Elle se réveilla en toussant, un liquide chaud remontait sa gorge et lui brûlait l’œsophage. Elle sentait une main appuyer doucement sur son ventre alors qu’elle vomissait toute l’eau qu’elle avait ingurgitée contre son gré. La douleur était insoutenable, mais au moins elle sentait l’oxygène pénétrer à nouveau dans ses poumons endoloris. La pression de la main sur elle disparut et elle continua à vomir toute seule, toujours soutenue par la personne qui avait dû la sauver. Elle entendait son souffle irrégulier derrière elle, sans parvenir à l’identifier. L’inconnu ne parlait pas et une fois qu’elle eût fini, il l’attira à l’intérieur de ce qui devait être l’une des barques sur lesquels les participants avaient du être envoyés sur le lac. C’était donc l’un de ses amis qui l’avait sauvée ? Elle ne connaissait pas la réponse.
Elle aurait aimé parler ou ouvrir les yeux pour savoir qui était la personne qui était venue la repêcher mais elle n’en avait pas la force. Elle se contentait de se laisser faire comme une poupée de chiffon, trop faible pour faire quoi que ce soit. Elle sentit qu’on la déshabillait maladroitement et une panique soudaine s’empara de la jeune fille. Son cœur se mit à taper plus fort dans sa poitrine déjà malmenée. Si son sauveur tentait n’importe quoi sur elle, elle serait incapable de se défendre. Elle était à sa merci.
L’inconnu lui laissa ses sous-vêtement et elle fut surprise de se sentir doucement frôlée par une surface légèrement rugueuse, qui vint chasser les gouttes d’eau gelées qui perlaient sur tout son corps. Elle entendait toujours son sauveur haleter près d’elle alors qu’il la tenait fermement contre lui pour qu’elle ne s’effondre pas sur le sol. Elle sentit qu’on l’enveloppait dans une couverture sèche avant de la reposer délicatement au sol. La personne qui s’occupait d’elle laissa échapper un gémissement de douleur et elle se sentit désolée sans pour autant pouvoir y faire quelque chose. Elle resta emmaillotée durant quelques secondes, toujours incapable de se mouvoir ou d’ouvrir les yeux. Une brume légère semblait recouvrir son cerveau, l’empêchant d’avoir accès à toutes ses fonctionnalités. Au bout de quelques instants, elle sentit que l’on soulevait sa nuque avant de la reposer sur quelque chose de légèrement mou et surélevé. C’était bien plus agréable que le plancher dur et froid du bateau. L’inconnu passa ses mains sous sa nuque et en retira les cheveux encore trempés. Elle grelottait doucement. Il devait faire nuit, et malgré les précautions de celui qui s’était occupé d’elle, elle était encore transie de froid.
Elle n’entendait plus la respiration saccadée de son sauveur. Était-il parti ? Elle en doutait, mais elle était toujours engourdie et elle ne parvenait pas à réfléchir correctement. Une des seules choses qu’elle parvenait encore à ressentir était de la curiosité. Elle voulait savoir qui était son mystérieux sauveur, qui était cet intrigante personne qui avait dû sauter à l’eau pour la repêcher après avoir vu les hommes du Maître la noyer... Elle essaya de rassembler ses forces pour ouvrir ses yeux.
Elle ne vit d’abord que du flou, ses yeux encore asséchés par l’eau qui s’y était infiltrée mirent quelques secondes avant de s’habituer à être au contact de l’air ambiant. Elle papillonna des cils. L’air glacial fit rouler des larmes le long de ses joues, mais elle se força à garder les yeux ouverts. Elle pencha légèrement la tête, et comprit enfin quel était la chose qui lui servait de coussin : la jambe de son sauveur.
Son cœur rata un battement lorsqu’elle aperçut le visage de Xari, adossé contre le rebord du bateau, les yeux perdus dans les vagues. Il était lui aussi emballé dans une couverture, ses cheveux normalement bouclés et volumineux, aplatis sur ses tempes par l’eau qui en coulait. Sa chaînette dorée brillait légèrement au clair de lune. Il ne semblait pas souffrir du froid, ses mains resserrées sur sa couverture.
