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"Fais-moi vivre..."

Floraly
Floraly
Modératrice - La boîte à horreur
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Jeu 22 Oct - 20:12
Floraly
Bonsoiiiiiir ! ♪
Me voici (Enfin!) avec la suite de mes contes des fées remixés en Yaoi ! DONC ! Après, "Zer'haillon" et "L'Azenet au bois dormant", je vous présente mon remix de Raiponse version KiDin !
21 pages et 13'496 mots. J'ai mis du temps à l'écrire. Si vous voulez le lire d'une traite, assurez-vous d'avoir du temps ! x)
Je pense que sera malheureusement le dernier de la série, car ça prend énormément de temps et je commence à me lasser un peu. Mais si un jour j'en ai le courage, je ferai peut-être la petite sirène !(pasdutout)
Sur ce, bonne lecture !
Flo'

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Il était une fois, en haut d’une tour cachée dans la forêt, à la limite de deux royaumes, un jeune homme aux cheveux rouges comme l’érable, à qui l’on avait donné le nom de Bardin. Il vivait là depuis son plus jeune âge, rejeté par son père, le roi de ces terres, un homme belliqueux et froid. Le monarque l’avait fait passer pour mort, les trop nombreuses critiques du peuple et de sa cour à son égard ne lui permettant pas de garder le jeune homme auprès de lui, malgré son très jeune âge. En effet, les habitants du royaume criaient au diable en voyant la chevelure pourpre de Bardin, et ses traits androgynes n’étaient pas pour arranger les choses à la vision que le monde extérieur avait de lui. Les gens le traitaient d’abomination, et pour éviter de se mettre le peuple à dos, le roi avait choisi de l’exiler, ne voyant aucun intérêt à se battre pour le garder, puisqu’il avait déjà de nombreux autres héritiers bien plus adéquats à reprendre le trône.

Depuis l’âge de ses sept ans, Bardin vivait donc en haut d’une tour, sans avoir une réelle conscience de ce qu’il se passait en bas, sa vie rythmée par les visites de PierreTrot, un fervent serviteur de son père, qui venait une fois par mois lui apporter des vivres et des nouvelles du royaume. Bardin l’écoutait avec attention, comme si l’homme lui racontait une histoire merveilleuse dont il n’était que le spectateur. Il n’avait jamais osé s’en aller loin sa tour de pierre, même s’il en avait largement les moyens. Il connaissait les raisons de son exil, et la peur de se faire rejeter à nouveau lui tordait l’estomac à chaque fois que l’idée de partir lui traversait l’esprit. Surtout pour une raison bien particulière, arrivée alors qu’il vivait encore seul dans sa tour...

En effet, ses cheveux avaient beaucoup poussé, jusqu’à atteindre une taille tellement disproportionnée qu’aucun homme n’aurait sans doute accepté de le croire sans pouvoir le voir. S’il les lançait du haut du petit balcon de sa tour, il pouvait les voir s’écraser sur le sol, tel une cascade flamboyante. Ils étaient d’une solidité et d’une douceur incomparables, et Bardin aimait s’y blottir, les nuits d’hiver, ou quand il se sentait trop seul, pour se rappeler qu’il était quelqu’un de spécial, ce que PierreTrot lui disait pour le réconforter lorsqu’il lui confiait sa peine. Il avait essayé de nombreuses fois de les couper, lassé de les coincer à toutes les poignées de porte, ou lors des longues journées d’été où la chaleur était insupportable, mais étrangement, au petit matin, sa longue chevelure finissait toujours par lui revenir et le poursuivait à nouveau dans toutes les pièces de sa tour. Bardin ne parvenait pas à comprendre quel maléfice l’avait atteint, et s’était bien gardé de dire la vérité à PierreTrot, qui était convaincu qu’il les laissait pousser parce qu’il aimait cela.

Le jeune exilé avait atteint l’âge de dix huit ans, sans le savoir car il n’avait aucune notion du temps, et personne ne lui avait jamais souhaité son anniversaire. Il était désormais capable de se débrouiller totalement seul, grâce aux jardins qu’il s’était donné la peine de créer et d’entretenir, au sommet de son habitation, bien trop grande pour un homme seul. Ce jour-là, alors qu’il arrosait patiemment ses carottes, il entendit des bruits de pas, dans la pièce qui lui servait de salon. Un grand sourire affiché sur les lèvres, il se précipita vers l’endroit d’où provenaient les sons. Il y trouva un grand brun, vêtu d’habits blancs qui répondit affectueusement à son sourire en le voyant approcher. Le jeune homme pouvait néanmoins apercevoir une légère tension sur le visage de son visiteur.
- Bonjour, Bardin, tout va bien ?
- Comme toujours, Pierre. Et toi ?
- Ça va mal, Bardin, vraiment mal...

Le visage de Pierre avait perdu son sourire. Ses yeux s’étaient plongés dans le vide, derrière le jeune homme aux cheveux rouges. Inquiet du changement soudain d’humeur de son unique ami, ce dernier s’approcha légèrement de PierreTrot, attendant des explications. Elles vinrent finalement, alors que l’homme semblait reprendre ses esprits.
- C’est la guerre. Ton père a déclaré la guerre au royaume voisin, provoquant des batailles à divers endroits sur la frontière. Tu dois être méfiant, Bardin, les puissances ennemies prennent du terrain chaque jour et ils arriveront peut-être jusqu’à ta tour. J’espère qu’ils croiront qu’elle est abandonnée, mais il y a des chances pour qu’ils essaient de venir voir. Et surtout, si la guerre se prolonge, je ne pourrai plus venir te trouver, car passer près des lignes ennemies pourrait être trop dangereux pour moi. Tu comprends ?
Bardin acquiesça doucement, triste de savoir que son dernier contact humain allait peut-être s’arrêter, le laissant définitivement seul au sommet de sa tour. PierreTrot s’approcha de lui et l’étreignit brièvement, avant de plonger ses yeux sombres dans ceux si pâles du jeune homme.
- Fais bien attention à toi, d’accord ?
- Oui, ne t’inquiète pas...
Le visage du brun s’éclaircit d’un petit sourire, et il étreignit une dernière fois Bardin avant de repartir, laissant le jeune homme seul avec sa peine.

