Notre beau monde...

L'Apprentie : Chapitre 1

Je me tourne sur mes talons en gardant les bras dans l'alignement du corps pour faire pivoter l'énergie qui m'entoure, comme Thuneo me l'a appris. Je recule ma jambe droite et m'incline pour remonter, victorieuse, et rassembler l'énergie dans une unique colonne visible devant moi. Je l'y maintiens quelques secondes et la relâche ensuite. Je me retourne et m'incline devant mon mentor, en gardant les yeux fermes comme durant tout l'exercice. 
"Relève toi..." 
J'ouvre les yeux. J'ai envie de demander comment c'était, même si je sais que c'était bien, mais l'expression dans le visage de mon ami et maître m'arrête. 
*J'ai fait quelque chose de mal? Je lui demande dans l'esprit. Je peux refaire... Je suis désolée….
Il me regarde toujours avec cet air bizarre. Au bout d'une éternité (enfin j'en ai l'impression) il me parle. 
"J'ai toujours su que tu étais extrêmement forte mais là... J'ai mis des années a réussir cet exercice et toi tu le fais comme ça, sans même réfléchir à quel point c'est difficile. Anira, je n'ai plus rien a t'apprendre. Tu es prête a partir, prête a être une gardienne a part entier.
-Mais, mais j'ai même pas 15 ans! J'ai encore tellement a apprendre! Je ne sais ri-
- Non! Tu sais beaucoup. Tu ne t'en rends juste pas compte parce que tu ne l'as jamais connu différemment. Mais tu as raison, tu es trop jeune… Je t'enseignerai encore jusqu'à ton anniversaire mais ensuite tu devrais partir. Voyage tant que tu le peux, cela t'apprendra ce qui te manque, car ce qui te manque il n'y a que la vie qui pourra te l'apprendre. »
Je le regarde, choquée, même si j’ai remarqué qu’il à dit "devrais". Je savais que j’étais douée et que je suis intelligente (après tout mes parents m’ont appris à me servir de mes pouvoirs dès qu’ils ont compris que j’étais une gardienne) mais pas à ce point! Je n’ai eu que cinq (bon presque six) ans avec mon mentor, alors que la plupart des jeunes gardiens passent une bonne dizaine d’années avec les leurs, voir plus. Je me tourne et m’éloigne en direction de la forêt, j’ai besoin de me calmer et le meilleur endroit pour le faire  c’est dans la clairière avec le vieux puits, là où il y a souvent un troupeau de chevaux sauvages. 
En marchant dans les bois clairs je sens que je me détends. Il fait beau, les feuilles forment des dessins d’ombres vertes entrecoupés de soleil sur le sol, un petit vent souffle et apporte avec lui les odeurs typiques de la foret, mélangés avec ceux laissés par les plantes médicinales qui poussent près de notre maison, et les oiseaux chantent. Un parfait midi de printemps, même s’il fait déjà bien chaud. Je laisse mes pensées filer et profite pleinement de la beauté qui m’entoure. Lorsque j’arrive au vieux puits il n’y a pas les chevaux, mais je vois un renard qui s’éloigne de l’eau avant de s’en rapprocher à nouveau lorsque je lui dis que je ne suis pas un danger pour lui. J’ai toujours eu le don de faire passer des messages aux animaux, et inversement je les comprends aussi. Même si je ne l’ai raconté à personne je pense que c’est lié au fait que je peux me transformer à volonté en une petite chatte noire et surtout ailée. Je n’ai pas raconté ce don à mes parents, ils étaient déjà trop dérangés par le fait que je suis une gardienne, ni a personne d’autre, sauf à mon cheval, Narnia, mais lui c’est différent, c’est un animal lui-même, et en plus il est à moitié sauvage. Je ne l’ai même pas dit a Thuneo, et vu sa réaction aujourd’hui, j’ai bien fait. Il a dit que je devrais partir… mais partir où? Je n’en ai aucune idée, mais il n’est pas mon maitre pour rien, il sait lorsque c’est le bon moment, alors je vais lui faire confiance et partir. J’irai chez mes parents et mon frère en attendant de savoir quoi faire…mon frère… Leo, ça fait tellement longtemps… La dernière fois que mes parents m’ont rendu visite était à mon dernier anniversaire, le 25 juillet de l’année dernière, Leo n’était pas venu, il m’en voulait toujours d’être partie habiter chez Thuneo, alors que cela faisait trois ans déjà… et il avait aussi un examen, mais je ne me souviens plus de quoi… mon frère. En y pensant j’ai presque hâte de le revoir, de revoir ma famille toute entière! Je me détends complètement maintenant, savourant a pleine dents la belle journée. J’ai réussi à passer mon "examen final » et je vais bientôt revoir mes parents, quoi demander de plus? Et pour mettre mon bonheur au comble même le troupeau de chevaux sauvages apparait dans la clairière, mon Narnia avec son pelage blanc étincelant à leur tête. Lorsqu’il me voit il se met à trotter dans ma direction  je cours aussi vers lui et lorsqu’il passe à mon coté je m’accroche à sa crinière et saute sur son dos. Je vais passer un excellent après-midi!
La nuit, dans ma petite chambre, les doutes qui étaient partis dans la forêt, à la lumière du jour, reviennent. Je bouge dans mon lit, me tourne et retourne, le sommeil ne voulant pas partir. Je me lève, deviens chat et sors par la fenêtre pour voler un moment parmi les étoiles, la lune et les nuages.
En revenant dans ma chambre plus tard je vois d’un coup mon reflet. Ca fait longtemps que je ne me suis plus vraiment regardée dans un miroir et j’ai un choc. Je vois d’abord mes yeux. Ils semblent énormes dans mon visage mince et pour la première fois de ma vie j’aime le bleu dont ils sont faits, avant je trouvais qu’ils étaient trop sombres mais avec ma peau étonnamment blanche (je suis tout le temps dehors et au soleil) ils font un contraste stupéfiant. Mes longs cheveux noirs sont toujours aussi lisses qu’avant, mais avec les petites tresses dans lesquelles sont tissés des fils d’argent fin ils ne me donnent plus cet air de petite fille sage. J’ai grandi aussi, et je suis plus fine que dans mon souvenir, en plus ma poitrine à commencé à se changer elle aussi. En fait je suis plus femme qu’enfant et c’est accentué par les habits simples qui me paraissaient si moches à une époque, mais qui me donnent maintenant une allure de reine guerrière, autrement dit je ressemble entièrement à une gardienne. Peut-être que Thuneo a raison finalement, je suis prête… 
*Que fais tu?
La question me surprend, n’avais-je pas mis mes barrières mentales? Je ne les enlève jamais donc c’est bizarre…
*Rien, ne t’inquiète pas…
Je comprends qu’il ne me parle pas dans mon esprit comme je l’avais cru au début, non, mon mentor me parle dans la petite place toujours ouverte où tout le monde peut parler (a condition de savoir utiliser l’esprit bien sur). Je n’ai pas l’habitude de me  "déconnecter" de cet endroit mais si je pars je devrais peut-être me l’habituer….
*Lorsqu’une femme se regarde dans un miroir c’est toujours qu’il y a quelque chose qui la turlupine… est-ce parce que je t’ai dit que tu étais prête?
*Non, enfin pas vraiment… Je ne sais juste plus ce que je devrais faire après, en tant que gardienne. J’ai peur de faire une faute!
*Tu est une gardienne extrêmement puissante.
Je rougis, aussi bien spirituellement que physiquement.
*Même… ne devrais-je pas avoir une sorte de marche-à-suivre pour être une bonne gardienne? 
*Non, chaque gardien trouve sa façon d’aider le monde, c’est notre rôle, mais comment tu vas le faire, ça c’est à toi de voir… Ne t’inquiète pas, tu trouveras ton chemin et je suis sur qu’il sera extraordinaire! En attendant va dormir, je t’ai dit que tu est prête mais pour l’instant je suis toujours ton mentor, et je compte bien te faire travailler dur demain, il faut bien que ta force soit un minimum utile!
Je souris à sa façon de dire bonne nuit et vais me coucher. 