- X... Xari... articula Chelxie d’une voix rauque et faible.
Dans un sursaut de surprise, l’interpellé tourna lentement sa tête vers elle. Il la dévisagea quelques secondes et leurs yeux bruns se rencontrèrent. Elle n’y lut pas de dégoût, aucune colère, juste une immense lassitude. Comme s’il était fatigué de tout ce qu’il lui arrivait. Elle tenta de parler à nouveau, mais ces mots se coincèrent dans sa gorge et se perdirent dans une quinte de toux qui lui brûla la trachée. Elle sentit une main se poser doucement sur son front.
- Essaie de dormir, Chel. Il fait froid pour le moment, mais quand tu te réveilleras, le soleil sera revenu.
Elle aurait voulu le remercier ou lui dire qu’elle était désolée de ce qu’elle lui avait fait, mais sa voix ne lui répondait plus. Il passa sa main dans les cheveux de la jeune fille, chassant quelques gerbes d’eaux qui s’y accrochaient encore. Chelxie finit par fermer les yeux, mais le froid l’empêchait de s’endormir, s’engouffrant sous sa couverture et glaçant tout son corps. Elle fut prise d’un violent frisson.
La nuit allait être longue.
*****
Quelque chose venait de faire trembler son bateau. Azenet s’était réveillé, en totale panique. Il avait enfin réussi à s’endormir, bravant le froid glacial de cette nuit étoilée, et voilà qu’on essayait de faire couler son bateau...
Il n’osa pas se redresser. Il avait peur que cela empire les choses. Il laissa ses yeux glisser sur le côté du bateau qui s’était incliné. Il ne vit d’abord rien. Puis une main, pâle, fripée par l’eau dans laquelle elle avait sans doute du être plongée longtemps s’accrocha au rebord de l’embarcation. Azenet ne bougeait toujours pas, il avait peur. Il vit la main glisser le long du bateau avant de disparaître dans un léger bruit d’éclaboussure. Elle revint rapidement et quelqu’un inspira près de sa barque.
- Je.. je vous en supplie... gémit une voix faible avant que la main ne disparaisse une nouvelle fois.
Le cœur battant, Azenet se débarrassa vivement de sa couverture et se précipita au bord de son bateau. Il plongea son bras valide dans le liquide glacé et attrapa le T-shirt de la personne qui coulait près de son embarcation. Il usa de ses maigres forces pour le maintenir hors de l’eau. Aypierre prit une grande inspiration. Il paraissait exténué. Le plus jeune attendit quelques secondes que son ami reprenne des forces avant de le hisser brusquement sur le bateau, veillant à ne pas le faire chavirer. Il aurait préféré le faire avec plus de douceur, mais ses blessures et le poids d’Aypierre, plus lourd que lui, l’en empêchaient. Le brun finit allongé dans le bateau auréolé d’une flaque d’eau grandissante. Il peinait à reprendre son souffle et tremblait de froid. Ou de fatigue, Azenet n’en savait rien.
Le jeune homme s’accroupit près de son ami sans réellement savoir quoi faire. Il attendit que le plus âgé regagne peu à peu ses esprits et l’aida à se redresser. Des larmes roulaient le long de son visage exténué. Il toussa légèrement.
- Pierre... Pierre, qu’est-ce qu’il s’est passé ? demanda Azenet, inquiet et pris de pitié.
- Ils... Ils ont coulé mon bateau... Ça fait des heures... Des heures que je nage... J’en peux plus, Aze... souffla difficilement le plus âgé avant de s’effondrer dans les bras de son interlocuteur.
Le jeune homme sentit ses vêtement s’imprégner de l’eau qui trempait ceux d’Aypierre, mais il n’y fit pas attention. Il soutint son ami qui essayait de rester assis, s’agrippant à lui de toutes ses forces. Légèrement sous le choc, le plus jeune le serra doucement contre lui. Il s’efforça d’ignorer les sanglots de fatigues d’Aypierre et finit par prendre la parole.
- Pierre, est-ce que tu as faim ? l’interrogea-t-il calmement.
- Oui ! ... oui, s’il... s’il te plaît.