*****

Depuis ce jour, Bardin était devenu extrêmement méfiant lorsqu’il se plaçait en observation sur son balcon, comme il aimait tant le faire. Il voyait parfois au loin de la fumée s’élever dans les airs, probablement dues aux combats qui faisaient rage à la frontière.

Le temps passa, mais jamais le jeune homme ne fut dérangé par une quelconque intrusion sur le territoire ou par une personne qui se serait perdue dans la forêt et aurait tenté d’escalader la tour dans laquelle il vivait. Il restait toujours aussi seul, à entretenir ses appartements, son jardin, et son encombrante chevelure. Jusqu’à ce jour. Le jour où il l’avait rencontré pour la première fois.

Il était alors assis tranquillement sur sa petite terrasse surélevée, lorsqu’il avait aperçu une silhouette fine sortir des bois, et avancer jusqu’à sa tour. Bardin avait plongé vers le sol, se cachant derrière les petites barres en pierre qui composaient la balustrade de son observatoire. Il avait regardé entre les petites colonnes l’homme qui approchait. Il semblait étrangement lent, sa main posée sur son flanc, se traînant pour marcher. Chaque pas semblait plus difficile que le précédent. Lorsqu’il fut assez proche, Bardin distingua une marque rouge tout autour de l’endroit où l’homme avait apposé sa main. La couleur écarlate du sang jurait avec le bleu des vêtements qu’il portait.

L’étranger arriva difficilement jusqu’à la tour contre laquelle il se laissa tomber lourdement. Bardin se releva timidement, et se pencha pour observer le nouvel arrivant, tellement loin de lui. Sa blessure semblait sérieuse, et il n’avait pas l’air franchement hostile... Une envie de lui venir en aide prit soudainement le jeune homme, mais il avait peur. Peur de cet inconnu qui lui semblait malgré tout armé et potentiellement dangereux...
Il ne parvint cependant pas à se résoudre à le laisser dépérir là et à l’aide de ses cheveux, il s’assura pour descendre de la tour. Il l’avait déjà fait souvent, juste pour ressentir l’herbe douce sous ses pieds, sentir l’odeur de la terre fraîche, ou cueillir des feuilles sur les arbres en automne. Il s’élança donc et goûta pendant les quelques secondes de sa descente au plaisir du frisson qui parcourait tout son corps. Mais cet instant ne fut que de courte durée. Alors qu’il touchait le sol, il vit l’homme relever faiblement la tête vers lui. Un masque bleu lui cachait le visage, mais il était facile de deviner ses traits crispés par la douleur sous l’objet d’apparat. Doucement, Bardin s’approcha et s’agenouilla devant lui.
L’inconnu le dévisagea quelques secondes avant de murmurer difficilement en détournant les yeux :
- Allez-vous en, vite, s’ils vous voient avec moi ils...

Mais Bardin ne lui laissa pas le temps de finir sa phrase. L’homme était poursuivi par des personnes capables de lui faire du mal, c’étaient assez d’informations pour lui. Il se mit à entourer l’inconnu de ses longs cheveux pourpres, assez solidement pour pouvoir le transporter. Les plaintes faibles du blessé furent soigneusement ignorées par Bardin qui n’avait pas le temps de s’occuper de son avis. Il entendait déjà les voix se rapprocher derrière lui. Une fois sûr que son  protégé était bien assuré, il s’élança sur la paroi et la remonta à l’aide de ses bras frêles, l’adrénaline lui permettant d’être bien plus rapide que d’ordinaire. Arrivé en haut, il passa sur son petit balcon et se servit du crochet fixé à la petite toiture du balcon pour hisser le blessé, lié à lui par ses cheveux.
Il mit toutes ses forces à la tâche, tremblant de fatigue, mais il ne fallait pas que les gens le voient. Une fois à porté de main, il l’attrapa et l’attira à l’intérieur afin qu’il soit hors de vue. Il l’appuya au mur, incapable de soutenir son poids. L’homme tremblait et gémissait de douleur, à tel point que Bardin eut peur qu’ils se fassent repérer. Assis sur le sol, il attira l’inconnu vers lui, plaquant une main sur sa bouche et se servant de l’autre pour le maintenir contre lui. Le blessé sembla se calmer légèrement, alors que Bardin écoutait sans un mot la conversation qui avait lieu en bas et qui lui parvenait de manière presque inaudible.

- Les traces s’arrêtent ici ! Tu crois qu’il a pu grimper en haut de cette tour ? demandait une première voix.
- Non, tu as vu l’état dans lequel on l’a laissé ! ricana une deuxième personne au timbre plus aigu.
- On va quand même vérifier ? redemanda la première voix.
Bardin retint son souffle. S’ils grimpaient, il était fichu.
- Ordre du roi, personne ne monte en haut de cette tour. Tant pis pour le disparu. De toute façon, seul, il n’arrivera jamais à s’en sortir.
Le jeune homme retint un hoquet de surprise. PierreTrot ?
- Tss... Ça aurait fait un beau palmarès, un prince, sur ma liste de mort. Tant pis. grogna l’homme à la voix la plus aiguë.
Bardin remercia silencieusement son ami de toujours et attendit quelques minutes afin d’être sûr qu’ils se soient éloignés, le corps tremblant de celui qu’il venait de sauver toujours dans les bras. Une fois qu’il fut certain que le danger était passé, il se sépara doucement de l’inconnu et l’allongea sur le sol. Il avait toujours les mains crispées sur sa blessure et sa respiration était devenue saccadée. Bardin se leva et se précipita vers sa cuisine. Il avait dû empirer la blessure en le remontant en haut de la tour. Il trouva des bandages que PierreTrot lui avait donnés le jour où il lui avait confié qu’il n’arrêtait pas de se couper en éminçant des légumes. Il les prit soigneusement dans ses mains avant de retourner près du balcon. Il s’agenouilla près du corps du blessé, ne sachant pas vraiment comment s’y prendre. Il posa délicatement sa main sur celle de l’inconnu qui retenait l’hémorragie. Il sentit l’homme tressaillir à ce contact, mais il était trop faible pour résister. Bardin lui fit doucement lâcher prise. Le sang se mit à couler à flots, et il se hâta de retirer légèrement le haut du blessé pour avoir un meilleur accès. Passant une main dans son dos pour le soulever un peu en dépit de ses gémissements de douleur appuyés, il commença à entourer la plaie de bandes blanches, qui ne tardèrent pas à devenir écarlates à cause du sang qui s’échappait de la coupure profonde sur le flanc de l’homme. Une fois ce travail terminé, Bardin reposa le corps toujours secoué de tremblements. Il s’approcha doucement du visage de l’inconnu qui respirait difficilement, les yeux fixés sur le plafond. Le jeune homme aux longs cheveux lui retira doucement son masque et fut surpris par la jeunesse de ses traits. Il prit son visage entre ses mains et le força à le regarder. Les yeux bruns du blessés laissaient transparaître son angoisse et sa douleur. Des traces de larmes jonchaient ses joues et Bardin les essuya doucement avec ses pouces.
- Essaie de te calmer, tout va bien se passer, dit-il à voix basse pour essayer de tranquilliser l’homme.
Ce dernier ferma les yeux et laissa échapper une longue plainte, et lorsqu’il les rouvrit, il trouva à nouveau le regard doux et rassurant de Bardin posé sur lui. Il finit par s’apaiser peu à peu, même si sa respiration saccadée trahissait la douleur qui lui tordait encore le flanc. Fatigué de lutter contre cette douleur, il s’endormit au contact du jeune homme qui venait de le sauver.

