Cellona - Chapitre Deux (BY.CELLO)

Chapitre Deux

La tour
Cello
-Tu ne savais pas qu'il y avait un ascenseur ?
 Récapitulons : je suis en position fœtale, en train de crier des injures à moi-même, le visage baigné de larmes et les yeux bouffis, et évidemment c'est elle qui voit ça. Cette situation pouvait-elle plus mal tomber ? Si Nayara la rejoignait, oui. Je me relève et m'apprête à partir, lorsqu'une main m'attrape le poignet.
-Je suis désolée pour tes parents. Je ne savais pas qu'il étaient...
 Elle se mordille la lèvre. Au moins, elle est sincère.
-Je te jure que si tu parles à quiconque de la scène qui vient de se passer, je la menace froidement, je veillerai à ce que ta vie soit un enfer pour le restant de tes jours.
 Elle se met à éclater de rire et se frotte le visage.
-OK, pas de problèmes ! Mais tu sais, il n'y a pas de honte à pleurer, tu en as le droit, comme tout le monde !
 J'ignore sa remarque et fais volte-face. J'ignore pourquoi, mais je me retourne pour la regarder une dernière fois. Et là, son regard vert menthe me transperce littéralement. Elle sourit. Elle me sourit. Je lui ai mal parlé, et elle me sourit. Et moi, comme une idiote, je me retourne en rougissant.
 Je me dirige vers le train pour rentrer chez moi. J'habite à Shibuya, et le trajet n'est heureusement pas trop long. Je sors mon téléphone regarder si j'ai des messages. Et là, je constate avec stupéfaction que Nayara m'a envoyé une dizaine de messages, et que j'en ai reçu deux d'un numéro inconnu. Je me penche tout d'abord sur ceux de mon amie.
« Hé, Cello, ça va ? O.O »
« Pourquoi tu es partie ? T_T »
« Reviens cocotte !! >.< »
 Ceux-la datent de quand j'étais aux toilettes du conservatoire. J'avais laissé mon téléphone dans mon sac.
« Je t'ai fait de la peine ? »
« Inutile de le cacher, je sais quand t'es triste ma vieille ! »
« T'aurais dû me proposer de rentrer avec toi,  si ça se trouve, tu vas te faire enlever par la CIA et je te reverrai jamais !! X.X »
« Désolée si j'étais désagréable avec toi. Je m'en suis pas rendu compte. »
 Je me sens coupable tout d'un coup d'être partie comme ça. Elle se faisait du souci pour moi et, comme une idiote, je n'ai rien vu.
« Il s'est passé quelque chose avec Epo' ? Elle ne veut pas me dire ce qui s'est passé avec toi, ça m'énerve ! >< »
 Bon, il faut que je lui réponde, je ne vais pas la laisser dans le doute. La pauvre, elle se fait tellement de tracas pour moi et je ne le vois même pas. Je suis vraiment égoïste d'être partie comme ça.
« Aaaah ! Désolée Nayachou ! J'étais un peu fatiguée et du coup je suis partie sur un coup de tête, pardon mon amie T_T »
 Je reçois un message de Nayara quelques secondes plus tard.
« Ouuuuf ! Je suis rassurée ! Tu me fais plus de coup comme ça, tu m'entends !?? >< »
« Promis ! ^^ A demain !! o/ »
 Je regarde les deux messages du numéro inconnu, soulagée d'avoir pu rassurer Nayara. Je m'en serais voulue si nous étions restées dans le vague toutes les deux, comme si on s'était disputées.
« Hello Cello ! C'est Epona ! \o »
« Pour me faire pardonner, je t'invite demain pour le goûter à manger des crêpes chaudes avec Naya' et moi, et après on ira faire les boutiques sur la tour 109 de Shibuya ! C'est ton quartier, Naya' m'a tout dit ! »
 Ce serait plutôt à moi de me faire pardonner, je lui ai un peu parlé comme à un chien. Je me sens un peu obligée d'accepter pour le coup. Et puis, c'est gentil de sa part d'essayer de rattraper le coup, la plupart des gens ne l'auraient pas fait, j'ai plutôt tendance à casser l'ambiance. Le seul problème, c'était l'endroit. Il n'y avait qu'une seule tour 109 (enfin, l'autre était spécialisée dans les habits masculins) et elle était toujours bondée. Néanmoins, je ne peux pas lui dire de changer d'endroit, elle doit vouloir aller à ce lieu précis. En plus, je suis sûre que Nayara est dans le coup. Elle a dû se dire que ça me permettrait de me réadapter à la foule. Bon, si elle est là, ça devrait aller. Je me sens mieux quand je suis en sa compagnie.