Le châtain l’appuya délicatement sur le rebord du bateau et il partit chercher du pain et une bouteille d’eau, qu’il fit avaler à son ami avec patience. Aypierre le remercia du regard. Azenet le fit retirer ses vêtements et il s’assit près de lui, les enveloppant tous deux sous une couverture. La tête du plus âgé ne tarda pas à basculer sur l’épaule de son compagnon et il s’endormit, exténué.
Le plus jeune laissa échapper un sourire soulagé. Au moins, il n’était plus seul...
Et Aypierre allait bien.
*****
Il luttait contre le sommeil depuis ce qu’il lui paraissait être des heures. Ses yeux se posèrent à nouveau sur le visage crispé de Chelxie. Elle grelottait toujours. La couverture qu’il avait enroulée autour d’elle ne parvenait pas à la réchauffer et depuis qu’il l’avait allongée là, elle ne cessait pas de changer de position, comme si aucune n’était assez confortable. Il n’essayait pas de la calmer, ni de la rassurer. C’était au dessus de ses forces.
Il avait vu les sbires du Maître la jeter à l’eau. L’homme qui semblait à la source de tous leurs malheurs l’avait fait près de son embarcation, probablement pour lui laisser le choix : la regarder mourir, ou la sauver. Quoiqu’elle ait fait, il n’avait pas pu se résoudre à la laisser se noyer sans rien faire. Sans trop se poser de questions, il avait sauté à l’eau pour la repêcher et l’avait hissée à bord de sa barque. Il regarda le corps de la jeune fille secoué d’un nouveau violent frisson. Lui ne sentait pas le froid, son corps brûlant de fièvre lui donnant même l’illusion qu’il avait trop chaud.
Il connaissait bien une manière d’empêcher la jeune fille d’avoir trop froid, mais il s’interdisait de le faire. Ce n’était pas réellement politiquement correct, sauf que plus la nuit avançait, plus il hésitait à le faire.
Il regarda les traits tirés de Chelxie qui luttait toujours contre l’air glacial. Il avait beau la détester pour ce qu’elle lui avait fait, il ne parvenait pas à lui en vouloir. Enfin si, il lui en voulait, mais pas au point de la voir mourir ou souffrir sous ses yeux. La voir rongée par le froid de cette manière le mettait mal à l’aise et il se sentait coupable de ne rien pouvoir faire pour elle.
- X... Xari, gémit-elle, j’ai... j’ai froid...
Des larmes s’étaient mises à rouler le long des joues rougies de la jeune fille. Son appel suppliant brisa le cœur de son sauveur. Il hésita quelques secondes et finit par dégager sa jambes sur laquelle la jeune fille avait calée sa tête. Elle ne comprit pas, dans un premier temps, son regard restait figé dans le vide, puis Xari se déplaça vers elle, une grimace de douleur affichée sur le visage dûe à son dos qu’il avait dû trop solliciter pour nager. Il s’allongea près d’elle et déroula la couverture dans laquelle elle était emmaillotée pour s’y glisser à ses côtés. Il les recouvrit de la couverture qu’il avait autour de lui avant qu’il ne la rejoigne. D’un geste sûr, il passa ses bras dans le dos de la jeune femme et l’attira contre lui pour lui faire bénéficier de toute la chaleur que dégageait son corps. Elle ne se débattit pas et leurs corps presque entièrement dévêtus se touchèrent. Xari ferma les yeux pour tenter d’oublier la situation dans laquelle il se trouvait alors que Chelxie enfouissait son visage contre le torse brûlant de son sauveur. Le contact du nez glacial de la jeune fille contre sa peau arracha un frisson à Xari, qui chuchota doucement à sa protégée ;
- Tu es glacée...
Pour toute réponse, elle se blottit un peu plus contre lui et le jeune homme resserra légèrement son étreinte. Sous l’effet de son propre corps, il sentit celui de Chelxie se réchauffer peu à peu, jusqu’à ce qu’elle réussisse enfin à s’endormir. Xari avait posé son menton sur les cheveux encore détrempés de sa protégée et avait encore les yeux grands ouverts en attendant le petit matin. Il se savait incapable de dormir en tenant la jeune femme presque nue contre lui, alors il se mit à penser.