Tout est noir autour de moi. J’essaie d’ouvrir les yeux mais ce n’est pas mieux: je suis entouré de sang, non, je suis en train de me noyer dans du sang! Il est affreux, d’un rouge marron foncé, presque noir à mes pieds, plus clair vers ma tête. et lourd. J’entends des voix au dessus de moi, des bras se tendent, j’entends quelqu’un qui crier mon nom et sens une main m’attraper et me tirer hors du sang. Je suis aveuglée et dois fermer les yeux un moment. Autour de moi j’entends des cris et d’un coup le silence. Mes yeux s’ouvrent grands de peur. Je suis sur un immense tas de cadavres, ils sont partout et semblent me regarder avec leurs yeux morts et desséchés. J’ai froid, de la neige se met à tomber, mais ce n’est pas de la neige normale, elle semble noire de loin mais lorsque le premier flocon atterrit sur mon bras je vois que c’est en fait une minuscule goutte de sang séché. La "neige" tombe de plus en plus vite et m’entoure jusqu’à ce que je ne puisse plus rien voir. Et la j’entends une voix, douce et mélodieuse, qui m’appelle. Elle me fais des frissons, m’horrifie. Je sais que je rêve, et je n’ai qu’une envie: me réveiller, mais je n’y arrive pas et assiste, impuissante, à la voix qui s’approche et la neige sanglante qui commence à rentrer dans mes narines, mes oreilles, ma bouche et qui m’étouffe lentement.