« D'accord. »
« Cool ! RDV demain après les cours alors, à plus ! »

 Le train s'arrête sur le quai de mon arrêt. Je descends avec difficulté : il y a toujours beaucoup de personnes qui montent et descendent ici. Tous les jours, c'est pour moi une véritable épreuve de surmonter mon stress pour rentrer et sortir. A chaque fois, je dois respirer très lentement, prendre une grande inspiration et relâcher longuement.
 Je retrouve mon appartement. La solitude pesante m'accueille et me rappelle à chaque fois ce jour funeste. Je m'en rappelle très bien, comme des images gravées dans ma tête. Les personnes qui nous menaçaient lors du braquage étaient une dizaine. Ils nous tenaient en otage. Il y avait bien la police, dehors, mais elle ne pouvait pas intervenir sans qu'on nous tire dessus. Cela faisait une petite heure qu'on était là, entassés dans un coin, tous serrés les uns contre les autres, apeurés, avec l'angoisse constante d'être fusillés à tout instant. C'est alors qu'un des types encagoulés me pointait du doigt et déclarait que j'allais les suivre dans leur voiture, afin que la police ne les poursuive pas. Mais c'est à ce moment-là que mes parents se sont interposés pour essayer de leur arracher leurs armes. Les braqueurs leur ont donné une balle dans la tête, et le coup de feu a alerté la police qui est entrée. Les coupables se sont enfuis et évanouis dans la brume. J'avais six ans.
 Parfois, je me demande si j'irais mieux si je les savais en prison. J'en ai assez d'avoir peur dès que je rentre dans un pièce bondée. C'est une phobie que je ne souhaite à personne. C'est sûrement celle qui est la plus gênante dans la vie de tous les jours. J'aurais bien préféré être arachnophobe, mais j'aime bien les insectes et les araignées. Tous les animaux d'ailleurs.
 Mon appartement est en haut d'un immeuble immense, ce qui me permet de dominer presque tout le quartier. Parfois, j'aime à me pencher par dessus le balcon et regarder les gens, minuscules, pareils à des fourmis. Me dire que ce sont ces gens qui me font peur. Ces gens, si petits, si insignifiants.
 Il est dix-neuf heures. Je commence à avoir faim, malgré le fait que ça ne soit pas encore l'heure de dîner. Je me dirige vers le bureau de ma chambre et fais mes devoirs en mangeant des madeleines au chocolat. Au bout d'une demi heure, tout est bouclé, le français, les mathématiques, la physique. Je vais me doucher. Puis je vais manger. Puis je donne à manger à mon chat, je le caresse. Puis je vais dormir. La routine.

-Cello ! Viens, on est là ! On t'attendait.
 Naya' et Epona sont devant la salle du cours d'SVT. Elles ont l'air apparemment surexcitées. J'arrive vers elles avec un petit sourire. Nayara passe son bras par dessus mes épaules et me donne des petites tapes amicales.
-Allez, courage ! Si tu as besoin qu'on rentre, hésite pas à nous en faire part ! Et au pire, je suis avec toi, il t'arrivera rien !
 Puis elle ajouta, plus bas :
-Ne t'inquiète pas, je n'ai pas dit à Epo' pourquoi tu étais effrayée par la foule. Je lui ai juste demandé de ne pas te poser la question.
 Ça me rassure. En fait, Naya' est la seule au courant. Je ne lui ai jamais demandé de garder ça pour elle, mais elle me connaît tellement bien qu'elle ne l'a pas fait.
-Vous avez passé un bonne journée, toutes les deux ? je m'empresse de demander.
-Argh, m'en parle pas ! râle Epona. Deux heures de maths dans la même journée, ils essaient de nous achever !
 Nayara rigole, et je reste impassible.
-C'est incroyable Epona que tu aies réussi à faire venir Cello, s’enthousiasme Nayara. Franchement, je ne pensais jamais qu'elle accepterait !
-En tout cas Cello, reprend Epona, c'est chouette que tu viennes avec nous, ça nous permettra de mieux nous connaître !
-J'imagine, oui...
 Ses phrases puent l'hypocrisie...Qu'est-ce qui te dit qu'elle ne va pas en profiter pour te faire croire que vous êtes amies et t'utiliser ?!
 Je précède Nayara et Epona marchent devant moi et discutent ensemble. Elles se dirigent vers le train. A cette station, ça va, il n'y a pas trop de monde. On rentre et elles s'assoient côte à côte, tandis que je reste debout, appuyée sur une barre de fer. Le trajet est rapide, on arrive en un quart d'heure à Shibuya.
