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Après l'Italie, il n'y a plus de fromage [Partie 3/3]

Hache
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Jeu 24 Déc - 19:05
Hache
Après l'Italie, il n'y a plus de fromage [Partie 3/3]
05 octobre 2020 – Jour 15 :

Je me lève, reprends une douche, vole un savon, glande encore sur internet et vais réclamer mon petit-déjeuner.
Ce dernier est composé de fruits et d'un pain dans un sac en papier. Il y avait une boite de thon en plus à la base. Je l'ai refusé et je n'ai pas eu le droit à quelque chose d'autre en échange.
Je pars à contre cœur. Je voudrais rester là, dans ce luxe, au chaud et en sécurité.

Je marche longtemps pour sortir de la ville.
Je fais du stop et suis pris par un homme un peu bizarre qui me dépose à la ville suivante où vraisemblablement les camions poubelles ne passent plus. Ça pue et les rues bordées de poubelles sont jonchées de déchets.
Je sors de la puanteur avant de reprendre le stop. Très vite, deux hommes s'arrêtent. Ils sont albanais et nous traversons donc la frontière ensemble. Bonjour Albanie !
Sur le chemin, ils s'arrêtent acheter des fruits et légumes à une marchande installée à même la rue. Ils m'offrent du raisin et des fruits que j'ai du mal à reconnaître, probablement des dattes fraîches. Ensuite, ils me déposent tout près de chez eux, au centre-ville de Shkoder. Ça m'éloigne de mon itinéraire (si tant est que j'en ai un).
Je me retrouve donc encore une fois en ville, loin de montagnes où je pourrais camper (puisque c'est totalement légal ici), mais que je peux apercevoir.
Ils étaient très gentils, m'ont proposé d'aller prendre une douche voire dormir chez eux (ce que j'ai refusé. Il n'est que treize heure.) et m'ont parlé avec fierté du lac que je décide d'aller voir.

Sur le chemin, pleins d'albanais me saluent et me proposent spontanément leur aide. Il faut dire que j'avance en direction du lac en choisissant les rues et ruelles au hasard. J'ai donc l'air perdu (et je le suis un peu).
L'une d'entre-eux me propose de la suivre parce qu'elle va justement dans la direction de ce lac. Elle habite tout près. Ela est vraiment très gentille. Quand nous arrivons devant sa maison, elle me propose de m'héberger si je ne trouve rien ailleurs puis elle me donne une pâtisserie locale. Un genre de crêpe fourré au yaourt. Je refuse l'invitation à cause de ma gêne et timidité. En plus, il est encore tôt et j'ai toujours en tête de camper. Elle me déconseille vivement les bords du lac car il serait très mal fréquenté la nuit.

Je marche jusqu'à ce dernier en pataugeant dans la boue. Le chemin est en très mauvais état. Et quand j'arrive, je constate qu'il n'y a pas moyen d'avancer sur le bord du lac pour rejoindre le pied de la montagne que je peux apercevoir de l'autre côté. En effet, il n'y a tout simplement pas de chemin. Le lac est bordé de terrain privé, grillagé et complètement inondé.
Je reste là quelque temps à profiter de la beauté renforcée par le brouillard couvrant la surface de l'eau.

Je retourne donc sur mes pas. Je n'ai pas envie d'aller chez Ela. J'aurais trop honte. Et de toute façon, je me perds.
Ces chemins boueux abritent pleins de terrains et de maisons. Les rues ont tellement d'intersections et se ressemblent beaucoup.
Des chiens se mettent à me bloquer le passage et me grognent dessus. Je commence à faire demi-tour, ne voulant pas les affronter quand un vieille homme remarque que je suis égaré et décide de m'aider. Il me guide et passe à côté des chiens comme si de rien n'était. Chiens qui nous laissent donc passer. Je ne comprends pas, ils avaient l'air si agressif.
L'homme ne parle pas un mot d'anglais, ni de français. Il m'indique tant bien que mal une direction et écrit sur mon cahier « Kisha murgeshave lagja. Mar Lula. », je ne sais pas du tout pourquoi ni ce que ça signifie. Il tenait absolument à ce que ça soit écrit quelque part. Je n'ai pas du tout compris pourquoi alors que j'avais déjà une direction grâce à lui et que je savais déjà comment rejoindre le centre-ville.
(On peut traduire, d'après Google, par « Quartier des religieuses de l'église. Mar Lula. ». Voulait-il que j'aille là-bas pour recevoir de l'aide ou était-ce une simple indication de direction ? Pourquoi l'a-t-il marqué à l'écrit ? Je ne comprends toujours pas pourquoi. Ce que je sais, c'est que cette phrase ne m'a pas servi.)

Une fois à nouveau en ville, je décide de me diriger vers les montagnes. J'ai dû marcher longtemps et j'ai croisé pleins de chiens errant. Ils étaient heureusement très calme.
J'ai traversé un bidon-ville aussi. Le sol était boueux et les cabanes étaient construites avec des déchets plastiques et des taules en mauvais états. Des enfants y vivant ont accourut vers moi pour me saluer en anglais. Quand je leur ai répondu, ils semblaient très content et sont reparti jouer.
Ça fait un sentiment étrange de traverser ce genre d'endroit. De la tristesse, une légère crainte -j'en ai honte- et surtout, un sentiment d'injustice. Ils méritent mieux et devraient avoir mieux.

Je continue à avancer en direction des montagnes et m'égare à nouveau. Décidément, les villes ne sont pas mon élément. Je suis incapable de m'y orienter. Les rues n'ont aucun sens et sont si labyrinthiques. C'est partout pareille.
Je suis au pied de la montagne, mais n'y trouve pas d'accès. Encore ces maudites privatisations. Mon pire ennemis serait le capitalisme si je n'étais pas en face de deux chiens errants agressifs. Je n'ai vraiment pas envie de faire demi-tour. J'ai marché longtemps pour arriver ici et plusieurs chiens libres m'ont grogné méchamment dessus. Je décide de passer en les ignorant, comme l'a fait l'homme plus tôt. Mais ils doivent avoir une dent contre moi puisque l'un d'eux décide d'enfoncer les siennes dans mon mollet. Ce n'est pas une morsure à proprement parler. On est encore à l'étape avant, c'est juste une pincette. Ça fait mal et peur quand même !
Depuis le début de ce voyage, les chiens me détestent.

Je fais demi-tour et m'éloigne vite tout en gardant mon calme pour éviter une morsure. Les chiens finissent par me lâcher, mais je sais que bientôt je devrais à nouveau passer près d'un chien qui semblait tout autant agressif. Heureusement, mes sauveurs entrent en action. Il s'agit de Nikkey, son mari et l'ami de celui-ci. Ce dernier habite dans le coin tandis que le couple vit à Londres.
Ensemble, nous visitons le château de Rozafa. C'est un endroit pleins d'histoires bien chouettes. Ils m'amènent ensuite à une auberge et Nikkey me donne deux-milles lékés ( à peu près douze euros) que je n'utilise pas puisque je paie l'auberge avec les euros qu'il me restait, soit cinq euros septante.
Pour une fois que je suis content de transpirer beaucoup et sentir mauvais très vite. Clairement, Nikkey m'a aspergé de parfum à plusieurs reprises dans la voiture donc je pense qu'elle m'a payé l'auberge pour que je prenne une douche. Ça me va.
À l'auberge, je peux cuisiner et donc manger chaud ! Du riz, des lentilles, de la soupe et un œuf dur ; je suis content.
J'ai pris l'option chambre commune puisque c'est moins cher et je suis seul dedans.

