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Et si la CHM s'était passée autrement ?

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M.S.
Petit Sadique
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Jeu 23 Avr - 21:51
M.S.
Chapitre 9, jour 12, partie 2: La flamme de la vie est aussi celle de la mort

          La pièce resplendissait. Une grande coupole de verre bleu opaque servait une douce et diffuse clarté dans toute la pièce. Il pleuvait de ce plafond bleu des rayons de lumière qui éclaboussaient les murs et le sol. Cette danse de lumière liquide, l'espace d'un instant, faisait oublier que l'on se trouvait sous terre, bien loin du soleil. Le sol, tout comme les murs et la table de toilette était fait de quartz poli. Sa couleur pure, d'un blanc légèrement caillé entrait en résonance avec l’atmosphère bleue. On se serait dit dans un de ces vieux thermes romains où la population venait se purifier dans la chaleur des vapeurs d'eaux qui embrumaient la pièce aux murs de marbre blanc. Ici l'air était tranquille et limpide. Les grands murs lisses brillaient tandis que de minuscules étincelles circulaient sur leurs grains. Un long miroir, accroché au mur au dessus, agrandissait l’espace et découpait la clarté qui se reflétait en lui en une multitude d'éclats d'argent. C'était un puis de lumière, un espace miroitant, dont la blancheur conservait la lumière.
          Entre ces murs d'opales, ces murs blancs dont émanait cette clarté qui embaumait l'air, se trouvait un homme obscur de chagrin. Il avait la tête légèrement penchée en avant si bien que ses yeux restaient cachés derrière les longues mèches de cheveux presque noirs qui pendaient autour de son visage, en dissimulant l'expression. Son dos était courbé et ses épaules tombaient. Sur lui pesait le plus lourd des fardeaux, celui de la responsabilité. Des deux mains, il s'appuyait sur la table de toilette, en face du grand miroir. Il faisait basculer tout le poids de son corps sur cet appui, comme si lui-même ne pouvait plus se supporter. Il ne semblait plus avoir la force de se soutenir lui-même et de porter le trop grand poids de son existence.
          Il avait au crâne un mal fatiguant qui lui embrumait l'esprit, qui lui donnait juste envie de sombrer dans un sommeil sans fin pour ne pas avoir à réfléchir. Dans les brumes de la douleur, il contemplait l'homme qu'il voyait en face de lui dans la glace, l'homme qu'il détestait, qui lui semblait répugnant physiquement et moralement. Il était laid, il était horrible. Il avait un visage pâle, maladif, fétide. Toute la peau de son visage pendait. De grandes joues molles s'étaient creusées, les bajoues pendaient sur la mâchoire, des poches en dessous des yeux s'étaient enflées : on aurait dit que sa chair, vide de sang et d'énergie, se décomposait. Ce n'était pas de la vitamine qui lui manquait, mais du bonheur et de la vie. Ses yeux étaient un peu creux, un peu secs, un peu vides, comme l'était l'esprit qui se cachait derrière. Desséché d'avoir trop pleuré, vide d'avoir donné toute son énergie, éteint car il n'en avait plus la force. Ses cheveux pendaient. Ils avaient été bruns mais autre chose que de la poussière s'était mêlée à eux et ils semblaient noirs. Mornes, lourds, ils tombaient droits comme es lambeaux d'une étoffe sale et amorphe.
          A travers la glace translucide, l'homme qui faisait face à Siph' lui rendait son regard de dégoût et de haine. « C'est ta faute. Ton unique faute. Inutile d'essayer de fuir, où que tu ailles tu te traîneras toujours avec toi. » Non. Il ne devait pas penser à cela. Il avait déjà pris sa décision, il devait la suivre et non la remettre en cause et se lancer dans ces méandres de remords inféconds.
          Passant sa main sous ses cheveux, il les releva lentement, découvrant l'orifice qui se trouvait là où aurait dû se trouver son oreille. En haut de sa mâchoire, à la limite entre le visage et l'arrière du crâne, à la frontière des cheveux, la peau était rouge et enflée. Il approcha une main timide et effleura du bout des doigts la zone irritée, mais très vite il retira la main. Il avait sentis la peau brûlante et rugueuse et lorsqu'il y avait eu contact, un long cri de douleur s'était répandu dans sa tête. La peau s'était marbrée de cales, énormes sur les bords de la plaie, qui faisaient doubler l’épaisseur de volume. Les vaisseaux sanguins, à cause de l'infection, avaient gonflé au point qu'ils en étaient visibles. Telles des ramifications, ils rayonnaient à partir de la plaie. Ils palpitaient à fleur de peau et ensemble ils formaient comme une grande toile d'araignée mauve et pourpre. Il y passait un pouls filiforme, tressautant. Au centre de cette auréole cramoisie la blessure elle même était écarlate. Il ne pouvait en voir que les bords déchiquetés qui s'ouvraient telle une bouche sanguine sur l’intérieur noir du trou. Mais ce que regardait Siph' avec cette horreur peinte sur sa figure n'était ni la peau irritée, ni l'aspect épouvantable de la plaie mais le foyer bactérien qui était niché dans le conduit auditif. C'était fini lui disait une voix dans sa tête. Si près du cerveau, si près des artères du système sanguin... Il n'allait pas survivre à la CHM. Il allait mourir d'infection. Elle allait se propager par le conduit auditif jusque dans sa tête, elle allait gagner le sang et par le sang le cerveau et alors... et alors Thaek serait vengé car c'était sa flèche.
          Ce que voyait Siph' dans la glace était sa mort, sa mort qui germait contre lui, qui étendait lentement ses racines jusque dans sa tête pour atteindre son cerveau et le détruire. C'était sa mort dont il voyait la graine s’accroître et grandir.
          A cet instant, il devait faire un choix. Depuis l'orage qui avait déchiré sa vie, emportant dans son déluge le corps de Xef et de Brioche, depuis que du ciel en deuil était tombé cet éclair qui  l'avait anéanti, il s'était laissé ballotter par les flots du destin. Il avait été cette coquille de noix que le torrent emporte. Cette nuit, où Xef et Brioche avaient été enlevés par sa faute, avait été le récif sur lequel le navire de son avenir et de sa volonté s'était écrasé. Avant il avait, contre la houle et la tempête de la CHM, toujours tenté de maintenir la barre, de choisir la direction que prendrait son destin, de choisir et non de subir les événements qui déferlaient sur lui. Mais depuis lors, il était détruit. Naufragé accroché à la planche de son navire, il avait dérivé au gré des courants. Sans volonté, sans force. Il n'avait fait que subir ce qui s’imposait à lui. Non plus acteur mais spectateur de sa vie. Sans fin, sans but. Il s'était laissé faire, allant où le hasard le menait.
          Et puis maintenant, il se voyait dans la glace. Il se trouvait laid. Il avait envie de détourner les yeux du portait physique et moral qui apparaissait dans son reflet. Il aurait préféré rester encore aveugle et ne pas contempler ainsi son abjection. Ils sont morts par ta faute. Mais dans la glace, il voyait aussi quelque chose d'autre. IL voyait aussi cette graine que son meurtre passé avait encrée en lui. La blessure de Thaek le poursuivait après la mort de celui-ci. S'il ne faisait rien, il mourrait. Il le savait. Il le voyait. Donc s'il voulait vivre il fallait qu'il agisse. Mais voulait-il vraiment vivre ? Il ne le savait pas. Il s'était laissé faire sans prendre de réelle décision, sans même prendre la peine de choisir entre vie et mort. Il adviendrait ce qu’il devait advenir, c'était tout. Mais il ne pouvait plus continuer ainsi. Il devait choisir entre vivre ou non. Il n'en avait plus envie. Elle n'était source que de souffrance et ce planter un poignard dans le cœur était une tentation bien douce. Ne plus avoir à se supporter, à endurer le poids de l’existence et de ses crimes. Mourir lui permettrait de s'oublier totalement comme il aurait tant aimé le faire. Mourir était la solution qui lui permettrait de détruire cet être immonde qui le contemplait dans la glace. Mourir c'était détruire entièrement Siphano et c'était ce qu'il voulait. Mais pourtant pouvait-il quitter ce monde si facilement ? Se mettre une lame dans le cœur, souffrir un instant pour ne plus avoir à souffrir dans le futur c'était ce qu'il voulait, mais pouvait-il le faire, en avait-il le droit ? C'était trop facile, lâche. Il avait des devoirs à assumer, des amis envers lesquels il avait une dette. Il ne pouvait les quitter. Il devait vivre pour eux. Il devait faire ce qu'il n'avait encore jamais fait et qu'il aurait du faire depuis longtemps. Assumer. Il n'avait pas le choix entre vie et mort. Il devait vivre, vivre non pas pour lui, la mort lui serait bien plus préférable, mais vivre pour Zelvac qu'il avait lâchement abandonné, pour Léo qui s'était retrouvé au dépourvu depuis son départ, pour Frigiel, l'ami de toujours qu'il avait traîtreusement repoussé. Pour tous ses amis à qui il devait rétribution pour avait détruit la Coopteam.
          Vivre. C'était presque absurde à présent que dans son esprit ne flottaient que les fantômes des morts. Vivre alors qu'il n'aspirait qu'à la mort. Il regardait sa décision avec autant d'ironie qu'il en sentait la puissance grandir dans son cœur. Non il ne mourrait pas sans avoir eu le pardon de Zelvac, la certitude du bonheur futur de Léo et l'amitié retrouvée de Frigiel. L'amour qu'il portait à ses amis se réveillait comme une flamme dans son cœur, faisant fuir les ombres du cercueil. Il fallait qu'il vive, ce n'était pas une mission qu'il avait dans son cœur, ce n'était pas un devoir qui brillait dans son esprit ; plus que tout, plus qu'un but, c'était son unique lien qui le rattachait au monde. Plus qu'une raison de vivre : une raison d'être au travers de laquelle il justifiait son existence même. Il n’était plus que pour cela. Siphano avait disparu et son corps n'était que l’instrument de cette fin. Sa tâche réalisée, il verrait bien à ce moment s'il pouvait supporter le deuil de Xef et de Brioche ou s'il devait disparaître avec eux, mais il n'en était pas question avant.
          Siph' releva les yeux vers le grand miroir. Il affronta son regard, mais sa déchéance lui importait bien peu. Il ne comptait plus. Son être ne valait rien et n'avait plus la moindre importance, il n'était que l'outil. L'important était en ses amis et pour eux, il devait vivre. Il allait donc vivre et il défiait son reflet de l'en empêcher.

