. » Grogna le ninja en esquivant le regard du félidé.
« Et tu te sens coupable? Tu penses que tu n'étais pas assez bien...et qu'il est parti à cause de cela? »
« Me sentir coupable? Hahaha ! Non mais ! C'est lui qui a choisi de se barrer avec d'autres ! Je n'ai aucun regret sur son départ ! Ça fera un abruti de moins sur cette planète ! Enfin l'autre planète...ma planète... »
« Tu n'as jamais cherché à comprendre quelle était la véritable raison de son départ. N'est-ce pas? » Demanda le félidé d'un air très sérieux.
« Je m'en fiche. »
« Je ne crois pas. Ton cœur s'est meurtri ce jour-là. Et la cicatrisation n'est toujours pas faite. Tu t'es senti abandonné, délaissé comme une vieille chaussette. Tu es parti ensuite. Tu as voyagé. Tu as fait de nouvelles rencontres. Tu as oublié. C'est une bonne chose. Mais quand les choses vont mal, tes souvenirs reviennent te hanter. »
Siphano sentit une pression dans sa poitrine. C'était son meilleur ami. Ils étaient toujours fourrés ensemble. Il l'avait accompagné dans toutes ses aventures, plus ou moins folles. Mais par une belle matinée d'hiver, il partit. Il partit sans donner un seul prétexte. Ou était-ce parce qu'il n'avait pas eu le temps d'en donner? Siphano s'était emporté. Il l'avait traité de tous les noms, lui avait claqué la porte au nez le jour de son départ. S'en étaient suivis de longues heures de souffrance et de chagrin. Le ninja n'était plus sorti de chez lui. Il ne le revit jamais. Il n'était jamais revenu. Pas un coup de fil. Pas une seule lettre. Il a fini par oublier. Par l'oublier.
« Il est mort, n'est-ce pas? » Soupira Siphano, réalisant qu'il avait été trop dur avec cette personne.
« En effet. Pour quelle raison, je l'ignore. Mais tu ne dois pas t'arrêter à cela. Essayes de lui pardonner. Essayes de te pardonner. Ne fais qu'un avec ton environnement et tu verras... plus personne ne saura que tu es là. Des amis, on en a tous perdu. Je suis moi-même la dernière représentante de mon peuple. Je comprends ta détresse. »
« Il faut tourner la page et ne plus y penser... »
« Exactement. Tu as de nouveaux amis formidables. Et peut-être que tu les perdras eux-aussi un jour. Mais ce jour-là, il ne faudra pas t'arrêter. Le monde continue de tourner. Tu comprends? Tu ne dois pas te laisser freiner par tes sentiments. Bons ou mauvais. Ce qui fait un ninja, c'est le vide qui l'entoure et qui le submerge. Ainsi, plus personne ne pourra te voir. Ni les monstres, ni les sbires de Ranégot, ni tes amis. »
En y repensant, Siphano se souvint de la farce qu'il avait fait à Unster la veille. Il était si bien. Il était apaisé. Unster ne l'avait pas vu. Et pendant le combat contre Cédron, le doute l'avait envahi. La peur de perdre le mage et le guerrier l'avait submergé. Et son camouflage s'était alors évaporé. C'était aussi simple que cela. Le ninja ferma les yeux et prit une grande inspiration. Il se concentrait et devenu invisible aux yeux de Meethylm. La minette se contenta de sourire, avant de taper sur quelque chose dans le vide.
« Aie. » Fit le ninja en redevenant visible.
« C'est mieux. Mais d'ici que tu arrives à me voler mes affaires... on y est pas encore, tu vois. Allez... lève la tête et retourne au village ! Récupère tes copains et aller récupérer la gemme du Courage ! » Dit elle en le poussant pour l'encourager.
« D'accord, d'accord j'y vais ! On se reverra !? »
« Plus tôt que tu ne le crois, mon mignon ! » Conclu-t-elle d'un clin d'œil, avant de disparaître de sa vue.
Le ninja était seul. Il regardait le soleil qui commençait à décliner à l'horizon et s'assit pour l'observer. Dans le sable, il dessina un étrange symbole. Une sorte de croix avec des branches. Il sourit en repensant à celui qu'il avait perdu. Il finit par se relever et partir. Il devait à présent retourner à Eärndhel.
*_*_*_*_*_*_*
Quelqu'un frappa à la porte de la prêtresse. Cette dernière leva les yeux de sa lecture et se tourna vers le mage qui était assit sur le lit, à feuilleter son livre de sorts. Il se sentait mieux apparemment. Il était capable de s'asseoir, de parler et de lire.
« C'est la garde royale ! Le Roi voudrait vous voir, dame Calypso. » Fit la voix derrière la porte.
« Très bien. » Elle se leva et posa son livre, avant de s'approcher du jeune magicien. « Je reviens très bientôt, n'ouvrez à personne surtout ! Et interdiction de se lever ! Compris? »
Le magicien lui fit un grand sourire, en hochant la tête. La prêtresse partit donc l'esprit tranquille.