Jour 16 :

Je me lève doucement, profitant jusqu'au bout d'être dans un lit au chaud, puis je vais dans la salle commune pour petit-déjeuner. Je pique du Nutella que j'étale sur la crêpe d'Ela. Cette dernière m'avait dit qu'elle me contacterait pour aller boire un verre ensemble (j'ai accepté puisque j'ai de l'argent actuellement) et Nikkey m'avait dit qu'il était possible qu'elle me contacte pour me prendre en voiture et aller ensemble à la capitale. Je végète donc en attendant un message de l'une d'entre-elles. Pendant ce temps, l'aubergiste me propose un café que j’accepte alors que je déteste ça parce que j'en ai marre du l'eau. J'aurais voulu un thé.

À onze heure, je pars. Tant pis, les filles ! Je ne peux pas et ne veux pas attendre plus longtemps un message qui n'arrivera peut-être jamais.
Je traverse la ville à pied et marche un bon moment avant de commencer à faire du stop.
Le premier conducteur qui s'arrête va justement à Tirana, la capitale. Il est sympathique, mais qu'est-ce qu'il conduit mal ! Déjà que de base, je trouve que les Albanais ne respectent pas beaucoup le code de la route...
Il ne parle ni français, ni anglais alors on communique via ses cousins qui parlent français et aussi grâce à Google traduction. Mon mal des transports habituel empire à cause de l'utilisation du téléphone et de la conduite dangereuse de cet homme. J'en viens à me demander s'il y a un code de la route ici. On frôle trois accidents qui auraient pu être grave et tout le monde fait n'importe quoi. Entre les excès de vitesses constant, les priorités de droite ignorées et ceux qui doublent à droite en se prenant pour des motos alors qu'ils sont en voiture, je ne sais plus où donner de la tête. En tout cas, elle tourne. J'ai très envie de vomir.

Une fois qu'il me dépose, je marche un peu en respirant de grandes bouffées d'air pour me sentir mieux. Je vais ensuite me balader au centre de la ville et je profite du Wifi gratuit.
La ville étant immense et l'heure avançant, je décide de prendre le bus pour en sortir et aller vers les montagnes que je peux apercevoir.

Dans le bus, le conducteur qui ne comprend pas bien l'anglais, me met en relation avec une jeune fille de quinze ans, Anna. Elle était très gentille et allait en cours alors qu'il était déjà presque dix-sept heure. Elle m'explique que les horaires sont aménagé à cause du Covid. Le masque n'est pas obligatoire ici et seule la moitié des passagers le porte, dont moi.

Une fois à destination, je vois des téléphériques et me dirige vers ceux-ci. Vu le prix, ils sont heureusement fermés. Sinon, j'aurais sans doute craqué, moins par flemme que par envie d'en prendre un. C'est encore plus cool que le bateau.
Je me fais donc indiquer le chemin par les locaux pour aller au sommet de la montagne. Ils me donnent la bonne direction, mais ce n'est pas le chemin balisé. Je suis surpris d'y croiser autant de monde alors que le soleil se couche.

Je marche plus d'une heure avant de décider de planter ma tente, au sommet d'une des plus petites montagnes du coin. Je commence à ne plus voir clair. La ville s'illumine. Ça a quand même son charme, je dois bien l'avouer.

Jour 17 :

J'ai plutôt bien dormis, mais je suis en pleine crise existentielle et j'ai le moral dans les chaussettes.
Je me balade au hasard, me perds et j'en ai marre. Je râle contre moi-même et je décide d'avancer toujours tout droit sans regarder où je vais. On verra bien où ça me mène.
Un cimetière.
Voilà où ça me mène.
Le monde essaie t-il de me dire quelque chose ?
Je le contourne, surpris par le monde qu'il y a et par sa taille démesurée. En effet, il couvre la superficie de plusieurs petites montagnes. Je retourne au centre-ville et j'y fais des courses.
Je galère ensuite énormément pour pouvoir sortir de la ville et faire du stop.

Mes pensées ne sont pas encore très claires. Je crois que je ne veux pas vivre sans argent. Je pense que j'en suis capable, mais que ce n'est juste pas ce que je veux. Dommage.
J'ai commencé ce voyage pour trouver des réponses, pour voir la vérité sur moi-même. Alors, je dois accepter ces réponses, même si elles ne me plaisent pas. Tout ça est si flou.
Aussi, je ne pense pas continuer mon voyage jusqu'en Asie. Pourquoi faire ? La guerre et le danger ? Ça ne m'attire pas trop.
J'ai encore des questions et des doutes. Je devrais trouver un travail alors ? Je déteste ça. Peut-être que garde forestier m'irait ?

Quelqu'un me dépose tout près d'Elbasan.
Je dois traverser toute la ville pour arriver encore vers des montagnes. Je vois un hôtel à dix euros la nuit. Une dame qui semble y travailler et qui ne parle pas un mot d'anglais m'y arrête et me fait attendre tandis que son chien semble me haïr. Le gérant arrive et il me paraît bizarre. Il ne parle pas un mot d'anglais non plus. Puisqu'ils m'ont laissé utiliser le Wifi, je tente de communiquer via Google traduction, mais le site ne comprend rien. Alors, je regarde où aller correctement. Je vérifie les auberges les moins chères du coin et j'en repère une où aller au cas où. Puis, je pars.

Je traverse toute la ville et je vois enfin les montagnes. Je m'en approche, mais deux locaux m'arrêtent et me disent, tant bien que mal malgré la barrière linguale, que c'est trop dangereux. Je comprends qu'ils parlent de mafia et de rôdeurs bizarres qui traînent dans les parages. Ils disent que la mafia est partout et que s'ils voient une voyageuse aller camper seule la nuit, ils pourraient l'attaquer.
Enfin, c'est ce que je comprends avec leurs gestes et leurs trois mots d'anglais.
Je ne sais pas si c'est sérieux où s'il s'agit juste de la paranoïa et des délires de deux hommes âgés, mais je refuse de risquer ma vie pour le découvrir.
Je pense qu'il est important d'écouter ceux qui vivent sur place. Ils savent mieux que moi et ils n'ont pas vraiment d'intérêt à mentir.

Je vais donc à l'auberge que j'avais repéré plus tôt. En plus, il commence à pleuvioter. J'y paie la nuit sept cent lékés. L'aubergiste ne parle toujours pas anglais, mais elle est très gentille et m'offre des kakis provenant de ses arbres.
Je ne suis pas seul. Il y a Quentin, un français de trente ans qui était déjà à l'auberge de Skoder, mais également sur le ferry que j'ai pris ! Je suis très étonné par cette coïncidence. C'est vraiment amusant. Tout ce temps, je ne l'ai pas remarqué. Sur le ferry, il était dans une voiture et il n'a pas dormis dans la chambre commune de l'auberge où Nikkey m'a amené.
Quand je suis rentré dans cette nouvelle auberge, je l'ai vu sur son ordinateur et je l'ai salué en anglais. Je ne m'attendais pas à ce qu'on me réponde en français. C'est lui qui m'a spontanément reconnu.
Nous discutons pas mal quand Eduart Cekoja fait son entrée. Il nous parle en français. Un très bon français sans accent. Je me dis que le coin est envahis. Quelle surprise d'apprendre qu'il est le fils de l'aubergiste et qu'il est donc albanais. Il est guide touristique, essentiellement pour des français. Avec Quentin, on lui parle donc de la randonnée qu'on compte faire au parc national Shebenik-Jabllanice dès le lendemain (et qu'on vient donc d'organiser).
Il nous dit que bien que l'endroit a été récemment classé, ce n'est pas encore bien aménagé du tout et qu'on risque de se perdre. Il ne croit pas qu'on soit capable de trouver et d'atteindre le sommet.