La prof de français, le retour ! Ce serait un super titre pour une histoire, ou plutôt un film dont je serais l'héroïne !
ha ha ha, bon trêve de bavardage inutile et attaquons le vif du sujet ! ( tadadam )
Oui tu m'avais prévenue que le chapitre suivant ne serait pas dans la continuité du prologue, mais j'ai comme même été surprise. J'ai crue avoir rater un chapitre ou une partie. Mais le procédé que tu utilise est courant en littérature. On ne compte plus le nombre de roman qui commence par une scène forte en émotion que l'on ne comprend pas, pour après faire une analepse ou une ellipse, ou changer de point de vue et de cadre. Ainsi le lecteur est intrigué, il avoir la suite à sa question donc continue sa lecture. C'est très bien, je n'y pense jamais, et, à vrai dire, tu l'as très bien fait !
Ensuite la description ! Mais la description quoi ! C'est super ! Bravo ! Tou les sens y sont !
La vue avec la lumière et les couleurs : les feuilles forment des dessins d’ombres vertes entrecoupés de soleil sur le sol,
le toucher avec le vent et la température : un petit vent souffle ... il fait déjà bien chaud
l’odorat :   les odeurs typiques de la foret, mélangés avec ceux laissés par les plantes médicinales
et l'ouie :les oiseaux chantent
Selon moi, il n'y a pas de recette pour écrire un beau texte. Un texte ne se crée pas selon un patron a reproduire. Mais il y a comme des astuces, les figures rhétoriques... et pour les descriptions, l'utilisation des sens est indispensable. Tu l'as très bien faite ici. Continuons la lecture...
Le cheval s'appelle Narnia ? si tu veux, je n'aie plus rien à dire sur ce sujet à présent.
Jolie petite ellipse avec "Je vais passer un excellent après-midi!"
c'est bien, rien à dire, rien à dire, c'est bien, oui ...
ah le cauchemars ! On ne peut s’empêcher de penser à la scène du début; très bien fait, fondé sur la force des contrastes. Je suis un peu fatiguée, je vais me permettre de ne pas l'étudier plus en profondeur.

Merci pour le commentaire ^^
pour la continuité, a partir de maintenant ça devrait aller, les chapitres se suivent assez logiquement...(enfin je pense)
pour Narnia... En fait je l'avais "crée" quad j'étais plus jeune, je voulais avoir a tout prix un cheval blanc (oui c'est le rêve de gamine typique^^) et il me fallait un nom, a ce moment j'etais en train de lire narnia (le livre du coup) et la neige-le blanc... du coup maintenant je réutilise^^
Et le cauchemar... j'ai mis longtemps a le faire, il devait être sombre, mais intriguant, et il va être repris plus tard (enfin, quelques parties) et c'est aussi pour voir une partie du futur...

j'espère que ça répond a tes questions (enfin...c'est pas des questions, mais ça me permet aussi de préciser)