Ce dimanche là, je t'ai vue, petite fille,
Jouant dans ce champ de coquelicots,
Explosant ton ballon avec une aiguille,
Et réduisant ta vie en morceaux.
Je t'ai vue, petite fille, devant ce miroir,
Tenant ces bouts de verre dans ta main,
Serrant à n'en plus pouvoir,
Gardant ton esprit pour la fin.
Je t'ai vue, petite fille, pleurer sans bruit,
Tu rêvais d'un lendemain parfait,
Te cachant sous ton lit,
Mais demain ne s'est jamais levé.
Je t'ai vue, petite fille, camoufler tes bleus,
Sous tes longues manches blanches,
Espérant fuir loin d'eux,
Ils t'ont volé ton monde ce dimanche.
Ce jour là, petite fille, j'ai tout vu,
Mais je n'ai rien fait...
Je t'ai vue, petite fille, tu as bu,
Et noyé ta douleur dans les cachets.
Je t'ai vue, petite fille, plonger de là-haut,
Je t'ai vue, dire adieu à tes amis,
Je t'ai vue voler comme un oiseau,
Et je t'ai vue tomber, alourdie par ta vie.
Tout les dimanches, je viens te voir,
Tout va bien maintenant,
Et chaque fois que je vois un miroir,
Je me dis que tu es partie en saignant.
Tu étais belle, parmi les coquelicots,
Battant des bras comme un moulin,
Tu imitais les oiseaux,
Tu as finis par en devenir un.