1-Se tenir la main
Faits réels du Lundi 21/03/16. Des propos homophobes seront tenus par certains personnages.
La sonnerie retentit, signe que j'avais fini les cours. Pourtant, je ne relevais pas la tête de mon cahier de Latin, écrivant les conjugaisons des verbes projetés au tableau. Ce n'est que lorsque madame Anziani, la prof, nous dit simplement « au revoir » que l'on osa bouger. Je rangeai mes affaires en me dépêchant et sortit de la salle. Je marchais dans les couloirs en direction de la salle B101. Elle n'était pas très loin, j'étais en B113, et il n'y avait pas beaucoup d'élèves dans les couloirs, en plus. J'y parvins enfin et vis que la porte venait de s'ouvrir sur madame Raie, la professeur d'Allemand de Kelly, celle que j'attendais maintenant, appuyée sur le mur en crépis bleu pâle. Je la regardais mettre sa chaise sur sa table, rêveuse. J'observais notamment ses pointes bleues-vertes dont la couleur partait de jour en jour, pour mon plus grand malheur. Ça lui allait si bien... Tiens, elle me remarqua et me sourit. Je lui rendis son sourire -bien que je détestais sourire- et tendit ma main vers elle lorsqu'elle sortit de la salle. Nous nous prîmes la main et entrelacions nos doigts, comme à notre habitude. Nous nous mîmes ensuite en route en discutant vers la cage d'escaliers. En les descendant, nous entendîmes une voix agaçante que je reconnaissais entre toutes. C'était Marine Borelli :
« Aaah ! S'exclama-t-elle de vive voix, avec dégoût. Des gouines ! »
Nous ignorions la co... Hum... la jeune fille et continuions notre chemin.
« Attends, Kelly, t'es gouine ? »
Je tournai la tête vers ma petite amie. Marine aperçut mon visage.
« Et avec elle en plus ?! »
Nous sortions du bâtiment. Nos mains ne s'étaient pas quittées. L'autre fille avait continué de parler, sûrement pour nous insulter, mais nous ne l'écoutions plus, discutant en souriant.
« Pathétique... Soupirai-je.
-Ouais.. .acquiesça-t-elle.
-Leur connerie me fait plus rire qu'autre chose, riais-je.
-Moi aussi ! Renforça-t-elle. »
Et nous nous mîmes à rire doucement. Je serrais un peu plus sa main alors que nous nous avancions dans la foule écrasante de collégiens ne cherchant qu'à sortir. Et nous sortîmes finalement. Je gardais sa main dans la mienne encore un peu, juste le temps de chercher ma mère qui devait venir me chercher. Juste pour sentir la douceur de sa peau, encore quelques secondes, quelques minutes. Je m'éternisais. Enfin, je reconnus sa voiture, sa Clio 4 toute neuve -ou presque- que mon père lui avait offerte à ses 45 ans. Je lâcha avec regret sa main et l'embrasse sur la joue. Elle me rendit ce même bisou et nous nous éloignâmes pour retrouver nos mères respectives.