La Flamme Des Souvenirs, Chapitre 11
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J'étais restée pétrifiée sur ma branche, manquant même de tomber à un moment. De peur, de colère ou de joie, je ne savais pas. Certainement un mélange de tout ça, qui créait un sentiment de frustration en moi. Que faire, qu'est-ce qui était logique ou normal de faire ? L'indécision me chatouillait le ventre de ses doigts douloureux. A moins que ce fut de l'angoisse.
Puis, une émotion prit le pas sur les autres.
La rage monta, détruisant avec soin mes barrières mentales. Vite, trop vite ! Je m'affolai mentalement. Je ne pourrais pas retenir seule toute cette colère contenue ! "Ne dis jamais que tu ne peux pas avant d'avoir essayé." La voix mécontente de mon mentor. Mais oui. Je ne suis pas seule. Je descendis de l'arbre à toute vitesse, sans précautions. Il fallait que je trouve quelqu'un. Vite.
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Je tournai en rond, sortant oralement tout ce que j'avais enfoui au fond de moi. Du moins une partie. Mes peurs, mes joies, mes peines. Tout. Après ça, un lourd silence parcourut la tente où j'étais. Enfin, la jeune fille que je commençais à connaître leva les yeux et répondit calmement :
"Je comprends pas bien : qu'est-ce qu'il a fait pour que tu soies autant en colère ?"
J'inspirai profondément et me relançai dans ma tirade :
"Il est partit il y a de cela trois ans, sans me laisser la moindre explication. J'ai appris de la bouche de Aypierre qu'il avait changé de fac. C'était mon meilleur ami, et il a disparu sans me dire au revoir ou quoique ce soit. Tu comprends maintenant ? Toutes ces années, je me suis inquiétée, je ne recevais presque pas de nouvelles de sa part. Et là, il arrive comme une fleur ?!"
Kanra acquiesça mais répliqua immédiatement :
"Oui, mais il ne t'a pas encore parlé, n'est-ce pas ?"
Je me figeai sur place. C'était vrai. Mais je ne voulais pas l'admettre. Je ne pouvais pas l'admettre ! Alors je repris :
"...Ça ne change rien à la situation ! T'aurais aimé, toi, ne pas recevoir de nouvelles d'une personne qui compte beaucoup pour toi ?!"
Aucune réponse. Juste un silence. Je regardai Kanra dans les yeux. Son regard sanglant d'habitude impassible était devenu ocre, comme terni d'un mauvais souvenir. Elle garda le contact visuel et répondit finalement d'une voix blanche à ma question :
"Non."
C'est à ce moment-là que Jade arriva en courant, essoufflée. Elle regarda d'abord la noirâtre :
"Je-J'ai vu.."
Puis, elle se rendit compte que j'étais présente et se précipita sur moi :
"Tu l'as vu, n'est-ce pas ?"
Je hochai difficilement la tête. Ma soeur se pressa contre moi et me serra contre elle. Elle chuchota à mon oreille :
"Ne fais pas de conneries."
C'est à ces mots que j'éclatai en m'écartant d'elle :
"Comment veux-tu que je fasse ?! Lui parler comme si de rien n'était ?!"
La châtains semblait désespérée :
"Non mais.. enfin.. je sais pas.."
Je secouai la tête :
"Je ne peux pas. Je-je ne peux juste pas faire ça."
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Nous étions toujours dans les mêmes positions lorsque une autre fille châtains à la tenue pour le moins originale arriva à son tour.
"Salut, lança-t-elle gaiement, J'ai trouvé l'emplacement des nouveaux !"
J'ouvris des yeux intéressés. Lugi ne le savait pas, mais elle venait de dégoupiller la grenade.
"Et c'est ?, répondis-je d'un ton faussement ennuyé.
- 665A !, dit-elle joyeusement sans voir les yeux alarmés de nos deux comparses."
