Hello hello ! À force, on ne parlera plus de retard, mais de ponctualité... x) Un chapitre tout les trois mois, pourquoi pas :') Ce chapitre est assez particulier, car il y a un passage que j'ai détesté écrire et un autre que j'ai adoré. Détester, pas dans le sens où je n'aimais pas comment je l'ai fait, mais ce qu'il contenait. Mais c'était nécessaire malgré tout x| Bon, je vous épargne mon blabla, bonne lecture ! (l'alinéa des dialogues ne s'est pas fait au copier/coller DONC j'ai la flemme de le faire manuellement)
- SohunaSehun avançait dans les rues de Séoul désormais sombres, cela dû à l’heure tardive. Sans savoir ce qui l’avait poussé à le faire, il avait accepté l’invitation d’Aileen, sûrement par pur ennui. En sortant, il avait voulu prévenir Chanyeol qu’il s’absentait, mais ce dernier n’était pas présent, fait qu’il avait trouvée plutôt étrange. Ce n’était pas dans ses habitudes de partir sans un mot. Réajustant son écharpe de coton gris autour de son cou gelé, le lycéen accélérait le pas, trop curieux pour se permettre de traîner en chemin. Au fond, Sehun se demandait réellement ce qu'Aileen pouvait bien vouloir lui montrer. Elle n’était pas méchante, c’est vrai, mais il ne pouvait s’empêcher de se sentir mal. Comme une drôle excitation mêlée à une certaine angoisse, menant ses pensées dans un cercle vicieux de non-sens infini. Fort heureusement, le brun ne logeait pas loin de la jeune fille. Entre nous, il aurait été victime d’une soudaine maladie s’il avait dû prendre le bus ou marcher plus longtemps dans ce froid glacial. Maladie que le commun des mortels nommait “flemme”.
Enfin, Sehun frappa à la porte d’Aileen. Il entendit alors quelque chose tomber, un grand raffut, une nouvelle chute, des pas précipités, jusqu’à ce qu’une tête blonde ouvre vivement la porte. Elle lança, sa voix en plein tour de montagnes russes :
“ Ah, c’est toi ? Haha, t’es arrivé vite…
Visiblement, elle était nerveuse. Vêtue d’une robe ample et rose bonbon d’une matière qu’il n’aurait su identifier, la jeune Américaine se dandinait sur ses pieds. Sehun, quant à lui, était dans son attirail basique, sweat/jean/baskets. Le contraste était plutôt flagrant. La blonde sembla le dévisager de la tête aux pieds. Elle tiqua.
- Tss, ça va pas du tout ! Heureusement que j’ai prévu le coup. (elle lui attrapa le bras) Viens par là !
Sehun n’eut pas le temps de protester que Aileen le traînait déjà dans sa maison. Il put à peine apercevoir le salon spacieux et ses couleurs sobres qu’il arriva dans une luxueuse salle de bains, au carrelage blanc et froid. Ce blanc opprimant. Ce blanc hôpital. Son inspection des lieux fut brusquement interrompue par des vêtements lui atterrissant droit dans la figure.
- Enfile ça ! Là où on va, pas question de t’y pointer comme ça !
- Comment je dois le prendre… ? Et on va où, d’ailleurs ?
- Pose pas de questions, et habille-toi ! ”
Elle sortit de la pièce. Sehun fixa la porte un instant, pas sûr de comprendre ce qu’il lui arrivait. Une chose l’était en tout cas, c’est qu’Aileen était sur les nerfs. L’idée de protester ne lui effleura même pas l’esprit. Son regard se posa ensuite sur les habits dépliés dans ses bras. Il entreprit alors de se dévêtir et d’enfiler ceux gracieusement offerts par son hôte. Ce n’était pas comme s’il avait le choix, en réalité. Quelques minutes plus tard, il se dévisagea dans le miroir à pied très vintage de la pièce. Chemise blanche légèrement transparente (laissant apparaître ses abdos aussi plats qu’une limande) dont il avait ouvert les deux premiers boutons du haut, surmontée d’une veste de costume noire et d’un pantalon basique de la même couleur. La cravate couleur charbon était soigneusement pliée sur le coin du lavabo de marbre. Sehun n’avait aucun envie de la porter, ni de s’embêter à l’enfiler. De toute façon, il ne savait pas en mettre.
