[Chapitre 4 : Un très long voyage en perspective] Le contrôleur du temps

Chemin faisant, le barbu avait déjà dépassé une dizaine de petits villages. Enfin, il arriva dans une grande ville. À l'entré, un panneau de bronze indiquait le nom de cette mégapole d'apparence : Aquila. Il jeta de rapide coup d’œils aux tours devant lui et frissonna : les fenêtres étaient cassées, de petites plantes grimpaient timidement sur la pierre rouge et le vent sifflait dans les toits. La ville semblait vide, morte. Depuis peu sûrement vu les quelques lampes allumées de-ci de-là et l'état des infrastructures. Il fit quelques pas, peu rassuré, et s'arrêta net en sentant l'air se brasser dans son dos. Il se retourna et tomba sur une ombre, un homme de grande taille avec un imperméable long et noir et un chapeau haut-de-forme de la même couleur. Il attrapa son pistolet par réflexe mais à peine eut-il relevé les yeux que l'ombre n'était plus là. Il regarda aux alentours, méfiant, sans rien voir. Elle s'était volatilisée. Il reprit son chemin dans la ville fantôme, arme en main. Il arriva en son centre et leva les yeux vers les hautes fenêtres. Ils le regardaient. Plein d'ombres. Effrayé, le brun se mit en courir mais il avait beau s'enfonçait entre les immeubles, aucune sortie ne paraissait. C'est alors que, dans sa course, il la vit, cette masse noire foncer vers lui. Il s'arrêta net et ferma les yeux, prêt à se faire transpercer par la lame de l'humanoïde. « On ne peut pas échapper à son destin » pensa-t-il. Il prit alors sa montre dans sa main et la serra une dernière fois avant de sentir une vive douleur dans son abdomen. Ses jambes cédèrent peu à peu, il se retrouva à genoux. Il aperçut enfin le visage brouillé par son malaise de son meurtrier. Il souriait, cela se voyait clairement. Ses prunelles se délectaient du spectacle. Du sang coulait en abondance du torse du barbu qui toussa une ultime fois avant de se retrouver face contre la terre. Le liquide rouge forma une auréole autour de son corps avant de s'écouler dans les sillons de la terre. D'autres ombres rejoignirent la première.
« Il est enfin mort...
-Je vais prendre sa montre. »
Celui qui venait de parler s'avança mais fut arrêter par le bras de son compagnon.
« Non, attends encore.
-Attendre quoi ? Tu vois bien qu'il est mort ! »
Une sonnerie retentit. L'un des hommes porta un téléphone à son oreille.
« Patron ?
-Il est mort ?
-Oui.
-N'oubliez pas d'attendre un peu, on ne sait jamais.
-Ne vous inquiétez pas patron, nous contrôlons la situation.
-Oh et puis, j'ai changé d'avis, ne me ramenez pas seulement sa montre mais son corps entier.
-Vous êtes sûr ?
-Entièrement, je l'exposerai comme un trophée. Le contrôleur du temps est enfin mort...
-Et après l'avoir ramené patron, on fait quoi ?
-Vous vous occuperez des 'négociations' avec les villes et villages. Nettoie ta lame et aiguise la.
-Bien patron.
-Dépêchez vous !
-Oui pa-. »
L'homme qui avait appelé lui raccrocha au nez. Il rangea son cellulaire et regarda ses complices.
« On fait quoi ?
-Changement d'ordre, on prend le corps.
-Vraiment ?
-Oui, le patron l'a demandé.
-Il est vraiment... bizarre.
-Mais n'oublie pas qu'il peut nous tuer en appuyant sur un bouton.
-C'est vrai...
-Bon, on se charge de... »
Il ne put finir sa phrase qu'il entendit un bruit sourd derrière lui. Il se tourna et vit sa victime se soulever dans les airs, les pupilles dilatées, sa main serrant sa montre. Une aura bleue flottant autour de lui suivait ses mouvements. Le contrôleur du temps revoyait devant lui la galaxie et la frise chronologique. Il pointa alors quelques minutes avant son agression et fut téléporté à ce moment. Il revoyait l'humanoïde courir mais, plus rapide, il sortit sa lame et la planta dans sa jugulaire. L'homme termina sa course au sol, laissant une traînée d'hémoglobine sur son chemin. Le barbu se nettoya les mains et continua sa route, sortant enfin de cette ville effrayante. Il ne se doutait aucunement que quelqu'un avait tout vu.