Bardin soupira, soulagé que l’homme se soit assoupi. Il avait essayé d’écouter un maximum son instinct, mais il avait du mal à savoir comment se comporter avec cet homme étrange. Il le souleva délicatement et le déposa sur ses cheveux, lui créant un lit provisoire. Le jeune homme empoigna ensuite sa chevelure et traîna son protégé jusqu’à la chambre, où dans un dernier effort, il le suréleva et l’installa sur son lit aux draps rouge carmin. Il partit chercher une bassine d’eau et un chiffon et revint éponger avec attention le front trempé de sueur du blessé, le veillant durant les longues heures qui suivirent.

*****

Il ne quitta que quelques fois son chevet, dans le but d’aller préparer un repas avec lequel il puisse redonner un peu de force à l’étranger, devenu pâle à cause de la douleur et de la perte importante de sang. Il avait choisi de lui cuisiner une soupe, facile à manger. C’est donc avec un bol du breuvage chaud qu’il revint enfin dans la chambre de l’inconnu, qu’il n’avait pas laissé seul longtemps, faisant des allers-retours incessants pour vérifier qu’il allait bien. Bardin hésita quelques secondes à le réveiller, son visage semblant tellement plus paisible dans le sommeil, mais il finit par se décider. Il déposa le petit récipient rempli de liquide tiède sur la table basse et secoua doucement l’épaule de l’homme pour le réveiller. Celui-ci souleva difficilement ses paupières et regarda le plafond, comme perdu. Bardin passa doucement sa main sur la joue du blessé qui vint fixer ses yeux bruns dans les siens.
- Tu as faim ? demanda calmement le jeune homme.
L’intéressé ouvrit la bouche pour répondre, mais aucun son ne sortit de sa gorge et ses paroles se perdirent dans une quinte de toux lui arrachant une grimace de douleur. Il réussit à se reprendre difficilement. Bardin remarqua tristement qu’il avait recommencé à trembler de douleur. Il ne devait pas le garder éveillé trop longtemps.

Il s’assit près de lui et passa sa main derrière la nuque de son protégé pour lui redresser un peu la tête. Avec douceur et patience, il lui fit avaler petit à petit le breuvage. L’homme ne disait rien, mais les regards reconnaissants qu’il lançait à Bardin parlaient pour lui. Ce dernier lui répondait avec de gentils sourires et des encouragements. Une fois qu’il eu terminé, le jeune homme se débarrassa du bol vide et reposa délicatement la tête de son patient sur son oreiller.
- Qu.. qui êtes vous ? réussit à articuler difficilement le blessé.
Surpris, Bardin ne répondit pas tout de suite. Il finit par sourire à l’inconnu qui attendait sa réponse, le regard suspendu à ses lèvres.
- Je m’appelle Bardin.
- M... Merci B... Bardin... souffla l’homme en grimaçant de douleur.
- Shhht... Tu devrais te reposer, dit doucement Bardin en posant délicatement sa main sur le front de l’autre, qui luttait toujours pour garder les yeux ouverts.
Il resta quelques secondes à le fixer tendrement avant qu’il n’ouvre à nouveau la bouche. Bardin n’eut pas le cœur à l’arrêter.
- Kid... Je... Je m’appelle... Kid...
Il maintenait désespérément ses yeux plongés dans ceux de son sauveur, comme si cela pouvait lui permettre d’oublier la souffrance que lui infligeait sa blessure. Celui-ci finit par avoir pitié de lui.
- Il faut que tu dormes, Kid, je vais rester près de toi, d’accord ? Tu es en sécurité ici.
Le dénommé Kid cligna des yeux alors que Bardin approcha ses lèvres de son front et y déposa doucement un baiser. Lorsqu’il se redressa, le blessé avait fermé les yeux, et essayait tant bien que mal de se détendre. Bardin prit une de ses mains dans les siennes, et attendit patiemment qu’il s’endorme.

*****

Les jours passèrent et Kid se remettait lentement de sa blessure, Bardin veillant sur lui jours et nuits, ne l’abandonnant que pour les tâches les plus essentielles. Le jeune homme aux yeux bruns était plutôt curieux et bombardait son sauveur de questions, que l’intéressé avait tendance à esquiver d’une manière ou d’une autre. Mais ils en savaient assez l’un sur l’autre pour s’être rendu compte que leurs deux familles étaient celles qui s’opposaient dans le conflit au cours duquel Kid avait faillit perdre la vie. Il avait par ailleurs pris peur lorsque Bardin lui avait annoncé qu’il était prince exilé de l’autre camp, mais il s’était bien vite rendu compte que le jeune homme n’avait aucun lien avec cette guerre.