C’est à ce moment qu’Aileen frappa à la porte, lui demandant si elle pouvait rentrer, ce qu’elle fit après réponse positive. La jeune fille le dévisagea de la tête aux pieds, une nouvelle fois.
“ Mmmh… Ça devrait passer, t’es pas mal. (elle lui prit le bras et le tira) Allez, on risque d'être en retard sinon ! “
Et Sehun sortit de chez Aileen aussi rapidement qu’il y était entré.
Le jeune homme avait l’impression de faire une bêtise. Le genre de bêtises qui semblent insignifiantes au premier abord, mais qui, une fois faites, sont lourdes de conséquences. Après tout, il se retrouvait à presque vingt heures dans la rue, chiquement habillé, entraîné par une fille qu’il ne connaissait que depuis quelques semaines, et dont il avait quelques doutes sur la fiabilité. En effet, on avait déjà vu mieux comme situation. Mais Sehun ne trouvait pas la force de protester. Ou il n’en trouvait pas l’envie. Sûrement parce qu’il se sentait comme une coquille vide et qu’il tentait désespérément de la remplir avec quelques évènements impromptus. Paradoxal, pour quelqu’un qui se plaisait à rester enfermé et renfermé dans sa routine. Ou aussi parce qu’il pensait n’avoir plus rien à perdre, et que quitte à devoir mourir un jour, autant mourir en s’amusant. Parce qu’au fond, il se doutait bien de l’endroit où comptait l’emmener Aileen. Pour une personne initiée à ce monde et à cette jeunesse décadente, ça n’était pas très sorcier. Une seule question subsistait : pourquoi ?
Les doutes de Sehun se confirmèrent lorsqu’ils arrivèrent près d’un vaste bâtiment d’où s’échappait une musique, volume au maximum. À l’intérieur, des milliards de visages dansaient en rythme, verre d’alcool en main. On aurait dit une de ces soirées américaines bien clichées que l’on peut voir dans Projet X ou autre bousier du genre. En somme, le pa-ra-dis. Veuillez noter la subtile touche d’ironie. Sehun aperçut alors ce cher Chanyeol et fendit la foule jusqu’à l’atteindre.
“Channie ! Channie !
Chanyeol se tourna, verre de soda à la main.
- Ah, Sehun, t’es là !
Le plus jeune lui attrapa fermement le poignet.
- C’est quoi ce bordel ? Explique-moi !
- Du bordel ? Quel bordel ?
- Te fous pas de moi ! Déjà, tu pars sans prévenir pour aller en soirée, ce que t’aimes pas ! Ensuite, Aileen m’invite chez elle pour me fringuer en richard et me traîne ici ! Et pour couronner le tout, y’a quasiment tout les gens détestables de ta classe ! Y’a pas comme un petit problème ?
L’aîné posa une main rassurante sur l’épaule de son cadet. Ils criaient tant la musique était forte.
- Et là, du calme ! C’est bien toi, t’emporter pour un rien... C’est juste une soirée “amicale” !
Il vint à son oreille.
- Attends le signal, ça devrait te plaire. Je voulais ramener Jongwae, mais ç’aurait pas été très naturel, donc j’ai pas pu. Aileen avait pas d’inspi’, donc le signal, bah c’est “signal”. ”
Et Chanyeol partit, volant au secours de la princesse Baekhyun, courtisée par tant de chevaleresses servantes.
Et Sehun resta planté là.
Mal à l’aise, pas dans son élément, ne connaissant presque personne et n’en aimant pas les trois-quarts, c’était… embêtant. Il se fraya donc un chemin jusqu’au bar, où il s’assit sans rien commander. Il observa alors la foule dense, tentant de mettre un nom sur chaque visage. La plupart étaient les complices par le silence de Jongwae, parfois complices tout court. Il vit alors Luhan et Minseok dans un coin de la salle, buvant et parlant vivement. Sehun fut alors intrigué. De ce qu’il avait pu voir, ce n’était pas du tout le genre du blondinet de venir à ces évènements.