Jour 18 :

Nous nous levons et nous préparons doucement avant de dire au revoir à Eduart et de partir.
Nous montons dans la voiture louée par Quentin et partons en direction de l'aventure ! Le problème étant que cette voiture est loin d'être un 4x4 et que les routes de montagnes que nous empruntons sont complètement défoncées. Le chemin semble facile sur le GPS, mais dans les faits il faut traverser de la boue, des bosses et des pierres qui cognent et griffent le fond de la voiture. Heureusement qu'il a pris l'assurance avec.
Nous parlons beaucoup. Ça m'avait manquer de pouvoir m'exprimer facilement et de nouer de vrais liens avec quelqu'un. Le stop permet de rencontrer pleins de monde pourtant c'est tant éphémère et limité.

La route est trop mauvaise alors on doit se garer sur le côté avant d'avoir atteint le village. Nous accédons donc à ce dernier à pied. Évidement, certaines personnes d'ici ont des voitures qui semblent encore plus basses et moins adaptées à la route que celle de location. Ils doivent être meilleur conducteur que Quentin.
Les habitants nous dévisagent. Ils semblent étonné de voir des étrangers ici. Ça peut se comprendre. Ce parc n'est pas encore une grande zone touristique et nous sommes en octobre.
Nous traversons le petit village non sans répondre aux coucous des enfants qui semblent aller à l'école (une petite école où les enfants ne semblent pas avoir le même âge).

Une fois sortit, nous continuons à suivre la route jusqu'à enfin tomber sur des balises. Il y en a donc vraiment !
On alterne boue, plaines et forêts. Les couleurs de ce début d'automne sont magnifiques et mettent vraiment cet endroit en valeur.
Même sans mon gros sac, je ralentis un peu Quentin (qui en plus porte mon eau). Néanmoins, ça nous permet de mieux profiter des paysages.
C'est habituel pour moi de galérer lors des montées. Cette fois, j'ai l'excuse de mes dix-sept précédent jours de marches et de ma malnutrition.
Qu'est-ce que ça fait du bien de randonner dans la nature et sans sac de quatorze kilos sur le dos ! Je me sens libre et bien.

On arrive tout près du sommet. Il y a un troupeau de mouton gardé par des chiens. Ces derniers ne sont vraiment pas commodes.
L'un d'eux vient vers moi et m'aboie dessus tandis qu'un autre est sur Quentin. Je sais comment réagir dans ce genre de situation et je garde mon calme. Je continue à marcher calmement, sans gestes brusques tout en m'éloignant des moutons.
Seulement, Quentin ne semble pas savoir comment réagir. Il ignore le chien, ce qui est bien, mais continue tout droit au lieu d'aller en biais pour s'éloigner des moutons. Je le vois, mais les choses vont si vites et il est trop loin. Je ne peux pas crier pour le prévenir, ça risquerait d'énerver les chiens.
Celui qui est sur moi me lâche, mais va sur Quentin. Et trois autres chiens les rejoignent.
Ils sont donc cinq gros chiens de protection de troupeau, c'est-à-dire capable d'affronter loups et ours, à grogner sur mon nouvel ami.
Ils deviennent de plus en plus agressifs, leurs aboiements de plus en plus aiguës et fort. Ils finissent par commencer à pincer Quentin qui fait la grave, très grave erreur de se mettre à courir.
Les chiens l'attaquent.
Ils l'attaquent vraiment. Il panique et se met à courir vers moi. Je lui crie de ne surtout pas courir car ça les énerve encore plus, mais c'est déjà trop tard.
Je le vois arriver vers moi et mes pensées sont d'un coup extrêmement égoïstes. « Non, ne les mènent pas à moi ! » me dis-je. Il me passe à côté et les chiens m'ignorent et continuent à le poursuivre. J'ai un gros sentiment de soulagement qui m'envahis puisque je suis hors de danger avant d'à nouveau stresser pour lui.
Quentin ne court pas bêtement, il décent la montagne et fonce vers le berger alerté par le bruit. Ce dernier rejoint Quentin et crie sur ses chiens. Quentin tombe. Les chiens sont autour, mais le berger les chasse en criant et brandissant son bâton et des pierres.
Je cours les rejoindre pour m'assurer que Quentin va bien. Il s'est fait mordre à la cheville gauche. Il saigne et on voit l'os.
On attend un peu qu'il reprenne ses esprits, puis le berger nous accompagne au sommet pour nous protéger.
Une fois là-haut, l'homme nous laisse et on se sent assez en sécurité pour laisser le stresse retomber. Je donne une lingette désinfectante à Quentin pour sa blessure. J'en ai toujours deux dans ma banane que j'ai toujours sur moi. Comme quoi, ce n'était pas une précaution inutile.
On reprend nos esprits en admirant la vue. On a quand même réussis à atteindre le sommet, contrairement à ce que pensait Eduart.

Nous nous décidons à repartir. Quentin veut descendre de l'autre coté de la montagne avant de remonter plus tard. Je trouve que c'est une précaution inutile parce qu'en restant sur la crête, on a quand même une plaine qui nous sépare des chiens puisqu'ils sont sur la montagne opposée. J'ai envie d'encore profiter de la vue et j'avoue, j'ai la flemme de descendre pour remonter.
Qu'est-ce que j'ai eu tord !
Néanmoins Univers, ma flemme méritait-elle une telle punition ?

Alors qu'on est loin, qu'on s'éloigne du troupeau et qu'on marche tranquillement, les chiens reviennent à l’assaut. Soit ils sont rancunier, soit Quentin a très bon goût.
On les voit arriver de loin alors on décide de courir puisqu'ils sont déjà très fâché. Je suis beaucoup trop lent. Quand je me rends compte que les chiens sont déjà trop proches, que jamais je n'atteindrais la forêt et les arbres, j'arrête de courir. Courir les énerverait et ils passeraient directement à l'attaque. Trois chiens m'encerclent, mais je garde mon calme. J'ai si peur, mon cœur bat la chamade et je sens ma sueur dégouliner de mon dos. Ils ne me laissent pas m'éloigner calmement. Ils veulent que je partent sans me laisser partir ! Leurs cries deviennent plus aiguë et eux, plus agressifs. Ils commencent à me pincer. Le blanc, celui qui a certainement mordu Quentin, me pince fort le mollet gauche. Je réfléchis et observe autour de moi. Je vois les rochers, mais ça ne me semblent pas assez haut pour être hors d'atteinte de ces chiens des montagnes. Je vois un buisson aux branches piquantes.
J'y marche calmement en essayant de contrôler ma respiration pour ne pas paniquer et courir. Les chiens agrippent mon pantalon à plusieurs reprises, mais ne me mordent pas. Je sais que si j'avais courut, ils m'auraient mordu.
Je rentre dans le buisson qui me griffe un peu les jambes, mais ça fonctionne ! Les chiens continuent d'aboyer, mais ne m'y suivent pas. Je suis sauvé !
Ils restent près de moi et m'encerclent toujours, mais se calment et cessent d'aboyer. L'un d'eux va même se coucher et s'endormir. Tant pis, je préfère de loin un jeu de patience qu'un jeu de force.