Il songea à sa famille qui lui manquait et qu’il aurait aimé revoir. Il pensa à ses amis d’Eclypsia, qui devaient sans doute avoir du mal à tenir la barque sans ceux qui manquaient à l’appel. Il eût aussi une pensée ironique pour son vieil ami Skyyart, dont il tenait la petite amie dans les bras. Il avait plutôt une bonne excuse, mais la situation n’en était pas moins gênante, au final...
Il pria aussi pour tous ses amis qui sillonnaient probablement eux aussi le lac contre leur gré. Il espérait qu’ils allaient bien et qu’ils en sortiraient tous sains et sauf, mais il avait un mauvais pressentiment...
A chaque fois, l’un de ses amis frôlait la mort. D’abord Chap, ensuite Dfg... Tout un tas de scénarios se dessinaient dans la tête de Xari. Les deux condamnés avaient été des membres d’Eclypsia... Coïncidence ? Peut-être, peut-être pas... Il était tellement facile de faire mourir quelqu’un sur ce lac où tout semblait totalement hors de contrôle...
Chelxie gémit doucement dans son sommeil, se collant encore un peu plus contre Xari qui n’eût aucune réaction. Il la réchauffait, rien de plus. Il ne voulait pas la consoler, ni la réconforter. Il la maintenait en vie. Cela lui coûtait de la laisser souffrir seule, mais il préférait garder ses distances. Il ne savait toujours pas de quel côté elle se trouvait et, il ne l’avouerait jamais, il la craignait un peu.
Malgré tous ses efforts, la fatigue finit par le gagner et il sombra dans un sommeil calme, sans rêves, paisible...
*****
Alderiate ramait depuis qu’il s’était éveillé. La nuit avait été plutôt tranquille de son côté et il profitait de sa vigueur matinale pour parcourir le plus de distance possible, à la recherche de l’un ou l’autre de ses amis. Dans un premier temps, il ne trouva rien, rien d’autre que de l’eau, s’étendant jusqu’au pied de son petit bateau et finissant sa course dans la ligne de l’horizon. Puis, il avait aperçu une forme se dessiner au loin et avait accéléré son rythme de manœuvre. Il avait réussi à discerner deux silhouettes humaines assises sur une barque comme la sienne. Elles semblèrent le remarquer et l’une des deux lui fit de grands signes de bras, alors que l’autre ramait dans sa direction.
Un grand sourire éclaira le visage d’Alderiate lorsqu’il reconnut Chap, mais il prit une expression soupçonneuse en voyant Fukano assis à ses côtés. Leurs bateaux se rejoignirent et le châtain lui sauta dans les bras, changeant brusquement d’embarcation. Alderiate le salua affectueusement en lui demandant si tout s’était bien passé, avant que ses yeux ne dévient vers Fukano qui était resté assis, sans trop savoir quoi faire. Savait-il qu’il savait ? Le presque-chauve lança un regard interrogateur à Chap, qui lui répondit à la positive. Alderiate soupira.
- Bonjour, Fukano, j’imagine qu’il va falloir qu’on discute...
Le rouquin se mordit la lèvre avant de le regarder dans les yeux.
- C’est bien possible...
- Attendez ! De quoi vous parlez ? demanda le châtain, sans comprendre.
- Je pense... Qu’on va se laisser là, Chap, lui avoua Fukano, sans oser croiser son regard.
L’interpellé le fixa avec insistance puis tourna ses yeux vers Alderiate en quête d’une aide quelconque, mais le regard désolé de son ami ne lui était d’aucun secours.
- Les gars ! Qu’est-ce que vous me faites, là ? s’écria le châtain qui commençait à paniquer sérieusement.
- Chap... Tu sais très bien que si je reste avec toi...
- Je m’en fiche, le coupa-t-il en criant, Fuka, s’il t’arrive quoi que ce soit et que...
Il s’interrompit brusquement. Une flèche venait de le frôler avant de finir sa course dans l’eau, derrière Fukano. Alderiate fut le premier à réagir. Il poussa Chap sur le rouquin et fit volte-face pour repérer ce qui les attaquait. Une deuxième flèche fendit l’air et Fukano se jeta sur le châtain pour le faire l’éviter. Il le fit se coucher dans l’embarcation pour le mettre à l’abri.