Une fois seul, Unster passa ses bras derrière sa tête, se rallongeant contre le dossier du lit, pour observer le plafond. Il avait fait un étrange rêve. Le sage était venu lui parler. Il se rappela leur conversation... Le sort qu'il avait utilisé pour terrasser le grand coléoptère s'appelait « Inferno III ». Rien que cela. Mais en forçant le sortilège, il avait non seulement épuisé son Dahäl, mais aussi son esprit. Pourtant il avait réussi à l'invoquer. Pourquoi?
« Ton esprit est très puissant. Néanmoins... si tu sautes les étapes, tu risques de perdre ton identité. »
« Comment cela? »
« S'il y a des sorts plus puissants en magie, c'est pour forcer l'apprentissage. Un mage qui maitrise un sort de niveau supérieur est un mage perdu. Son âme a été consumée par la magie. Il deviendra alors mauvais, cruel et instable.. »
« Mais je n'ai rien ressenti de tel...j'avais...je voulais juste les sauver. »
« Tes amis ont clairement sauvé ton esprit. S'ils n'avaient pas été la raison de cette invocation... si tu l'avais fait pour toi-même... à l'heure qu'il est... tu serais au mieux mort, au pire maléfique. »
« Oh... »
« Tu sembles déçu? »
« Je... J'ai juste peur de ne pas y arriver. Je ne veux pas les voir mourir. »
« Et c'est ce qui te fait douter de toi? Ton sort te semble si incertain? »
« Ne croyez pas que je sois déçu par ce qui m'est arrivé... On a eu de belles aventures et on en a tiré de très belles leçons. Mais je me pose quand même beaucoup de questions...quelle est ma vraie destinée? Quel rôle dois-je jouer? J'ai des pouvoirs, mais je me demande à quoi ils servent? Si je ne peux pas les utiliser pour protéger ceux que j'aime. Je voudrais me sentir utile...plus utile que ça... » Expliqua le mage en fermant ses yeux.
« Ton destin est incertain et c'est difficile à vivre? Je veux que tu saches que chacun de tes choix te montrera la route à suivre. La patience est un trésor. Un jour tu trouveras le moment de prendre ton essor. Tu es tenace et tu es doué. Tu finiras par trouver ta voie. Sois juste patient. Tu trouveras ta place, un de ces jours. En attendant, restes toi-même. »Rester soi-même. Merveilleuse idée. Il sourit. Il allait trop vite en besogne. Dès ce moment, il jurait d'apprendre les sortilèges un par un, niveau par niveau. Il avait trouvé un nouveau livre dans sa sacoche. Ce fût Siphano qui l'avait mis là. Un sortilège s'appelant « Fire Ball », ou « Boule de Feu ». Il invoquait une grosse boule de feu à envoyer sur ses ennemis...ou ses amis. Oui. Ce serait une bonne idée de revanche sur le ninja. A méditer.
Le mage ressentit alors un froid ambiant. La fenêtre était pourtant fermée. Ce fût à ce moment qu'il la vit.
« Toi. » Commença-t-il d'un ton calme et serein en voyant la magicienne de glace qui se tenait pile en face de lui, au bout du lit.
« Qu'est-ce que t'es mignon quand tu réfléchis, tu n'as même pas remarqué que j'étais entré en douce. » Sourit-elle à son attention.
« T'es venu pour me remettre à ma place? C'est bien de ton niveau tient, botter le cul des gens alors qu'ils ne peuvent pas se défendre. Je croyais les magiciens plus loyales que ça. » Sourit-il à son tour.
« Peut-être. Peut-être pas. Ça dépend si tu me donnes la gemme de la Vie. »
« Tu rêves. D plus je ne l'ai pas. Les autres l'ont emporté avec eux. Tu croyais quoi? Qu'ils la laisseraient? Et tant que j'y suis, j'ai un petit message pour toi... » Le mage venait de créer une mini boule de feu, aussi grande que son pouce et il l'envoya directement sur le visage de la magicienne, lui donnant un joli teint noir.
« C'est d'une gaminerie....t'as vu ce que tu as fait??? » S'énerva Sélès.
« Et quoi? Tu vas me changer en glaçon? Ah non, tu ne peux pas. La maison est protégée contre ta magie...grâce à des talismans. Dommage. Qu'est ce que tu dis de ça? Tu fais moins la maligne sans pouvoir? Heureusement pour toi, j'ai décidé d'être gentil et de ne pas user des miens. Je pourrais tu sais? Je suis rechargé en grande partie. Mais moi, j'ai un sens de l'honneur. Alors je te botterais le cul une autre fois...maintenant tu devrais partir...j'entends des gens. »
« Grrrr. Tu te crois le meilleur? Ce que tu as fais là, c'était digne d'un apprenti mage en maternelle. On verra ce que tu feras lors d'un vrai combat. Oui, un vrai. Pas de fourberies. Juste nos sortilèges. Je vais te faire déchanter Unsterblicher. Tu sais pourquoi? Tu n'es qu'un amateur. Un pauvre magicien de pacotille qui a juste de la chance. »
« Ça me va à moi. C'est toi qui monte ta scène de jalousie. » Dit-il en haussant les épaules. Il semblait s'en ficher.