Je cherche alors du regard Quentin. Il me fait signe. Il s'est abrité dans un arbre quelques mètres plus loin. Il ne m'a évidement pas abandonné, bien qu'il ne puisse rien faire pour m'aider. Je n'ai rien pu faire pour l'aider lorsque c'est lui qui s'est fait attaquer plus tôt et en plus, cette fois c'est ma faute donc je n'ai pas à me plaindre.
Dès qu'il bouge, les chiens s'énervent. Il est donc hors de question de sortir de nos cachettes pour l'instant.
Puisque les chiens sont assez calme, on se permet de crier afin de communiquer. On dit des bêtises pour détendre l'atmosphère stressante et on appelle le berger pour qu'il vienne à notre rescousse. On l'entend siffler les chiens, mais ceux-ci ne réagissent pas. Et le berger ne vient pas faire acte de présence. Évidement, de là où on est, on ne voit pas le troupeau. On entend juste les cloches qui s'éloignent. Je sais que les chiens vont forcément finir par suivre leur troupeau. Ce n'est qu'une question de temps.
Notre patience fini par payer et les chiens nous laissent enfin tranquille.
Cette fois, je suis Quentin et on ne prend plus de risque.

Je ne me connaissais pas ce sang-froid. Si j'ai échappé à la blessure, c'est uniquement car j'ai réussis à garder mon calme et à réfléchir rationnellement. Je suis vraiment fier de moi. Évidement, j'étais mort de peur, mais je suis resté maître de moi-même.

On redescend la montagne. On rit et on blague tout le chemin. L'incident est notre sujet de conversation principal. On est encore un peu sous l'adrénaline et ça nous aide à nous détendre.
Je décide de rester encore avec Quentin et d'aller à l'auberge de Pogradec. Je n'ai pas envie de me mettre en danger en campant près d'une grande ville et après une journée pareille, je crois que je le mérite.
Et puis, ce voyage sans argent commence à m'avoir à l'usure. J'en ai un peu marre.
Quentin a téléphoné à sa famille qui a contacté un médecin pour savoir quoi faire. En sois, la blessure n'est pas grave et puisqu'il n'a pas mal et que l'Albanie n'est pas un pays à risque pour la rage, il n'a pas besoin d'aller à l'hôpital et doit juste désinfecter régulièrement et bander la blessure.
Son tatouage par contre en a pris un coup.

Jour 19 :

Je traîne au lit. Je traîne parce que je ne veux pas partir. Je veux juste dormir, manger et me reposer. C'est ce que réclame mon corps.
Quentin s'en va. Je lui dit au revoir. Mes au revoir sont très souvent froid car je déteste en faire. J'espère qu'il ne l'a pas mal pris et que sa jambe va guérir.

Quand je me décide enfin à partir, je marche un petit moment pour sortir de la ville. Ça devient ma routine. Atteindre une grande ville, y dormir et la quitter à pied le lendemain pour pouvoir faire du stop. Le reste n'est pas vraiment routinier. Ce voyage est assez imprévisible. C'est plaisant dans un sens de ne jamais savoir ce qu'il va se passer. Pas besoin de faire de plan.
Le stop fonctionne un peu moins que d'habitude et je l'alterne avec de la marche. Le soleil est radieux donc c'est agréable. Mon moral remonte.

Un homme nommé Enea va s'arrêter. Il dit qu'il va au village se trouvant juste avant la frontière et qu'il peut donc m'amener à celle-ci.
On discute beaucoup. Il est commercial dans une industrie agro-alimentaire. Il me raconte tout ce qu'il sait sur la région, c'est très intéressant !
Il s'arrête au bord de la route et cueille sans gêne deux grosses pommes dans un verger. J'en mange une de suite. Elle est si juteuse et sucrée comme il faut ! Je comprends pourquoi il vante leurs qualités.
Il m'emmène ensuite visiter une grotte de la région. J'y vais avec ma lampe frontale. Il n'y a aucun aménagement, aucune protection alors que la grotte est grande et profonde. C'est clair qu'on ne risque pas de trouver cela en France. J'explore assez rapidement car Enea est pressé et je ne fais pas trop de bruit pour ne pas déranger les chauve-souris.
Ensuite, il me conduit à la frontière. Il décide d'aller jusque là car les Albanais n'y vont plus. Il me dit qu'elle leur est fermée.
En réalité, elle n'est pas fermée aux albanais, mais à tout le monde.

Je suis au poste frontière et on me refuse la traversée à cause du Covid. L'un des travailleur me conseille d'aller en Macédoine puis en Bulgarie pour enfin pouvoir entrer en Grèce sans avoir besoin de test Covid. Cette idée est d'un ridicule ! Et simplement faire le test est impossible pour moi. Ça me ferait marcher (puisqu'il n'y a pas de voiture pour faire du stop) jusqu'au village le plus proche, payer un test et attendre entre deux jours et une semaine pour avoir les résultats.
Bref, puisque leurs règles sont stupides et irréalisables, je décide de ne pas les suivre.

Je pars. Ah ! On me refuse l'entrée ? Je n'ai pas fait tout ce chemin pour abandonner au moindre « non » et rester bloqué ici ! Qu'à cela ne tienne !
J'ai décidé d'aller en Grèce alors j'irai. Par la montagne !
Ils s'attendaient à quoi ? Ils voient un voyageur arriver à leur frontière en carton seul, à pied et avec un énorme sac à dos de randonnée et croient que je ne vais pas simplement passer par une montagne ? Facile d'accès qui plus est.
La frontière est pile poil entre deux montagnes. Celle à ma droite est plus haute et recouverte d'une forêt. Cela ne me semble pas être un obstacle insurmontable, mais la forêt semble assez dense ce qui rends les choses un peu compliquées. Par contre, celle de gauche n'est pas si haute et n'est pas recouverte de forêt, mais plutôt d'arbustes et de buissons assez espacés. Cette montagne là n'est pas un challenge du tout quoi.
Je marche dans la direction opposé de la frontière parce que des barrières m'empêchent d’accéder à la montagne d'ici. En plus, je préfère qu'on ne me voit pas pour des raisons évidentes.
Il y a des gens qui attendent par petits groupes je ne sais quoi. J'imagine qu'ils sont albanais. N'ayant pas une nationalité européenne, ils ne peuvent pas traverser la frontière comme je m'apprête à le faire. Pour moi, c'est simple. Une fois que je serais en Grèce, je n'aurais qu'à montrer ma carte d'identité belge et il n'y aura aucune preuve que je suis entré dans le pays illégalement. C'est injuste. Je pense que les frontières ne devraient pas exister.
Il y a également des taxis qui se jettent sur moi pour me raccompagner à la précédente ville. Je refuse. Je n'ai pas abandonné. Je vais aller en Grèce.

Je suis à quelques centaines de mètres de la frontière, près d'un hôtel et je quitte la route pour commencer mon chemin dans la montagne. Je n'avais pas prévu de faire encore une randonnée aujourd'hui, mais que serait la vie si elle était prévisible ?
Je trouve un bâton par terre et je m'en empare. Une attaque de chiens, pas deux ! J'ai eu ma dose et j'ai retenue la leçon. Vous ne me verrez plus jamais en montagne sans bâton.