Quelque chose ne tournait définitivement pas rond.
Entre le comportement étrange d’Aileen ces dernières semaines, son altercation avec Luhan, cette soirée et le fameux “signal”, un bon et un mauvais pressentiment se mélangeaient en Sehun, résultant en un stress soulagé. Ses émotions n’avaient effectivement aucun sens. C’est alors que ses yeux se posèrent sur la jeune Américaine, qui virevoltait partout, comme à son habitude. Sauf que cette fois, elle semblait distribuer des choses. Le lycéen plissa les yeux autant qu’il le put, mais ne distingua rien. C’est alors qu’elle vint vers lui et lui déposa deux oeufs dans les mains.
“Sehun… commença-t-elle. Je sais que… c’est pas trop dans tes principes et caetera, mais… venge-toi. Ça te soulagera. Si tu ne le fais pas pour toi, fais-le au moins pour leurs autres victimes.
C’est alors qu’elle prit une grande inspiration et hurla :
- SIGNAAAAL !”
C’est à ce moment que Sehun remarqua que les pro-harceleurs avaient été discrètement rassemblés dans un coin. Et les jets commencèrent. Farine, lait, oeufs… tout s’écrasait sur des visages surpris, horrifiés, soumis. Le lycéen baissa les yeux sur ses mains pleines. Je ne peux pas. Je ne peux pas. C’était inhumain. C’était injuste. Infliger un traitement dégradant la dignité humaine était contraire à lui-même. À bien y réfléchir, ils ne se gênaient pas pour le faire, eux. Je ne peux pas. Je ne peux pas. Harceleurs, et alors ? Il s’était toujours dit qu’il le méritait, de toute façon. Mais les autres victimes, dans tout ça ? Elles subissaient les mêmes horreurs. Cette seule pensée suffit à lui faire briser un oeuf de rage. Je… Je peux.
Et le second oeuf vola.
Il inspira. Il expira. L’air frais de la nuit envahissait ses poumons, vidant ces derniers des respirations saccadées et lourdes de remords. Sehun leva les yeux vers les cieux, sinistres et silencieux témoins des horreurs humaines. Et pourtant, à son sens, ils étaient le spectacle le plus rassurant de l’univers. Brillantes, les étoiles semblaient chuchoter “tout va bien” à ses oreilles sifflantes, et l’infini bleu sur lequel elles reposaient apaisait son esprit fatigué. Il soupira. Si la lune pouvait parler, elle en aurait, des choses à dire.
Mais qu’est-ce que j’ai fait, bordel…
“Sehun ?
L’interpellé se tourna vivement. Lorsqu’il reconnut son interlocuteur, il sourit et fit de nouveau dos à la porte. Un petit bout d’homme se tenait devant la porte d’entrée qu’il refermait doucement. Son visage innocent semblait inquiet.
- Je… Ça va ?
- Ouais Luhan, t’inquiètes pas, je… prenais juste l’air.
Il s’approcha timidement, se balançant d’un pied à l’autre.
- Je pense souvent à cette expression,”prendre l’air”. Ça veut dire qu’on va ailleurs, pour le trouver. Ça veut littéralement dire : où je suis, je m’asphyxie. Tu t’en veux, pas vrai ?
Ses mots lui firent l’effet d’un électrochoc. Il tourna la tête vers Luhan, les yeux grands ouverts. Il croisa alors ceux du blond, aussi foncés que les siens. Mais ils n’étaient pas comparables. Tandis que Sehun avait un regard terne, vide et morose (sauf quand un petit éclat, rare, venait y glisser son étincelle), celui du plus âgé brillait d’une vive lueur, pétillant de simple bonheur, plein de vie. Il pensa alors que les yeux de Luhan ne devaient pas avoir d’âge, et qu’il allait mourir avec ses yeux d’enfants, ses yeux qui un jour s’étaient ouverts sur le monde et ne l’avaient plus lâché. Ceux de Sehun étaient déjà morts. Ou presque.
