Une plume endormie - Chapitre 2

    Un jour, une certaine "Ridley", amie d'enfance d'Ethan se présenta devant lui alors que nous nous promenions dehors, par une chaude soirée d'été. La journée était déjà bien avancée et nous nous apprêtions à rentrer, chacun de notre côté, en attente d'un lendemain aussi doux que le jour passé.
    Ridley attendait devant chez mon petit ami, si bien qu'elle lui sauta dessus quand il voulut m'inviter à "prendre un verre". Ethan la repoussa gentiment en lui demandant de partir, disant qu'ils discuteraient plus tard. La rebelle aux cheveux blonds méchés de rose le regarda dans les yeux.
    -Mais je veux te parler maintenant! articula-t-elle lentement, comme une menace.
    -Hum.. Chloé, je pense que tu devrais rentrer, dit mon petit ami après avoir enfin détaché ses yeux de ceux de la "belle gosse", de toute évidence Ridley a quelque chose d'important à me dire.
    -Mais... protestait-je faiblement.
    -S'il te plait Chloé. répondit-il fermement.
    -Oui, s'il te plait chouinasse. ajouta Ridley d'un ton empli de sarcasme et d'une certaine forme d'animosité à mon égard.
    Je rentrai donc chez moi, plus aussi sure que demain serait ensoleillé.

    Malheureusement, rien ne s'arrangea. Du moins, pour moi. Ethan et Ridley en revanche semblaient beaucoup s'amuser. J'ai tout de suite vu que c'était Ridley qui poussait Ethan pour qu'il s'éloigne de moi. "Ou alors il ne m'aime plus. Il trouve peut être que Ridley est plus belle et puis elle le connait sûrement mieux que moi" pensai-je avant qu'Alexine et Érine devinent mes pensées et me les interdisent. J'avais le sentiment d'être à six pieds sous terre mais une petite partie de mon cerveau me forçait à y croire.
    Je fus donc rassurée (il m'en faut peu) lorsqu'Ethan promit de se détacher un peu d'elle. Mais malheureusement, rien ne changea vraiment. Je décidai donc de les suivre afin de découvrir la vraie nature de leurs sentiments.
    Le soleil se couchait tranquillement, teintant le ciel d'une délicate couleur rose, sans se douter du cauchemar qui allait prendre forme en même temps que les étoiles dans le ciel. Le souffle léger du vent caressant ma peau et faisant bruisser les feuilles des arbres, gelait aussi mon corps déjà trempé de sueur du fait de la filature et de la peur de ce que j'allais découvrir.
    Je ne les ai pas remarqués tout de suite, tant mon cerveau était plein d'images horribles. Mais peut être n'était-ce pas seulement des images. Elles se confondaient avec la réalité, si bien que mon esprit en était tout embrouillé, ne parvenant pas à discerner la réalité de l'imaginaire, le vrai du faux.
    Ethan embrassait Ridley! Et sans vraiment se cacher en plus! Laissant à mon petit ami à peine le temps de se rendre compte de ma présence, je m'enfuis à toutes jambes. Je ne sais pas comment j'ai fait pour rentrer chez moi. À partir de la ruelle, tout est flou jusqu'à la nuit épouvantable, seule dans ma chambre.