J’apprécie beaucoup cette balade. Le coin est beau et calme et je suis revigoré par ce sentiment de fierté de traverser illégalement une frontière alors que je déteste leur existence. Dans vos dents ! Je passe que vous le vouliez ou non parce que je l'ai décidé !
Je marche en direction du village de Krystallopigi que je peux voir du sommet. La route qui le traverse n'est pas la meilleure, mais mène à Thessalonique alors je m'en contenterai. Elle est plus longue que la voie rapide, mais je crains que cette dernière ne soit déserte puisque la frontière est fermée. Sur la petite route, au moins j'aurais les habitants des villages.
La marche est relativement facile et je n'en souffre pas malgré mon sac. J'avance complètement à mon aise malgré l'heure de « perdue » à cause du changement de fuseau horaire. J'ai fais un mètre en une heure. C'est fort.
Je vis par rapport au couché du soleil qui s'en fiche de l'heure qu'il est alors ça ne va concrètement pas me changer grand chose.

Une fois tout près du village, je trouve un coin relativement correcte où m'installer pour la nuit. Ce n'est pas très discret, mais près d'un tout petit village, je ne risque pas grand chose. Et tant qu'on ne me voit pas de la route, les policiers ne seront pas alerté. J'attends quand même la tombée de la nuit avant de monter ma tente afin de ne pas être signalé par les habitants. C'est une précaution qui n'est pas forcément utile. Plusieurs villageois sont passé et m'ont simplement salué. J'ai même croisé deux hommes qui ont pris mon chemin en m'indiquant aller en Albanie. Comme quoi, je ne dois pas surprendre grand monde.
Le plus dur à été de trouver un endroit plat et sans pierres. Et ma plus grande crainte est le passage d'un troupeau. Surtout s'il est accompagné de chiens.

Jour 20 :

Il a dû faire vachement froid durant cette nuit. En témoigne ma tente trempée et l'herbe gelée par endroit. Je n'ai pas eu froid de toute la nuit, mais sortir de ma tente par un froid pareil n'est pas agréable !
Je me prépare vite et je traverse le petit village. C'est assez charmant. Je n'ai qu'à suivre la route, mon petit et ridicule bâton en aide. Il y a des troupeaux et des chiens de partout dans les environs.

Je marche sans voir une seule voiture jusqu'au village suivant où des chiens m'aboient dessus comme d'habitude. Leurs propriétaires, deux hommes âgés, voient ça. Ce sont très probablement des bergers.
Ils me saluent et je présume qu'ils me parlent de mon bâton puisqu'ils le montrent du doigt. Je ne comprends pas un mot qui sort de leurs bouches. Je pensais qu'ils me disaient que mon bâton est ce qui énervait les chiens jusqu'à ce que l'un d'eux me demande d'attendre, aille dans son jardin et revienne avec un véritable bâton de berger qu'il frotte à l'eau devant moi. Là, je comprends que les deux hommes m'expliquent que mon misérable petit bâton trouvé par terre n'est pas suffisant pour me défendre des chiens. Le berger m'offre donc son bâton pour me protéger. C'est adorable et très gentil. Je suis extrêmement heureux et touché par ce cadeau (malodorant). Je le nomme Gandalf !

Je continue mon voyage en suivant la route et je lève le pouce dès que j'entends une voiture. Elles sont très rares, mais une d'entre-elles fini par s'arrêter.
Il faut juste de la patience et de la persévérance.
La conductrice et sa passagère ne parlent pas du tout anglais donc la communication est difficile. Elles me déposent à la gare de Florina. J'imagine qu'elles pensaient que je voulais prendre le train. J'en profite donc pour passer aux toilettes publiques pour remplir ma bouteille. Ensuite, je sors à pied de la ville et recommence à faire du stop.
De l'autre côté de la route, une dame s'arrête, traverse, me donne une baguette de pain, puis repars aussi vite qu'elle est venue sans un mot. J'ai à peine eu le temps de la remercier.

Un homme s'arrête. Le trajet n'est pas agréable car il me drague lourdement. Néanmoins, il respecte mon refus et m'amène quand même loin. Seulement, je me retrouve au milieu d'une grande route où les voitures ne me semblent pas si fréquentes.
Je marche longtemps le long de cette route tout en faisant du stop. Un homme âgé s'arrête et me prends dans sa voiture. Il parle un peu anglais, mais ne semble pas vouloir discuter (bien qu'il reste très poli). On écoute de la musique grecque et je la trouve très belle. L'endroit où il me dépose n'est pas génial, mais il m'offre des biscuits donc je suis content.
Je marche encore longtemps avant qu'un troisième conducteur ne s'arrête. L'homme parle un peu anglais. Il me raconte sa vie et semble content de parler à quelqu'un. À cause de ça, je me méfiais un peu de lui alors qu'il est resté très gentil tout du long. Il m'amène manger un burger (végétarien pour moi) dans un genre de fast-food de Thessalonique. Même si ce n'est pas de la gastronomie, ça reste une spécialité d'ici donc je suis content puis ça me manquait de manger chaud. Ensuite, il me dépose à une auberge où je m'offre la nuit à douze euros.

Je partage la chambre avec une jeune grecque de dix-huit ans. Elle me dit qu'elle est en vacance et veut profiter de la grande ville et aller en boite. Je lui raconte mon voyage avec joie et fierté. Elle est impressionnée, ce qui me flatte. Je prends la grosse tête et je parle trop, la pauvre.
Je mets ma tente à sécher et pars explorer un peu la ville avant que la nuit ne tombe. Je reviens avec des fruits et légumes trouvés dans la rue.
Je vais ensuite dans la salle commune où je parle à pleins de gens en voyage. Eux aussi sont un peu perdu dans la vie. Ce n'est pas un problème de jeune, l'un d'eux à cinquante-neuf ans et un autre la trentaine. C'est si chouette d'écouter ces voyageurs. Ils font un peu comme moi, mais avec plus d'expériences. C'est si enrichissant.

Jour 21 :

Je dors ultra bien ! Je traîne à l'auberge et ne pars qu'à onze heure.

Il y a un grand soleil donc la traversée de la ville n'est pas désagréable même si c'est long. Sauf qu'aucun endroit ne me paraît propice au stop.
Je galère tellement et pendant longtemps alors que le temps s'écoule. Je fini bloqué par un chien agressif (ils ont vraiment une dent contre moi) sur une route et me retrouve donc à devoir faire demi-tour. Ça me saoul d'avoir peur des chiens. Je ne pensais pas que ça m'arriverait un jour. Je sens que c'est un sentiment temporaire, mais c'est si fort. Je ne suis pas aussi courageux que certains le pensent. Et je ne pensais pas que cet incident en Albanie m'avait autant affecté.
Je décide de prendre le bus parce que j'ai mis deux heures à arriver jusqu'ici. Ce dernier me ramène en arrière ! C'est un enfer.
Je marche encore et fait du stop et une personne s'arrête. Le premier de la journée pourtant presque finie ! Il ne va pas très loin de la ville du tout, mais il parle d'une station essence où je peux tenter ma chance. Quand on l'aperçoit il me montre trois voyageur qui y sont comme pour me prouver son propos. Il m'y dépose et je vais faire connaissance avec ces gens. Ils ont l'air cool et m'inspirent confiance.