***

          L'air de la pièce, qui avait était si transparent, était embrumé de buée. La vapeur d'eau formait des volutes dans la lumière bleue et l'eau grondait en bouillant. Elle se gonflait de bulles immenses qui éclataient à la surface et projetaient leur vapeur dans l'air embué. De longues bandes de tissus pendaient, sèches, enfin. C'était un drap qu'il avait transformé en charpies après l’avoir stérilisé dans l'eau bouillante. Du coin de l’œil, Siph' vérifia que la lame de métal qui chauffait dans le foyer était rouge. Tout était près. Il savait ce qu'il avait à faire. Il voulait vivre. Cela allait être douloureux, mais c'était la seule solution. Zelvac. Léo. Frigiel. Il ferma les yeux un instant. Cela allait faire très mal, mais il ne devait pas perdre conscience, il devait continuer jusqu'au bout, malgré le sang qui jaillirait, malgré la douleur intolérable. S'il voulait vivre, c'était au prix de la torture qu'il devait endurer maintenant, qu'il devait se faire enduré. Ô oui, comme il aurait été plus facile de laisser l'infection se développer, comme il aurait été plus facile de laisser la mort venir à lui où même d’accélérer sa venue à l'aide d'un coup de couteau, d'aller la rejoindre avant que le blessure ne le force à le faire. Mais non, il y avait ses amis et pour eux, il était prêt à tout, y comprit à se détruire lui-même. Pour eux, il devait vivre et en cela se soigner ce qui serait la pire des tortures.
          Siph' saisit un petit couteau dont la lame argentée, brillante et froide refléta un instant son portrait tandis que Siph' l'examinait. Elle était bien tranchante. Elle était parfaite. Mettant la lame à la racine de ses cheveux sur le côté droit de sa tête, il commença à les couper. Les mèches tombaient une a une tandis que le métal tranchait leur racines et formait des taches noires sur le carrelage laiteux. Ainsi, Siph' se rasa tout le coté droit de la tête. Après avoir passé la serviette pour faire partir les derniers petits poils restés accrochés à sa peau, il ne releva pas le tête vers le miroir. Il n'avait pas besoin de savoir à quoi il ressemblait maintenant. Sans les cheveux sur la surface plane de son cran, l'orifice infecté devait être visible plus que tout. Mais il savait que la précaution qu'il avait dû prendre était indispensable. Lorsque le fer rouge toucherait la plaie, des flammèches s’allumeraient tout autour. C'était inévitable quand le métal était si chaud. Seulement ces flammèches n'auraient rien à brûler d'autre que sa peau et celle-ci trop chargée en sang n'était pas un bon carburant et ne leur servirait de support que pendant un bref instant. Elles s'éteindraient rapidement sans faire trop de dégât espérait-il. Seulement s'il y avait eu les cheveux, ceux-ci en un instant se seraient embrasés et l'espace d'un instant, il serait devenu une torche humaine. Si par hasard il survivait à cela, s'il étouffait les flammes avant qu'elles le dévorent et que son cerveaux fonde, son visage et tout son crane ne serait plus qu'une infâme cicatrice rouge. Là où les flammes seraient passées rapidement la peau n'aurait fait que se gonfler dans des cloques jaunâtres remplies d'un pus visqueux, sinon sous l'effet de la chaleur elle se serait fripée, froissée en une multitude de rides fines et cassantes avant de devenir noir comme du charbon de bois et de se détacher pour laissé apparents les muscles cuits dont le sang aurait bouilli à même les vaisseaux sanguins. Voila ce qu'il voulait s'éviter en rasant les cheveux du côté de la blessure.
          Mais le danger du feu resterait et malgré la douleur insupportable qui le rendrait fou un instant, il devrait s'en souvenir. Il aurait une suite de gestes à faire le moment venu, qu'il, malgré la douleur intolérable qui lui décomposerait l'esprit et l’empêcherait de penser à ce moment là, ne devrait surtout pas oublier car même si son supplice serait énorme, sa survie n'était pas assurée. De toute manière, malgré la torture qu'il allait se faire subir, elle ne l'était pas, assurée. Il savait qu'il allait souffrir, souffrir comme il n'avait jamais souffert, souffrir à en devenir peut-être fou, souffrir à s'en tuer peut-être même, que cette souffrance, c'était lui-même qui allait se l’infliger volontairement et qu'aucun résultat ne lui était promit. Il savait que peut-être il allait endurer tout cela en vain. Que peut-être il n'en tirerait que de la souffrance sans en obtenir la guérison. Il était possible que l'infection soit trop profonde et qu'il n'arrive pas à la faire cicatrise entièrement. Il était possible que sa peau et sa chair affaiblies servent d’accroche à d’autres horreurs, trop heureuses d’y faire leur nid et recommencer à le dévorer, à le détruire. Sa peau serait si fragile et son être complètement ouvert ; sur les coins de la blessure, une nouvelle infection pouvait très bien reprendre et l'emmener à la mort. Il était également possible qu'il ne survive pas à l'opération, celle ci était si risquée et la faire seul, bien dangereux.
          N'ignorant donc pas le danger qu’il prenait, les souffrances folles qu'il allait endurer et la possibilité que cette torture serait peut-être veine, il continuait cependant. Pourquoi ? Parce que la souffrance morale qu'il subissait à cet instant était bien plus forte que toutes les souffrances physiques qu'il aurait à subir ; parce que le maigre espoir de guérir et donc de pouvoir être utile à ses amis était une flamme contre laquelle rien ne pouvait lui résister, pas même lui-même. Il devait vivre pour eux car ils avaient besoin de son aide et il était près à tout pour cela, y compris d'endurer une torture pire que la mort. Sa décision était prise. Rien ne pouvait la faire changer.
          Il savait qu'il aurait très bien pu regarder le petit message blanc qui, à minuit, était apparu sur la table du salon. , le message envoyé par le maître du jeu indiquant les noms des victimes que la CHM venait de faire. Il savait qu'il aurait très bien pu regarder. Mais il craignait que le nom d'un de ses amis y soit et que cette mort lui dérobe le peu de courage qui lui restait, lui volant au même instant l'aide éventuelle qu'il pouvait leur apporter s'il retrouvait la santé.
          Il était prêt. Il était temps. Lentement son regard remonta dans le grand miroir sur l’homme qui s’y trouvait et qui l’observait dans la glace. Cet homme était horrible, encore plus avec ses cheveux rasés de manière asymétrique. Il défiait son reflet du regard. Celui de l’être dans la glace heurtait le sien et l’on aurait pu voir les étincelles circuler entre les deux. Il le haïssait. C’était le coupable de tous ces crimes et pourtant il allait se faire souffrir atrocement pour le sauver. C’était absurde, sa mort ne voudrait-t-elle pas mieux ? Il doutait encore « Non.  Personne ne veut ta mort. Il doit vivre pour ses amis encore de ce monde. Tu dois vivre pour Léo, Zelvac qui ont besoin de ton aide » La voix venait de sonner aux oreilles de Siph’ comme un oracle. Il l’entendit très distinctement tourner dans sa tête, sans quelle ait était prononcée, sans qu’aucun son n'ait troublé le silence. Et pourtant elle résonnait en lui. Levant les yeux vers l’immense étendu argentée, il contempla la silhouette qui y était apparue. Un jeune homme magnifique lui souriait de loin. « Xef » encore… Toujours… Ses cheveux bruns étaient ébouriffés de vie et ses yeux brillaient d’un éclat qu’ils n’avaient jamais eu. Le rayon d’un soleil d’ailleurs, d’une vie qui ne venait pas d’ici, d’une étoile lointaine frappait l’iris et en développait la couleur bleu foncée-brune. Il brillait d’une lumière qui ne se trouvait pas dans cette pièce. Un souffle d'air faisait danser ses mèches, comme si la vie qui avait quitté la pièce ou se trouvait Siph’ était passée dans la glace. Xef venait encore à lui d’un autre monde et lui tendant la main vers la vie alors que le doute le menaçait à nouveau. Il brillait telle une étoile dans la nuit de son cauchemar. Il brillait à coté de son image noire et concrète. Magnifique, il se tenait à coté de lui comme un ange et sa laideur n’en était que plus horrible. Ses cheveux noirs tombant, sales, ternes ; ses yeux éteints, décolorés, blanchis de malheur et opacifiés des larmes qu’il n’arrivait plus à pleurer ; sa peau dégradée, livide, flétrie, tirée de souffrance comme la maladie tire celle de celui qu’elle va enlever ; petit, courbé par l’existence, aux épaules basses où pesait un poids trop lourd, il n’était rien à côté de ce grand homme lumineux, plus grand, plus droit, plus fier, magnifique plus que beau et étincelant, rayonnant de force et d’espoir. Mais cet homme était un songe et lui était réel. Cette figure ne se trouvait que dans sa tête, elle n’était que le produit de son imagination. Derrière lui ne se trouvait personne. Rien ne se reflétait à ses cotés. Xef n’était pas concret et lui l’était. La distance qu’il voyait dans tout son être, cet espace qu’il sentait comme une barrière, ce petit flou qui l’enveloppait contrastant avec la netteté de son reflet, tout venait du rêve qu’il était.
          « Vis Siphano pour ceux qui en ont besoin ! Ne sois pas lâche et affronte ton devoir ! Tu dois vivre, tu dois les aider.
          - Xef attend ! »
Siph’ se retourna d’un coup et ouvrit les bras comme pour le saisir. Mais ceux-ci ne se refermèrent que sur le vent du départ de l’illusion. Siph’ ne voulait pas le laisser partir comme la dernière fois. Il avait besoin de lui à ses cotés. Il avait besoin de lui pour endurer ce qu’il allait subir, pour continuer ce qu’il avait commencé. Il avait besoin de Xef pour faire ce qu’il devait faire et il ne se sentait pas la force de le faire, seul avec lui-même, en tête à tête avec son reflet. Mais déjà, il n’était plus là. Se retournant vers la glace il constata sa solitude. Il était parti, la lumière s’était éteinte et lui seul restait dans le miroir. Rien n’y ferait, son esprit fou pourrait bien faire revenir des figures du passé, il serait toujours seul en lui-même à contempler le fond de son âme. A jamais seul face à ses cauchemars, à jamais seul face au silence de son crâne et de son être qu’il détestait. Il était temps de passer à l’action.
          Il attrapa la lame rougeoyante. Le métal en fusion chatoyait d’un éclat rouge bien différent des rayons blancs qui avaient irradié Xef dans le miroir d’argent. Il allait souffrir. Mais il devait le faire.

