Aujourd’hui, c’est le début d’une nouvelle vie pour moi et je ne vais pas vous cacher mon excitation. Ma famille et moi sommes arrivés à Londres au début du weekend et je commence mon nouveau lycée ce matin. J’ai hâte. Ma maman m’a dit que ma nouvelle école était beaucoup plus grande que l’ancienne et que je vais avoir des tonnes de nouveaux amis. Moi, j’aimerais vraiment avoir beaucoup d’amis, car dans mon petit lycée j’en avais seulement deux. Certes, c’était deux amis incroyables qui vont beaucoup me manquer, mais j’ai toujours été jaloux des groupes avec énormément de personnes dedans. J’ai toujours rêvé d’en faire partie, mais je n’ai jamais pu. Ce n’est pas grave, je vais me reprendre ici, ça va être beaucoup plus facile pour moi, je le sais. Mon ancienne école se trouvait en France et le français n’étant pas ma langue d’origine, j’arrivais à m’exprimer, mais parfois, je disais des choses étranges et mes phrases n’étaient pas toujours logiques, donc les français de mon école ont préféré me laisser de côté, car je n’étais pas comme eux. Ce n’est pas grave. Après tout, je n’ai jamais été seul. Ici non plus, je ne serai pas seul, car je parle très bien l’anglais grâce à mon père et que les étudiants n’auront aucune raison de me laisser de côté.
- Arrête de bouger, s’il te plait, m’ordonne ma mère tout en tirant doucement sur le nœud papillon qu’elle essaye d’ajuster autour de mon cou. Je croise mes bras derrière mon dos pour m’arrêter de bouger. J’ai beaucoup de mal à me calmer tellement j’ai hâte de quitter la demeure familiale pour découvrir ma nouvelle école. Sauf que je dois tenir en place si je veux que ma maman termine de me préparer sinon je ne vais jamais pouvoir partir.
Je lui souris doucement et je pose mon regard dans le sien. J’ai toujours trouvé ma maman jolie malgré que beaucoup de personnes méchantes s’amusent à dire le contraire à cause de son léger surpoids. Moi, ça ne me gêne pas, car ce n’est pas cela qui fait la beauté d’une personne. Ma maman a un joli visage et un magnifique regard très sombre. Moi aussi j'ai les yeux sombres, mais moins qu'elle. Mon regard est un mélange entre celui de mes parents. Ma maman m'a déjà dit que j'avais les yeux de couleur mordoré, car j'ai le regard sombre avec certaines nuances de vert et de doré. Personnellement, je n'aime pas vraiment mes yeux, j'aurais préféré avoir le regard pratiquement noir comme celui de ma mère. Par contre, j'ai hérité des cheveux très foncés de cette dernière, mais contrairement à ses cheveux et à ceux de mes sœurs, j'ai la chevelure bouclée. Ma plus grande sœur, Yasmine, me surnomme « Mon petit mouton » à cause de cela. Ça m'énerve parfois, mais comme j'aime beaucoup ma grande sœur, je ne lui en veux pas.
- Ca suffit, répète ma mère en donnant une petite claque sur ma cuisse qui ne cesse de bouger. Elle pose ensuite son regard dans le mien, mais elle le détourne bien vite pour terminer mon nœud.