Justement, ils me disent qu'ils viennent aussi de Thessalonique et qu'ils ont aussi échoué à en sortir en stop. D'après eux, la ville est connue dans le monde du stop pour être une des plus dure d'Europe pour en sortir. Autre surprise, ils vont à Istanbul aussi ! Depuis que j'ai décidé d'abandonner l'idée de faire un tour complet de la méditerranée, Istanbul est mon but final. Je décide donc de squatter leur groupe. Ce dernier est composé d'Hélia, une française, de son copain Michel, un brésilien et du mari de celui-ci, Manel, un espagnol. Ils se sont marié pour que Michel ait la nationalité espagnol et puisse rester en Europe. Ce sont des génies. Hélia était très contente de me raconter cette anecdote.
Nous discutons pas mal (et je m'assure à plusieurs reprises que je ne les dérange pas) puis on fait une récupération. Elle est très fructueuse. Nous voilà avec pleins de nourritures.
Michel repère un petit bois non loin de là grâce à son téléphone et nous nous y installons pour la nuit.
On plante nos tentes, on mange beaucoup (mon estomac est heureux) et nous discutons. Que c'est agréable de ne pas être seul ! Ils sont si sympas en plus. Et je peux parler en français avec Hélia même si on évite afin de se faire comprendre des deux autres.

12 octobre 2020 - Jour 22 :

On se lève tard. Ce sont de bons dormeurs !
Ce petit déjeuner est très complet. Mon estomac aime définitivement ce groupe.

On marche jusqu'à la station essence de la veille et on discute sur quoi faire. On décide finalement de prendre le bus pour retourner vers Thessalonique où les garçons pensent qu'il y a un bon spot à stop. Hélia n'est pas de cet avis, mais on n'a pas vraiment d'autres options.
Le spot en question est une autre station essence. On se divise en deux groupes pour faire du stop. Hélia et son copain et Manel et moi. À quatre, ce serait trop compliqué.
Le premier groupe est vite pris en stop. La course vers Istanbul peut commencer (même si on compte essayer de se rejoindre chaque nuit) !

On reste avec Manel à faire du stop. Ça prend un peu de temps, mais deux hommes finissent par s'arrêter. On apprend qu'ils vont à Alexandroupoli, une grande ville proche de la frontière Grèco-turque alors que nos amis ne vont qu'à Kavala. On va prendre de l'avance sur les deux autres. À nous la victoire !
La voiture des hommes a un problème, on a dû la pousser pour qu'elle accepte de démarrer.
Le trajet est vachement long. On met plus de trois heures et je suis épuisé à cause de mon mal des transports. Néanmoins, nous arrivons à destination. Il est un peu tard pour continuer alors on décide d'y attendre les autres. Seulement, ces derniers nous disent qu'ils sont « bloqué » car personne ne les prend alors on décide de sortir du centre et d'aller vers un genre de bois repéré par Manel avec son téléphone.

On marche longtemps et le soleil est couché quand mon nouvel ami repère ce qui est en réalité un verger qui a l'air abandonné. Les arbres ne sont pas entretenu et il y a des déchets par terre. Des barrières entourent l'endroit, mais elles sont très abîmées. Je n'aime pas être sur un terrain privé, mais je fais confiance à Manel puisqu'il a plus d'expériences.
Les moustiques nous envahissent alors nous faisons un mini-feu afin de les faire fuir avec la fumée. C'était une mauvaise idée. En effet, cela a fait débarquer les flics qui interrompent donc notre repas.
D'abord, les policiers semblent hostiles. Il en débarque une dizaine et ils crient et nous aveuglent de leurs lampes. On les a repéré bien avant qu'ils n'arrivent donc on a eu le temps d'éteindre et d’effacer toute trace du feu.
Ils nous demandent de venir vers eux. On obéit. Quand on arrive près d'eux, ils voient qu'on est blanc et que deux. Ils prennent nos papiers et voient qu'on est européen et changent totalement d'attitude au point de nous autoriser à rester sur le terrain pour la nuit. Ils nous engueulent vite-fait pour le feu puis repartent.
On se fait dévorer par les moustiques, mais on est en sécurité pour la nuit.

Jour 23 :

J'ai super bien dormi ! Je pourrais rester des jours là à dormir malgré ce vent déchaîné.
Je commence à avoir hâte d'atteindre Istanbul et de rentrer victorieux en France. Je suis las de ce voyage, je dois l'avouer. Pourtant, je suis très heureux et enthousiaste de ne plus voyager seul.
On se lève moins tard que la veille (c'est surtout le couple, les gros dormeur) et mon ventre nage toujours dans la joie.

On va à une station essence dont la route va à la frontière, mais personne ne semble aller par là. On nous dit que celle-ci est fermée parce qu'une guerre se prépare entre les deux pays. En tout cas, ça explique les chars et voitures militaires qu'on n'arrête pas de voir.
Et comme si ce n'était pas suffisant, l'orage éclate. Il drache.
À l’abri dans la station, on ne sait pas trop quelle stratégie adopter. Continuer ici ? Aller en ville et sauter de village en village par la route ? Ou aller en Bulgarie ? En plus, on n'a pas de nouvelles des autres.
Un homme nous conseille d'aller faire du stop sur l'autoroute, qu'ici les gens s'arrêtent pour prendre les auto-stoppeurs n'importe où, même si ça semble dangereux.
L'orage est passé et il y a un grand soleil, mais on traîne ici depuis la matinée et notre patience est à bout. On décide d'écouter cet homme.

On marche vers l'autoroute et à peine dessus, on lève le pouce. Une voiture s'arrête. Dire qu'on a essayé au mauvais endroit toute la journée !
Bref, le jeune homme qui nous prend vit à un village près de la frontière bulgare. Il est d'accord pour nous déposer à cette frontière ou à la frontière turque. Avec la guerre se préparant, les tensions empirant et les rumeurs de frontière fermée, on choisit la première option. En plus, on sait qu'aller en Turquie de Bulgarie est facile.
On a fait une grave erreur.

L'homme nous dépose. On marche vers le poste frontière et la traversée nous est refusée. La raison ? Seuls les camions peuvent passer par ici. Pourquoi ? Parce que ça a été décidé comme ça.
On nous dit qu'on peut passer la frontière bulgare, mais à un autre poste frontière. À deux-cent kilomètres de là. C'est tellement ridicule et arbitraire, c'est tellement rageant !
On nous dit également qu'on peut passer la frontière turque directement puisqu'elle est ouverte. On avait le choix et on s'est trompé. C'est la vie.
On donne cette information aux deux autres pour qu'ils ne fassent pas la même erreur.
Nous ? On est bloqué ici. Les camionneurs en provenance de Bulgarie nous expliquent qu'aucun d'entre-eux ne va nous prendre pour nous ramener à Alexandroupoli. En effet, les contrôles de police sont fréquents et ils ont interdiction de transporter des gens qui ne sont pas indiqués dans leurs papiers de transport ou un truc du genre. Ils ne veulent pas de problème. Ça se comprend.
Bref, on est condamné à faire des kilomètres à pied pour retourner en arrière ou bien...

