Lettre à mon amour

/!\ Attention /!\ Cet OS contient des spoil sur les jeux « Professor Layton vs. Phoenix Wright » et « Le Destin Perdu ». Ils ne sont pas dits explicitement, mais je préviens, au cas où.

Après avoir terminé le jeu « Professor Layton vs. Phoenix Wright: Ace Attorney », j’ai eu envie d’écrire cet OS à propos d’un amour entre Maya Fey et Luke Triton. Pour comprendre entièrement ce texte, il est préférable d’avoir fini ce jeu et « Le Destin Perdu ».
OS écrit en écoutant ces musiques:
Black Rock Shooter - Proof: https://www.youtube.com/watch?v=B9COBiiLZSE
Professor Layton and the Azran Legacy - Warmth and Kindness: https://www.youtube.com/watch?v=y7nLuvx7dHM

Dans le ciel couvert et grondant, les éclairs zébraient de rayons blancs la robe grise de l’orage. Le tonnerre rugissait et effaçait tous les autres bruits, noyant le chant des cloches du Big Ben. Sur la grande ville de Londres, une pluie violente déferlait, inondant les ruelles désertées par les passants. La capitale était endormie, malgré la menaçante présence du déluge au-dessus d’elle. L’averse s’abattait contre les fenêtres, frappant le verre qui tremblait, comme prêt à se briser, et les seules lumières subsistant dans cette tempête étaient celles, hésitantes, des lampadaires parsemant les trottoirs. Pourtant, parmi les habitations plongées dans l’obscurité, une lueur persistait dans un petit appartement. Une flamme chancelante qui faisait lentement fondre la cire d’une bougie, tachant de blanc un vieux bureau en bois. Elle éclairait une petite pièce en désordre, des montagnes de livres et de papier couvrant le sol. Une table basse, au centre de la pièce, était, elle aussi, remplie de toutes sortes de livres sur l’archéologie, accompagnés de tasses de porcelaines vides. Dans ce décor silencieux et chaotique demeurait une seule présence de vie. Un jeune garçon, aux alentours des treize ans, était affalé sur le bureau ancien, ses grands yeux sombres bouffis par la fatigue. Des mèches de sa tignasse châtain couvraient son visage rond et enfantin et s’envolaient alors qu’il soufflait dessus. Tenant d’une main une plume d’oie au bout trempé d’encre noire, il griffonnait quelques phrases sur une feuille de papier, son regard se perdant régulièrement dans le gris du ciel tourmenté. Son écriture maladroite, bourrée de ratures, couvrait la lettre qu’il tentait de rédiger. Mais il n’y parvenait pas. Il barrait chaque mot, déchirant une énième feuille et la jetant dans la corbeille déjà débordante. Pourquoi était-ce donc si dur d’exprimer ce qu’il ressentait ? Comment décrire un sentiment si brûlant, si passionné ?
Il voyait encore, quand il fermait les paupières, cette longue chevelure de jais qui cascadait, tel une rivière, entre les omoplates de la jeune fille. Cette frange épaisse masquant presque ses iris d’ébène, mystérieux et insondables. Il apercevait ce yukata lavande s’agitant au grès de la brise fraiche qui persistait à Labyrinthia, sentait la douce odeur de pain chaud qui l’embaumait depuis qu’elle avait travaillé à la boulangerie de Mme Madeleine.
Elle lui manquait tant. Se souvenait-elle seulement de son nom ? Il n’avait plus reçu de nouvelles de la demoiselle depuis que l’affaire « Labyrinthia » avait été résolue. Son timbre de voix, léger et guilleret résonnait pourtant encore à ses oreilles. Tout comme l’intonation chantante qu’elle utilisait lorsqu’elle prononçait son prénom, donnée par son accent américain.
« Luke ! J’ai réussi à résoudre cette énigme ! »
Il l’entendait, fière et taquine, pleine d’énergie. Mais il la revoyait aussi, enfermée dans une cage de fer, envoyée dans les flammes du bûcher comme une sorcière. Il se souvient de son soulagement, de son bonheur, quand il l’avait retrouvée, saine et sauve, parmi les ruines antiques, accompagnée du professeur.
Passant sa main dans ses cheveux désordonnés, il attrapa un nouveau papier à lettre pour retenter d’écrire à sa bien-aimée. Prenant une grande inspiration, il commença à la rédiger, laissant sa plume tracer mots et phrases de son encre sombre. Il hésitait à entrer directement dans le vif du sujet, où à lui demander d’abord de ses nouvelles. Qu’aurait fait le professeur dans ce cas-là ? Le jeune garçon réfléchit longuement, tentant de penser comme son mentor adoré. Pourtant, il ne parvenait pas à s’imaginer cet homme écrivant une lettre de déclaration. Il ne l’avait jamais vu amoureux. Prenant sa tête entre ses mains, le petit brun se lamenta. Mais qu’allait-il donc faire ?