    Toute la nuit je revis s'écouler notre année passée ensemble. Alexine était sortie avec Michael (l'ami d'Ethan) le soir de la fête et Érine, elle, avait perdu son intérêt pour le garçon qui l'avait accompagnée, avant d'avoir une révélation amoureuse sur un de ses amis: Hadrian.
    Je nous revoyais, Ethan et moi, fêtant son anniversaire, dans sa villa. Il m'avait accompagnée à mon premier petit boulot dans un centre aéré pendant les vacances, puis à tous mes stages dans des écoles élémentaires. J'avais pour but, et ce depuis ma plus jeune enfance, de devenir professeur dans des écoles primaires. Il m'avait toujours aidée et soutenue. "Alors pourquoi me laisse-t-il tomber maintenant? Qu'est-ce que j'ai fait? Je savais que je n'aurais pas du m'en réjouir autant, comment ai-je pu croire qu'il resterai avec une fille comme moi?"
    "Tu as simplement eu espoir. Il ne te mérite pas."
    Cette voix, cela faisait longtemps que je ne l'avais pas entendue. Elle provenait de mon imaginaire, c'était Vladimir. Ce jeune vampire amoureux de moi qui m'avait tenu compagnie dans les moments les plus noirs de ma vie était malheureusement irréel, même si, grâce à mon immense imagination, je croyais toujours déceler un signe de sa présence.
    -Dis Vlad, qu'est-ce que tu fais là?
    -Tu semblais tellement triste ma princesse.. Alors je suis venu. Parce que moi je resterai toujours avec toi.
    -Puis-ce que c'est moi qui t'ai inventé... Parce que tu n'existe pas.
    Soudain quelque chose me tomba sur la tête. Je ramassai l'objet et le tournai dans mes mains un moment avant de le reconnaître: la petite étoile scintillante que j'emmenais partout avec moi comme signe d'une existence magique (j'y ai toujours cru, aux fées aux vampires, lycanthropes etc...)
    -Tu as raison... Je suis désolée. Dis, tu me pardonne hein? Tu vas pas me laisser tombée toi aussi? demandai-je.
    -Hum... Vladimir sembla réfléchir avant de soupirer. Comment en vouloir à la femme de mon cœur?
    Il était vraiment trop mignon, tant physiquement que moralement. Il avait des cheveux blonds qui lui tombaient sur les épaules, une peau pâle (comme tous les enfants de la Nuit, alias vampires) avec une mignonne petite étoile noire juste sous l'œil gauche et des yeux verts. Il pouvait déployer des ailes comme celles des chauve souris et était souvent habillé de tenues dans les tons verts, rappelant ses yeux et qui lui allait à la perfection! Vlad, comme j'aimais l'appeler, était aussi très intelligent et fort, grâce à sa position sociale de prince, quoi qu'un peu peureux. Mais je savais que s'il avait existé, il aurait risqué jusqu'à son dernier souffle pour moi tant ses sentiments étaient purs. Il m'avait toujours donné de précieux et utiles conseils.
    Je sais que c'est stupide de rêver d'un prince charmant, d'une romance parfaite seulement... Je ne peux pas m'en empêcher. Et puis c'est bien utile dans des moments comme celui là. Vous n'allez pas m'en vouloir, je me sens juste seule, ça arrive à tout le monde.
    -Tu devrais aller lui parler. dit-il après un moment de réflexion.
    -À qui?
    -À cette fille, Ridley, elle n'est peut-être pas si méchante que ça...
    -J'aimerai tellement te croire, tout comme j'aimerai avoir le courage de l'étrangler mais bon... J'imagine qu'aucun des deux n'est possible alors je peux bien aller la voir si tu veux.