***
 
          Siph’ hurla au contacte du métal en fusion. Ses larmes se mirent à dévorer son visage. La douleur était immense. Elle éclatait comme une explosion dans son éprit et le dévorait en entier. Il ignorait tous. Il était absorbé dans cette souffrance. Il n’existait plu. Il ne faisait que souffrir.

          Siph’ hurla comme il n’avait jamais hurlé. Ce fut un son désarticulé qui lui déchira les cordes vocales. Entre ses mains tremblantes, il laissa tomber l’outil qui rebondit au sol avec un bruit de métal. L’homme tomba au dessus de l’évier ; les deux mains agrippées au bord, il tentait de se garder debout, de ne pas s’écrouler au sol. Il devenait fou. Il devenait fou. La souffrance était trop forte. Le sol chavirait sous ses pieds ; il allait tomber. Ses yeux quoi que grand ouverts étaient devenus aveugles ; il n’y avait que le rouge de la souffrance. Ce voile tendu devant sa vue qui lui faisait exploser l’esprit, il n’avait jamais souffert physiquement ainsi. Les choses lui parvenaient déformées. Il ne comprenait plus ou il était, son visage dégoulinait de larmes. Elles lavaient ses traits tirés en tordant, brûlant. Il allait vomir. Son estomac chavirait. Tout s’écroulait dans sa tête. Il n’y avait que feu et douleur. Il ne comprenait plus rien. Il ne savait plus ou il se trouvait. Il ne savait plus ce qu’il faisait. Il ne savait plus qui il était. La douleur avait été trop forte. Tout son corps se révoltait. Se muscles étaient pris de tressautements nerveux et de tremblements. Il sentait la fièvre lui monter au front. Avançant comme un homme ivre, il sortit de la pièce, s’accoudant au mur pour ne pas tomber, renversant les objets sur son passage, faisant des mouvements fous, indistincts. La souffrance était indescriptible. Ses yeux étaient secs d’avoir trop pleuré. Il n’avait plus de larmes à présent et ses pupilles vides ne pouvaient évacuer cette souffrance qui le déchirait. Il s’effondra sur le canapé du salon, englouti par un évanouissement soudain qui menaçait depuis que le métal en fusion avait touché sa peau. 