Toute énigme a une solution, le professeur l’a toujours dit !
Il se leva, marchant en traînant les pieds dans la pièce étroite, continuant de chercher une réponse à ses questions.
Je suis son apprenti numéro 1 ! Je dois trouver la solution !
L’enfant ne cessait de tourner en rond, plongé dans une réflexion intense. Fermant les yeux, il continua ses rondes, oubliant le désordre qui l’entourait.
Mais que faire ? Comment lui d… AAH !
L’assistant trébucha sur un livre, s’étalant de tous son long en poussant une énorme liasse de papier qui s’éparpilla sur le sol. Il se releva en grimaçant, frottant son genou douloureux, puis se pencha sur les feuilles dispersées dans la pièce. Alors qu’il les ramassait soigneusement, ses doigts se posèrent sur un vieux dossier en cuir qui était tombé avec le reste des documents. Ses coins étaient cornés et sa couverture enfoncée par endroits prouvait qu’il avait été souvent tenu. Aucune inscription n’était visible à sa surface, différant avec les autres classeurs qui portaient tous une étiquette. Intrigué, le petit garçon prit délicatement le dossier entre ses mains et s’assit sur le canapé d’un brun délavé, plaçant sa trouvaille sur la table basse. Il écarta lentement les tasses de thé qui couvraient le meuble et ouvrit le précieux classeur, sa curiosité le tiraillant.
Mais lorsqu’il posa son regard sur la première page, il écarquilla les yeux. Des dizaines de lettres étaient disposées avec soin dans de fines pochettes transparentes. Des lettres longues, à l’écriture serrée et gracieuse. L’apprenti glissa ses doigts sur le plastique qui le séparait des écrits. Tournant quelques pages, il se mit à lire les premiers mots d’un courrier. Mais il s’arrêta immédiatement, perplexe.
« Mon très cher Hershel,
Tu me manques tant. J’espère que je pourrais rapidement rentrer de Cambridge, j’ai hâte de te revoir, mon amour… »
Mon amour ? L’enfant frappa sa paume contre son front. Que faisait-il donc ?! Il était en train de fouiller les affaires privées du professeur ! Un vrai gentleman ne se permettrait jamais de se mêler de la vie des autres sans leur permission. Il était un bien piètre assistant. Refermant le classeur précipitamment, il le fit tomber à terre dans un grand fracas et les pochettes qu’il contenait se déversèrent sur le sol, les lettres fragiles s’envolant dans la pièce.
Oh non, il ne faut pas que le professeur voit ça ! Quel idiot je fais !
Le jeune homme se mit à genoux, attrapant le plus de courrier possible et essayant de le disposer correctement dans le dossier. Inconsciemment, il lisait certaines phrases, poussé par la curiosité.
« Nous avons un très gros projet avec Dimitri et Bill, mais je ne peux pas t’en dire plus pour l’instant. »
Il tentait de ne pas s’intéresser à ce qu’il voyait, mais c’était plus fort que lui. Ces noms, il les connaissait. Une autre lettre attira d’ailleurs son attention.
« Le jour J est bientôt arrivé ! Comme je te l’avais promis, je viendrais te voir avant d’aller au labo… »
Non, il devait arrêter sa lecture ! Ce n’était pas correct !
« … et je t’apporterais une petite surprise. Je suis certaine qu’un gentleman tel que toi l’appréciera. »
Le petit garçon secoua la tête, lâchant le papier fin pour cesser de parcourir ces messages intimes. Quand il se retourna pour atteindre du courrier qui se trouvait derrière lui, son regard en croisa un autre, plus sombre encore que le sien. Un regard appartenant à de minuscules prunelles. Un regard qui était légèrement couvert d’un haut-de-forme élégant. L’enfant se figea, bouche bée, puis recula en balbutiant :
« Je… Professeur… Euh… Je ne…
- Que fais-tu debout à cette heure-ci, mon garçon ? Et quel est ce désordre encore pire que celui que je laisse habituellement ? déclara l’homme, un sourire amusé aux lèvres. »
Son mentor ne paraissait pas avoir vu à quel dossier appartenaient les lettres échouées sur le parquet. L’apprenti se releva, embarrassé, et murmura :
« Eh bien… Je… Vous… »
Le professeur éclata de rire et s’approcha du garçon pour lui ébouriffer les cheveux. Mais celui-ci baissa les yeux, honteux de sa bêtise.
« Qu’y a-t-il, Luke ? Ce n’est pas grave, tu sais, je peux t’aider à ranger. »
L’assistant hocha lentement la tête, paralysé par l’anxiété. Il vit l’homme s’agenouiller, prenant entre ses doigts l’une des cartes à l’écriture délicate. Il le vit la placer devant ses yeux et lire les premières lignes. Il vit la surprise, la colère et la tristesse passer successivement sur le visage de son ami, puis l’entendit dire d’une voix tremblante, signe qu’il retenait ses émotions :