-Cello ! m'appelle Nayara. Tu restes à côté de moi, O.K. ?
 Je hoche la tête. Je suis presque gênée par toutes ces dispositions qu'elle prend pour moi. La vie serait tellement plus simple si je n'avais pas cette phobie...Comme toujours, cette station est bondée. Je me mets juste derrière Nayara et je sens que ça va aller. Naya' me donne toujours confiance.
 On sort de la gare sans difficulté, et elle me sourit :
-Tu vois, ça n'était pas si dur !
 Epona la regarde, et je n'arrive pas à savoir précisément ce qu'il y a dans son regard. Mais pour la première fois, je ressens de la tristesse en elle. Pour la première fois, je retrouve la petite fille devant le piano, jouant la Sonate au Clair de Lune. Qui es-tu, Epona River ? Oui, qui est-elle ? Tu ne sais rien d'elle. Tu ne peux pas lui faire confiance. Tu ne peux faire confiance à personne.
 Nous empruntons une route que je n'ai pas l'habitude de prendre pour nous rendre à la crêperie. Cette dernière est très mignonne. Dans un style assez ancien, elle est peinte de bleu marine et de vert olive. Les murs et la plupart du mobilier sont en bois, et les tables sont surmontées de nappes en dentelle blanche et de vases en terre cuite remplis de fleurs fraîchement coupées. Le serveur nous indique une table, et nous allons nous asseoir.
-Cello ?
-Hein ?
 Cet appel me sortit de mes pensées. Il venait de Nayara, mais c'est Epona qui reprend la parole :
-Et toi Cello, tu préfères les crêpes sucrées ou salées ?
-Sucrées, je pense. De toute manière, c'est l'heure du goûter.
-Haha ! rigole-t-elle. Tu as raison. Je me demandais. Du coup, tu es plus sucré, toi !
 Je hoche la tête, regardant une lampe suspendue au plafond, pensive.
-Comme Nayara ! Moi, je préfère le salé pourtant. Mais bon, je vais faire un effort pour cette fois... !
 Le serveur arrive et nous commandons. Nayara a pris un crêpe au crumble et à la cerise, Epona celle au Nutella, et moi celle à la crème de marrons, au caramel et au chocolat fondu, le tout surplombé de chantilly.
-Wah, Cello, s'exclama Epona, tu ne plaisantais pas quand tu disais que tu aimais le sucré !
-Je te jure, continua Nayara, cette fille est un véritable estomac sur pattes, c'est pas croyable. Le pire, c'est qu'elle est naze en sports, et elle ne prend pas un gramme ! C'est rageant !
 Pour une raison qui m'échappe, je n'arrive pas à rigoler de ces moqueries affectueuses, comme d'habitude. La veille encore, je parlais tranquillement avec Nayara sur la fontaine devant l'église. Puis lorsqu'elle s'est gentiment moqué de moi devant Epona, j'ai été très vexée. Et c'est pareil pour maintenant. C'est parce qu'elle te rabaisse. Elle fait tout pour te rabaisser afin que tu perdes confiance en toi. N'importe quoi. Nayara n'aurait aucune raison de faire une chose pareille.
-C'est pas sympa Naya' ! je rigole. T'es juste jalouse !
-OK, j'avoue...
 Puis nos crêpes arrivent, avec ce délicieux fumet de quand on hume doucement la chaleur qui s'échappe de la pâte. Pour ma part, elle s'accompagne de la douce odeur de la crème de marrons et du caramel fondant. La chantilly forme des montagnes enneigées au dessus de l'assiette, et tout est servi sous du chocolat fondu.
 J'entame ma crêpe et je ne peux m'empêcher de lâcher un « C'est trop bon ! » en rougissant de plaisir. Epona rigola doucement.
-Ah oui ? Ça me fait trop plaisir. Tu veux goûter la mienne ?
 La-dessus, elle me tend sa fourchette avec un bout de crêpe noyé dans le Nutella piqué sur les pointes. Drôle de façon de me donner de la nourriture, je pensais qu'elle me donnerait un petit bout sur le coin de son assiette.
-Ne t'inquiète pas, me rassure-t-elle, elle est trop méga bonne !
 J'approche mes lèvres du morceau qu'elle me tend et croque dedans. Je ne peux m'empêcher de pousser un petit cri :
-Elle est...Elle est super bonne ! Merci !
 Epona sourit. Elle a l'air vraiment gentille. Si...Si Nayara lui fait confiance, je devrais pouvoir lui faire confiance aussi, non ? Non.