    Le lendemain, je me rendis donc à contre cœur chez Ethan, pour lui poser quelques questions sur Ridley. Visiblement mon petit ami (si on pouvait encore l'appeler comme ça) ne m'avait pas vue la veille, dans la ruelle.
    -Tu la connais depuis quand?
    -Depuis qu'on est tout petits, nos parents étaient amis d'enfance et ils voulaient qu'on suive le même chemin.
    La discussion se poursuivit jusqu'à la question fatidique:
    -Et... Tu la trouves comment?
    -C'est vrai qu'elle est très belle et qu'on se connait depuis longtemps...
    "Je le savais! J'aurais pas du venir Vlad! Toi et tes idées à la con! "
    -Mais je ne l'ai jamais vue comme autre chose que comme une amie.
    "Bah oui c'est bien connu, on leur roule des grosses pelles à nos amis! " pesta à son tour Vladimir. Me voyant grommeler, Ethan me demanda ce qu'il se passait mais, ne voulant pas gaspiller mon temps, je partis en direction de l'adresse qu'il m'avait indiquée comme étant celle de son "amie d'enfance / maîtresse"
    Ridley ouvrit - en tenue plus que légère bien sur - et en se rendant compte que c'était moi et pas Ethan, elle perdit son sourire et gagna en agressivité.
    -Qu'est-ce que tu m'veux toi? cracha-t-elle.
    -Il parait que tu es l'amie d'enfance d'Ethan, c'est vrai? demandai-je avec la même animosité dans la voix.
    Elle sembla réfléchir avant de répondre. Pour une raison certaine, elle me détestait. Et visiblement, elle détestait aussi mentir à cause de moi.
    -Ouais c'est vrai pourquoi?
    -Je voulais savoir à combien de tes amis tu roulais des palots comme tu lui as fait hier.
    Elle sourit et se décontracta, contente de ne plus avoir à jouer un rôle, et prête à me déballer toute la vérité.
    -Tu comptes rester sur le palier ou tu veux entrer? reprit-elle après m'avoir jaugée de haut en bas, minutieusement.
    -Euh... Je vais entrer. répondis-je, quelque peu décontenancée par sa proposition.
    Elle habitait une petite maison à l'écart de la ville, décorée de bleu et de références à la mer qu'elle idolâtrait apparemment. Un immense sofa trônait au centre du salon, avec en face un impressionnant écran plat et une table basse en verre. Sur tous les murs étaient placardées des photos étranges d'une immense mer rouge et d'une grande ville cachée sous un toit de verre. À cette époque je me rappelle ne pas avoir compris ces photographies mais maintenant...
    -Bah vas-y assieds toi. me dit Ridley.
    Je continuai d'observer discrètement les pièces mais je ne pouvais pas voir grand chose. D'épais rideaux de perles les séparaient entre elles. Le salon en lui même avait un style assez épuré et soft si on excluait bien sur l'aquarium qui constituait... Le sol. Oui oui, le sol était un aquarium gigantesque qui s'ouvrait en son centre et dans lequel on pouvait nager.
    -Ouah... lâchai-je sous le coup de l'étonnement et ne trouvant malheureusement rien de mieux à dire.
    -Toujours aussi intelligente à ce que je vois, ricana Ridley en revenant de la cuisine avec deux verres de Coca Zéro, c'est à cause de mon sol si spécial que tu as l'air stupide?
    -Merci. fis-je lorsqu'elle me tendit un verre. Oui, ton aquarium, à cette place qui plus est, c'est vraiment impressionnant.
    -Franchement, je vois pas ce qu'il te trouve Ethan. répondit-elle du tac au tac, puis après un court moment de réflexion. Tu parles toujours d'une manière aussi bizarre ou c'est juste ma beauté qui t'intimide?
    -Je ne suis pas intimidée par toi, quoi que je ne doute pas que tu pourrais me trancher la gorge avec tes ongles finement ciselés, je parles juste comme ça. Et puis... continuai-je plus bas, moi non plus je ne sais pas ce qu'il me trouve. Je suis juste une fille banale. En plus je fais que des gaffes.
    Ridley sourit franchement, pour la première fois depuis que j'étais là.
    -Pour une fois je suis d'accord avec toi, tu n'as rien de spécial mais tu as quelque chose... De magique. Une sorte d'aura. Sans vouloir avoir l'air fleur bleue - je déteste ça - quand on te voit, on a envie de te prendre dans nos bras, comme une petite boule de coton qui t'attire parce qu'elle a l'air toute douce.
    En moi, quelque chose se réveilla: ma foi depuis trop longtemps déjà relayée au second plan, et qui m'avait permis de garder espoir, de créer Vladimir: ma foi en la Magie. Je ne parles pas ici des tours de passe passe qu'on peut voir dans des spectacles ou dans la rue, mais de ce qui permet l'existences de créatures merveilleuses comme les Centaures, les Fées, Sirènes, Vampires ou Loups Garous. Pour moi ces êtres, bien qu'invisibles, étaient bien réels, et j'en eu la confirmation par la suite... Mais vous le découvrirez bien assez tôt.
    -Eh! Tu verrais ta tête! T'es toute blanche ça va?
    -Euh... Oui oui, répondis-je hâtivement afin de masquer mon trouble, c'est juste que... Je m'interrogeais sur ce qui vous liait, Ethan et toi.
    Ridley prit un petit temps pour me répondre.
    -Tu connais quoi du passé d'Ethan? Il t'a dit quoi?
    Outre ma surprise, commençait maintenant à se développer dans mon cerveau une certaine méfiance au vu du comportement de Ridley qui soulevait bien des questions. "Pourquoi veut-elle savoir ça? Y'a t-il des choses qu'ils auraient tous deux intérêt à cacher? Mais s'il est vrai que je connais l'Ethan d'aujourd'hui, puis-je réellement lui faire confiance? Après tout il a bien embrassé cette fille."
    -Il m'a juste dit que son père était mort, que suite à cela il avait hérité de son argent, sa villa et son entreprise internationale dont il devrait reprendre la direction lui même.
    -Alors il ne t'a rien dit... reprit-elle pensivement.
    -À propos de quoi? la voyant rire, je le pris par les épaules et la secouant de ma maigre force, lui demandait. Que ne m'a t-il pas dit Ridley? Qu'aurait-il dû me dire?!
    -Que... visiblement elle n'avait pas prévu de réponse, aussi réfléchit-elle rapidement. Que nous sommes fiancés et ce, depuis longtemps déjà.
    Ces mots, prononcés si bas que je n'aurais pas dû les entendre, achevèrent de briser ma confiance en Ethan. Sans plus d'autres explications, je me précipitai dehors et courut, sous la pluie battante, chez Ethan. Nauséeuse, je m'arrêtai sur le bord de la chaussée, tremblante, vomis à plusieurs reprises, secouée de spasmes, avant de reprendre mon chemin, titubant presque dans le fossé.
    En arrivant chez lui, je frappai de mes dernières forces la porte, avant de m'écrouler dans ses bras lorsqu'il ouvrit.

