Cellona - Chapitre Sept (BY.CELLO)

Chapitre Sept

L'hôpital
JOUR 1 À L'HÔPITAL

Epona
-Epona ! Tu t'es améliorée en cuisine en une nuit ou quoi ?
-Hein ?
 J'émerge lentement. Il s'est enfin arrêté de pleuvoir. Je tourne la tête, Cello n'est pas à côté de moi. Sur l'oreiller, un mot de sa main.
"Je dois nourrir mon chat. Bonne nuit."
 Ça lui ressemble bien de laisser un mot aussi vide. Je regarde par la fenêtre, l'imaginant en train de donner de la nourriture à un petit chat blanc comme ses cheveux. Elle doit peut-être dormir encore.
-Epona ? Tu dors encore ?
 C'est Xone qui est rentré. Je regarde mon réveil, il est onze heures.
-Tu m'as réveillée, crétin...
 Il rentre dans ma chambre, sans frapper, c'est bien son genre. Il a une assiette de pancakes à la main.
-C'est toi qui a fait ça ? me demande-t-il.
-Non...Tu veux dire que c'est Cello ?! je m'écrie, folle de joie qu'elle ait pensé à moi.
-Attends...m'arrête-t-il, soupçonneux. Comment a-t-elle fait pour faire des pancakes sans que tu le saches ?
-Heu...C'est-à-dire que...Je...
 Je suis trop gênée ! Je ne peux pas lui dire qu'elle a failli passer la nuit ici !
-Tu crois qu'elle m'aime bien ?! je lance pour changer de sujet.
-Hum...J'imagine qu'elle ne te déteste pas...marmonne-t-il.
-Ouais ! je m'exclame.
 Le téléphone dans l'entrée se met soudain à sonner.
-Tu prends ! s'écrie Xone.
-Tu rêves ! je proteste. Je suis dans mon lit !
 Il soupire et va chercher le combiné. Il revient dans ma chambre, un regard inquiet.
-Oui...D'accord...Ne t'inquiète pas Naya', je lui dirai. Oui...Bien sûr...Je suis vraiment désolé. Elle ne s'est pas encore réveillée ? Ça va aller, ne t'inquiète pas. Elle est forte.
 Je suis inquiète. Comme un mauvais pressentiment. Xone va raccrocher le téléphone et revient me voir.
-Epo', Cello a eu un accident cette nuit.
 Il ne me ménage pas. Je sais qu'il fait ça pour le pas me donner de faux espoirs. Mais au réveil, c'est sûr, ce genre de nouvelles, ça secoue un peu. J'ai un petit rire nerveux. Malgré moi, je demande inutilement :
-Tu te fous de moi ?
 Je lui ai mal parlé, je sais, il ne faut pas.
-Elle n'est pas morte, continue-t-il en essayant de me rassurer. Mais elle ne se réveille pas pour l'instant. Nayara est à côté d'elle, elle a voulu te prévenir.
 Je me suis arrêtée de respirer.
-Je sais que tu n'aimes pas les hôpitaux, mais il faudrait passer la v...
-Je n'irai pas, je le coupe. Tu sais très bien pourquoi.
-Je m'en doutais un peu, c'est vrai...