Quelques semaines s’écoulèrent, et Kid, bien qu’encore faible, reprenait peu à peu des couleurs et parvenait à se mouvoir sans avoir toujours à grimacer de douleur. Mais Bardin lui demandait toujours d’être patient. Il ne voulait pas qu’il se blesse à nouveau en voulant se relever trop vite. Il passait donc ses journées allongé, à observer Bardin se démener pour lui amener tout le confort possible. Il était réellement touché par tous les efforts que le jeune homme consacrait à s’occuper de lui. Personne n’avait jamais été aussi gentil et attentionné envers lui.

Bardin avait tenté une nouvelle fois de se couper les cheveux, trop embarrassé par les questions incessantes de Kid. A son grand étonnement, ils n’avaient pas repoussé comme à leur habitude au petit matin, n’atteignant que le bas de ses reins.Le fardeau était bien moins grand à porter, même s’il s’était attaché à sa longueur lorsqu’elle lui avait permis de sauver la vie de Kid.

Une nuit, alors qu’ils dormaient côte à côte dans le grand lit de Bardin, assez spacieux pour leur permettre d’être tous les deux à l’aise à l’intérieur, Kid s’était réveillé en sursaut, en proie à un horrible cauchemar. Bardin avait été réveillé à son tour par le cri d’horreur de son ami, et il s’était redressé, pris d’une angoisse soudaine. Il avait brusquement retiré les draps qui recouvraient son compagnon, et cherché partout sur son corps des traces de blessures qui auraient pu lui faire du mal. Il avait été arrêté  par Kid qui lui avait doucement saisi les épaules et l’avait forcé à plonger sans regard dans le sien. Sans comprendre, Bardin l’avait fixé avec ses yeux paniqués. Il avait finit serré dans les bras de son protégé, qui lui assurait doucement qu’il allait bien, alors qu’il tremblait toujours d’une peur incontrôlable. Kid était devenu l’objet central de sa vie. Il était sa priorité, éclairant son existence autrefois terne, la rendant pleine d’inattendu et de choses nouvelles. Bardin avait horriblement peur qu’il ne lui arrive malheur et qu’il le perde. Alors à chaque fois que son ami se sentait faible ou que sa blessure le faisait souffrir, le jeune homme aux longs cheveux ne pouvait pas s’empêcher cette boule d’angoisse de se former dans sa gorge.

Kid l’avait bercé doucement dans ses bras, lui assurant qu’il allait bien et qu’il ne risquait rien. Bardin s’était laissé faire, encore trop chamboulé par ce réveil brutal et la peur qui s’était emparée de lui. Le jeune homme aux yeux sombres avait fini par le séparer de lui, plongeant ses yeux dans les siens. Il lui avait souri doucement. Bardin avait tremblé encore un peu, et aurait bien aimé pouvoir se blottir encore un peu dans les bras de l’ancien blessé, mais ce jour-là, Kid avait fait encore mieux : fermant ses paupières et approchant son visage de celui de Bardin, il avait scellé leurs lèvres. Dans un premier lieu surpris, le jeune homme aux cheveux pourpres n’avait pas réagit. Une chaleur s’était installée dans son ventre et s’était répandue dans tout son corps, venant chatouiller le bout de ses doigts et empourprer ses joues. Curieux, il s’était mis à bouger lui aussi ses lèvres contre celles de Kid, et ce dernier, le sentant répondre, avait passé une main derrière sa tête pour approfondir un peu plus le baiser. Bardin s’était laissé totalement aller, sentant le jeune homme près de lui l’enlacer pour réduire la distance entre leurs corps. A bout de souffle, ils s’étaient écartés l’un de l’autre, et leurs yeux s’étaient croisés sans se séparer durant de longues minutes. Kid avait finit par attirer Bardin doucement contre lui en se recouchant. Le jeune homme s’était totalement laissé faire, et avait fini par se rendormir, réconforté par les bras rassurant de son protégé autour de lui.

Les semaines avaient fini par se transformer en mois, et Kid prenait de plus en plus d’assurance, suivant Bardin dans ses différentes activités. A la grande surprise du jeune homme aux cheveux pourpres, il lui avait un jour demandé de l’encre et du papier. Intrigué, il était allé chercher le matériel que son ami lui réclamait et le lui avait tendu, alors qu’il était assis sur une chaise en bois près de la petite cuisine. Sous les yeux ébahis du jeune homme, Kid s’était mis à dessiner. À le dessiner. Bardin passait parfois des heures, assis près de lui, à le regarder parcourir le papier beige avec la plume qu’il lui avait confiée, sans se lasser. Le blessé avait tenté de lui apprendre, le guidant tout d’abord avec sa main posée sur la sienne, mais sans son aide, Bardin ne parvenait qu’à obtenir des pâtés difformes, et il n’aimait pas l’idée de prendre du précieux temps de dessin à son amant.

Kid était quelqu’un de plutôt tactile, et son amour envers Bardin se caractérisait par des baisers, des caresses et des regards. Ils n’avaient pas besoin de se parler, ils pouvaient se comprendre en quelques secondes, par un geste ou un hochement de tête. Kid aimait par dessus tout intercepter Bardin lorsqu’il passait près de lui, lui attrapant les hanches et collant son torse contre le dos du jeune homme, respirant l’odeur douce qui émanait de son sauveur, de son aimé. Bardin se plaisait à le laisser faire, charmé par la tendresse et la douceur de ses gestes et de ses baisers. Ils cohabitaient dans une entente parfaite.

Les murs de la tour étaient désormais recouverts des dessins de Kid, et il s’en ajoutait de nouveaux tous les jours. Bardin n’aurait pas pu être plus heureux, surtout en voyant son protégé plus vivant et plus enjoué chaque jour. Cependant, une boule s’était formée au creux de son ventre depuis quelques temps, et lui rappelait sa présence à chaque fois qu’il voyait Kid regarder distraitement par la fenêtre, rêvassant sans doute au monde extérieur. Bardin n’était que trop conscient que leur vie paisible ne pourrait pas durer éternellement et que Kid allait finir par vouloir repartir.