    Étant tombée d'épuisement, Ethan me porta jusqu'à une chambre, la même dans laquelle il m'avait couchée le jour de sa fête, il y a maintenant un peu plus d'un an. Il me borda dans le lit puis sortit de la pièce et descendit dans son salon.
    De là il appela mes parents pour leur dire que je dormirai ici, puis composa le numéro de Ridley. Cette dernière décrocha au bout de deux sonneries avec une voix sensuelle qui n'eut absolument aucun effet sur Ethan si ce n'est celui de l'irriter encore plus.
    -Salut mon lapin. roucoula-t-elle.
    -Ridley arrête avec ça, tu sais très bien que je ne suis pas ton mec ok? Enfin bref, Chloé elle sort bien de chez toi là non?
    À l'autre bout du fil, commençant à comprendre le pourquoi du comment de l'appel tant désiré, Ridley reprit son sérieux, tel une enfant qu'on dispute.
    -Euh... Oui, elle en est sortie il y a environ 15 minutes. D'ailleurs si tu la vois, dis-lui qu'elle a laissé sa voiture ici.
    Ne prenant pas en compte la demande de la fille et allant droit au but, il demanda d'un ton sec:
    -Qu'est-ce que tu lui as dit? Elle vient d'arriver chez moi en courant, gelée, trempée jusqu'aux os et elle s'est effondrée d'épuisement. Je suppose qu'elle a du venir en courant mais voilà: Pourquoi?
    -Euh ben... Peut-être que... Qu'elle...
    C'est fou ces changements qui peuvent s'opérer sur les gens lorsque ceux-ci se retrouvent dans la mauvaise situation ou face à plus fort qu'eux. Et si j'avais été consciente à ce moment, je pense que j'aurais bien ri de notre amie la blonde aux mèches roses. Mais bon... Si j'avais été consciente, cet appel n'aurait sûrement pas eu lieu d'être.
    -Mais parles bon sang! s'impatienta Ethan. Qu'est-ce que tu lui as dit? Tu lui as parlé de quoi?!
    -J-Je lui ai juste fait une petite blague... plaida pitoyablement Ridley.
    -Sur quoi?!
    -C-C'est ta faute d'abord! Tu lui as dit que nous n'étions que des amis! Alors elle est venue me voir en me demandant depuis quand les amis s'embrassaient comme nous le faisions l'autre jour dans la ruelle.
    -Et?
    -Et, je lui ai demandé ce qu'elle savait sur toi, ce que tu lui avais dit. continua Ridley.
    -Parce que tu crois sérieusement que je lui aurais tout raconté? soupira Ethan. Déjà que ça me saoule cette histoire, si en plus elle se met à se poser des questions...
    -Non non bien sûr! Je te fais confiance. Mais elle m'a demandé ce qu'elle aurait dû savoir et j'ai dû... Improviser.
    Ethan, tendu, attendait la fin de son explication. Il avait depuis longtemps déjà appris à redouter l'imagination assez limitée de sa partenaire et ses effets.
    -Bon... Et tu lui as dit quoi?
    -Qu'on entait fiancés.
    Ethan éclata de rire, soulagé.
    -Ce n'est que ça?! Tu as de la chance, ce sera facile à régler. Je n'aurais qu'à lui dire la vérité: tu n'est qu'une gamine jalouse.
    -Jalouse de quoi non mais! Je suis bien plus jolie qu'elle!
    -Peut-être mais ce n'est pas toi qu'Il a choisie.
    Ridley, outrée, raccrocha au nez de son ami. Toute la nuit elle rumina des propos injurieux à son égard. Ethan de son côté, passa dans ma chambre déposer des affaires puis s'enferma dans la sienne, à côté de celle de son défunt père. Il semblait étrangement satisfait, bien qu'il ne m'ait encore rien expliqué.

