[Chapitre 18 : Le sacrifice] Le contrôleur du temps

Les trois amis arrivèrent en vue d'une immense tour. Elle était si grande que son sommet perçait les nuages. Il y avait une immense porte à la base. Elle était en sapin -bien qu'il n'y en avait pas aux alentours- et était surmontée d'un cadre en pierre brute. Ils s'avancèrent pour mieux observer ce qu'était ce bâtiment. Après plusieurs longues minutes d'observation et d'un commun accord, ils entrèrent. L'intérieur était sombre. On pouvait monter ou descendre par un escalier en colimaçon au milieu de la petite pièce.

« Que fait-on ? Questionna Siana.

-Je serais d'avis de monter d'abord... proposa le plus jeune des deux hommes.

-Alors, allons-y, dit le brun en s'engageant dans les escaliers. »

Ses deux amis le suivirent avec précaution. L'endroit était peu éclairé et les marches étaient glissantes, ce qui rendait sa traversée difficile. Plusieurs fois, Siana dût se retenir aux murs pour ne pas tomber. Enfin, ils arrivèrent au sommet de la tour.

C'était un simple point de vue mais qui donnait sur toute la vallée. Celle-ci était splendide. Une verdure et une flore sans pareil... Les trois amis pouvaient voir quelques animaux au loin. Ils restèrent un moment là-haut, à admirer la vue qui s'offrait à eux, avant de redescendre avec précaution et de se remettre en marche.

Ils marchèrent longuement encore une fois jusqu'à arriver sur la pointe d'une falaise. Au loin, devant eux, s'étendaient d'immenses immeubles blanc décorés de nombreux néons. Des motos, des voitures et des bus volaient à droite à gauche. Brioche, Rosgrim et Siana s'avancèrent en bordure de ville et entrèrent dans la masse grouillante de gens plus pressés les uns que les autres. Ils se firent bousculer de nombreuses fois mais n'y prêtèrent pas attention, continuant leur chemin comme ils savaient si bien le faire.

Arrivés au centre de la ville, ils se retrouvèrent au pied d'un grand dôme de verre illuminé de toute part. Sur la devanture, en grand lettre-néon, ils pouvaient lire « Docteur Heilneim, sauveur du peuple opprimé ». Sauveur du peuple opprimé... Grim réfléchit à toute allure. Ce nom lui disait quelque chose... Il se rappela comme il pouvait tout les lieux où il était allé jusqu'à trouver ce qu'il chercher. Il avait vu ce nom au Palais Cristal. C'était donc l'homme qu'ils cherchaient. Il attrapa les mains de ses amis et s'élança à travers la foule pour rentrer dans le bâtiment. À son grand étonnement, il y parvint sans aucune autre difficulté que celle de passer à travers tous ces gens. Courant le plus vite que ses jambes le lui permettaient, il grimpa les escaliers qui menaient à un ascenseur qu'il n'emprunta pas. Il tourna à droite, guidé par son instinct, et alla jusqu'au fond de la grande salle d'or et d'acier. Là, une petit porte boulonnée était entrouverte, comme une invitation à la passer. Et c'est ce qu'il fit, préparant son arme.

Brioche et Siana ne comprenaient pas grand chose, ils se contentaient de suivre leur meneur. Lorsque ce dernier sortit son arme, ils la sortirent aussi, prêt à se battre. Une seconde porte passée et les voilà dans une grande salle semblable encore une fois à celle des sous-sols du Palais Cristal. Ils s'avancèrent prudemment, mais pas assez. Avec rapidité, une vingtaine d'ombres les encerclèrent. Ils sursautèrent et se rapprochèrent les uns des autres, coude à coude, dos à dos. Un homme, le docteur Heilseim sûrement, fit son entrée au milieu des ennemis et s'avança jusqu'au cadet. La benjamine et l'aîné voulurent l'empêcher de le toucher mais les disciples du docteur les attrapèrent pour éviter qu'ils ne bougent. Heilseim attrapa le visage du garçon et l'obligea à lever la tête vers son visage fatigué, mal rasé et parsemé de cicatrices. Les larmes coulaient sur les joues du châtain sans qu'il ne puisse les arrêter.

« Vous le tuerez en premier, déclara le docteur avant de s'écarter. Vous tuerez ensuite la fille mais surtout, gardez l'autre homme en vie.

-NON !! protesta Rosgrim en se débattant plus férocement. »

Il parvint à se libérer et tua un à un les ombres avant de tomber à court de balles. Il jeta son pistolet pour sortir son couteau et continua le massacre.

Durant son combat, il ne vit pas les deux ombres qui avaient emmené ses amis. Elles les accrochèrent à de pilier de fer forgé avec une multitude de pics dessus. Ils hurlèrent de douleur, éveillant ainsi l'attention du contrôleur du temps. Heilseim ria grassement.

« Hé bien, je vois que tu es enfin calmer, constata-t-il à la vue des yeux ronds d'effrois de sa dernière proie.

-Arrêtez ! Ça ne rime à rien ce que vous faites !! Vous me voulez moi, non ? Commença le brun, enragé maintenant. Et bien vous m'avez. Prenez moi à leur place.

-Oh... C'est mignon, il veut sauver ses amis... Mais vois-tu, ce n'est pas aussi simple que ton esprit limité le pense... Je veux d'abord te voir souffrir. Tuer tes meilleurs amis est la meilleure solution, tu ne penses pas ? Regarde toi, tu es comme un lion en cage, un spectateur. Tu ne peux rien faire, rien. »

Rosgrim fit un pas, l'homme leva la main, Brioche poussa encore un hurlement. Les pieux de fer s'enfonçaient lentement dans sa chair.

« ARRÊTEZ !!! cria celui doté de don, les larmes aux yeux.

-Alors fais ce que je te dis...

-Ok... Ok, je ferais ce que vous voudrez.

-Ne te laisse pas faire ! Lui hurla la fille aux cheveux bruns. »

D'un coup sec, les ombres la poussèrent contre la colonne. Les pics la transperçaient de part en part partout sur son corps.

« NON ! SIANA !

-Oh, quel regrettable accident, ironisa Heilseim.

-Bâtard !

-Tu ne devrais pas te montrer aussi agressif... Regarde ce pauvre jeune homme au bord de la mort...

-Qu'est ce que vous voulez ? Souffla son interlocuteur.

-Ta montre.

-Ma montre ? Tenez. »

Il la lui lança. Satisfait, le docteur l'attrapa et la fixe un moment. Ce moment était assez long pour que Rosgrim fonde sur son grand adversaire pour enfin tuer celui qui l'a tant blessé. Dès lors qu'Heilseim s'écrasa au sol dans un bruit sourd, il récupéra la montre et fonça vers Siana. Cette dernière suffoquait.

« Oc... cupe... toi... de Bri...

-Non ! Non, tu vas t'en sortir ! »

Siana ferma les yeux, un sourire aux lèvres, et soupira un dernier « adieu » avant de s'éteindre. Son ami cria à plein poumons sa douleur et sa détresse avant de s'avancer vers son cadet encore en vie.

Grim l'extirpa de l'instrument de torture et l'allongea pour le soigner. Une fois qu'il eut fini, il serra le blessé contre lui, les yeux fermés, espérant seulement que tout ça n'était qu'un cauchemar...