Il avait expliqué à Bardin que dans son royaume, leur amour n’était pas conventionnel. Cela avait brisé le cœur du jeune homme, car il voyait bien que Kid était partagé entre lui et son peuple d’origine. Le jeune homme aux cheveux pourpres ne pouvait pas se résoudre à l’empêcher de partir s’il devait en être malheureux. Il savait que Kid lui demanderait de l’accompagner, mais ce serait bien trop difficile pour lui de supporter les moqueries, les remarques acerbes, et surtout, de devoir cacher son amour envers Kid qui lui paraissait si naturel, là haut, dans leur tour où personne n’était là pour les observer. De plus, il serait certainement mal accueilli, car malgré le soutient de celui qu’il avait sauvé, il faisait parti des ennemis de guerre de son royaume. Plus Bardin y repensait, plus il était persuadé que ça ne marcherait jamais. Alors il profitait de chaque instant en compagnie de Kid, sachant qu’un jour où l’autre, il risquait de le quitter pour toujours.

*****

Un jour, alors que Bardin terminait tranquillement la vaisselle de leur repas du soir, il sentit le regard insistant de Kid sur sa nuque. Il finit d’essuyer le bol qu’il avait entre les mains et se tourna vers son ami, qui était effectivement entrain de le détailler. Il s’avança vers lui et Kid se leva à son approche. Il fit un pas en avant et prit les poignets de Bardin entre ses mains. Ses yeux se plongèrent dans ceux de son aimé. Ils n’étaient pas doux et malicieux comme d’habitude, non. Ils étaient brûlants. Brûlants de désir.

Kid plaqua ses lèvres sucrées sur celles de Bardin et l’embrassa avec une folie sauvage. Étourdit par cet élan soudain de passion, ce dernier mit quelques secondes à lui répondre. Son amant lâcha ses poignets et fit glisser ses mains dans son dos, rapprochant leurs corps, et approfondit le baiser, toujours animé par cette flamme qui semblait lui avoir accaparé l’esprit. Bardin sentit les doigts de Kid se faufiler sous son haut et entrer en contact avec la peau nue de son dos. Il frissonna doucement et le laissa lui retirer lentement son pull. Après avoir jeté le vêtement sur le sol, il recommença à caresser le buste dénudé de son amant.

Timidement, Bardin fit lui aussi glisser ses doigts sur les hanches de son partenaire et ce dernier vint déposer ses mains sur les siennes et l’aida à lui retirer son propre haut. Ils s’en débarrassèrent en quelques secondes et Kid attira encore plus son amant contre lui. Leurs peaux se pressèrent et ce contact fit frémir Bardin. Leurs lèvres dansaient toujours les unes contres les autres, bientôt rejointes par leurs langues et ils finirent par être obligés de se séparer, à bout de souffle. Kid fit glisser sa bouche le long du cou du jeune homme aux cheveux pourpres et celui-ci pencha légèrement la tête en arrière, frissonnant de bonheur. Les mains son son amant se posèrent sur ses côtes et il se sentit soulevé légèrement. Il prit appui sur les épaules du jeune homme qui le portait et enroula ses jambes autour de sa taille, reprenant ses lèvres. Kid était trop accaparé par leur échange pour réussir à se concentrer réellement sur le chemin à emprunter, mais Bardin ne s’en rendit pas compte, jusqu’à ce que son amour ne l’allonge sur le lit et ne se mette à quatre pattes au dessus de lui, le couvrant de baisers.

Ils passèrent la nuit à se découvrir, se dévoilant dans toute leur intimité à l’autre et s’offrant mutuellement leurs corps brûlants de passion.

*****

A la suite de cet événement, leur vie reprit son cour, alors qu’ils étaient devenus plus complices que jamais. Kid n’avait plus jamais reparlé de quitter la tour pour le plus grand bonheur de son amant. Ils ne se souciaient tous deux que l’un de l’autre et le dessinateur s’était plongé encore plus ardemment dans son art, tentant de représenter Bardin tel qu’il le voyait. Pas comme un monstre, pas comme une erreur de la nature... Comme un ange. Son ange.

Mais toutes belles choses ne sont pas faites pour durer et un jour, alors que les arbres en contrebas recommençaient à fleurir à la fin de la saison froide, Bardin entendit des voix près de la tour. Affolé, il se précipita à sa fenêtre pour apercevoir de qui il s’agissait. Il eut un hoquet de surprise en reconnaissant des hommes habillés de costumes de gardes carmins, comme l’était autrefois PierreTrot. Le jeune chercha le visage connu de son ami parmi la petite foule, mais il ne le vit pas. Il recula discrètement pour ne pas être vu et se précipita à l’intérieur.

- Kid ! Kid ! Hurla-t-il, affolé.
- Je suis là, je suis là, qu’est-ce qu’il y a ?
Son amant l’avait intercepté en lui prenant les mains et lui avait posé sa question calmement, une lueur inquiète dans le regard.
- Les hommes de mon père... Ils sont là... Je ne sais pas pourquoi ! Il faut que tu te caches, vite !
Les yeux de Kid s’agrandirent et il étreignit Bardin avant de retourner se cacher dans la chambre. Le jeune homme au cheveux pourpres courut dans le salon et décrocha les dessins du mur le plus vite qu’il pouvait, les cachant sous les tapisseries ou les rangeant dans des commodes. Il entendait les hommes escalader les parois de la tour. Son cœur battait à tout rompre et ses mains s’étaient mises à trembler.