    Je m'éveillai d'un sommeil sans rêve, me levai rapidement de mon lit et fut prise, comme toujours, d'une baisse de tension et d'un vertige. Cela peut vous paraître étrange à vous mais à moi, ces vertiges me plaisaient bien. Cette sensation lorsque notre tête se vide, que nos jambes flanchent et que notre champ de vision s'obscurcit, je la recherchais à chaque fois que je me levais. Après, les couleurs revenaient peu à peu, et on se rendait compte qu'on était tombé. Parfois même, je remarquais que j'avais avancé mais, aux portes du gouffre, je ne l'avais pas remarqué.      C'était ma mère qui m'avait dit "Qu'est-ce que tu fais à marcher bizarrement?"
Enfin bref, après mon vertige habituel, je remarquai autre chose: la nausée d'hier qui était revenue. Me précipitant hors de la chambre, je heurtai de plein fouet Ethan que je renversai avant d'aller m'enfermer dans les toilettes. "Tu n'aurais pas du courir dehors sous la pluie" remarqua Vladimir. "Toi, commence par apparaître au grand jour, tu me fera la leçon après." répliquai-je, de mauvaise humeur.
    Une fois que je fus sortie, Ethan qui m'attendait devant la porte m'invita à descendre au salon et là, me proposa un petit déjeuner. Préférant ne rien manger, j'allai droit au but:
    -Je sais pour Ridley et toi.
    -Non, tu sais ce qu'elle t'a dit, pas la vérité. dit-il, sur de lui. Nous ne sommes pas fiancés, juste amis d'enfance. Calmes toi.
    -Alors déjà tu me dictes pas ma conduite ok, t'es pas ma mère. commençai-je, prise d'une colère soudaine. Et tu réagirais comment si j'embrassais un ami d'enfance?
    -Mal c'est vrai. avoua-t-il, sans pour autant paraître le moins du monde désolé.
    Après un court instant, je continuai:
    -Et donc je peux avoir ne serait-ce qu'une explication pour ce baiser? On se voit tous les jours mais je te suffis pas? De toute façon vous les mecs vous êtes tous les mêmes: vous voulez un harem pour vous tous seuls mais si votre meuf va voir ailleurs elle est traitée de salope!
    -C'est elle qui m'a sauté dessus, tu étais là non? Tu as bien dû la voir.
    -De toute façon avec toi c'est toujours la faute des autres! Alors tu sais quoi Mr.Parfait? Cette fois il va falloir un peu plus que des excuses pour me récupérer. Je me tire et t'inquiète pas, j'oublierai pas de claquer la porte en sortant!
    Sur ce, je partis prendre mes affaires restantes dans la chambre, et partis - en claquant la porte bien évidement.