***


          Zelvac touchait le mur de pierre de la main. Il n'arrivait pas à y croire. Tout ce chemin. Pour rien. Il avait marché pendant des heures, des jours entiers. Il s'était acharné à tenter de trouver une sortie, combattant la fatigue et la faim qui le rongeaient. Il avait lutté avec le froid et les ténèbres dans cet unique espoir de réussir à sortir de ces grottes maudites, de s'extraire de la prison que la pierre avait formé tout autour de lui et qui avait vu la mort de tant d'autres. Il avait tout fait pour cela. Mais cela n'avait servit à rien. La douleur endurée n’avait eu pour unique fruit que l'échec. L'espoir qu'il avait poursuivi s'était révélé vain. Le supplice qu'il s'était infligé avait été inutile. Il aurait été plus simple, plus rapide, moins douloureux de se tuer tout de suite, quand il s’était découvert coincé sous terre, plutôt que de s’acharner. Sa lutte obstinée, désespérée ne l'avait mené qu'à voir un mur de pierre qui lui bloquait le chemin. Il était face à l’infranchissable, à l'invincible. Il se trouvait dans un cul-de-sac. Il devait tout reprendre de zéro. Il n'arrivait pas à croire qu'il lui faudrait faire demi-tour, refaire tout le chemin déjà parcouru, trouver une autre galerie et d’avancer, encore une fois, au hasard de ce qu'il pourrait trouver et peut-être avancer pour encore faire face à un mur de pierre insurmontable. Ses efforts n'avaient mené à rien. Il lui fallait reprendre sa recherche peut-être vaine. Mais il ne le pouvait plus. Il ne s'en sentait pas la force.
          De la main, il caressa la pierre, pour se convaincre de la réalité de se son sort. Il était coincé sous terre et y mourrait sûrement. Il s'adossa contre le mur humide, froid. Ses jambes, à force de marcher, ne pouvait plus le porter. Il ferma les yeux pour ne plus voir l'obscurité qui l'entourait. Il avait trop longtemps contemplé les ténèbres pour pouvoir encore supporter leur regard vide. Il les avait trop longtemps côtoyées pour avoir besoin de les voir encore. Dans la solitude de son être, il les peuplait par l'esprit de créatures fantasmagoriques aux contours flous et aux activités sourdes dont il ne percevait que le frémissement. A force d'être isolé en leur sein, les ténèbres s'étaient dotées d'une vie confuse et à part entière. Dans le mouvement diffus des ombres s'était logée une volonté mystique qui ne relevait que de l'imagination de Zelvac. Son esprit, pour contrer le silence et l'isolement, s'était inventé un monde fantôme qu'il n'avait à présent plus la force de contempler. Mais même les yeux fermés, il ne pouvait les oublier comme il aurait voulu. Il sentait toujours leur frôlement indistinct.
          Lentement il se laissa glisser contre la paroi et se retrouva assis sur le sol de pierre. L'eau ruisselait le long de la paroi glacée. Il devait y avoir une rivière souterraine toute proche, mais de toute manière la pierre qui les séparait était infranchissable. Trop de mètres de pierre solide les séparaient de la surface. Il ne pouvait pas les creuser et puis de toute manière, il n'avait plus de pioche. Il avait tout abandonné, épée, armure et outils car tout cela était trop lourd. Et même s'il les avait eus, il n'aurait pas eu la force de s'en servir. Comment aurait-il pu les soulever alors que lever le bras lui demandait déjà tant d'efforts ?
          L'eau ruisselait contre la pierre et le glaçait. Il était trempé jusqu'aux os, mais ses moindres réflexes étaient engourdis de fatigue. Il n'avait même plus la force de grelotter. Il n'avait même plus la force d'avoir faim alors qu'il n'avait pas mangé depuis 78 heures. Le froid s'insinuait en lui et dans son cœur l'énergie chaude, l'énergie vitale se mourait déjà. Le sommeil l'enveloppait tout entier, rongeant d'abord sa réactivité, puis ensuite ses sens. Son esprit s'embourbait dans les marais de son inconscient. Ses pensées devenaient lentes, lourdes comme du plomb. Elles coulaient dans le sommeil comme dans un abîme sans fond où elles disparaissaient, emportant avec elles le peu de conscience qu'il restait à Zelvac.
          Zelvac tomba sur le côté et se roula en position fœtale par dernier instinct. Il ne sentait plus rien. La torpeur avait annihilé tous ses sens. Il ne sentait plus le froid qui grandissait en lui, glaçant son corps avant que la mort ne le fasse. Il n'avait plus de conscience pour le sentir. Par delà les lointaines brumes dans lesquelles il sombrait, par le peu de vie qui lui restait encore, il entendit les bruits d'os du squelette qui approchait. Bouger ? A quoi bon ? Il était dans un cul de sac, il ne pouvait aller nul part si ce n'est vers ce bruit et puis il n'en avait pas la force. Il était tombé pour ne plus se relever, et le sommeil qui l'avait enveloppé était déjà sans retour. La mort n'avait pas encore fait totalement taire son esprit, mais celui-ci ne se débattait plus et le cœur dans sa poitrine était bien trop fatigué de battre pour continuer longtemps sa tâche. Il était déjà mort et voir celui qui lui donnerait le dernier coup ne servait à rien.
          Le bois de l'arc enchanté grinça légèrement en se tendant. La flèche siffla dans l'air immobile et le silence revint.
          La prison de pierre était devenue un cercueil.

***

          Il sentait la colère palpiter dans son cœur. Il était l'heure de tuer. C'était fini. Dans sa main brûlait la torche. Il était temps que Bboy soit vengé. Ectalite leva la torche. Il revoyait le corps déchiqueté de son ami, pendant au piton rocheux. Le feu teintait toute la galerie de son aura rouge. Il sentit à nouveau un goût de métal lui emplir la bouche au souvenir du visage arraché. Il n'avait même plus d’œil à fermer. La colère d'Ectalite étalait son voile rouge devant sa vue. Il allait tuer. Il sentait son sang bouillir dans ses veines. Des fourmis couraient le long de ses doigts tandis qu'il jouait avec le pommeau de l'épée. Sa main avait hâte de la tirer, de s'en servir pour trucider la Bête.   Ses doigts couraient le long du pommeau jusqu'à la lame dont ils effleuraient délicatement le tranchant. Son impatience grandissait. Il avait faim de sang. Il avait envie de tuer. Bientôt. Bientôt. Sa colère empoisonnait son sang comme un alcool. Elle lui montait à la tête et l'enivrait, créant un désir fou de violence, de mort. L'envie lui dévorait le cœur et ses doigts continuaient de danser sur l'épée comme pour assouvir sa soif de sang par la promesse du carnage que cette lame ferait et du liquide vermeil qui l’éclabousserait des pieds à la tête et coulerait chaud entre ses doigts, tout le long de son bras et dont il serait trempé. Il baignerait dans la mort, dégoulinant du sang de celui dont il allait arracher les entrailles. La rage telle une corruption contaminait toutes ses pensées et ses vapeurs écarlates embrumaient son esprit. Sans s’en rendre compte, il se mordait la lèvre et sa bouche s'emplissait du goût métallique de son propre sang qui teintait ses lèvres. Il allait tuer. Il allait tuer. C'était la seule chose qu'il savait faire après tout. Il ne savait pas faire le bien, mais à chacun son art ; lui était un virtuose de l'épée, un arracheur de vie de la plus grande agilité, un maître donneur de mort. Et il en était fier. C'était son talent et il l'arborait comme un étendard. Il voulait jouer, le tigre ? Ils allaient jouer. A toute bête son chasseur. Il avait frappé et lui avait arraché Bboy, il l'avait traîné par le cou le long des grottes, traçant une longue traînée rouge après lui. Ectalite revoyait le corps devenu charpie humaine et c'était comme s'il sentait en lui les griffes du tigre lui déchirer les organes. Mais il allait répondre et lui ouvrir le cœur de son couteau dans une boucherie aussi effroyable que ce que le tigre avait fait. Il allait mourir. L'homme finit toujours par gagner, même contre les prédateurs les plus féroces que la nature à mieux fournis en griffes et en crocs. L'homme gagne car l'homme a le feu. Ectalite n'était que rage, mais ce n'était pas une colère chaude qui empêche de réfléchir, non c'était une aiguille qui stimulait son esprit vers son but. Il avait une telle soif de vengeance qu'il en était presque fou certes, mais la folie ne veut pas dire la destruction de l'intelligence, et quand au contraire, les deux s'allient, le résultat est redoutable.
          Alors il laissa tomber la torche dans le grand tas de charbon et de bois. Le bûcher prit en un instant. Les flammes s'élevèrent, hautes, et léchèrent le plafond de pierre de leurs langues avides, y traçant de grandes taches noires. Le souffle chaud lui éclata au visage et la danse furieuse des flammes lui envoya aux yeux son éclat fou, son ardeur violente. La chaleur lui brûlait le visage. Le feu brillait comme un enfer. Sa lumière rouge s'étalait sur les parois de pierre, teintant toute chose d'une couleur nouvelle, une couleur écarlate, celle de la destruction. La fumée commençait déjà à encombrer la galerie. Les grandes volutes noires, ne pouvant s’échapper, bloquées par le plafond de pierre, se répandaient dans les galeries en panaches de fumée piquante. Déjà l'air commençait à manquer et l’atmosphère à se corrompre et devenir irrespirable. Les fumées troublaient la vue, irritaient les poumons et faisaient pleurer les yeux. On ne pouvait voir à deux mètres. L'air avait perdu toute limpidité. Les nuages de fumée troublaient les contours de toute chose.
          Ectalite s'éloigna en toussant. Mais bientôt il se redressa. Le feu avait pris. Il fallait allumer les autres. Puisant le bois dans la mine abandonnée où Frigiel l'avait laissé et ramassant le charbon au hasard des grottes, il avait bouché toutes les galeries autour du territoire du tigre, toutes sauf une, une dans laquelle il l'attendrait. Il allait leur mettre à toutes le feu et la bête serait poussée à lui. La Bête ne pouvait pas lui échapper. S'en était fini d'elle. Elle allait mourir. L'enfer flambant dans sa tête autant que devant ses yeux, Ectalite, poussé par les grandes flammes rouges de sa colère rêvait déjà du sang qu'il allait répandre tandis qu'il allumait un second feu. La chasse pouvait commencer.