Nayara
 Elle se réveille enfin. Je bondis au son de sa voix faible. Je cours prévenir un médecin. Ils me font attendre une heure dehors. Pourquoi est-ce si long ? Chaque seconde est un supplice. Ce n'est pas juste. Il y a des milliards de personnes sur la Terre. Alors pourquoi la personne que j'aime est prise dans un accident ?
 Un homme en blouse blanche me prévient que je ferais mieux de rentrer chez moi, ce serait encore long. Je refuse. Il me s'assoit à côté de moi et me demande qui je suis par rapport à elle. J'aimerais lui répondre de se mêler de ce qui le regarde, mais je réponds :
-Sa sœur.
 Il essaye d'engager la conversation. Il me demande comment est son caractère.
-Joyeux et toujours gai.
 Il me demande dans quelle classe elle est.
-La même que la mienne.
 Je mens à toutes ses questions. Comment sont morts ses parents ?
-Accident de la route.
 Quand ça ?
-L'année dernière.
 Pourquoi est-ce que je fais ça ? Je ne peux pas m'en empêcher. Comme si Cello m'avait demandé de ne rien révéler à propos d'elle. Comme si elle voulait rester invisible aux yeux des autres.
-Tu vas pouvoir aller la voir, maintenant, m'annonce-t-il enfin.
 Je cours dans la pièce et la serre dans mes bras. Elle me répond en souriant :
-Naya' ! Tu me fais super mal !
 Je rigole à mon tour, je pleure, presque.
-Alors ? Qu'est-ce qu'il t'est arrivé ?
 Elle me raconte qu'un chauffard en moto n'avait pas allumé ses phares et l'avait renversée alors que son feu était rouge. Ses deux jambes sont paralysées pendant deux semaines, rien de grave selon elle.
-Tu...commence-t-elle. Tu penses que tu pourrais demander à ma voisine d'aller nourrir Céleste, s'il te plaît ?
 J'acquiesce en souriant.
 Au bout d'un moment, elle remarque :
-C'est angoissant de ne pas pouvoir bouger ses jambes, quand même.

JOUR 3 À L'HÔPITAL

Cello
-Epona ! C'est toi ?
 Pourquoi suis-je ainsi déçue par la présence de Xone ? Les deux jumeaux se ressemblent tant.
-Désolé de te décevoir, ça n'est que moi, m'annonce le brun.
 Je ne réponds rien. Ce n'est pas moi qui vais le contredire. Il reste un moment sans rien dire, puis me tend un sac en papier.
-De la part d'Epo'.
 Il y a deux éclairs au chocolat à l'intérieur.
-Elle ne viendra pas, n'est-ce pas ?
 Xone prend un air désolé et fait "non" de la tête. Pourquoi est-ce que je me sens triste ? Qu'est-ce que j'espérais, au juste ? Je lui ai tout le temps mal parlé, alors pourquoi se prendrait-elle la tête à venir me voir ?
-Qu'est-ce que tu penses d'Epona ? m'interroge Xone qui vient de s'asseoir sur la chaise à côté de mon lit.
 Pourquoi cette question ? Pourquoi je me mets à rougir bêtement ? Pourquoi, pourquoi, pourquoi !?
-Je...Je ne la déteste pas...
 Xone me regarde, il sourit.
-Je vous ai inscrite à une audition spéciale sur le rock, toutes les deux, pour que vous puissiez présenter votre morceau. Elle est dans trois semaines. Tu devrais être rétablie d'ici là. Epona ne le sait pas encore.
 Hein ?! Une audition ? Devant des gens ? C'est une blague, n'est-ce pas ?
-Heu...Pourquoi ? je n'arrive pas à articuler autre chose.
-Parce que je suis sûr que ça fera plaisir à Epona. Et quelque chose me dit que toi aussi tu as envie de lui faire plaisir.
 Je ne sais pas comment il sait. Mais il sait.

JOUR 6 À L'HÔPITAL

 Nayara vient me voir tous les jours, même quand elle ne m'apporte pas de devoirs. Alors pourquoi ne vient-elle pas ? Elle me déteste à ce point ? C'est quand on n'a plus quelque chose qu'on se rend compte à quel point on y tient. Et ton sourire me manque.

