Pourquoi ? | Chapitre 3

Point de vue de Bboy

Je n'entendais plus rien. Je me sentais comme ailleurs. Mais ou étais-je exactement ? Tout était noir autour de moi, même en bougeant la tête. Je semblais flotter dans le vide, dans les ténèbres. Je ne me rappelais plus de rien. Ni mon nom, ni mon âge, ni rien du tout. Soudainement, mes pieds touchaient une surface dure et j'hésitais à avancer. Il y avait peut-être un trou.. Mais je n'avais nul part où aller. Je ne faisais qu’airer n'importe où..

Soudainement, j'arrivais dans une maison. Elle me semblait familière.. Je voyais un miroir et essayais de me regarder dedans. Je.. Je n'existais pas ?! Je m'asseyais sur une chaise, totalement déboussolé. Qu'est-ce que je faisais là ? Un homme entrait dans cette maison. Il portait un t-shirt bleu avec un motif vert. Son pantalon était rouge et ses chaussures.. jaunes. Étrange déguisement. Il allait vers le canapé du salon, et je remarquais qu'il y avait quelqu'un. Il semblait mal au point. Mais.. c'était moi ! Enfin, ça devait être moi, nous avions le même sweat gris.

« Bboy, pourquoi tu m'as appelé ? »

Bboy ? C'était donc comme cela que cette personne.. enfin moi, je m'appelais ? Il semblait lui répondre mais je voyais seulement ses lèvres bouger mais aucun son n'en sortait.

« Tu es sérieux ? Tu es complètement bourré.. »

Il se levait précipitamment pour courir quelque part, suivi de l'homme aux cheveux marrons qui soupirait. Il tournait la tête vers moi. Il me voyait ? Je reculais un peu et il continuait son chemin vers ce fameux Bboy. Il me semblait le connaître, cet homme aux yeux bleu si beau. Je retombais dans les ténèbres.

Mes paupières se rouvraient et j'étais sur une colline, le dos contre un arbre. En levant la tête vers le ciel, je pouvais voir qu'il faisait beau, avec un grand soleil. L'herbe chatouillait mes mains et je profitais de ce moment de repos offert. Je pouvais voir des choses et pas que ce noir répétitif.. J'entendais bientôt des sanglots ainsi qu'une étrange sensation sur ma joue, comme s'il y avait quelque chose dessus.

« Bboy, je t'en prit.. Reviens.. »

Cette voix.. Aypierre. Je ne sais pas qui c'était mais c'était le premier nom qui m'étais venu à l'esprit. Aypierre.. Cette voix provenait du ciel et il n'y avait personne autour de moi.

« Pense à tes abonnés.. Ils seront sûrement triste sans toi.. Et Fufu a complètement pété un câble en apprenant ça. Aze s'en veut énormément et Nems.. il est allé le réconforter mais il est très triste aussi. Et moi.. Je suis le seul à avoir eu le courage de venir te voir. »

Mais qui était toutes ses personnes dont il parlait ? Sûrement des proches.. Il me parlait comme s'il m'était arrivé quelque chose.. Pourtant, je ne porte pas de marque de blessures quelconques.

« Le médecin a dit que tu avais peu de chance de t'en sortir mais j'y crois. Je crois en toi, Bboy. Je sais que tu reviendras et je suis sûr que tu te bats pour revenir parmi nous. On t’accueillera les bras ouverts.. Sois en certain. »

Il était possible que je sois entre la vie et la mort.. C'était donc comme ça ? Un sourire apparût sur mes lèvres. J'aimerais bien rejoindre cette voix mais.. comment faire ? J'attendrais ici, une indice pour y aller ou qu'il revienne me parler. Et il revint. De nombreux fois même. Il me racontait sa journée, me parlait de ses autres amis. Aze et Nems revenait souvent. J'entendais aussi parfois d'autres voix, j'arrivais à les différencier.

Mes journées étaient longues et mornes. J'attendais avec impatience le moment où Pierre venait me parler. C'était les meilleurs moments de la journée.

« Eh salut Bboy.. Tu n'est toujours pas revenu. Mais le médecin a dit que venir te parler était un bon moyen de t'aider et que tu entendais ce que je disais.
- Evidemment que je t'entend, je ne suis pas sourd ! soupirais-je, en sachant très bien qu'il ne m'entendais pas, lui.
- Aujourd'hui, ça fait.. Trois mois que tu es parti. Ne t'inquiète pas, je payerais la chambre d'hôpital le temps qu'il faudra pour que tu reviennes. Il t'en faut du temps, riait-il.
- C'est.. gentil.
- Aze a encore fait une crise de jalousie.. Il me criait que je ne pensais qu'à toi, que j'allais toujours te voir, que je l'oubliais.. Ce genre de chose. Et ça commence à m'énerver.. Il croit peut-être que je ne vois pas ses petits trucs avec Nems..
- Aze et Nems, ensemble ? Wouah.
- Tu t'es étonné, hein ? J'en suis sûr. Tu dois rire. J'te connais trop pour le savoir..
- Sinon, tu sais comment je peux sortir de là ?
- Reviens vite.. Tu nous manque, à tous. Jiraya devrait venir te voir avec Fufu dans pas longtemps, ça te fera un peu de compagnie autre que moi. Tu.. me manques beaucoup, finissait-il. »

Étonnement, je sentais mes pommettes chauffer et une étrange sensation dans le bas de mon ventre. C'était quoi ça, encore ? Je voulais le rejoindre ! Je commençais à grimper à l'arbre et arrivait à la cime de celui-ci. Je sautais et une sorte de barrière m'empêchait d'arriver plus haut, me faisant retomber au sol dans un gémissement de douleur.

« Saloperie d'arbre ! »

Soudainement, je me sentais attirer encore vers les ténèbres. Non.. pas encore ce noir affreux.. Laissez moi dans la couleur.. Ma prière ne fut pas attendu et je tombais, malgré moi, dans un long sommeil.

Je ne sais absolument pas combien de temps je suis resté comme ça. Tout ce que je savais, c'est que je ne pouvais pas trop bougé et j'entendais toujours la voix d'Aypierre par moment. S'il vous plaît.. Combien de temps vais-je rester là ? Je veux sortir.. Comme une plainte silencieuse, je murmurais :

« Aypierre.. Sors moi de là.. »

Mon cœur se mit subitement à battre plus fort et plus vite. Je posais ma main sur celui-ci, affichant une grimace. J’apercevais une lumière blanche au loin, m'aveuglant un peu puisque je n'avais pas vu d'autre couleur que le noir depuis longtemps. Je savais que je devais y aller, c'était ma seule chance de m'en sortir.. Toujours la main sur le cœur, je commençais à bouger mes jambes avec mal. Aller, un petit effort ! Je marchais sans regarder en arrière, sans me demander ce qu'aurait comme conséquences ces gestes. Je soufflais un bon coup avant d'avoir une énorme mal de tête. Non, je devais y aller.. Je plissais les yeux, ignorant la douleur. J'y étais.. Encore quelques pas.. ! Je sautais dans le trou blanc et me laissais aller.

Aypierre, je ne sais pas ou plus qui tu es mais je sais que je dois te rejoindre. C'est pourquoi j'ai réussi à avancer jusque là.