Elle essaye de le cacher, mais je sais qu'elle est triste, car Papa lui manque. Papa manque à toute la famille et pourtant ça fait peu de temps qu'il est partie. C'est pour cette raison que nous avons dû quitter la France. Maman ne veut pas tout nous dire, mais Papa est actuellement retenu au Koweït par l'ambassade des États-Unis. Je me demande si ça a un lien avec la guerre du Liban qui a obligé ma famille à s'exiler en France... Cette guerre, personne à la maison n’ose en parler. Je sais que mes parents et mes deux grandes sœurs ont vu des choses terribles là-bas. J’ai donc beaucoup de chance de me souvenir de rien de cette époque, j’étais beaucoup trop jeune du haut de mes un an. C’est donc devenu un sujet tabou à la maison, tout comme le sujet de papa pour ne pas rendre maman encore plus triste. Maman trouve cela très difficile et pas seulement parce que Papa lui manque, mais également pour une question d’argent. Ma mère n’a pas de travail et le gouvernement ne donne pas beaucoup d’argent aux familles d’immigrées comme la nôtre. Samedi soir, j’ai entendu ma mère parler au téléphone avec grand-maman, elle ne savait pas comment elle allait faire pour nourrir cinq enfants avec le peu d’argent qu’elle recevait. Je n’aime pas voir ma mère triste, donc lorsqu’elle a raccroché, je suis allé la voir, je l’ai câliné et j’ai tenté de la rassurer à lui disant que ce n’était pas grave pour la nourriture et que nous pourrions faire comme dans la chanson de Charles Aznavour, « La Bohème » en mangeant qu’un jour sur deux. Ça l’a fait sourire, donc je fus heureux d’avoir réussi au moins cela. Charles Aznavour est une grande inspiration pour moi, je connais la plupart de ses chansons et je rêve de faire comme lui plus tard. Même si je ne comprends pas encore toutes les paroles, je sais qu’elles sont profondes et touchantes. J’aimerais bien réussir à toucher les gens avec de la musique comme lui plus tard, c’est un petit peu mon rêve secret. Personne n’est au courant, même pas Yasmine à qui je confie pratiquement tout.
-Voilà, tu es prêt. Tu es beau comme un cœur, dit finalement ma mère en posant un doux baiser sur mon front. Je souris fièrement et je me déplace pour aller m’observer à travers la glace. Ma chevelure bouclée tombe lourdement sur mon front et encadre très bien mon visage pâle. Comme, je suis heureux, mes yeux portent plus sur le vert que sur le brun foncé. Je suis vêtu d’une chemise blanche avec un magnifique oiseau coloré brodé au niveau de mon cœur et d’un pantalon assez serré complètement rouge. Mon nœud papillon est de la même couleur que mon jean avec des petites rayures noires. Je suis très fière de le porter, car c’est ma grand-mère qui l’a fait. Je le trouve très joli et en plus, il me va bien. Comme dernier accessoire, je mets un bracelet jaune fluo sur mon poignet droit, ce dernier est orné de plumes blanches et de petites perles colorées. C’est Yasmine qui me l’a fabriqué pour mon anniversaire le mois dernier et je le trouve super beau. J’adore porter ce genre d’accessoire, car c’est un petit peu étrange et que j’aime tout ce qui est étrange.
- Merci Maman, dis-je finalement avant d’aller lui coller un baiser sur la joue. – Est-ce que tu viens me reconduire ? Demandai-je avec une petite lueur d’espoir dans la voix. Je sais que Maman a pris le temps de me montrer le chemin hier pour que je puisse y aller tout seul, mais j’aime bien lorsqu’elle est avec moi, je me sens en sécurité. Je vois dans son regard qu’elle hésite. Je comprends son hésitation, car si elle vient me reconduire, elle doit venir avec Zuleika et Fortuné, ma jeune sœur et le bébé de la famille, mon unique frère. Maman se pince les lèvres et elle finit par hocher doucement la tête pour approuver ma demande. Je pousse un petit cri de joie et saute au cou de ma mère qui ne peut s’empêcher de rigoler.
Ce matin-là, c’est en compagnie de ma mère, de ma jeune sœur et de mon petit frère que je me dirige vers ma nouvelle école. Tout le trajet, je sens la nervosité monter et je ne peux pas m’empêcher de parler de tout et de tout rien en pointant tout ce que je vois sur mon passage. Maman semble exaspérée, mais elle me laisse faire en sachant très bien que c’est la seule manière que j’ai d’évacuer mon stress. Au bout d’une quinzaine de minutes, nous arrivons devant le grand établissement qui me servira d’école pour les prochaines années et j’ai vraiment hâte d’y entrer. La cour d’école est vide à cette heure-ci, car le début des cours a été annoncé depuis quelques minutes déjà. Il est normal que nous soyons légèrement en retard, la directrice nous a demandé de nous présenter à cette heure pour mieux nous guider. Je serre très fort la main de ma maman tout en marchant vers une dame à la chevelure blonde qui nous attend devant la porte. Elle est très élégante dans son tailleur noir et ses lunettes lui donnent un air très professionnel, si ma maman n’était pas avec moi, je serais sans doute intimidé par cette dame. Elle me sourit avant de tendre une main vers ma mère.