Courageusement, il se mit au centre de la pièce, attendant que les soldats de son père parviennent à son balcon. Ils ne tardèrent pas à le faire et armés d’épées tranchantes et se mirent à encercler Bardin, qui ne savait pas dans quel sens se tourner pour tous les voir en même temps. Le dernier homme entra par la petite porte, et s’avança directement vers lui.
- Alors, c’est toi le monstre ? demanda-t-il avec un air amusé.
Bardin tressaillit à la remarque mais ne fit pas de commentaire. Il se contenta de dévisager l’homme qui se tenait devant lui. Ce dernier lui tourna autour, le reluquant de toute part et le jeune homme se sentait mal à l’aise. Ce regard n’avait rien à voir avec celui amoureux de Kid, c’était un regard froid, méfiant et malsain. Le nouvel arrivant finit par s’arrêter devant lui.
- Qu’est-ce que vous me voulez ? interrogea Bardin, les dents serrées par la peur.
- Oh.. Nous ? Rien... répondit l’homme d’un ton neutre.
D’un bond, il passa derrière lui et tira violemment les longs cheveux de sa victime. Cette dernière glapit et tomba au sol, se cognant durement la tête. Une épée se pointa sur sa gorge.
- Mais ton père semble subitement s’être rappelé de ton existence. Très pratique... Peut-être que s’il t’offre en sacrifice, toi, son fils le plus inutile, les ennemis seront plus cléments avec nous... Relevez-le.
Effrayé, Bardin sentit deux bras lui saisir les épaules et le forcer à se remettre debout. Ses jambes le tenaient à peine. Il se sentit vaciller. Son père voulait... l’utiliser comme monnaie d’échange ? Un de ceux qui l’avaient relevé l’obligea à mettre ses mains dans son dos.
- Je comprends pourquoi notre roi t’avait exilé d’ailleurs, reprit l’homme d’une voix acerbe, qui voudrait d’une telle erreur de la nature comme enfant, et comme... prince...
Une douleur fulgurante traversa la joue de Bardin qui ne put retenir un cri de douleur et de surprise. Des larmes roulèrent le long de ses joues. Son pire cauchemar était entrain de se réaliser. L’homme semblait prendre un malin plaisir à le voir souffrir et il allait continuer, jusqu’au moment où son regard fut absorbé par quelque chose d’autre, derrière sa victime. Bardin entendit de l’agitation derrière lui et des bruits de fers qui s’entrechoquaient. Celui qui le tenait lâcha la pression qu’il maintenant sur ses bras et le jeune homme en profita pour se tourner. Son cœur rata un battement.
- Kid ! Non ! Hurla-t-il, en se débattant, désespéré.

Son amant venait de s’attaquer à ses agresseurs, armé de l’épée qu’il avait gardée depuis le fameux jour où il avait failli perdre la vie. Il semblait concentré dans son combat et réussit à désarmer deux hommes avant de se prendre un coup violent sur le crâne, donné par le plat d’une épée. Étourdit, il tomba à genou au sol et les soldats ne mirent que quelques secondes à le désarmer, mais ils eurent plus de difficultés à l’immobiliser, car le jeune homme refusait de les laisser faire. Ils le rouèrent de coups malgré les supplications de Bardin et finirent par le calmer, couché sur le sol, ventre à terre. Leur chef sembla enfin reprendre ses esprits et lança un regard mauvais à Bardin.
- Alors, Prince Bardin, on ne m’avait pas prévenu que vous auriez de la compagnie...
L’interpellé était pris de sanglots incontrôlables, alors que l’homme s’approchait dangereusement de Kid, à terre. Il lui releva lentement la tête pour apercevoir son visage et ses yeux s’écarquillèrent.
- Mais c’est... impossible... murmura-t-il.
Ses yeux firent la navette entre Bardin en larmes et Kid, impuissant. Il finit par se relever et s’approcher du jeune homme aux cheveux pourpres, et se planta devant lui.
- Pas si inutile que cela, finalement, l’abomination...
Il ajouta plus fort.
- On les emmène tous les deux. Personne ne touche au petit à terre. Il va peut-être nous faire gagner cette guerre.
Les soldats poussèrent des cris de joie et Bardin se sentit poussé en avant. Il n’opposa aucune résistance, la mort dans l’âme.

*****

Le trajet parut durer une éternité à Bardin et ils finirent par arriver devant le château aux drapeaux carmins de son père. Il ne ressemblait pas au beau château paisible et majestueux que le jeune homme avait gardé dans ses souvenirs. Il était sombre, mal entretenu, et l’odeur pestilentielle qui embaumait ce lieu dégoûta Bardin. Ils les menèrent dans les sous-sols et les firent entrer dans un cachot plutôt grand. Ils traînèrent Kid, encore faible de son combat, vers le fond de la salle et l’attachèrent à des fers sur le mur. Le jeune hommes aux cheveux pourpres ne rêvait que de se précipiter vers lui et de le prendre dans ses bras, mais un soldat le retenait toujours, l’empêchant de partir.

Ils attendirent quelques minutes. Bardin pouvait sentir l’excitation malsaine de tous les membres de la garde présents dans la pièce. Ils étaient fiers de leur trouvaille et dans leurs yeux brillaient quelque chose d’autre. De l’espoir. Comme si Kid était réellement la clé qui allait pouvoir les sortir de la misère dans laquelle la guerre les avait plongés depuis plus d’une année. Un homme entra soudainement dans le cachot. Il dégageait une forte aura d’autorité et de colère. Il ne fallut pas plus de quelques secondes à Bardin pour l’identifier, ses souvenirs n’étant plus en adéquation avec ce à quoi son père ressemblait aujourd’hui. Le roi ne daigna même pas lui accorder un regard. Ses yeux étaient fixés sur Kid, qui avait fermé les siens, fatigué. Il s’en approcha et le dévisagea.
- C’est bien lui... murmura le roi.
Il se mit à rire. Un rire dément qui glaça le dos de Bardin. Kid ouvrit les yeux et ils rencontrèrent ceux de l’homme contre qui sa famille était en guerre depuis si longtemps. Le monarque se détacha du captif et se tourna vers tous les soldats présents dans la salle, ignorant toujours Bardin.
- Soldats ! Membres de mon armée. Nous n’allons pas bien. La guerre a ravagé notre merveilleuse contrée, l’hiver a été rude et long. Nous ne gagnerons pas la bataille de demain.
Il fit une pause. Toutes les personnes présentes dans la salle hormis Bardin et Kid étaient suspendues à ses lèvres.
- Mais nous pouvons encore sauver notre honneur ! Nous décimerons un maximum de leurs hommes et feront pleurer leurs femmes, comme ils ont fait pleurer les nôtres. Nous chanterons les chansons de nos ancêtres, qui resteront gravées à jamais dans leur esprit, car ils se souviendront longtemps de notre fougue et de notre violence. Et devant eux, avant même le début du combat, je tuerai le prince Kid, qu’ils pensent mort depuis une année !
Des cris de joies se firent entendre dans la salle et résonnèrent dans tous les couloirs. Bardin voulut hurler mais aucun son de sortit de sa bouche. Sa tête se mit à le lancer horriblement. C’était impossible... Il ne pouvait pas avoir entendu ce qu’il croyait avoir compris... Il tomba à genoux et se recroquevilla sur lui même, tremblant. De nouvelles larmes amères se mirent à rouler le long de ses joues alors que le roi continuait :
- Demain, nous ne gagneront pas, mais nous mourrons au combat, comme les fiers guerriers que nous sommes !
Il leva son poing en l’air et fut imité par ses soldats, qui acclamèrent leur roi. Ce dernier se retourna et sortit de la salle, suivit ensuite par sa garde. Lorsque Bardin osa enfin relever les yeux, il se rendit compte qu’il ne restait plus que deux personnes dans le cachot. Kid et lui...