Je convainc Manel de passer la frontière illégalement comme je l'ai déjà fait pour rentrer en Grèce. La Bulgarie, c'est l'Europe de toute façon, non ?
On peut le dire. C'est entièrement ma faute. J'ai aimé et j'ai été fier de traverser illégalement une frontière alors j'avais envie de recommencer. Ça m'apprendra à prendre la grosse tête.
Je pensais qu'on ne risquait pas grand chose. Et puis ce refus arbitraire est si idiot et ça m'énerve ! Je suis piqué dans mon orgueil.
Sauf que j'emporte Manel avec moi.
On regarde sur Map les chemins possibles pour traverser la frontière. Il y a des routes de terres à travers champs, une rivière et une forêt-barrière. Rien qui semble infranchissable.
On marche et on commence cette randonnée illégale. Le chemin est boueux, mais facile. L'obstacle qui nous semblait être le plus compliqué, la rivière, est complètement asséché.
Par contre, la forêt est un véritable obstacle. Elle est extrêmement dense et on se retrouve à devoir escalader des troncs, couper et casser des branches et se faufiler à travers la végétation. Ce mur végétal nous fait perdre beaucoup de temps et d'énergie. Ça me semble si difficile que je perds patience au point de rager et pester. Mes jurons français font bien rire Manel alors qu'il ne les comprend pas.
Néanmoins, on y parvient. Il faut la mériter la Bulgarie. Je ne pensais pas que des champs seraient plus dur à traverser qu'une montagne.
La nuit est tombée alors on monte notre camp. On est au milieu de champs récemment labourés, près de quelques arbres.

Jour 24 :

Cette première nuit en Bulgarie était très bonne. Je me sens bien. On a un peu de marche avant d'arriver au premier village. Svilengrad possède un pont qui va nous permettre de traverser la rivière. Après, on n'aura plus qu'à foncer vers la Turquie.
Mais pour l'instant, on a des champs à traverser. Puisqu'il y a des chemins de terres, ce n'est pas bien compliqué. On trouve même des noix fraîches. C'est délicieux. On est à court de nourriture donc on prévoit d'aller dans un magasin une fois qu'on sera en ville.

Justement, on y est. Il y a un âne et tout nous semble très pittoresque. On aperçoit le pont donc on marche dans sa direction tranquillement. Tout va bien. Ou pas...
On se fait interpeller par la police des frontières. On est en Europe, mais pas dans l'espace Schengen, nous dit-on. Nos passeports ne sont pas tamponnés. Bref, on est dans la merde.
Ils nous demandent de les suivre et nous amènent à leur station de police des frontières. On se rend alors compte qu'on est passé nonchalamment en face de ce bâtiment deux minutes plus tôt. On est vraiment des clowns.
Je regarde alentour et on ne peut pas dire que l'endroit respire le budget. J'ai l'impression d'être sur un spot d'urbex tant tout est délabré. On est dans une cour entourée de plusieurs bâtiments distinc. Ils ont des colombes enfermées dans une cage aussi.
Ils nous interrogent et les ennuis commencent. On n'est pas en ordre au niveau des papiers. En résumé, on est des délinquants.

Au bout de deux heures à poireauter dans la cour de l'endroit, ils nous annoncent, enfin surtout à Manel car ils s'adressaient beaucoup moins à moi, que nous sommes en état d'arrestation. À cause de leur anglais médiocre, on a mis un peu de temps à le comprendre.
Alors qu'ils nous laissent nos téléphones, je n'ai pas envoyé de message. Je ne sais pas trop ce qu'il va se passer, mais si on a le droit à nos affaires actuellement, ce sera encore le cas plus tard, non ?
Deux femmes flics me demandent de les suivre avec mes affaires. On rentre dans un des petits bâtiments, dans une petite pièce. Elles me font déballer TOUTES mes affaires. Y compris ma tente et mon duvet. Pour les fouiller. Ça prend énormément de temps. Elles me confisquent mes cent vingt-sept euros (J'avais cent euro caché à utiliser en cas d'urgence absolue. Aller à l'hôpital par exemple.), mon portable, mon chargeur, mes écouteurs, mon couteau et tout mes papiers. Y compris ma carte vital. J'ai dû leur expliquer ce que c'était.
Elles emballent mes affaires dans un petit sachet plastique. Je peux garder le reste, y compris Gandalf.
Je range le reste, ce qui me prend du temps, puis nous retournons dans la cour où Manel attendait. Deux hommes le conduisent à son tour dans la même pièce. Il met bien moins de temps que moi. Déjà parce qu'il a moins d'affaires, mais aussi parce que ces policiers-là sont moins méticuleux que leur collègues féminines.

On poireaute encore longtemps et on signe des tas de papiers qu'on ne peut pas lire car ils sont rédigé uniquement en bulgare. Puis, ils nous amènent en voiture. J'ai l'impression que leur tas de ferraille va casser d'une minute à l'autre.
On n'est pas menotté et on a nos sacs avec nous. Les sachets sont gardé par les policiers.
On est amené au poste frontière qui nous a refusé l'accès la veille. On se dit qu'ils vont nous relâcher là et qu'on va devoir marcher au final. Sauf que non.
Encore des questions, des papiers à signer et beaucoup d'attentes. Ils prennent également nos empruntes complètes, main compris, et des photos de nous. Ils nous parlent gentiment et nous rassurent. « Don't worry, this is the normal procedure. No problem. » me dit l'un d'eux.
Ils ne comprennent pas pourquoi je n'ai pas le tampon de sortie d'Albanie. Je leur dis que je ne sais pas, que j'ai passé la frontière en voiture. Ils semblent me croire. Je ne dois pas mentir si mal que ça en fin de compte. Ils doivent penser à un oublie de leurs collègues albanais.

Avec Manel, on est dans l'optique « Wait and see. ». C'est lui qui m'a expliqué ça car je commençais à paniquer. On n'a aucun moyen de savoir ce qu'il va se passer, ni où et quand ils vont nous relâcher donc ça ne sert à rien de stresser et de faire des plans et mille scénarios dans nos têtes. On a juste à attendre et à aviser une fois qu'on sera libre. On a juste à patienter. Ça reste si stressant ! Il y arrive bien mieux que moi. Pourtant, pour lui aussi c'est une première.

On nous ramène à la station où on était avant. On attend puis ils nous reprennent en voiture et nous traversons le pont. Des heures pour faire cent mètres, c'est un record de lenteur. Ils s'arrêtent à un magasin et achètent des provisions, s'arrêtent à un autre endroit où on patiente dans la voiture, puis s'arrêtent devant un hôpital où ils nous font entrer et patienter. On se dit qu'ils vont nous faire passer un test Covid et... Non. Rien.
On s'en va et ils nous amènent à un genre de commissariat de police des frontières. La nuit tombe. En soit, ils nous ont rapproché de la frontière turque donc on aura un peu avancé durant cette journée.
Dedans, ils nous font encore patienter (La télévision parle des tensions grèco-turque et de la prise de parole de Macron à ce sujet) et signer des papiers.
Au final, ils nous font enlever nos lacets de chaussures. « I'm not that desperate ! » blague Manel, ce qui amuse les policiers.
Ils nous amènent ensuite en Cellule. EN CELLULE.
Ce sont des barreaux allant du sol jusqu'au plafond placé en carré dans une pièce elle-même carrée. Cette pièce, qui mériterait un bon coup de balais, a des fenêtres (ayant elles-même des barreaux) et une porte blindée. Dans la cage, il y a cinq lits, des couvertures, des bouteilles d'eau et des paquets de cracottes.
Ils nous font entrer dans la cage sans nos sacs qu'on laisse contre l'un des murs de la pièce. Évidement, juste avant, ils m'ont laissé aller aux toilettes. Et puisqu'ils m'ont juste indiqué où aller sans me suivre, j'en ai profité pour jeter des coups d’œils dans les autres pièces et j'ai vu d'autres cellules, mais pas d'autres prisonniers. Les toilettes sont à la turques et franchement immondes.
Une fois enfermé, l'un des policiers nous montre l'une des deux caméras et nous dit que si on a besoin de quelque chose (comme aller aux toilettes), on doit utiliser l'énorme cadenas qui ferme la porte de la cage pour faire du bruit et faire coucou à la caméra. Ils nous donnent le sac de provision qu'ils ont acheté plus tôt. On a chacun un paquet de cracottes, un petit pâté de viande et une bouteille d'eau.
Ils partent et ferment la porte à clef.
Ça y est. ON EST EN PRISON !