    Deux jours passèrent sans que j'ai de nouvelles de lui. Mes nausées continuaient, et je décidai d'aller chez le médecin. Je pris donc rendez vous pour l'après-midi. Il me reçu et me proposa de m'asseoir pour qu'il m'ausculte.
    -Eh bien je suis désolé mademoiselle mais je ne vois pas ce que vous avez.
    -Ah... Donc ça veut dire que c'est grave? demandai-je, anxieuse.
    -Non, pas forcément. Tenez, voici l'adresse d'un laboratoire d'une ville voisine. Allez faire une analyse de sang pour en savoir plus.
    Je pris le papier, le remerciai, payai et sortis. Sans plus attendre, je me rendis immédiatement à la clinique, fis une prise de sang et rentrai chez moi pour attendre les résultats qui devaient arriver le lendemain. Je sortis donc avec Alexine et Érine, leur racontant en détail mes conversations avec Ethan et Ridley, et ma visite chez le médecin.
    -Si ça se trouve t'es enceinte, plaisanta Érine.
    -Vous l'avez déjà fait?? s'étonna Alexine.
    -Sérieusement? demandai-je, puis voyant leur regard insistant. Oui, on l'a fait. Une seule fois, il y a une semaine, le jour exact de nos un an de relation. Mais on s'est protégés donc c'est pas ça!
    -Eh ben! Il a de la patience ton Ethan! Avoir attendu un an avant de passer à l'acte... Peu de mecs auraient tenu.
    -Bah c'est sur que s'il couchait avec Ridley en parallèle... commença Érine. Oups, désolée Chloé.
    -C'est pas grave. Et puis tu sais, c'est ma faute aussi. C'est moi qui voulait pas le faire et puis j'ai été beaucoup trop naïve.
    -Ah ça non! Rien ne justifie son comportement et ce n'est certainement pas de ta faute! s'indigna Alexine. Manquerait plus que tu lui trouves des excuses en plus!
    Sur le chemin du retour, je croisai Ridley qui ne s'excusa même pas de son comportement, préférant faire semblant de ne pas m'avoir vue. Une fois chez moi, je m'ouvris une plaquette de chocolat et m'installai devant mon PC pour écrire une de mes petites histoires qui comblaient le vide de ma vie lorsque j'étais déprimée. Je finis par discuter avec Vladimir de toutes les choses que pourraient me dire les médecins le lendemain et m'assoupis.

    Je flottais. La mer me berçait doucement, le vent balayait mes cheveux, et des pétales de cerisier tombaient autours de moi en une délicate pluie rose. Au loin j'entendais le hurlement d'un loup et le crépitement d'un grand feu, dans mon esprit s'insinuaient des paroles prononcées par une voix douce et étrangement familière.
    -Le moment approche ma fille, ton destin, si grand soit-il, te sera bientôt révélé et les passages des mondes tu pourras emprunter, lorsqu'enfin tu auras atteint la maturité.
    Au dessus de moi, le soleil et la lune entamaient une étrange danse, se croisant, tournant dans un tourbillon qui entraînait les étoiles. Ils se rapprochaient de plus en plus vite, manquant de s'écraser, puis tout se figea et je n'entendis plus qu'une simple mélodie, composée de quatre notes, tandis qu'un petit rouge gorge volait dans le ciel. La dernière image que je perçût fut une porte entrouverte, retenue par des chaînes usées et qui semblaient sur le point de craquer.