Il trouva la force de se relever et se jeta sur son amant, qui le regardait avec un air désolé. Il le prit dans ses bras et ne cessa de répéter son prénom, comme si cela allait pouvoir tout annuler, comme s’ils pouvaient revenir en arrière.
- Pourquoi tu n’es pas resté caché... chuchota le jeune homme.
- Bardin... murmura Kid, ne pleure pas, s’il te plaît.
- Non ! Tout est de ma faute... gémit Bardin en le serrant un peu plus contre lui.
- J’aurais dû mourir il y a une année. chuchota doucement le blessé.
- Arrête ! Tu n’aurais jamais du mourir et tu ne dois pas mourir ! Je te l’interdis...
La voix de Bardin s’était brisée en prononçant la dernière phrase. Il recula un peu son visage et vint plonger ses yeux dans ceux si calmes de Kid.
- Tu veux bien prendre le papier qui se trouve dans ma poche ? demanda le condamné tendrement à son amant.
Ce dernier s’exécuta et d’une main tremblante il saisit le morceau de papier plié. Il voulut l’ouvrir mais Kid l’arrêta :
- Ne le regarde pas ici, s’il te plaît. Je l’ai fait le jour où...
Il n’eut pas besoin de terminer sa phrase, Bardin savait de quoi il parlait. Kid le couvait de son regard, dans l’incapacité de lui donner un autre geste d’amour. Désespéré, le jeune homme aux cheveux pourpres se jeta sur ses lèvres et l’embrassa langoureusement, son amant goûtant avec passion à ses lèvres salées par les larmes. Bardin finit par rompre le contact et enfouit sa tête contre la gorge de son aimé.
- Dis-moi que ce n’était pas un adieu... murmura-t-il faiblement.
- Demain, il faut que tu te caches. Si tu t’en sors, demande à parler au roi de mon royaume et montre-lui le dessin que je t’ai donné. Dis-leur ce que tu as fait pour moi. Ils s’occuperont de toi...
- Non ! Kid, sans toi, je ne veux aller nulle part! gémit Bardin.
- S’il te plaît... Savoir que tu iras bien c’est la seule chose qui m’importe maintenant. Je n’ai que toi à perdre...
- Non... pleura Bardin et se serrant un peu plus contre son amant.
Kid ne dit plus rien et se contenta de faire glisser son nez dans les cheveux de son aimé et d’humer pour la dernière fois l’odeur de celui qu’il aimait tant.
- Je t’aime, dit Bardin douloureusement.
Un sourire triste se dessina sur les lèvres de Kid et il souffla doucement :
- Moi aussi, je t’aime...

*****

Bardin pleurait à chaudes larmes, en position fœtale sur ce grand lit, froid, vide.
Il manquait quelqu’un.
Il lui manquait.

Ses doigts étaient crispés sur le précieux morceau de papier qu’il pressait contre lui de toutes ses forces, le chiffonnant légèrement. Ils allaient lui faire du mal, ils lui faisaient du mal...

Bardin se sépara de Kid, à regret. Les bruits de pas dans le couloir se rapprochèrent et un homme épais au visage sévère entra dans la pièce. A sa suite se succédaient d’autres hommes apportant de nombreux objets que Bardin n’avait jamais vus. Le jeune homme lança un regard interrogateur à son amant mais celui-ci se contenta de fermer les yeux. Bardin fut écarté violemment de son ami alors que l’homme venait détacher Kid et lui arrachait son haut, le faisant tomber à terre. Affolé, le jeune homme aux cheveux pourpre hurla le nom de son ami. Ce dernier leva les yeux vers son bourreau avant de demander d’une voix claire et pressante :
- Faites-moi subir tout ce que vous voulez, mais je vous en prie, ne le laissez pas assistez à ça.
Son regard avait basculé sur le visage inquiet de celui qu’il aimait et ils avaient saisit Bardin par les épaules, l’attirant loin du cachot. Le jeune homme ne comprenait pas. Il se laissa faire dans un premier temps et puis... Il l’entendit. Le hurlement de douleur qui déforma la voix si douce de Kid. Bardin se mit à se débattre. C’était injuste. C’était horrible... Personne n’avait le droit de faire du mal à son amour, il ne le méritait pas...
Le jeune homme était faible, atrocement faible... Il n’arrivait pas à se défaire de ses gardes. Il devait rejoindre Kid. Il ne voulait pas le laisser souffrir seul. Il avait sûrement besoin de lui, besoin de son aide...
Des larmes se mirent à rouler le long de ses joues alors qu’il criait le nom de son ami, en sachant pertinemment en son fort intérieur qu’il ne lui répondrait jamais. Plus jamais.



Les pleurs de Bardin reprirent de plus belle. Il avait mal. Tellement mal. Mais ce n’était pas une douleur physique qu’il pouvait soigner simplement avec de la pommade. Non. C’était bien pire. C’était comme si on l’avait tranché en deux et qu’il vivait encore, sans raison. Il ne pourrait jamais guérir. Son seul remède allait mourir. Mourir.

Il avait tout donné à Kid. Il s’était entièrement consacré à son bien être et son ami le lui avait rendu avec tendresse. Ils s’étaient tout donné, leur temps, leurs paroles, leurs amours et jusqu’à leurs corps. Plus encore. Bardin avait confiée toute son âme à Kid. S’il mourrait, il voulait mourir avec lui. Il devait mourir avec lui. Il n’y avait pas d’autres solutions.