JOUR 8 À L'HÔPITAL

-Cello ?
-Oui ?
-Tu as réfléchi à ce que je t'avais dit la dernière fois ?
 Pourquoi m'en reparle-t-elle maintenant ?
-Oui, je lui avoue.
 Elle ne dit rien pendant une longue minute. Puis reprend :
-Alors ?
-Je ne sais pas. C'est confus dans ma tête. J'ai le sentiment de ressentir quelque chose pour toi, mais...
-Tu ressens quelque chose pour Epona, n'est-ce pas ?
 Je ne lui demande pas comment elle sait. Je sais que ça se lit sur mon visage.
-Mais je ne sais pas ce que c'est ! Je ne comprends rien à ce sentiment ! Il me rend...Il me rend malade ! En plus...Si c'est de l'amour, je ne comprends pas comment je peux être à ce point ignoble pour aimer deux personnes à la fois !
 Ça fait vraiment bizarre de ne pas pouvoir bouger mes jambes. Je pensais que je m'habituerais, mais décidément, ça ne passe pas. Je me sens frustrée. Nayara pose une main maternelle sur mon épaule.
-Non, ce n'est pas ignoble que ça, m'explique t'elle en regardant vers le mur en face de moi. L'amour est si imprévisible, c'est ça qui le rend si beau. Tu peux aimer qui tu veux, fille comme garçon, c'est incroyable, non ? Et puis si deux, trois, vingt personnes te plaisent, qu'est-ce qui t'empêche de les aimer toutes ?
-Mais...À la fin, il faudra bien choisir, non ?
-À ce moment-là, écoute ton cœur !
 Ça fait un peu cliché. Elle sourit. C'est la fille qui m'aime. Est-ce que je l'aime ?
-Et si mon cœur choisit Epona ? Qu'en feras-tu ?
 Elle réfléchit, mais je sais qu'elle a déjà réfléchi à la question des millions de fois.
-Je vous aime tellement, toutes les deux ! Comment pourrais-je vous jalouser ? Même si c'est Epona qui gagne ton cœur, je resterai à jamais ta meilleure amie.

JOUR 12 À L'HÔPITAL

 Bientôt ce cauchemar serait terminé. Je pourrai marcher à nouveau, on fera l'audition avec Epona, et je mettrai les choses au clair avec ce sentiment.
 Du moins, c'est ce que je pensais.
 Quatre médecins entrent dans ma chambre. Étrange, le jour qui termine mon séjour en convalescence n'est pas encore venu.
-Mademoiselle, nous sommes navrés de devoir vous annoncer une déplorable nouvelle...
 Pourquoi passent-ils par quatre chemins ? Inutile de me faire patienter. Inutile de me ménager.
-Il se trouve que vos deux jambes sont désormais en parfait état. Le fait que vous ne pouvez les mouvoir est dû à un traumatisme. C'est une question de volonté, nous ne pouvons plus rien pour vous.
 Et voilà. Je savais bien que c'était trop beau. Je savais bien que rien ne se passerait comme je le voulais. Mais pourquoi est-ce que j'ai espéré ? Qu'est-ce que tu attendais, exactement ? Tu croyais vraiment que ce n'était pas trop demandé, un peu de bonheur ? Haha, tu t'es bien plantée. Ça faisait longtemps, toi.
-Je ne comprends pas, je leur avoue. Pourtant, je veux marcher ! Vous êtes sûrs ?
-Et certains, confirment-ils. Il faudrait vraiment une très forte volonté.

JOUR 13 À L'HÔPITAL

 Encore des éclairs au chocolat. C'est la sixième fois. Ils n'ont plus de goût. Rien n'a plus de goût. Pourquoi ne viens-tu pas me les apporter ?