    Je m'éveillai dans le salon de ma petite maison, en entendant le téléphone sonner. Prenant une profonde inspiration pour paraître éveillée, je décrochai le téléphone. À l'autre bout du fil, une homme commença par se présenter.
    -Bonjour, je suis Zacharie Speruto, du Seahorse Institute. Vous êtes bien mademoiselle Chloé Diez?
    -O-Oui c'est bien moi, confirmai-je d'une voix fébrile, il y a un problème avec mes analyses?
    -Aucun, me rassura-t-il, si ce n'est que vous êtes enceinte. Félicitation!
    -Quoi?! Ce n'est pas possible! Je ne l'ai fait qu'une fois et on s'est protégés!
    -Eh bien il semble qu'il y ait eu un problème. Vous ne semblez pas vraiment ravie, désirez vous le nom d'une clinique spécialisée dans les avortements? Dans votre cas, c'est encore assez récent et vous pouvez donc faire appel à leurs soins. De plus, il semblerait de par les analyses, que votre enfant ait un gêne inconnu et il est donc possible qu'il soit malade.
    -Je... Oui je veux bien cette adresse merci.
    L'homme me donna l'adresse, suite à quoi je raccrochai et me précipitai chez Ethan. En arrivant chez lui, je remarquai immédiatement que tous les volets étaient fermés. "Il n'a pas pu partir en voyage sans rien me dire! " Je fis donc le tour de la maison, ramassai la clé dans le pot de fleur et ouvrit la porte. Et ce que je vis me choqua: la maison était entièrement vide. Il n'y avait absolument plus rien. Dans aucune des pièces. C'était impossible, il ne pouvait pas avoir tout emmené en seulement deux jours!
    Je le cherchai partout, inquiète, avant de me rendre compte de la supercherie: Ethan Wate n'avait jamais existé. Son nom n'était répertorié nulle part, pas même au poste de police de la ville. La maison n'avait aucun habitant depuis plusieurs année, elle appartenait à un couple de retraités qui habitaient sur Paris, et il n'était même pas dans les fichiers de l'école. Il s'était servi de moi, m'avait embobinée et était partit en laissant en moi ce dernier cadeau maudit, marque indélébile de ma naïveté. Ridley avait disparu avec lui, je trouvai sa maison vide.
    Mes deux meilleures amies furent elles aussi sidérées en entendant tout ce qui m'était tombé dessus en moins de deux jours. Elles prirent rendez vous avec moi à la clinique. Malheureusement la seule date libre était celle de mon anniversaire mais bon... Au moins je pourrais commencer l'année de mes dix-huit ans en effaçant toute trace du passage d'Ethan dans ma vie.

    Le grand jour arriva enfin, Alexine et Érine vinrent me chercher chez moi pour m'accompagner. En arrivant dans cette espèce de petit hôpital, une jeune infirmière rousse m'emmena dans une chambre où je pus me changer pour une tenue plus adaptée à l'opération. Suite à cela, on me mit sur un lit qu'on emmena directement en salle d'opération. On me brancha à des fils, un masque à oxygène et on me demanda de compter jusqu'à dix. Alors que mes yeux se fermaient, je vis une silhouette à mes côtés. Tentant de rouvrir les yeux, je distinguai Vladimir, une forme floue et vague qui posa sa main sur mes yeux, juste avant qu'ils ne se ferment.

    Deux heures plus tard, on ramena mon lit dans ma chambre, toujours accroché à des tas de machines, puis mon Brownie et ma Chouquette entrèrent, s'assirent à côté de mon lit et attendirent que je m'éveille. Quelques minutes plus tard, le médecin chargé de mon opération entra dans la pièce, les salua et leur dit:
    -Il y a eu un problème durant l'opération, le fœtus a bien été retiré mais votre amie est plongée pour une durée indéterminée dans la coma. Je suis désolé.
    Mes amies regardaient mon corps si frêle étendu sur le lit, se demandant si je réussirai à m'en sortir.
    -Et dire qu'elle était enfin majeure aujourd'hui...

    Cela faisait déjà longtemps que j'attendais dans la noir, me demandant ce qu'il se passait dans le monde réel, si mon opération était finie et si je pourrais bientôt rentrer.
    Soudain, la mélodie de l'oiseau de mon rêve retentit au loin, en suivant le son, je me retrouvai devant une grande porte en bois qui m'était familière et pour cause: c'était celle que j'avais vu cette nuit. Les chaînes semblaient encore plus fragiles que la dernière fois. Une horloge sonna, et la chaîne se brisa. La porte s'ouvrit lentement, derrière on ne pouvait voir qu'une intense lumière blanche qui semblait m'attirer, m'appeler. Sans plus d'hésitation, j'avançai et traversai la porte, sans me douter de tout ce qui allait arriver par la suite. Cependant, même maintenant je ne regrette pas d'avoir passé cette porte. Car si je ne l'avais pas fait, je n'aurais jamais vécu les histoires incroyables qui me sont arrivées.

Voili voilou mes poussins d'or, j'espère que ce chapitre que j'ai galéré à écrire POUR VOUS, même si je sais que PERSONNE NE ME LIT, vous a plu Sur ce, à plus!