- Alderiate, qu’est-ce que c’est ? cria-t-il.
- Je sais pas, mais on est encerclé ! Protège Chap, j’essaie de comprendre ce qu’il se passe !
Une brume épaisse avait entouré leurs deux embarcations. Sur le qui-vive, Alderiate attacha les deux barques l’une à l’autre avant de plonger dans celle où Fukano cherchait désespérément un moyen de protéger efficacement Chap, toujours allongé sur le sol. De nouvelles flèches commencèrent à pleuvoir, par rafales et ils furent obligés de se baisser. Le rouquin décida de se coucher sur son protégé de manière à le rendre pratiquement intouchable par les projectiles et Alderiate ne tarda pas à les rejoindre, plongeant sur le plancher du bois pour éviter une flèche qui allait se ficher dans son corps. Le cœur battant, ils se retrouvèrent tous les trois allongés sur le par terre de leur bateau, attendant avec angoisse que l’agression cesse.
Tout se passait relativement bien, jusqu’au moment où Fukano avait laissé échapper un petit gémissement, se raidissant au dessus de Chap. Le châtain s’était inquiété mais le rouquin n’avait rien répondu, serrant les dents, conforté dans l’idée que ce qu’il faisait était utile. Les pluies de flèches cessèrent après de longues minutes d’attentes et Alderiate fut le premier à se lever. Il remarqua la flèche qui s’était plantés dans le dos de Fukano et le souleva délicatement pour libérer Chap, posant le blessé à l’endroit où il se trouvait lui-même quelques secondes plus tôt.
La flèche ne semblait pas s’être énormément enfoncée et elle était éloignée de la colonne vertébrale ce qui rassurait le jeune homme. Il essayait de réfléchir calmement alors qu’à côté de lui, le châtain paniquait.
- Alde, tu penses qu’on devrait l’enlever ? Mais on a rien pour bander ? Et si jamais...
- Chap, le stoppa Alderiate, prend lui la main et essaie de lui parler, d’accord ? Je vais voir pour le reste...
Le châtain le dévisagea quelques secondes, affolé, puis il s’exécuta. Il préférait sans doute s’en remettre à son ami, c’était le choix le plus simple.
Alderiate réfléchissait à toute vitesse. Il pouvait retirer la flèche et bander Fukano avec son T-shirt, comme ils l’avaient fait avec Azenet, sauf que pour l’autre cas, il fallait entourer un bras de tissus, c’était autre chose qu’un buste... Mais la plaie n’avait pas l’air réellement profonde puisque la flèche n’était plantée que superficiellement... Le jeune homme aux yeux verts retira son T-shirt et le déchira en une longe bande épaisse.
- Chap, je vais avoir besoin de toi. l’appela-t-il.
Le châtain lui lança un regard interrogateur, sans lâcher la main de Fukano qui s’accrochait désespérément à la sienne.
- Je vais enlever la flèche. Il faut que tu mettes ta main libre sur la blessure le temps que je mette du bandage. C’est ok ?
Chap hocha la tête et Alderiate souleva légèrement le corps du rouquin pour faire passer sa bande son ventre.
- Prêt ? demanda-t-il à son assistant.
Il arracha la flèche d’un coup sec, et Fukano hurla. Chap appuya sa main sur la plaie ce qui arracha encore un gémissement plaintif au blessé qui avait commencé à haleter. Le châtain serra la main de son ami dans la sienne pour le rassurer mais cela sembla n’avoir malheureusement aucun effet. Alderiate entoura le corps de Fukano de sa bande et Chap put retirer sa main poisseuse de sang qu’il ne savait pas où poser.
Le jeune homme aux yeux verts laissa ses mains retomber au sol. Il avait fini. Il fit doucement glisser le T-shirt de Fukano, qu’il avait du remonter pour avec un meilleur accès, sur le pansement de fortune qu’il venait de lui faire. Chap avait plongé sa main dans l’eau pour la nettoyer, sans lâcher celle du rouquin. Sa respiration était encore rauque mais il semblait s’être légèrement tranquillisé. Alderiate fit signe à son ami de rester auprès du blessé, alors qu’il allait s’asseoir sur un banc et se mettait à ramer.