***
          Frigiel tenait la torche. Une émotion soudaine le prenait. Il ne savait pas pourquoi, il ne voulait pas mettre le feu au bûcher. Pourtant s'était la meilleure chose à faire, rendre enfin les derniers hommages au mort. Il avait rangé le bois avec soin. Il avait mis de la paille entre chaque bûche. Tout était parfait Aucune d'entre elles ne dépassait du tas qui s’élevait bien droit jusqu'au niveau de son regard. Il avait placé le corps après l'avoir lavé autant qu'il avait pu le faire. Il ne pouvait pas faire mieux. Il n'y avait rien à changer. Mais une petite inquiétude irraisonnée lui serrait le cœur alors qu'il s’apprêtait à y mettre le feu. Il ne voulait brûler ce corps sans savoir à qui il avait appartenu. C'était bête et il n'avait rien pour le savoir, et puis à quoi cela servirait-il, il était de toute façon trop tard. Il laissa tomber la torche. Elle brûla un instant toute seul, mais bientôt le feu se propagea. La paille s'enflamma tout à coup. Le brasier pris tout entier. De grandes flammes se dressèrent vers le ciel, se dissipant en une fumée noire qui montait plus haut que les nuages. Le corps en son centre sembla pris d'une vie nouvelle. Le feu lui redonnant vie et couleur. Alors Frigiel le vit, le petit tatouage sur l'arrière de la nuque. Cette marque qu'il connaissait. Il le revit en train de rire avec Siphano, il le revit partir aux cotés de Brioche au début de la CHM. Alors c'était Xef qui brûlait là ! Xef ! Comment ce faisait-il qu'il soit dans cet état ? Pourquoi avait-il été torturé ? Et Siphano ! Frigiel n'osa pas penser à Siphano. Si celui-ci était encore en vie, dans quel état était-il, lui qui avait promis sa protection à Xef et à Brioche ?

          Frigiel regarda le bûcher se consumer jusqu'à ce que les dernières fumées disparaissent dans le ciel cramoisi du crépuscule, jusqu'à ce qu'il ne reste que cendre grise et que même les os soient redevenus poussière. Alors enfin, il partit.
          Il fallait qu'il retrouve Siphano ou Zelvac. Il fallait qu'il retrouve ses amis. Il ne pouvait pas les laisser souffrir ainsi. Il avait été lâche, il avait tenté de les abandonner en fuyant, mais il revenait à présent, il revenait pour accomplir son devoir d'ami. Non, le maître du jeu ne le dirigeait pas. Non.  Il était libre. Le maître du jeu pouvait bien l’empêcher de sortir de la CHM, cela lui importait peu. Il n'avait pas envie de sortir. Il y retournait et de lui même, ce n'était pas la prison qui l'y forçait. Il n'était pas un pion de ce jeu, il était libre d'agir comme il l'entendait. Ses choix, c'était sa conscience qui les prenait et le maître du jeu n'avait aucune prise sur elle. Il pouvait bien mettre des barrières tout autour de son corps, mais à sa conscience, il ne pouvait en mettre. Lui seul avait le pouvoir de choisir sa destinée et à présent, il avait décidé d'entrer en action.

***

          Il agitait ses moustaches en grondant. La colère montait en lui. Il perdait la trace, la longue trace d’odeur laissé par l’homme. Quelque chose d’autre s’y mêlait, la rendant flou. Une autre odeur lui parvenait, une odeur dans la quelle celle qu'il suivait se cachait, une odeur qui couvrait toutes les autres, une odeur acre et puissante : l'odeur du feu.
Dans l’air de la grotte, de fines particules volaient et lui agaçait les narines. Leurs agitations confuse étaient de perceptions gênantes, inutiles qui embrouiller ses sens, réduisaient leur précision et le contrarier dans sa chasse. Elles détourner sa concentration et l'irriter.
La fumée obstrué tout. Ses grand yeux, ses iris jaunes, éclaires qui perçaient la plus dense des obscurités, se trouvaient aveuglés par ses nuages opaques, cette brume grisâtre, nébuleuse, qui égalisait les teintes et rendait le contour flou. Elle dégradait ses sens, si parfait pourtant. En lui volant son odorat pour emplir ses narines de son odeur piquante, en lui troublant la vue en étendant devant ses yeux, son voile gris qui floute toute chose, en faisant bouger l'air, dissimulant ainsi tous autres mouvements ; elle lui enlevait une partie de ce qui faisait sa supériorité ; la perfection de ses sens
          Mais bientôt, elle s’obscurcit. Ce fut, non pas un odeur désagréable, mais de panache de fumée mordante qui venait lui brûlait la langue et lui emplir les poumons. Sa colère se changea au peur. Il se fit à courir, poussé par la fumée. Son instinct animal régnait seul sur son esprit et il lui obéissait. Sa conscience qui autrefois avait eut le pouvoir, avait céder lorsqu'il avait fuit du Nether, et l’instinct avait prit les reins de son être. Son empire avait peu à peu gagnait du terrain et à présent que restait il de l'homme qui s'était appelé Fukano ? Tandis que Fukano avait rapprit à utiliser ses nouvelles armes, il avait oublié ce que l'Homme lui avait enseigner. L'animal avait tué l'homme, l’instinct gouvernait à la place de la conscience. Comment aurait il pus se souvenir à présent qu'il avait maîtrisé autre fois cette chose étrange qui le faisait fuir droit vers le piège qui lui était destiné ? Comment dans son état aurait il pu lutter sur cette peur ancestrale qui s’imposait à son esprit, cette peur que tous animal à du feu ?

