Ce que je vais vous raconter est tiré de mes rêveries d'enfant. C'était une époque où je rêvais de m'échapper loin de toute réalité. Voilà ce qui est resté :
Ce matin, comme tous les matins, mon réveil sonne. Ce n'est pas une douce musique mais le piallement incessant d'un oiseau robotique. Je ne veux pas me réveiller...mais j'y suis bien obligée. Chacun de mes mouvements me demande un effort suprême. J'ai l'impression que mes membres sont en plombs...à moitié réveillée, je tâte sous mon lit à l'aveuglette afin de trouver mes chaussons. Une fois à mes pieds, je marche dans le couloir sans allumer la lumière. Je titube un peu et manque plusieurs fois de tomber. Une fois dans la cuisine, je parcours le frigo à la recherche de lait. Ensuite, j'ouvre un des placards et sors triompheusement une boîte de céréales. Je défais mollement le couvercle et j'allume la radio. Les informations se ressemblent toutes...puis, à un moment, j'entends quelque chose qui me tire de mes rêveries :
"Flash info spécial : un groupe de terroristes, a décidé de...de...de séparer les enfants de moins de 16 ans de leurs familles. Nous ne connaissons leurs motivations. Ils ont mis au point un sérum qui agira sur tous les adultes d'ici une semaine : à cause de lui, nous allons tous nous mettre à détester les enfants. Il n'existe pas de remède. Je vous le répète. Nous ne connaissons pas leurs motivations. Le sérum a agi partout dans le monde. Nos enfants sont en danger de mort. Nous n'allons pas seulement les détester. Nous allons les haïr au point de vouloir les tuer. D'après les terroristes, c'est un jeu pour les enfants. Voici leurs règles :
-Le but ? Survivre.
-Les règles ? Vous avez une semaine pour faire tous les magasins que vous voulez. Tout sera gratuit. Vous pouvez prendre ce que vous voulez pour survivre. Après, les adultes vont tous sans exception vouloir vous tuer. Ce jeu est infini. Tant qu'il restera des personnes, enfants ou adultes, le jeu continuera. Bonne chance à tous.
Flash info spécial..."
Le texte continue de tourner en boucle. Je me sens...bouleversée. Que s'est-il donc passé ? Tout est flou dans ma tête. Pourtant, c'est assez simple : je prends tout ce dont j'ai besoin pour survivre et je me casse. Mais pour moi, ce n'est pas si facile. Mes parents vont vouloir me...tuer ? À ce point là ? L'information est dure à digérer. En plus, le jeu est infini, cela veut dire que...non. Je n'ai...aucune chance de...revoir mes parents. Je ne me sens pas bien du tout maintenant. Puis soudain, une petite voix dans ma tête retentit :
"Qu'est-ce que tu fais Cello ? C'est pas le moment de pleurer ! Vite ! Cours dans les magasins si tu veux avoir la chance de prendre quelque chose dans un magasin."
Et elle a raison. Même si j'ai beaucoup de mal a saisir l'information, il faut vite que j'aille dans un supermarché prendre des vivres, des armes, et tout ce dont j'ai besoin pour rester en vie. Par chance, il reste encore plein de choses dans les rayons. Je remplis un caddie de packs d'eau et de nourriture puis je vais vers les instruments de cuisine. Là, je saisis un kit de couteaux, un livre de recettes et toutes sortes de spatules. Ensuite, il faut que je pense vêtements : j'entre dans le magasin qui correspont et j'opte pour les habits les plus confortables qui soient. J'ai besoin de deux caddies pour tout transporter. Puis le déclic : transporter. Transport. Voiture. Mais oui ! Je vais avoir besoin d'une voiture pour transporter tout ce bazard ! Je cours depuis tout à l'heure à sa recherche puis je l'aperçois enfin : le magasin de voitures. J'entre et mon regard se pose sur une 4×4 tout terrain. Je la prends sans hésiter. Je vide le contenu des caddies dans son énorme coffre. Mon père m'a montré comment on conduisait. J'ai du mal mais je tiens la route. Je sais où aller. Chez Epona, ma meilleure amie. Je me gare devant une petite maison blanche et j'appuie sur le bouton. Un son de cloche se fait entendre. C'est la mère d'Epona qui m'ouvre. Nous ne parlons pas, mais un seul regard permet de transmettre ce que nous ressentons. Elle me guide jusqu'à la porte de la jeune fille et me fait entrer. Epona est a genoux dans un coin et sanglote. Je passe une main autour de son épaule et elle se met à pleurer de plus belle. Je ne peux contenir mes larmes et me met à hurler de tristesse, moi aussi. Nous restons comme ça pendant dix bonnes minutes quand je décide d'engager la conversation.
Cello : Epo...je suis désolée.
Epona : non, c'est moi qui suis désolée. Je suis faible de me laisser emporter par ce genre de choses.
Cello : mais non tu n'es pas faible ! C'est normal quand on l'apprend d'être bouleversé de chagrin !
Epona : mais la semaine va passer et je ne vais rien avoir à me prendre dans les magasins !
Cello : tu n'as pas à t'en faire pour ça. Je m'en suis occuppée.
Epona : oh Cello, merci !
Elle me prend dans ses bras dans un sanglot. Je lui tapote l'épaule avec la main droite et lui carresse les cheveux avec la main gauche.
Cello : ça va aller, ma belle. Ça va aller. Va prévenir tes soeurs que j'ai tout ce qu'il faut.
Une semaine plus tard...
Voilà. C'est la fin de cette semaine beaucoup trop courte pour moi. Avec Epona nous allons aller dans une très large forêt où on ne nous retrouvera sûrement pas. Le moment des adieux. Je sers mes parents contre moi et je sens de grosses gouttes s'écraser contre mon crâne. Ils pleurent. Je risque un pas en arrière. Ils ne me retiennent pas. Je leur fait un grand signe avec ma main. Je sens les larmes me monter aux yeux mais je me dois d'être forte. Il le faut. Mais je me dit que je ne les reverrai plus jamais. Ma tristesse est plus forte que ma noblesse et explose au grand jour. Je ne vois rien tant mes larmes brouillent ma vision. Je me retourne, fonce vers ma voiture, la démarre et conduit jusqu'à Epona et sa famille. Elle a l'air encore plus effondrée que moi. Nos regards tristes se croisent. Ils passent tous les messages que nos coeurs ne peuvent plus garder. Elle ouvre la portière d'une main molle et mal assurée suivie de ses quatre soeurs. Sukoshi et Nizzy sont jumelles et ont un an de plus qu'Epona et moi. Cypriie a quatorze ans et Kawaii en a treize. Elles sont toutes aussi tristes qu'Epona et un sentiment de culpabilité m'envahit. Celui de ne pas avoir été assez triste aux yeux de mes parents. Peut-être maintenant pensent-ils que je ne les aimaient pas ? Une fois toutes les filles dans la voiture, ma décision est prise. Je fonce à travers les rues de notre ville jusqu'à la mienne, je sors et manque de peu de tomber tant je suis pressée. J'ouvre la grille rouillée sous un bruit de ferraille. Je cours jusqu'à mes parents, en larmes.
Cello, hurlant : je vous aime !!
Je les sers une dernière fois dans mes bras et retourne dans la voiture, plus soulagée que jamais. Mes parents savent désormais que je les aime, et c'est tout ce qui compte.
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Ven 25 Juil - 9:47
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