- Bonjour, je suis madame Jackson, la directrice de cette école.
Les deux femmes commencent à discuter un petit moment et c’est les cris de Fortuné qui ramènent ma mère à l’ordre. Cette dernière me prend tendrement dans ses bras avant de me souhaiter une bonne journée et de repartir vers la maison. Je me retrouve donc seul avec la directrice et je n’ose même pas la regarder. Elle me demande gentiment de la suivre et je le fais sans me plaindre. Par réflexe, je porte une main à la sangle de mon sac. Sac très simple qui a autrefois appartenu à mon père. Il est complètement noir avec des tonnes de pochettes partout. Avec ma seconde grande sœur, Paloma, nous nous sommes amusés à le décorer et à accrocher plein de trucs étranges dessus que ce soit des petites poupées, des petites peluches, des petites plumes. Bref, je voulais avoir le sac le plus original de cette école. La directrice me prend en charge et me fait travers de longs couloirs avant de s’arrêter devant une porte en bois, elle tapote doucement et quelques secondes plus tard, une jeune femme en sort. Les deux dames échangent quelques mots avant que la directrice quitte. La nouvelle venue me regarde de haut en bas avant de se présenter.
- Bonjour toi, je m’appelle Alyce et je vais être ta tutrice scolaire.
Alyce est une très jolie femme, elle est très grande, très bien habillée et elle a une magnifique chevelure rousse frisée qui tombe sur ses épaules. Elle a la peau très, très pâle et les petites tâches de rousseurs présentes sur ses joues ne font que l’embellir davantage. Je n’ai pas le temps de me présenter qu’elle me désigne la porte.
- Viens, je vais te présenter tes camarades de classe.
Je souris largement. Enfin ! J’attends ce moment depuis tellement longtemps, j’ai hâte de rencontrer ces nouvelles personnes et surtout de me faire de nouveaux amis. Qui sait ? Peut-être que je vais être amis avec tout le monde ? Ça serait parfait. Je vais enfin pouvoir m’exprimer avec des gens de mon âge sans craindre de faire une erreur ou de dire n’importe quoi. Je vais pouvoir m’exprimer dans ma langue natale avec des gens qui parlent la même langue que moi. Tout ne peut que bien se passer. J’approuve d’un signe de la tête et avant d’entrer dans la classe, je pus voir un petit sourire triste apparaître sur le visage de ma tutrice. Je n’y porte pas vraiment attention et je me laisse guider jusqu’au centre de la classe, je me retrouve alors devant une trentaine de jeunes filles et de jeunes garçons de mon âge. Chacun d’entre eux me regarde et je sens la timidité m’envahir. Je crois même que mes joues ont légèrement rougis. L’enseignante me désigne avant de me présenter devant tout le monde :
- Je vous présente votre nouveau camarade de classe, il nous vient directement de la France, mais il parle très bien anglais. Je vous présente donc Michael Holbrook Penniman Jr.
Je rougis davantage. Pourquoi a-t-elle dit mon nom complet ? Il est tellement long, c’est intimidant. Je me mordille l’intérieur de la lèvre et je murmure un simple :
- Vous pouvez m’appeler Mika… Ma nervosité me fait légèrement casser mon anglais.
Je ne sais pas s’ils m’ont entendu, mais avec les regards étranges qui sont présentement posés sur moi, je devine que mon année scolaire ne sera pas aussi bien que je l’avais prévu.
- Nouveau forum, nouvelle fiction, nouveau style, nouveaux personnages ! J’espère que cette fiction hors Minecraft vous plaira. Je dois avouer que c’est tout nouveau pour moi d’écrire quelque chose dans le genre, mais pour l’instant ça me plait bien. C’est différent^^ J’ai bien hâte de voir vos retours !
Bisous, bisous ! -