[Chapitre 8 : Désert aride] Le contrôleur du temps

Chapitre 8 : Désert aride

L'homme à la montre et la jeune fille aux yeux bleus se réveillèrent alors que les toutes premières lueur du jour éclairèrent leur visage ensommeillé. Ils se relevèrent et reprirent leur longue route. Elle dura plusieurs jours et, plusieurs fois, ils firent des pauses. Leurs ressources s'épuisaient à vue d’œil et vint le moment où leur manqua. Quelques heures à peine après l'annonce de cette nouvelle, Siana eut une hallucination. Le soleil tapait fort, la chaleur était intense et sèche, elle crut apercevoir une flore luxuriante et une faune variée au loin. Rosgrim avait immédiatement comprit que c'était faux. Il tenta de faire entendre raison à son amie mais cette dernière maintenait ses dires. Désespéré, l'homme aux yeux bruns soupira et se remit en route en tentant d'ignorer les paroles insensées de la brune. La pauvre souffrait de sévère déshydratation, elle qui n'était pas habituée à ce climat. Lui non plus d'ailleurs, il se demandait pourquoi la folie ne l'habitait pas encore. Il marchait encore et encore comme un robot, oubliant ses besoins pour l'espérance d'une nouvelle découverte. Il devait tenir le bras de la brune pour éviter qu'elle ne se mette à courir en direction de sa vision. Il était attristé par le devenir de la fille aux yeux azurs qui soutenait mordicus la jungle inexistante aux yeux du plus âgé. Bientôt, lui aussi se plut à l'imaginer et plus les arbres verts lui apparaissaient, plus il peinait à se retenir de courir lui aussi. Des gouttes de sueur dégoulinait le long de son visage alors qu'il fatiguait. Ses jambes ne parvenaient plus à le porter et il se laissa tomber à genoux. Dans un éclair de lucidité, il se rappela de la capacité de sa montre. Il resserra sa poigne sur le bras de Siana et se releva, serrant l'objet circulaire et brillant. Il pensa très fort au lointain mais sa vue brouillée et son esprit embrumé ne lui permettait pas de réaliser son souhait. Il fallait qu'il ait les idées clairs. Il ferma les yeux et pris plusieurs lentes respirations avant de se sentir une nouvelle fois porté avec rapidité dans les airs. Il flottait. Sa main maintenait toujours captive sa cadette. Il rouvrit les yeux et vit le paysage défiler. Pourtant, il ne sentait pas l'impression de vitesse escomptée. La brune semblait ahurie par le spectacle qui se déroulait sous ses yeux. Elle baissa son regard et parvint à voir chaque craquelure du sol comme au ralenti. Elle releva la tête. Elle ne comprenait rien, elle allait à une vitesse folle mais malgré cela, elle pouvait voir des détails proches au ralenti, elle pouvait sentir une douce brise soulever avec légèreté sa chevelure emmêlée et non une bourrasque fouetter avec force son visage. Ils sourirent en voyant quelques toits noirs au loin. L'homme ralentit jusqu'à s'arrêter complètement et marcha normalement vers les maisons lointaines. Siana le suivait, à bout de force. Ils atteignirent la première maison. Ils visitèrent rapidement le village pour finalement entrer dans l'auberge. Ils s'assirent et commandèrent quelques rafraîchissements qui leur furent apportés quelques minutes plus tard. Ils burent comme s'ils allaient mourir en restant une seconde de plus ainsi, ce qui était probablement le cas. Ils payèrent ensuite et, sans demander leur reste, partirent dans la même direction qu'à leur arrivée. Ils ne voulaient rester encore une minute dans cette atmosphère pesant qu'ils devaient pourtant supporter encore des lieues. Le silence se fit durant tout le trajet comme si une simple parole les tueraient. Leurs discussions animées eu debut de leur voyage ensemble n'étaient plus que quelques gémissements plaintifs. Un soir, Rosgrim regarda la lune, il la fixa intensément, l'air suppliant. Il s'en remettait maintenant au Dieu pour l'aider. Son ventre vide le faisait souffrir, sa tête lourde et fiévreuse ne pouvait plus penser correctement et ce fût un miracle qu'il puisse se concentrer sur l'astéroïde, sa vigueur et sa détermination avait quitté ses membres mais pas son cœur.
« Pas encore, pensa-t-il. »
Il avait l'impression que son muscle ralentissait à l'intérieur de sa poitrine. La chaleur étouffante était tout bonnement insupportable et ce désert ne semblait avoir de fin. Il soupira longuement et frissonna en repensant une fois de plus à sa situation. Il se mit à imaginer des plans farfelues, mettre au point des idées saugrenues, la folie revenait peu à peu en lui. Une folie pure qui lui paraissait vitale. D'un bond, il se leva et alla réveiller sa compagne de voyage. Celle-ci marmonna quelques mots incompréhensibles avant de se lever. Elle regarda, encore ensommeillée, le visage de son ami et sursauta en voyant la lueur dans ses yeux. C'était effrayant, comme si le démon le possédait. Elle se laissa tout de même emporter par son acolyte qui, reprenant sa montre en main, se remit à courir à une allure semblable à celle de la lumière. Sans réel but, il zigzaguait, pendant de longues heures, jusqu'à ce que la brune l'arrêta. Ils se regardèrent droit dans les yeux et, à peine furent-ils arrêté que le corps du barbu chancela et ses pieds cédèrent. Juste à temps, la jeune fille le rattrapa et le déposa immédiatement sur le sol, se rendant compte qu'il lui était impossible de le soutenir plus. Elle resta toute la nuit à ses côtés, veillant sur lui.