Les enfants des Dieux - Chapitre 9

Résumé du dernier chapitre :
Nos héros découvrent Mitgard, qui leur semble être la description précise des Enfers. Cherry les retrouve, et leur apprend le déroulement des choses dans ce monde. Soudain, une silhouette féminine jaillit de l'ombre.

Point de vue Jereood :
La silhouette brumeuse se détache de la ruelle où l'aveugle a failli nous surprendre. Son diadème lunaire la différencie cependant de toutes les autres femmes. Dès que nous la reconnaissons, nous nous prosternons, sauf Xyla qui continue de porter Cello sans faiblir ne le pouvant. Artémis jette un rapide coup d'œil vers la blonde et son regard s'assombrit.

-Approchez Xyla. murmure-t-elle.

Xyla avance prudemment, se fichant du fait que nous la regardons, et lève son regard lentement vers la Déesse.

-Ma fille entre vos mains, dit-elle en lui touchant le front, vous prêtez serment. Xyla, si vous protégez ma fille pendant les cinq nuits et les cinq jours à venir, Xyla, si vous la protégez de tous les dangers, je ferai en sorte de rendre vos pouvoirs bien plus puissants qu'aujourd'hui.
-Que se passera-t-il, Déesse, si j'échoue ? répondit Xyla, sonnée.

Artémis fait mine d'astiquer son diadème avec le bout de son doigt.

-Si je vous choisis aujourd'hui, ce n'est pas parce que vous tenez ma fille dans vos bras, mais parce que je sais que vous en êtes capable. Vous pouvez la protéger et je vous l'ordonne.
-Déesse, je ne sais pas comment je vais faire...
-Ne vous inquiétez pas, ma fille n'est ni un fardeau, ni un boulet, elle ne vous gênera pas. Mais elle vous ressemble, et j'ai peur qu'elle refuse votre aide. C'est pour ça que je veux que notre pacte reste secret.

Elle balaie le groupe d'un regard sévère dans l'obscurité que seule la lumière de la Lune éclairait maintenant.

-Vous entendez tous ? Je peux aussi bien augmenter vos pouvoirs que les régresser.

Artémis est une Déesse capricieuse, je songe. Je me demande comment elle a mis au monde Cello. Peut-être la désirait-elle finalement ? Elle souhaite la protéger et refuse qu'elle souffre. Elle ne veut pas que sa fille sache qu'elle l'aide en secret, elle protège l'image qu'elle a d'elle.

-Votre fille entre mes mains, Déesse, je prête serment. commence Xyla, dont la voix est légèrement saccadée. Je jure que je la protégerai dans l'ombre de tous les maux, tous les dangers, tous les pièges.

Un halo lumineux jaune mais reflétant une lumière bleutée tournoie autour de Xyla à une vitesse folle. Tranquille, sa protégée dans les bras, elle s'agenouille devant la Déesse, qui sourit, puis dépose un baiser sur le front de sa fille avant de disparaître, le halo avec elle.

Alors ça, c'est inhabituel. Comme si Artémis savait que nous aurions plus de difficultés dans les cinq prochains jours que dans tous les précédents. Et surtout...La seule Déesse voulant conserver sa virginité s'occupe plus de son enfant que nos propres parents. Tout cela est louche. Je regarde Xyla, qui semble choquée. Elle garde son calme, ne laissant rien paraître, mais semble lutter intérieurement avec violence. De toute façon, Artémis lui a bien fait comprendre qu'elle n'avait pas le choix. Je me demande comment vont évoluer ses pouvoirs. Et ce qu'il va se passer au cours des cinq prochains jours. Oui, tout cela est vraiment...Inhabituel. Cornaline s'avance au milieu du cercle que nous avons créé et prend la parole, désirant mettre un terme au silence :

-Cherry, je vais créer des pièces. Où est cet...Hôtel ?
-Suivez-moi, je vais vous montrer.

La blonde nous fait signe en souriant, ce dont elle n'avait sûrement pas l'habitude avant. Elle regarde Cornaline avec toute la profondeur du bleu de ses yeux et effectue un demi-tour avec ses pieds. Elle marche à vive allure, mais pas assez pour m'essoufler. Elle s'arrête brusquement et nous montre un bâtiment de forme rectangulaire, comme tous les autres, et nous annonce fièrement :

-Voilà un hôtel !
-Comment ça ? réplique Suko. C'est exactement le même que tous les autres.
-Justement sœurette, pas tout à fait. Les bâtiments se ressemblent tous, c'est vrai, mais ne renferment pas la même chose.

Elle pousse la porte, et son excitation me fait espérer une fraction de seconde que l'endroit sera plus accueillant que tous le reste, mais non. Les couleurs chaudes ont perdu toute leur vivacité, sont devenues plus sèches que tout. Le papier peint qui couvre les murs s'effrite et se décolle lentement. Les araignées sont les maîtresses du plafond et ont décidé de construire un palace cinq étoiles. Un escalier en colimaçon est coincé à côté du mur, ce qui renforce mon impression que nous sommes là juste pour être pris par un piège démoniaque. Au moins, je ne serai pas surprise. Je passe le seuil de la porte la première, essayant de repousser de toutes mes forces mon dégoût. La fille à la caisse doit avoir une vingtaine d'années et dors sur son bureau, ses cheveux blond décoloré lui cachant la moitié du visage. Valentine qui me précédait, l'appelle d'un ton sec, ses yeux violets ne la lâchant pas du regard :

-Excusez-moi mademoiselle. Mademoiselle !

La jeune femme se relève, hoquetant, les yeux gonflés de fatigue, le nez rouge vif d'avoir trop bu. Elle lui sourit malgré tout, poliment, sourire que Valentine ne lui rendit pas.

-Nous aimerions... (elle nous compte rapidement) Vous avez des chambres avec combien de places ?
-Quatre places, ils y a deux lits superposés dans chaque chambre, et une douche à chaque étage !
-Rassurant...marmonne Black.
-Nous aimerions cinq chambres, dont une avec un lit en plus. continue Valentine, feignant n'avoir rien entendu.

Au même moment, Cornaline arrive en hurlant :

-C'est bon j'ai... (elle remarque la présence de la jeune femme et plaque sa main sur sa bouche)...fini.

La blonde lui sourit, amusée, et nous annonce :

-Ça fera cinquante euros s'il vous plaît.

Cornaline s'approche du comptoir et déverse le contenu d'un petit sac en toile dessus. La dame en fait une petite pile, tout en les comptant, et nous sourit :

-C'est bon !

Elle nous tend des clés avec des numéros inscrits dessus.

-Vous êtes tous à l'étage nº3. nous annonce-t-elle.

C'est alors qu'elle semble remarquer nos tenues étranges et le corps de Cello inerte. Crazy la rassure :

-Vous inquiétez pas m'dame, on n'est pas dangereux, on est juste zarbis, ouèche.

Et on l'a plantée là comme ça, on est montés dans l'ascenseur, et je peux vous dire que même Valentine à rit.