***


          Siph tremblait. Il était trempé de transpiration. Son front était moite et par les pores dilatés de sa peau perlait une sueur brûlante dont les gouttes, telle des larmes, coulaient contre sa tempe.   Par ses lèvres entre ouvertes passait parfois un légère plainte, un soupire ou un gémissement qui échappait dans l’inconscience. Alors il tournait la tête pour chasser le mauvais rêve qui troublait son sommeil, s’agitait un peu, se débattait contre les fantômes qui l’assaillait dans son songe, gémissait à nouveau et changeait de position, mais rien n’y faisait, ceux-ci ne partaient pas. Il tentait de s’en débarrasser, de le faire fuir pour retrouver le repos, mais tous ses effort étaient vains, les fantômes restaient et déchiraient son esprit malade. Il combattait  le mal qui été en lui. Il se revotait et se débattait, donnant de grand mouvement brusque dans les coussins du divan, les faisant tomber au sol, et se retournant brutalement tandis que son cœur était en proie à une peur soudaine. Derrière ses paupières closent brûlaient ses yeux. Il avait chaud. Le sang lui montait au visage. Dans son sommeil, il avait rejeté au bas du divan les oreillers et coussins qui s’y trouver. Ses lèvres étaient du rouge foncée qu'ont les malades brûlant de fièvre. Elles étaient entre ouverte, appelant l’air comme un assoiffé appellerait l’eau. Il fronçait les sourcils. Tout son être était tendu, tremblant dans la lutte qu'il menait. Il se sentait pris au piège de ses souvenirs, dont les spectres remontaient à lui sous forme de cauchemars. Il avait beau tenter de les chasser, ils restaient accrochés à son esprit telle d’immondes parasites qui au lieu de lui pomper le sang, lui aspirait sa vie. Son passé le hantait, ses souvenirs le vampirisait, les remords lui corrompaient le sang et c’est ce mal interne qui, plus sûr que n’importe quel poison, allait le tuer. Il s’attaquait à lui le jour et lui volait le repos des nuits. Ce sommeil qu'il avait cherché dans le but d'obtenir un peu du calme que l’éveil ne pouvait lui procurer, ne lui apportait qu'une épreuve supplémentaire. Ce sommeil qui n'avait pas eut depuis de la mort de Xef et de Brioche et que enfin, en sécurité dans ce bunker, il pouvait prendre sans crainte, au lieu d'être source de réconfort, au lieu d’être réparateur, comme il aurait du l’être, ne faisait que le torturer d'avantage. Il sortirait de son somme encore plus fatigué qu'il n'y était entré. Le cauchemar était plus destructeur que de rester éveillé. Mais Siph’ ne pouvait se réveiller. Il le voulait et luttait contre le rêve, mais celui tenait son esprit prisonnier. Ses mains invisibles serraient leur emprise sur sa conscience. Il le maîtrisait et Siph avait beau haletait et s'agitait, il n’arrivait pas à se libérer de  son empire. Il ne pouvait pas à se réveillé malgré tous les efforts qu’il y mettait, malgré l’enfer qu’il vivait dans son somme. C’était une véritable lutte qu'il menait mais une lutte vaine.
          La pièce était plongée dans l’obscurité et dans le silence, seul, régnait le bruit mécanique de l’horloge. L'ombre avançait, s’insinuant dans les lattes du parqué, grimpant sur les murs, s’agglutinant dans les coins. Dans sa progression, elle avalait tous. Elle grignotait les détailles, puis manger les couleurs et finissait par faire disparaître toute chose, ne laissant que le noir du néant. Son grand corps d'ombre rongeait la pièce et la fin entièrement disparaît. Siph' la voyait progresser jusqu'à lui, glisser sur le bois jusque sous ses pieds, pénétrant la matière, elle la faisait disparaître et Sph' se retrouva bientôt seul dans cette immensité noir. Il n'y avait plus de mur, plus de sol, juste le Rien qui l'entourait. Et puis d'on ne sais où, une porte s'ouvrit. Derrière brillait une lumière éclatante qui faisait se dessiner les contours de la porte comme un rectangle blanc dans le monde d’obscurité de Siph'. Les rayons transperçaient l'obscurité avec force et traçait jusqu'au pied de Siph' un long chemin sur le quel il avançait. Il se dirigeait vers la porte sans réellement savoir pourquoi. Le rectangle s'agrandissait au fur et à mesure qu'il s'en approchait. Il était obligé de plisser les yeux tant cette lumière l'éblouissait. Il tendait le bras devant lui, avançant à tâtons presque. Il ne voyait plus rien, la lumière était trop forte. Il y était. Attrapant les bords de la porte, il entra dans la pièces et ce lui comme s'il entrait dans un bol de lumière blanche, il n'y avait rien d'autre éclat aveuglant qui forçait Siph' a se protéger les yeux de son avant bras. Passant de la plus profonde noirceur, il n'arrivait pas à s'habituer à cet intensité lumineuse qui lui faisait presque mal. Se retournant un instant vers la porte qu'il avait dépasser, mais de porte il n'y en avait plus. D'elle et de la salle sombre, il ne restait rien. Seul un grand escalier s’étendait jusqu'à perte de vue derrière lui. Suspicieux, il commença à la monter lentement. Au fur et à mesure qu'il avançait des murmures lui parvenait, des voix humaines qui chuchotaient tous autour de lui. Il ne lui parvenait que le monotone bruit de leur conversation. Elles montaient jusqu'à lui dans un brouhaha confus d'où il ne pouvait distinguer ni mot, ni phrase et pourtant il reconnaissait les intonations. C'était comme les bruits des vagues, près de la mer. On entends le tous sans percevoir le bruit de chaque vague qui forment pourtant ensemble le grondement indissociable qui arrive jusqu'à nous. De cette même façon, Siph' entendait la clameur de ces voix. Il lui semblait qu'elle l'appelait. Il ne savait pas pourquoi, mais dans les bruissement diffus et dans les murmures, il croyait entendre son nom que l'on répétait. Et puis tous se défit autour de lui. Il se sentit chuter. Le noir se referma sur lui pour la seconde fois. Il tombait dans son abîmes, dans son estomac sans fond. Les voix continuaient de l'entourer. Il était avalé dans cet enfer noir et y serait dévorer. Mais les voix résonnaient toujours. C'était celle de ses amis, elles sortait du ventre même des ténèbres où son être allait disparaître. Les murmures sortant de la noirceur s’amplifiaient, devenaient déchirant telle des cris de bêtes et pourtant il reconnaissait les voix, celle de Xef par-dessus toutes les autres. Il entendait ces phrases, mais avait du mal à les comprendre. Les mots lui échappaient, il ne comprenait pas cette langue, il ne comprenait plus sa langue, ce n’était que des sons horribles, sans signification, des bruits stridents, inarticulés, un charabia étrange mais dont le sens ne lui échappait pas. La douleur et le reproche y était présent et faisaient trembler chaque syllabe. Les mots lui martelaient le crâne, lui déchirait l’esprit tandis que ses pensées éclataient, volant en éclat coupant et que la douleur dans sa tête augmentait. Il revivait une conversation, qu’il avait déjà joué dans le passé. Xef se tenait à nouveau devant lui, le regard brûlant, les lèvres légèrement redressées sur les dents dans la colère. Le décor de la maison de Bill sortait des ténèbres. Les différents acteurs de cette scène de sa vie sortait du noir. « Siphano ! Si c'était un piège, il ne l'aurait pas organisé sur la tombe de Bill ! » disait Xef. Alors il s’entendait répondre sans pour autant qui n’ai demandé à ses lèvres de bouger, sans qu’il n’ai voulu qu’un son sorte de sa bouche « Et comment est il mort, Bill, hein ? Est-ce que tu le sais, toi ? » Il revivait tous, cette scène qui avait céller leur destin, où il avait refusé de rejoindre Aypierre, les condamnant tous alors que Xef l’avait averti, cette scène se repassait à nouveau devant ses yeux ! « Tu te rends compte de ce dont tu es en train de l'accuser ! Est-ce que tu tuerais Frigiel ou Zelvac, toi ? C'est la même chose ! » Reprenait Xef et la colère était visible sur son visage. Il ne comprenait pas l’obstination de Siphano et il avait raison, il avait horriblement raison. « Aypierre a abandonné les Patrick. » il aurait voulu retenir ses mots mais ceux ci étaient déjà gravé dans le passé et les sons s’échappait de sa bouche sans qu’il ne puisse rien y faire. Il était prisonnier à l’intérieur de son moi passé et ne pouvait que voir, qu’assister à son déclin. « Et toi ? N'as-tu pas ... - Xef ! » Brioche venait d’intervenir, coupant la phrase avant que la terrible vérité ai été prononcé, mais l'horreur était déjà là et les mots qui n'avaient pas été dit transperçaient le cœur de Siph’. Oui il l’es avait abandonné et oui, il avait refusé de voir l’avertissement de Xef, les menant à leur mort. La dispute continuait, mais la douleur dans le crâne de Siph était trop forte pour qu’il puisse la comprendre. De toute façon, il ne voulait pas la comprendre. C’était assez ! Il savait cela ! Il savait qu’il était cause de leur mort ! pourquoi lui faire mal en le lui rappelant, ne pourrait il jamais payé assez pour cela. Il se prit la tête entre les mains et criait. Soudain la voix de Xef retentit, couvrant tous , transperçant son crâne. « Et toi ? Hein, Siph, Combien ? Vas-y, compte. Tu te souviens du dernier regard que t'a jeté Asenet quand il a comprit que c'était fini ? Tu te souviens de cette sensation de la corde que tu as lâchée, envoyant la flèche droit sur Thaek à moitié évanoui par l'explosion ! N'aurais-tu pas pu partir en le laissant en vie alors que la fumée brouillait la vue de tout le monde ! Et les doigts d'Harry la Franc, tu les vois encore ? Et la sensation de plaisir que tu as éprouvée en les lui réduisant en bouillie ? N'était-ce pas barbare de ta part ? Comment oses-tu juger Aypierre dans ces conditions ? Et le juger en plus avec un aplomb et une vanité incroyable. Mais ce n'est pas tout ! Te souviens-tu de tous ceux que tu as voulu tuer ? Voxran, pour le piler, Thaek encore et je ne les compte plus... » Les Patricks, il pensait rarement à eux, et pourtant, n’était il pas leur meurtrier ! Thaek, c’était lui qui l’avait tué sans que rien ne l’oblige à le faire. Il avait bien payé les conséquences de cet acte, car elles n'étaient autres que la mort et la torture de Xef et de Brioche. Tous se mit à tourner tous à coup, les couleurs et les êtres se détruisirent pour se mêler en un tourbillon flou et se resolidifier en un nouveau décor. La forêt. Il sentit la corde entre ses doigts, la flèche au bout de son arc. Il savait ce qui allait se produire. Il lâcha la corde et la flèche partie en sifflant et se planta nette dans la gorge de Thaek. Ses doigts tremblaient encore tandis que la vie quittait le corps de sa victime. Encore horrifié, la sensation de la flèche encore entre les doigts, il se retrouva quelques minutes plus tard et il écrasait les doigts tendu d’harry la Franc que celui-ci venait de poser sur ses lunettes. Les verres craquaient et ses éclats coupant transperçait le peau de l’homme dont les os cédaient. L’horrible sensation de victoire lui remontait à la tête et lui donnait envie de vomir de dégoût. Oui, il avait été heureux à ce moment, où il avait torturé lui-même un être humain ! il avait été heureux ! Il était si immonde ! De torture en torture, d’acteur et spectateur, le spectacle changeait à nouveau. Les cris d’Harry la franc devenaient ceux de Brioche et de Xef, le décor de la foret, celui de la la plage. Le sable s’étendait à nouveau devant sa vue. Il revit toute la scène du début où Xef luttait pour ne pas crier jusqu’à le fin où la douleur était devenue si forte et ses hurlements si longs qu’il s'en était déchiré les cordes vocales et que la mort l’avait réduit au silence. Il revivait ce qui le tuer, cette scène gravée en lui dont la mémoire jamais ne s'éffacerait. Enfin ses liens cédaient et il se précipitait vers les deux corps sanguinolents, déchiquetés, devenus informes, masses d’organes ouverts, méconnaissables. Les eaux l’engloutissaient et le corps de Brioche se défaisait entre ses doigts tandis que celui de Xef disparaissait. Il constatait son impuissance à sauver leur corps après avoir vu la façon dont il les avait mené à cette mort. La violence de l’eau le faisait rouler. Tous devenaient noirs. Il n’y avait que le mouvement de la tempête autour de lui. Plus d’arbres, ni torrent, juste le tourbillon infernal de ses souvenirs au centre du quel il était, tremblant et perdu.