Un sourire joyeusement sanguinaire vint étirer mes lèvres. Je me levai tranquillement de mon lit et marchai vers la sortie. En passant, je susurrai un petit "Merci" à Lugi. Celle-ci se rendit compte subitement qu'elle avait peut-être fait une petite bêtise..
Dehors, le vent s'était levé et fouettait avec ardeur mon visage. Je respirai à fond, un léger sourire béat collé à la face. J'adorais ce que les autres appelaient le "mauvais temps". Le vent portant avec fougue la fine pluie sur mon visage tandis que des éclairs stridents zébraient le ciel sombre.. Oui, j'adorais cela. Je posai lentement un pas après l'autre, avançant tout de même d'un pas rapide. Car même si il serait drôle de voir cette tête effrayée de mon cher meilleur ami par une imagination trop farfelue lors d'une nuit sombre, je souhaitais profiter de mon temps libre pour me reposer. Une moue ironique vint teindre mon visage d'une lueur sombre. Mon "meilleur ami", hein..
Un frisson parcourut mon dos alors que l'ombre d'une tente bien précise s'affichait lentement devant moi. Qu'il fut de plaisir à la pensée de ce que j'allais faire ou au contraire d'angoisse, ce frisson me fit secouer la tête et la relever avec détermination quelques secondes plus tard. Il fallait que je me défoule. Vite. Je savais comment je fonctionnais, tout comme je savais que si je ne lui mettais pas au moins une claque, j'allais être tendue tout le long du tournoi. Et ce n'était pas dans mes envies de perdre ce dernier.
Je m'approchai tranquillement de la tente, tendant l'oreille pour vérifier s'il était vraiment là. Le silence. Puis, un léger ronflement. Bon. Ça ne m'avançait pas plus que ça. Mais alors que j'allais écarter la toile d'entrée et me glisser à l'intérieur, quelqu'un m'attrapa par les hanches et me tira en arrière. Je savais qui c'était. Il n'y avait qu'une personne pour oser m'attraper les hanches sans craindre de représailles. Je lâchai un soupir inaudible. Je me laissai pousser plus loin avant de me retourner brusquement, croisant un regard bleu profond. Tapotant le sol du pied, il siffla à voix basse :
"Je peux savoir ce qui t'a prit ?!"
Il semblait vraiment en colère. Je ne répondis pas. Il savait déjà pourquoi.
"Bon sang, tu aurais pu te faire disqualifier !"
Cette dernière phrase me fit l'effet d'une douche glacée. Oups.
Il se mit à faire les cent pas, me jetant un regard noir de temps à autre. L'agacement me prit à la tête. Je détestais qu'on m'engueule pendant trois heures pour une seule raison. J'aurais pu lui répliquer mille et une choses, mais je choisis de tourner les talons, soufflant par à-coups pour expulser ma colère.
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Cette nuit-là, je rentrai avec l'esprit apaisé, le pas tranquille et les jointures des mains écorchées. J'avais porté mon choix sur un arbre pour me défouler. Le pauvre n'avait plus d'écorce. En rentrant, j'avais croisé Frigiel assis sur un haut rocher. Il m'avait saluée silencieusement de la main tandis que je lui souris doucement. Ses yeux de glace avaient rapidement aperçus mes poings en sang. Mais il n'avait pas fait remarque, se contentant de sourire d'un air gêné en me montrant les siens. Ils étaient semblables aux miens, parcourus de sang et tremblant un peu. Un autre agacé de la vie ? J'avais rit doucement et étais repartie en lui souhaitant bonne nuit.
"Sacrée journée", songeais-je en rentrant..
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....Désolée ? ToT
Je.. je.. j'vous jure c'pas moi ! C'est... c'est.. c'est la faute à Lugi ! *paf*
Non, plus sérieusement, je sais que j'ai mis un peu de temps mais j'en ai trop peu à mon goût avec les cours.. :/
Bref, en espérant que ça vous a quand même satisfait,
Nyal.