Encore un blessé... Combien de temps continueraient-ils à les épuiser, avant que l’un d’eux ne s’effondre réellement ?
*****
Trois. Il n’en manquait plus que trois. La nuit était tombée depuis quelques heures mais il continuait à veiller sur le pont pour les voir arriver. Le vent froid de la nuit lui glissait dans les cheveux et il frissonna, malgré la couverture que Jiraya lui avait donné pour qu’il ait chaud. La respiration régulière de Dfg près de lui avait quelque chose de rassurant. Leurs coudes se frôlaient alors qu’ils attendaient, les yeux fixés sur l’horizon lointain.
Jiraya avait été le premier, puis s’en était suivit un cortège de nouveaux arrivants commençant par Dfg, puis Azenet et Aypierre, arrivés plus tard dans la matinée. Aypierre était exténué et ils l’avaient envoyé se reposer directement alors que le plus jeune leur racontait leurs péripéties. Après leur repas, préparé avec les nombreux aliments qu’ils avaient trouvés dans la cuisine du bateau, ils avaient vu deux bateaux approcher, et avaient reconnus avec surprise les silhouettes de Melon, Xari et... Chelxie... Zerator ne savait pas réellement ce qui l’avait le plus choqué : voir Chelxie avec ses amis, ou la retrouver en particulier avec celui qu’elle avait dû torturer contre son gré. Ses interrogations ne l’avaient pas empêché de serrer la jeune fille en la remerciant d’avoir sauvé Dfg. Elle n’avait rien répondu, gênée par la situation.
Elle leur avait expliqué tout ce qu’elle savait sur leur bourreau, et que c’était également elle qui était intervenue pour aider Chap, et Jiraya avait souri en se tournant vers Xari. « C’était ça, que je ne pouvais pas dire », lui avait-il dit, l’air soulagé. Les deux meilleurs amis s’étaient pris l’un dans les bras de l’autre et Xari avait pardonné à Jiraya. Tout semblait se passer pour le mieux.
La journée s’était terminée dans le calme, un calme presque oppressant. Il manquait trois personnes, parmi lesquelles Chap et Fukano. Zerator ne savait que trop bien que le rouquin était sensible avec tout ce qui concernait le châtain et il espérait de tout son cœur que celui que Chelxie appelait «le Maître » n’était pas assez tordu pour les avoir fait se croiser, mais son illusion fut bien vite brisée. Il n’y avait pas plus tordu que ce type, alors pourquoi essayer de se voiler la face. Il avait dû les mettre ensemble dans le but de faire du mal à Fukano...
Et puis, il manquait Alderiate, aussi. Peut-être étaient-ils tous les trois, peut-être pas, le brun n’en savait rien. Il sentit Dfg remuer près de lui.
- Hey, Zera, regarde...
L’interpellé leva les yeux et les fixa dans la direction que Dfg lui pointait du doigt. Une lumière se dessinait au loin. En tendant l’oreille, il pouvait entendre un bruit de moteur. Un bateau à moteur ? Les deux jeunes hommes continuèrent à observer dans le silence.
La forme floue et lumineuse finit par devenir de plus en plus détaillée en se rapprochant de leur embarcation. C’était un bateau, d’une blancheur vive qui reflétait la lumière de la lune. Les phares puissants de l’embarcation étrangère les aveuglèrent un instant et Zerator mit quelques secondes à voir ce qui se trouvait sur le pont. Des hommes, armés de lances pour certains, de battes de base-ball pour d’autres et de frondes pour une dernière catégorie. Il échangea un regard angoissé avec Dfg.
- Il faut qu’on aille réveiller les autres, lui dit le grand brun, paniqué.
- Entendu. On se retrouve tous dans le salon !
Ils partirent chacun dans une direction opposée et partirent chercher l’aide de leurs amis, alors que à l’extérieur, les sbires du Maître abordaient le navire...
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Tintintintinnnnnnn !
Merci à Mlle Ness pour la correction ! <3
J'espère que vous avez aiméééééé !
Flo'