- Oui, je m’en veux… répondit finalement le plus jeune, décrochant son regard de celui de son interlocuteur pour le tourner vers la route. J’y ai pris du plaisir, Luhan. Je les ai humiliés, et j’étais heureux. Heureux du malheur de quelqu’un. Comme eux. Je ne vaux pas mieux qu’eux.
Le blond soupira longuement. Pas un soupir de lassitude, non, mais plutôt de réflexion. Il cherchait ses mots.
- Tu sais, Aileen pensait bien faire. Au début, je croyais qu’elle complotait contre toi, et pas pour toi, d’où notre… malentendu, la semaine dernière. Dis-toi que ce n’est que le juste retour des choses. Tu ne t’es pas rabaissé à leur niveau, puisque tu t’en veux. Eux n’ont pas la morale nécessaire pour se remettre en question. Ça prouve ton humanité. La vengeance, c’est humain, les remords aussi.
Sehun tourna de nouveau la tête vers Luhan. Ce dernier fit de même et sourit autant qu’il put, ce sourire qui répandait sa chaleur dans la fraîcheur de la nuit, réchauffant jusqu’aux coeurs les plus glacés.
- Essaie de pas trop te soucier de ça… Passe juste au-dessus, d’accord ?”
Et Sehun ne put s’empêcher de penser qu’à ce moment précis, qu’à cet instant hors du temps, il était magnifique.
Sehun s’éveilla difficilement. Des douleurs faisaient la fête dans son crâne et son estomac tournoyait même si, comme à l’accoutumée, Qu’il n’avait que très peu mangé, voire pas du tout. Il se redressa lentement et tira ses rideaux avant de contempler le paysage, ce qu’il s’était promis de faire plus régulièrement. Mais il n’était malheureusement pas très en avance, et il dut s’arracher à sa contemplation. Le bruit matinal de Chanyeol qui butait sur l’irrégularité de son bas de porte ainsi que sa plainte habituelle lui arracha un sourire et suffit à le motiver pour sortir. Les deux adolescents se saluèrent brièvement une fois ensemble dans la cuisine. Le ronronnement régulier et agréable de la cafetière plongea Sehun dans quelque rêverie, et la soirée de la veille lui revint en mémoire. Était-ce un songe ? La mine fatiguée de son colocataire et son propre épuisement lui affirmaient le contraire. Des lumières, des visages et des mots dansants défilaient dans ses pensées. Une tête blonde persistait dans ses souvenirs, cette tête si innocente, qui avait les mots. Le plus jeune revint à lui lorsque son aîné déposa deux tasses de café sur la table sans nappe, en un beau bois de chêne vernis. Ses bords étaient encadrés de petit creux en arabesques, et Sehun se plaisait à les dessiner du bout des doigts lorsqu’il était attablé. Sehun avala alors, comme chaque matin, un ou deux cachets de son cher Effexor, avant que Chanyeol ne rompe brusquement le silence :
“ Alors, Sese ? Hier soir ? ”
Sehun n’avait pas pu lui dire. Il n’avait pas réussi. Non, Channie. C’était horrible. Je m’en veux. Peut-être qu’ils le méritaient, mais pas de ma main. Je ne voulais pas. Ça n’était pas sorti. Le garçon poussa un long soupir, fermant son casier. Il n’avait pas non plus dit la vérité à Aileen. Comment pouvait-il la blesser, alors qu’elle avait fait tout ça dans son intérêt ? Il soupirait presque à la seconde, tel un train à vapeur. Il s’engagea alors dans les couloirs du lycée avant d’être bloqué. Sehun leva la tête.
“Jongwae…? tenta-t-il.
Il avait un sourire. Un de ceux à faire froid dans le dos.
- Tu sais qui est de retour… ?
Sehun resta muet, mais son regard était empli de questions.
- Jackson. ”
Et le lycéen comprit alors pourquoi son bourreau semblait si heureux. Celui à cause de qui tout avait commencé. Celui qu’il avait admiré, adoré puis détesté. Celui qui avait fait de sa vie un enfer.
Il revenait.