          Siph se redressa d'un coup. Haletant comme s'il avait couru. Trempé, fiévreux. Il tremblait de tous ses membres. Les yeux dilatés, il lançait des regards affolé tout autour de lui. Rien n'avait changé. La pièces était toujours tranquille, froide, d'un impassibilité qui contrastait avec son désordre et sa panique à lui. La grande horloge continuait de produire son bruit mécanique. Inexorable, indifférente. Que le monde meurt, ne soit que sang que flammes, elle continuait à battre la mesure du temps dans le silence de la mort. Et même s'il n'y avait plus personne pour l'entendre, son balancier continuerait à taper chaque seconde et ses coups de sonner comme le gong qui sonna la mort de son constructeur. Il était seul dans le silence. Il était seul avec le bruit de l’horloge. Il lui semblait encore voir le visage de Xef flotter devant ses yeux.
          Petit à petit, il revenait au réelle. Mais tandis que les images du rêve se dissipait l'impression restait et l'horreur restait. Il tremblait de tous ses membres comme s'il avait froid et en effet il avait froid mais ce n'était pas de là que venait. Il frissonnait. La contacte de l'air sur sa peau faisait circuler de long tressaillement dans son corps. Il grelottait sans raison. C'était nerveux. Le stress qui rongé ses nerfs et la fatigue qui avait fait tomber les dernières barrières de son esprit, avait raison de lui. Cette une agitation incontrôlable de son corps était le produit de la tentions qui s'était à cumulé depuis si longtemps. Il n'en pouvait plus. Il se sentait si faible. Serrant les bras sur lui même et rapprochant les jambes de son corps, il se referma sur lui même. Il fallait que cela cesse. La peur, l'attente, la solitude, il fallait que cela cesse. Il n'allait pas y survivre. Il avait froid mais cela ne venait pas de l'air, mais de lui même. Le froid était dans ses os, à l'intérieur de lui même. Son être se glaçait de l’intérieur. Il n'en pouvait plus. Sa force passé avait fondu, laissant son corps chétif et impuissant. Il restait là, brisé, meurtri, détruit. Lui qui avait été si vigoureux, si solide, roulé en boule, il tremblait à présent, seul, désarmé contre la vie et souvenait de sa force passée tandis qu'il constatait sa faiblesse présente.

          Il avait mal à la tête. Son esprit était lourd, lent, comme embourbé dans les marécages de la fièvre. Il n'arrivait plus à réfléchir. Tous se passait au ralentis dans sa tête. Formuler ses idées lui demandait un effort incroyable, presque douloureux. La fièvre lui faisait monter au cerveau des vapeurs qui lui faisait tourner la tête. Il se sentait ivre, entre la connaissance et le délire, entre réalité et folie, divaguant dans les brumes de la maladie. Dans cette demi conscience, seul son instinct le faisait continuer à agir.
          Sa langue était lourde dans sa bouche et sa salive pâteuse. Son pou battait étrangement dans ses veine. Il avait soif, très soif. Comme si, dans son sommeil, on avait bu sa vie à même ses lèvres entrouvertes et que vidé, il se réveillé comme asséché.
          Il se leva difficilement et s'avança d'un pas chancelant vers levier qui se trouvait dans la pièce suivante. Il tenait les murs telle un vieillard, rongé par les années, à bout de force, s'appuie sur sa canne pour ne pas tomber. Il chancela un peu, ses jambes étaient faibles, mais il se sentait déjà mieux. Le rythme de son cœur s'était rétablit, il avait arrêter de trembler.
          Le vertige le prit tous à coup, par surprise, par traîtrise, alors qu'il sentait lentement ses forces revenir. Il lui soula va le cœur et lui tordit les entrailles. Il allait vomir. Quelque chose remonta dans sa gorge et y resta coincé. Ses jambes, flagellantes, ne pouvaient plus le porter. Il s'accrocha au cadre de la porte comme a une bouée de sauvetage tandis que le monde chavirait autour de lui et que le décor tourbillonnait dans une tempête de couleurs. Son crâne semblait être sur le point d'exploser. La douleur lui martelait la tête. Jamais elle n'avait été si intense. Son esprit explosait. Il n’existait plus. Il n'y avait que la douleur. La monde autour de lui avait disparu, son corps avait fondu et sa conscience le fondement même de son être s'était écrasé sous cette souffrance inconnue, soudaine, inattendu qui s'était installée en lui comme reine.

          Le vertige passa, aussi rapidement qui était venue, laissant derrière lui Siph' détruit dans son corps et dans son âme. Il tremblait comme à son réveil. Il avait très froid. Son mal de tête continuait, son front était brûlant et ses yeux pleuraient. S’appuyant le dos à la paroi, il se laissa tomber. Il n'en pouvait plus. Il fallait que cela cesse. Il fallait que cela cesse ou que Zelvac revienne, mais il ne pouvait pas continuer comme cela. Contre son oreille, la blessure de la flèche le brûlait.