« Va… Va te coucher. J-Je peux ranger seul. »
L’enfant s’éloigna, muet et les yeux humides, la culpabilité le rongeant. Et alors qu’il s’avançait dans le couloir, le bruit de sanglots étouffés lui parvint, brisant davantage son cœur. Comment pouvait-il avoir infligé cela au professeur ? Cet homme qui veillait sans cesse sur lui et Flora, il venait de le blesser profondément, lui remémorant cet instant tragique où il avait perdu sa bien-aimée. C’était indigne de l’apprenti qu’il se devait d’être. Les larmes lui montant aux yeux, il cacha son visage entre ses mains, s’élançant dans sa chambre pour ne plus entendre les pleurs de son mentor. Il se glissa sous la couette de son lit, empoignant l’ours en peluche qui s’y trouvait et le serrant contre lui de toutes ses forces. Il avait honte, si honte, de sa bêtise ! Les gouttes salées roulèrent sur ses joues rondes, alors qu’il reniflait en sanglotant, le nez dans son coussin. Pour une simple déclaration d’amour, qu’il était d’incapable d’écrire, il venait de faire du mal à son ami le plus proche. S’en vouloir n’était pas un verbe assez fort pour décrire ce qu’il ressentait. Gémissant pitoyablement, il frappait de ses poings l’oreiller moelleux. Il n’entendit pas la porte grinçante s’ouvrir derrière lui, ne sentit pas le matelas s’enfoncer sous le poids d’un nouvel arrivant. Il réagit seulement quand une main rassurante se posa sur son épaule et qu’une voix grave et douce murmura :
« Cesse de pleurer, mon garçon. Je ne t’en veux pas, cela peut arriver à tout le monde de faire des bêtises. »
Sortant la tête de l’édredon, le petit brun leva un regard craintif vers son mentor.
« Vrai… Vraiment ? Vous me pardonnez ?
- Mais oui. Dis-moi plutôt ce que tu cherchais dans mes dossiers à une heure du matin.
- Eh bien, je… Luke rougit, ses mains se tortillant, Je voulais écrire… une lettre à Maya… »
Le professeur sourit largement, comme s’il avait deviné ce qui se cachait derrière ces mots.
« Je ne fouillais pas vraiment vos affaires ! Je suis simplement tombé, j’ai renversé une pile de documents et…
- Ce n’est pas grave, le coupa l’homme au haut-de-forme. »
L’enfant lui offrit un mince sourire, puis rentra à nouveau sa tête entre ses épaules, poussant un soupir.
« Professeur… Comment auriez-vous déclaré votre flamme si votre amoureuse vivait loin de vous ?
- Je pense que tu n’auras pas besoin de mes conseils à ce sujet, Luke.
- Mais si ! C’est très important pour moi !
- Et si je t’annonçais que M. Wright et mademoiselle Maya venaient après-demain à Londres pour nous rendre visite, aurais-ce toujours autant d’importance ? ajouta Hershel, son sourire s’agrandissant toujours.
- Euh… Je…, le visage du jeune homme s’enflamma, puis une lueur apparut dans ses yeux presque noirs, Ils vont réellement nous rendre visite, professeur ?! C’est vrai ? »
Son ami opina doucement, content de sa surprise. Dès lors, Luke se jeta à son cou en s’exclamant :
« Oh, merci ! Merci ! Je vais enfin la revoir ! C’est génial !
- La revoir ? souligna l’homme, amusé.
- Hum… Je voulais dire… Les revoir tous les deux… »
Hershel rit, ébouriffant affectueusement, une fois de plus, les courts cheveux bruns de son apprenti. Il se leva et s’approcha de la porte en déclarant :
« Mais pour l’instant, il faut que tu dormes. Nous préparerons leur arrivée demain. Bonne nuit, mon garçon.
- Bonne nuit, professeur ! »
Alors que celui-ci sortait de la chambre en refermant la porte derrière lui, Luke remonta la couverture jusqu’à son cou et ferma les yeux, apaisé. Bientôt, il s’endormit et se plongea dans de doux rêves.
Des rêves que partageait peut-être, en ce moment même, une médium aux yeux de nuit.

J’espère que ce texte vous a plu ! Merci d’avoir lu et n’hésitez pas à mettre un commentaire !
Besoux <3

Dégoutée, j'avais envie de lire l'OS mais de savoir que je vais rien comprendre car j'ai pas fait et ne connais pas les jeux... !! xDDD ( Du coup flemme de lire -,- )

IloSmily a écrit:

Eh bien... Je ne sais pas si tu a lu mes autres OS, tel que "L'Ouragan de la Renaissance" ( https://communautesadique.forumactif.fr/t2823-l-ouragan-de-la-renaissance ) Si c'est le cas, tu peux jeter un oeil ^^.

Plus tard, j'écris actuellement un OS !

Keur keur et poutous

C'est très zolie Ilo,comparée à toi j'écris teeeeellement mal ><