« Jalouse de toi? Hahahaha ! Même pas en rêve. »
Elle venait de sauter sur la fenêtre et le regarda. « J'ai hâte à notre prochaine rencontre dans ce cas. Puisque tu ne veux pas me donner les gemmes de gré, ce sera donc de force. » Elle disparut alors, sautant dans les feuillages en dessous. Le magicien sourit, fier de ce qu'il venait de faire. Quelle saleté celle-là. Mais il ne devait pas la sous-estimer, il le savait. Il devait juste se tenir prêt pour leur prochaine rencontre. Et il le serait. Il sortit de sous son coussin le petit sac contenant la gemme de la Vie. Quelle cruche. Elle ne l'avait même pas vu.
« Si ça se trouve... elle n'a pas si mauvais fond que ça. Hmmm. Naaah. C'est une connasse. » Rit le mage pour lui-même.
La poignée de la porte bougea alors, le tirant de ses songes. Il vit Siphano et Brioche entrer. Le guerrier était couvert de feuilles et de boue. Siphano lui...avait légèrement bronzer. Où étaient-ils allé?
« Mais qui voilà? Si ce n'est pas notre puissant et terrible magicien, le plus redouté de tous? » Taquina le ninja.
« Moque-toi. Je me vengerais. Fait gaffe, j'ai de quoi ! »
« Mais je le sais, mon petit Unsterichou? » Il vint lui frotter les cheveux amicalement.
« Le soleil t'a tapé sur le système toi. T'es clairement pas dans ton état normal... où est le ronchon d'hier? Hein? Tu l'a abandonné? Salaud ! »
« Non...disons que...j'avais oublié certaines joies de la vie. Hum, et Brioche a besoin d'un bain. »
« Je me suis perdu... je ne partirais plus jamais sans vous. Et oui, je vais prendre un bain... mais il faut retourner à l'auberge pour ça... on y va? Il peut marcher? » Questionna la brioche.
« Je ne sais pas? Unster? » Demanda Siphano à son tour.
Le concerné avait son regard tourné vers la fenêtre, où la lune commençait à apparaître. Il tourna son regard vers ses amis par la suite.
« Vous savez quoi? J'ai hâte d'être à demain. » Sourit-il en fermant les yeux.
« Pourquoi donc? » Questionna le ninja d'un air perplexe.
« Pour repartir à l'aventure et botter le cul de tous ces connards ! »
« Elle est puissante la drogue que tu prends. » Conclu Brioche, un peu effrayé.
« Je ne prends pas de drogue? Hein? Siphano ! Dit un truc ! »
« Faut que tu ailles dormir... vraiment ! » Sourit faiblement le brun.
« Encore? J'ai assez dormi...c'est pas juste... » Pleurnicha le mage en se cachant sous sa couverture.
Les deux autres se mirent à rire de bon cœur. Ils avaient hâte eux aussi de repartir à l'aventure.
*_*_*_*_*_*_*
« C'est un nouveau maquillage? Il est chouette. »
Sélès entrait dans une grotte sombre. Ses deux acolytes se trouvaient là, devant un feu de camp. Elle s'essuya la figure avec son polaire.
« Il va me le payer. On ne se moque pas de moi comme ça ! Hmf. Et vous? De votre côté, ça a donné quoi? » Questionna la magicienne.
« J'ai été titillé le biscuit. C'est un pleurnichard. Mais bon, il va peut-être devenir quelqu'un, qui sait? Ça ne sera pas marrant si non. » Expliqua Fay, tout en brossant le plumage de son oiseau.
« Gab? »
« J'ai pas trouvé l'autre. Il m'a soulé. Toujours à bouger. Alors ben, je suis rentré et j'ai fait masse potions. Voilà. De toute façon, tu veux que je teste quoi? On est même pas de la même classe. » Dit la jeune blonde en haussant les épaules.
« Tu devais trouver un moyen de le rendre visible, idiote ! Voilà pourquoi tu devais le « tester » comme tu le dis... » Grogna la magicienne.
« C'est bon, j'y travaille quand même. J'essaye une nouvelle potion à base d'encre de poulpe, on essaiera ça la prochaine fois? Arrêtes de te stresser pour rien, on les aura les gemmes. Les autres gemmes... »
« Il y en a une qu'ils n'auront jamais. C'est certain. Personne ne l'aura. Ni eux ni Ranégot. » Sourit-elle en sortant une pierre blanchâtre de sa tunique. « Et j'aurais ma revanche sur ce monde. »
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Mer 10 Juin - 20:39