***

          Siph' se retourna d'un coup, il l'avait senti ! Quelque chose venait de passer, tous près de lui ! Rapidement, cela avait produit un courent d'air qui avait très nettement sentis. Ses nerfs étaient à vif. Il sentait une présence, une ombre qui rodait autour de lui. Mais ce n'était la présence bien faisante de Xef. Il avait comprit, il ne savait pas pourquoi, que Xef ne viendrait plus, qu'il faudrait vivre sans son soutient, qu'il faudrait affronter l'avenir seul avec le poids de ses remords.
          Lentement, méfiant, il sortit de la pièce, à la recherche de cette présence. Il se sentait mal, comme si on l'observait, comme si un danger inconnu rodait autour de lui. Tout à coup toutes les lampes du bunker s'allumèrent et un dong se mit à sonner. Quelqu'un se trouvait dans l'antichambre qui permettait d'entrer au bunker ! Siph' se précipita, étaient ils de retour, enfin ? Tout son stresse se liquéfiait en lui. Serrer Zelvac dans ses bras, lui faire comprendre à quel point il était important pour lui, à quel point il regrettait ! Qu'importe que Zelvac le repoussa et qu'au poids de la culpabilité s'ajouta celui de l'éternelle perte d'un des derniers êtres chers qui lui restait, il ne souhaitait que l'éteindre, le sentir vivant contre lui. Sa main tremblait quand il écrit « qui est ce ? » sur le mot qu'il lança dans le système avec tous ses espoirs. Et puis ce fut l'attente. Il n'avait jamais été aussi fébrile. Ivre d'impatiente, il regarder avidement le fond du coffre. Lorsque la réponse lui parvint enfin, Siphano le déchira a moitié en l'ouvrant. Mais la longue écriture penchée, n'était pas celle de Zelvac et le nom tracé sur le papier n'était pas celui qu'il attendait. C'était qu'une longue meurtrissure d'encre noir dans la blanche chaire du papier. Le mot semblait être une grande rature, une cicatrice d'encre. Les lettres avaient écorché le papier. Elles étaient penchées comme balayaient par le vent violent qui apporte l'orage. Le « t » acéré, pointu, presqu'agressif, s’inclinait à la façon d'un noir cyprès sous les bourrasques. Les traits étaient fins et tranchants. Il y avait dans ce nom une  violence qui surpris Siph', une violence qui s'opposait à la nature même de ce nom.
          « Potaro » Siph' regarda le patronyme comme si on tenter de lui rappelait une vie antérieur. Potaro ? Oui, il avait connu Potaro... avant la cité... C'est une autre vie qui surgissait tous à coup. Potaro, qu'était elle devenue ? Et Nathek, pourquoi n'était il pas avec elle ? Était il mort ? Il n'avait eut aucune information depuis la bataille de Nether, il ne savait pas ce qui était arrivé aux autres, il ne s'en été d'ailleurs pas soucié. Le nom de Potaro revenait donc pour lui d'une époque bien lointaine. Potaro... Il tentait de faire resurgir du plus profond de sa mémoire le souvenir de ce qu'elle avait été. Une jeune fille belle, avec une magnifique chevelure brune, une peau blanche, des lèvres rouges, entre ouvertes, et de grands yeux gentils : le portrait classique de l'amoureuse. Comment avait elle pu survivre à la violence de la CHM ? Fragile et belle comme la rose, comment avait elle pu survire ? Siph' eut la réponse en la laissant entrée. Cette réponse était gravé sur son visage, brillait dans se yeux telle une flammes, étirait les coins de sa bouche : en changeant. La voir tout à cou en face de lui le fit se souvenir que la rose à des épines et que ses pétales vermeils étaient de la même couleur que le sang de ses victimes. « Elle ne représentait aucun danger, il n'y avait pas plus inoffensif que cette fille » voilà ce qu'il avait cru en décidant de lui ouvrir. Mais la longue femme, maigre, blafarde, aux yeux brûlant d'une flamme inquiétante, aux lèvres minces et pincées, aux joues creuses et à la peau flétrie n'était plus la Potaro qu'il avait connu. Enveloppé dans sa cape, elle semblait incarner les spectres qui le hantaient.

Zelvac a été tué par un squelette


Et si la CHM s'était passée autrement ?  Xef_fl10

Désolée du retard, j'ai eut un problème internet dimanche, lundi et mardi, jusqu'à tard le soir. C'est pour cela que le chapitre n'arrive que maintenant. Mais je vous ai fait le dessin, pour me faire pardonner.
Ce Chapitre commence à être un peu plus mouvementé que le dernier, mais l'action arrive... bientôt... Dans trois semaines ( j'ai un peu besoin de temps, les exams et tous ) nous commençons l'avant derniers jours de la CHM, Le jour 13 ! Et oui, il ne reste plus que le 13 et le 14.
je voudrais remercier Xy la Gardienne du Tigre pour le titre qu'elle a trouvé en ne connaissant que le dessin. je trouvais qu'il allait bien car le feu et présent dans toute les parties, comme aide pour soigné ou pour purifiée, mais aussi pour tuer. Black m'avais trouvé aussi un bon titre, mais voilà, je ne pouvais pas en mettre deux ( Dans les flammes disparaissent autant de corps que d'âmes. ) en tous cas merci beaucoup à vous les filles ! j'étais en panne, vous êtes géniales !  

et en bonus un de mes brouillons pour le dessin. Non, il n'est pas du tous fait en cours et non j'écoute très attentivement pendant les cours d'anglais ( c'est pour cela que j'ai un tel niveau XD ) Frigiel devait être présent de dos sur le dessin à l'origine mais j'ai eut la flemme...

Et si la CHM s'était passée autrement ?  Xef_fl11
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Je crois que je ne vais plus réussir à commenter un seul de tes chapitre Mich... C'est trop douloureux...
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Aliona l'endergirl a écrit:
Je crois que je ne vais plus réussir à commenter un seul de tes chapitre Mich... C'est trop douloureux...

Tu ne sais pas l'effet que ton com a eut sur moi. C'est trop drôle. je me suis dit "trop douloureux ? Certes Cela l'est un peu, ou du moins un peu plus que dans l'autre partie, mais c'est le principe de ce dernier cycle, de commencer doucement, mais de façon inquiétante et que l'horreur naisse dans la longueur. Donc si elle considère que ce point de vue est douloureux, que va t'elle dire du suivant ?" et comme pour te prouver qu'il sera vraiment pire, cela m'a donner super envie de l'écrire ( enfin de le continuer ) Donc merci beaucoup j'étais un peu déprimée et en panne et tu m'a donner super envie de continuer, et en encore plus méchant.
Je crois que j'ai vraiment l'esprit de contradiction
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Sam 25 Avr - 13:12
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Mais j'ai trop tendance à imaginer des scénarios... Dans mes commentaires, je met mes hypothèses... Donc oui, c'est trop douloureux... Je ne sais même plus si je veux vraiment lire la suite
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Aliona l'endergirl a écrit:
Mais j'ai trop tendance à imaginer des scénarios... Dans mes commentaires, je met mes hypothèses... Donc oui, c'est trop douloureux... Je ne sais même plus si je veux vraiment lire la suite

qu'est ce que tu t'imagines ? tu crains pour Fukano ? pour Siphano ?
Quoi ! tu ne veux pas lire la suite ! No arg, ma fidèle lectrice ! qu'est ce que va devenir la section commentaire sans toi ! Lielea qui est en retard, Raika qui manque de temps pale je vais me retrouvée toute seule à la fin. XD Attention fiction horrible vous fait attacher aux personnages pour vous déchirer le cœur. lecture déconseillée.
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Sam 25 Avr - 13:33
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Malheureusement, je me connais... Je la lirais... Mais je ne t'encouragerais pas forcément à l'écrire sachant que je crois savoir ce qui va se passer... Je ne pensais pas pouvoir écrire ça un jour. Je ne m'inquiétais que d'une personne mais elle est morte. Cela n'empêche que je veux voir à quoi sa mort pourrait avoir servit
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Aliona l'endergirl a écrit:
Malheureusement, je me connais... Je la lirais... Mais je ne t'encouragerais pas forcément à l'écrire sachant que je crois savoir ce qui va se passer... Je ne pensais pas pouvoir écrire ça un jour. Je ne m'inquiétais que d'une personne mais elle est morte. Cela n'empêche que je veux voir à quoi sa mort pourrait avoir servit

XD je t'ai totalement déprimée.
Bien sûr que tu te doute de ce qui va se passer, de comment la CHM va finir, j'en suis l'auteur, c'est assez simple. Je me suis toujours demandé comment vous faisiez pour croire en une fin heureuse. Dés le premier chapitre ma correctrice se douter de la manière dont cela allait finir.
La fin était décidée avant que le premier chapitre ne sois commencé et quand je m'amusait à construire le personnage d'Aypierre, quand je le créais si fort, si ténébreux au début, puis si grand dans sa douleur ensuite, je savais que la jour 11, il serait tué par Skillnez et que chaque chapitre qui passait ne faisait que le mener à cette mort. C'est comme MyssCalypso qui me disais avant la bataille du Nether que je n'avais pas intérêt à tuer October.
Tu crois encore en son sacrifice ? Son héritière est mort et tous ce qu'il a dit ne semble pas avoir eut un quelconque incidence sur Potaro vu comment elle a tuer Croustinette.

et pourtant, il y a un épilogue heureux, cela tu peux en être sûre. Même s'il ne l'est pas totalement, comme l'épilogue malheureux ne l'est pas totalement non plus.
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Sam 25 Avr - 14:00
Aliona Tma
CHUUT ! Potaro va pas tuer Siph' je te dis ! Pas maintenant qu'il s'est décidé à vivre !
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Je peux te dire, sans mentir, que Siph' ne sera pas tuer par Potaro. Mais cela reste un mensonge par omnition. C'est la vérité, sans réellement l'être... cela ne se passera pas aussi simplement.
A dans trois semaines. Twisted Evil
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Mar 23 Juin - 11:18
Lielea
Trop de retard...

Tu sais quoi... Je préfère te faire un vraiment bon et grand com lorsque j'aurai rattrapé ce retard, au lieux de te faire les coms stressés....
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Mar 23 Juin - 12:19
Raikya l'Alchimiste
Je pense que c'est une bonne idée ;3

(quoi? De quoi je me mêle ? Mais... de tout !)

Bref, bon courage :3
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