 Je lui propose quand même un peu de crêpe, ça ne se fait pas, sinon. Mais elle n'aime pas le caramel. Vraiment ? Je vais me sentir redevable, maintenant, c'est malin. Pourquoi est-ce qu'il faut qu'elle représente le seul pourcent de la population à ne pas aimer cet ingrédient divin ?
 Nayara m'a aussi fait goûter sa crêpe. J'hésitais à choisir celle-la, mais j'ai vraiment été attirée par la taille énormissime de la mienne. Puis nous nous rendons à la tour 109. Elle est vraiment gigantesque. Le chiffre est marqué en grand sur la face du bâtiment. Je n'y étais jamais allée, je la connaissais juste de loin, comme une photo de musée. Une tour que l'on ne touche que du regard.
 Nous entrons à l'intérieur. Nayara et Epona ont l'air de connaître cet endroit par cœur. Nous prenons un escalator pour accéder aux différents étages. Mais pour moi, c'est atroce. Il y a trop de gens. De la musique passe à fond dans les hauts-parleurs. J'ai l'impression de voir le monde passer en accéléré. Je suis complètement déboussolée, comme noyée au milieu de toute cette foule.
 Epona et Nayara rentrent dans un magasin, situé au quatrième étage. Depuis les fenêtres, on peut quand même observer une sacrée vue. Il y a beau avoir encore de la musique, l'atmosphère se calme peu à peu.
 Dans la boutique, tout ne semble fait que de néons et de couleurs. J'avoue ne pas être très fan, mais Nayara et Epona s’extasient devant tous les habits. Je les envie. Elles semblent s'entendre si bien, et j'ai l'impression d'être un boulet. Je le savais, je n'aurais jamais dû venir...Nayara s'élance vers moi et me tend une robe en lin, blanche à manches courtes, avec de grosses rayures horizontales rouges.
-Alors, tu l'aimes bien ?
 Je considère la robe. Oui, elle me plaît bien. Je ne m'attendais pas à trouver ça dans ce magasin.
-Oui, elle est chouette !
-Super ! Je vais l'essayer, j'espère qu'elle me va !
 Et elle se glisse dans la cabine d'essayage. J'avais envie de lui crier : « non, ne me laisse pas toute seule ! » quand Epona arrive vers moi.
-Désolée de t'avoir poussée à venir avec nous, bredouille-t-elle. Je ne pensais pas te mettre aussi mal à l'aise...
 Je ne réponds rien. C'était un peu de ma faute, aussi. C'est moi qui avais accepté. Et puis, je me suis surestimée. Je pensais que je tiendrais beaucoup mieux le coup que ça.
-Sinon, c'est quoi ton style de vêtements ? reprend-t-elle.
-Les combis, j'imagine. Ou peut-être les robes et les jupes, je ne sais pas. J'aime un peu tout. Et toi ?
-J'adore les shorts !
 Nayara sort, rayonnante dans sa robe qui lui va à la perfection.
-Alors !? Ça me va bien ?! s'empresse-t-elle de demander.
-Nayara, tu es MA-GNI-FIQUE ! s’enthousiasme Epona.
-Et toi, Cello, tu en penses quoi ?
-Tu es très jolie, comme d'habitude quoi.
 Elle est sur son petit nuage et court acheter la robe. Trente secondes plus tard, elle a déjà son sac dans la main, le visage ravi.
-Et vous les filles, vous n'achetez rien ? demande Nayara.
-Il n'y avait rien qui me tentait, à part peut-être ta robe...je soupire.
 Epona ne répond rien, et nous sortons du magasin. Les filles parlent déjà d'en aller voir un autre. La foule est omniprésente. On peut à peine avancer, éperdues dans cette vague de gens. Quand soudain, c'est le drame. Parce que je suis perdue.
 Parce que je ne vois ni Epona, ni Nayara.

Bonjour les amis !
Hello les amis ! voici enfin le chapitre deux ! x) la suite arrive dans pas longtemps (deux-trois jours, comme vous voulez), parce que j'ai TOUT FINI D'ECRIRE OMG C'EST UNE PREMIERE sérieusement c'est la première fois que j'écris toute une fic' en moins d'un mois x) comme quoi, c'est utile d'écrire un plan avant xD on remercie Naya en tant que fournisseuse de l'image d'Epona x) j'espère que ce chapitre vous a plu, bonne fin de vacances !! <3 (ah oui, au fait, j'ai modifié deux-trois trucs au chap 1, c'est des trucs mineurs, mais je précise juste au cas où x))
-cello

BY.MANOBLACK FROM THECOMMUNAUTESADIQUE