JOUR 14 À L'HÔPITAL

 C'est aujourd'hui que j'étais sensée sortir. Deux semaines que je ne vois la lumière du jour qu'à travers une fenêtre. Les médecins ne veulent pas me laisser partir. Ils parlent de me laisser à un psychologue.
 La porte s'entrouvre lentement.
-Naya' ne vient pas, je ne veux plus que tu me voies comme ça...
 C'est Epona. Elle est venue. Elle regarde furtivement à droite, puis à gauche, puis referme discrètement la porte. Elle s'approche de moi, me considère, elle me regarde, elle rapproche son visage de moi. Elle pose son oreille droite sur ma poitrine.
-J'avais besoin d'entendre qu'il bat encore.
 Je pose ma main sur sa tête.
-J'ai peur des hôpitaux, m'explique-t-elle. Depuis que je suis toute petite.
-Depuis que tes parents sont morts ?
 Elle ne montre que son air triste, mais j'imagine bien sa surprise.
-Comment sais-tu ? demande-t-elle posément, sans bouger.
-Il n'y a que deux chambres dans votre appartement.
 Je sens que ma blouse d'hôpital est en train de se tremper de larmes.
-Je déteste tellement cet endroit...se déplore Epona. Pourquoi est-ce ici que tu dois rester ?
-Et si tu me racontais l'histoire de tes parents, plutôt ? je lui propose.
 Elle se retourne sur ma poitrine, regardant le plafond.
-J'avais six ans, commence-t-elle. On était en croisière avec mes deux parents, Xone était resté à la maison.
 Je lui caresse les cheveux.
-Mon père était pianiste, ma mère violoniste. Ils jouaient dans un orchestre de chambre pour des gens importants. Au milieu de la deuxième partie, l'orage, la tempête, le tonerre, le bateau coule. Nous étions les trois seuls survivants, on avait pris un canot de sauvetage. Ma mère était blessée et saignait abondamment. On avait réussi à atteindre la côte en deux jours, mes parents me donnaient toutes leurs provisions. On a envoyé ma mère à l'hôpital, mais elle a été prise en charge par un chirurgien ivre et est plus morte de son opération que des ses blessures. Mon père a voulu se venger mais il était trop faible et s'est fait tuer par le même homme. Il est maintenant en prison mais...Rien que d'en parler je...Je...
 Sa voix se brise. Elle se met à crier en pleurant. Je n'imaginais pas quel effort incommensurable elle avait fait pour être ici avec moi.
-C'est mort pour l'audition, hein ? me demande-t-elle tristement.
-Non. Demain tu envoies Xone me donner les paroles. Et dans une semaine, on la fait. On fera cette audition. C'est important pour moi.
 Elle ouvre la bouche. Des larmes ont coulé jusque derrière ses oreilles. Elle reste bouche bée un bon moment.
-Ils...Les médecins...Ils te laisseront sortir ?
-S'ils m'en empêchent, je m'enfuirais avec toi, on fera cette audition. Je veux...Je veux encore chanter avec toi.
 Après un long silence, Epona m'annonce :
-Quand elle sera finie, j'aurais quelque chose à te dire.
-Pourquoi ne pas me le dire maintenant dans ce cas ? je m'étonne.
-Parce que ce serait moins poétique ! N'est-ce pas ?
 Je souris tristement. Je pense à mes jambes que je ne parviens pas à soulever. C'est si frustrant ! Je sais qu'elles sont en parfaite santé mais je ne peux pas les bouger d'un millimètre ! Pourtant je le veux au plus profond de moi ! Je me sens si faible, si vulnérable...Si inutile.

JOUR 21 À L'HÔPITAL

Hallo ! Je viens de foirer mes DST de maths et d'Allemand xD d'ailleurs l'Allemand, pour l'anecdote, j'ai fini une heure avant la fin, et les maths j'ai pas réussi l'exercice sur six points...C'est mauvais signe xDD bref, tout ça pour dire que voualavouala, il reste plus que DEUX CHAPS OMG TROP DE SUSPENSE (lol)
Naya' va bientôt décéder, trop de Cellona, pas assez de Nayello...Profitez bien de ses derniers instants parmi nous ;D rooh c'est pas ma faute aussi la fin du bouquin est écrite dans le titre ! x) Bon, je vous embrasse, bon mois d'octobre !! ;3 je vous aime les gens <3

BY.MANOBLACK FROM THECOMMUNAUTESADIQUE