Je suis Loveline, le plus grand criminel de Bulgarie et ennemis publique numéro un des chiens albanais !
C'est drôle. J'étais presque sûr que durant ce voyage, je finirais en prison pour avoir traversé une frontière illégalement.

Étant végétarien, je laisse volontiers le pâté à Manel qui se régale tandis que je mange des cracottes sans rien en regardant mon sac dans lequel on a quelques provisions. J'ai un livre aussi que j'aimerais pouvoir avoir.
Je suis partagé entre l'hilarité et la panique. Mais on se fait chier surtout. Je profite de la très bonne acoustique de l'endroit pour chanter et casser les oreilles de mon pauvre camarade de cellule. Qu'est-ce que je suis soulagé qu'ils ne nous aient pas séparé !
On discute beaucoup puis on décide d'aller se coucher. On n'a aucune idée de l'heure. On sait juste qu'il fait noir dehors.
Ils n'éteignent jamais la lumière et elle va si fort. Ce n'est pas agréable pour dormir, mais au moins on est dedans, au chaud avec des couvertures et dans un lit, ce qui est plus confortable qu'en tente.
Honnêtement, je crois que s'ils nous avaient séparé, que si je m'étais retrouvé seul ou avec un délinquant inconnu, j'aurais paniqué. Manel est si calme et prend ça tant à la rigolade et applique si bien son « Wait and see. » que ça me calme.
Il me dit que je suis courageux et qu'à ma place, beaucoup auraient bien plus paniqué. Je ne sais pas trop si c'est vrai.

Jour 25 :

J'ai passé la nuit à me réveiller. Un petit rire m'échappait par moment. Je ne sais pas si c'était nerveux ou causé par cette situation assez comique, il faut l'avouer. J'ai cauchemardé aussi. Je rêvais qu'il n'y avait pas de fenêtre et que je perdais la notion du temps et que je ne sortirais jamais d'ici. Et je réveillais et regardais par la fenêtre. Nuit. C'est une indication de temps. Ce n'est pas encore le matin.
Quand j'ai ouvert un œil et que finalement, c'était le jour, j'étais si soulagé.
Malgré cela, j'ai bien dormi. Manel aussi. Il est bien content d'avoir dormi dans un lit.
Je mange, demande à aller aux toilettes (ce sont les mêmes hommes qu'hier.) et ensuite, on s'ennuie. Je remarque deux énormes araignées. Je les regarde. Elles bougent à peine. J'attends la confrontation.
On ne sait pas quand on sera relâché. On espère juste qu'ils ne vont pas attendre le lendemain. L'ennuie nous gagne et on se rendort.

On se réveille en entendant des bruits de pas. On scrute la porte en espérant qu'ils l'ouvrent. C'est le cas. Enfin, ils viennent nous chercher !
Ils nous raccompagnent dans la pièce principale, celle avec le télévision. On remet nos lacets et ils nous rendent nos affaires confisquées la veille. On doit encore signer des papiers.
Ensuite, ils nous amènent dehors et nous font patienter pour je ne sais quoi. Mais j'ai mon téléphone, alors ça va. Au final, ils nous font encore signer des papiers qu'ils nous donnent. J'imagine que c'est un genre de compte-rendu ?
Ils nous indiquent la direction de la frontière et nous souhaitent une bonne fin de voyage en nous donnant deux boites de thon. Il est onze heure. C'est à peu près l'heure à laquelle on s'est fait attraper la veille. Notre mésaventure aura duré vingt-quatre heures.

On s'éloigne immédiatement et rapidement. On sait qu'ils ne vont pas soudainement changer d'avis, mais l'émotion échappe à la raison et on veut juste partir.
Une fois hors de leur vue et assez loin à notre goût, on s'arrête et on mange (j'ai si faim). Puis, on contacte nos proches. Ma sœur et mes amis s’inquiétaient puisqu'ils n'ont eu aucune nouvelle en plus de vingt-quatre heures. Ils ne sont pas assez étonné que je sorte de taule à mon goût. Je les aime et ils me manquent.
On contacte les deux autres qui rient aux éclats en entendant notre aventure et qui nous disent qu'ils sont arrivé à Istanbul. On a perdu la course !

On arrive relativement vite au poste frontière. Il y a beaucoup de dispositifs. Ils ne rigolent pas. C'est stupide. Les frontières ne devraient même pas exister.
Il y a deux russes qui doivent sortir de Turquie pour y re-rentrer pour une question de papier et de temps. Je n'ai pas trop compris, mais ces règles me semble incroyablement idiotes. Ils étaient un peu en galère car on ne peut pas traverser la frontière à pied. Ils ont trouvé un conducteur qui voulait bien les prendre. Cet homme pense qu'on est avec eux et nous fait donc également monter dans sa voiture pour la traversée. Tant mieux pour nous.
Ça le fait bien rire toutes ces nationalité dans son véhicule. Nous faisons très vite connaissance.
L'homme traverse puis nous laisse descendre. On discute vite-fait avec les russes. Ils disent vivre dans un camp dans un grand parc à Istanbul. Je leur donne ma boite de thon (que je ne comptais de toute façon pas manger).

Un peu plus loin, Manel et moi commençons le stop. Ce n'est pas aussi facile que ce que nous a dit Michel, mais un homme Kurde fini par nous prendre dans son camion. On boit du thé et il nous offre des biscuits. Il ne parle pas très bien anglais alors on ne se comprend pas très bien, mais il reste gentil et nous parle de la Turquie.
Il s'arrête sur un parking et c'est un homme de sa famille qui nous prend en voiture et nous amène jusqu'à Istanbul.
Ça y est ! J'y suis !
Mon voyage est officiellement terminé.
Peu importe ce qu'il se passe à Istanbul. Ça ne concerne plus Loveline le voyageur, mais Loveline le touriste.

C'est la fin.
Je suis si heureux d'avoir fait cela, d'avoir accompli et vécu toutes ces choses. Je suis si heureux de toutes ces formidables rencontres qui m'ont réconciliées avec l'humain.
Je n'ai plus peur des imprévus. Je suis prêt à affronter l'avenir avec plus d'assurance.
Je me connais mieux et me comprends mieux. Je pense pouvoir mieux accepter l'inconfort et les incertitudes. Être plus serein.
Je pense savoir quoi faire de moi et ma vie.
Tout me semble plus simple, plus clair et concret maintenant.
C'est un nouveau chapitre de ma vie qui commence. D'autres histoires ! Parce que celle-ci est terminée.

Du 21 septembre 2020 ou 15 octobre 2020. 25 jours de voyage pour un total de 22,50€ dépensé de ma poche. De Montpellier en France à Istanbul en Turquie, soit 10 pays traversé et plus de 3500 kilomètres de parcourut.

_____________________

afro
Voilà mon voyage raconté dans son intégralité. Il y a presque tous les détails. En tout cas, les plus intéressant.
Je ne peux que conseiller à ceux qui hésitent de partir en voyage ! évidement il y a des galères et des bas. Mais aussi des hauts et du bonheur !
Profitez de la vie et soyez heureux ! C'est tout ce que je vous souhaite.
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