Déterminé, il se leva du lit sur lequel ils l’avaient installé, dans cette chambre que le roi lui avait gracieusement fournie en échange de ses services. Il le haïssait. Pour ce qu’il lui avait fait. Pour ce qu’il allait faire à Kid.
Bardin fouilla les armoires de la pièce. Il trouva une cape brune à capuche. Il l’enfila. Elle serait parfaite pour cacher sa tignasse écarlate, beaucoup trop voyante. Il glissa le dessin de Kid dans sa poche après l’avoir délicatement pressé contre ses lèvres, comme pour se donner du courage.
Il inspira un grand coup, et sortit de sa chambre.
Il ne voulait pas de ce monde si Kid ne devait plus y être. Il voulait le voir. Peu importe son état. Il voulait embrasser une dernière fois ses lèvres avant qu’ils ne se retrouvent au paradis.

Et puis il se souvint. Kid ne voulait pas qu’il meure. Il voulait qu’il vive. Qu’il rencontre sa famille. Sa famille. Le roi et la reine...
S’ils étaient aimants et généreux comme le disait son amant, alors peut-être que...
Oui. C’était sa dernière chance.
Sans prévenir, il bifurqua dans un couloir. Surpris, il butta contre un corps chaud. Il allait continuer mais on lui agrippa le bras. Non...
- Bardin ?

L’interpellé s’immobilisa net. Cette voix, il l’aurait reconnue entre mille. Il se retourna et ses yeux rougis par les pleurs se plongèrent dans ceux de son vieil ami PierreTrot. Ce dernier le dévisageait avec surprise et inquiétude. Un sourire finit par se dessiner sur son visage et il entoura Bardin de ses bras.
- Je suis désolé pour ce qu’ils t’ont fait. murmura-t-il avec douceur.
Bardin se laissa aller à cette étreinte, repris par les larmes. Cela faisait du bien de retrouver quelque chose de connu, dans tout ce monde qu’il trouvait affreusement barbare. Mais les bras de PierreTrot, bien que réconfortants, n’étaient pas ceux de Kid.
- Pourquoi... Pourquoi ce n’est pas toi qui est venu me chercher... Ils l’auraient laissé...
- Je sais, je sais Bardin, calme-toi s’il te plaît...
Il abaissa doucement la capuche du jeune homme d’un coup de main, laissant sa chevelure flamboyante luire légèrement sous l’éclat de la lumière faible des torches accrochées au mur.
- J’ai tout appris à l’instant... Ton père notre roi est devenu fou. Je ne savais pas qu’il avait envoyé des hommes pour venir te chercher...
Le garçon ferma les yeux. Au moins son ami ne l’avait pas trahi...
- Mais Bardin... Pourquoi est-ce que tu l’as sauvé... reprit-il d’une voix douce.
- Pierre je...
Pouvait-il avoir encore confiance en son ami ? Une lueur de défi s’alluma dans le regard de Bardin.
- Je l’ai sauvé, parce qu’il était seul et que vous étiez trois. Parce qu’il était blessé et que vous alliez l’achever. Il serait mort injustement si je ne l’avais pas fait. Et maintenant, vous allez le...
Il n’arrivait pas à prononcer les derniers mots de la phrase, mais PierreTrot les comprit. Il le berça un peu contre lui.
- Tu devrais aller te reposer, Bardin, demain va être une longue journée pour tout le monde...
- Non.
- Bardin...
Le jeune homme s’écarta brusquement. La surprise s’empara du visage de son ami.
- Il n’y aura pas de demain pour moi. S’il meurt, je mourrai aussi. Mais il vit encore, alors je refuse de me reposer en attendant qu’on me l’arrache. Si je dois mourir de toute façon, autant que ce soit en ayant tout tenté !
Il avait fait attention a articuler chaque mot. Il se le disait plus à lui même qu’à  PierreTrot, qui le regardait sans comprendre. Bardin finit par briser le silence qui s’était installé.
- Merci pour tout ce que tu as fait pour moi, Pierre, je ne l’oublierai pas.
Avant que son ami ne puisse réagir, le jeune homme avait rabattu sa capuche sur son crâne. Il se retourna et s’enfuit dans la foule.

PierreTrot voulut le suivre. Ce qu’il venait de lui dire ressemblait cruellement à un adieu, mais le jeune homme ne voulait pas y croire. Bardin semblait devenu fou. Le brun eut beau réfléchir, il ne voyait pas ce que son ami avait l’intention de faire pour sauver le prince Kid. Une idée lui traversa l’esprit. Non... C’était impossible... Bardin ne pouvait pas être désespéré à ce point...
Le doute lui tordit le ventre. Il se précipita dans la foule et la brava tant bien que mal, tentant de rejoindre les écuries.
Il entendit le hennissement d’un cheval et le bruit de sabots sur la terre battue. Son ami venait de voler un cheval et il l’avait fait partir au galop.
En direction des lignes ennemis.
- Bardin ! hurla PierreTrot pour le faire rebrousser chemin.
Il n’obtint aucune réponse.
- Bardin... murmura cette fois-ci le jeune homme, le cœur serré.

Il ne reviendrait pas. Personne ne pouvait franchir les lignes ennemies de la sorte, et quoique le fameux Kid lui ait appris, le frêle Bardin n’était pas de taille à lutter contre l’armée d’en face...

*****

Bardin avait abandonné l’idée d’arrêter le torrent de larmes qui s’écoulait sur ses joues rougies par le froid. Il fonçait vers les lignes ennemies sans savoir s’il allait parvenir à son but. Il avait peur. Peur qu’une flèche le transperce, peur qu’il ne puisse pas délivrer son message. Il était totalement désespéré. Son action avait quelque chose de fou et d’insensé. C’est probablement pour cela que les soldats ennemis ne l’interrompirent pas. Fermant les yeux d’angoisse, il se coucha presque totalement sur son cheval. Il parvint aux lignes ennemies, des flèches glissant près de ses oreilles. Il était terrorisé, mais à chaque fois, l’image de Kid qui se dessinait dans son esprit l’empêchait de rebrousser chemin. Il entendit un cri et son cheval se cabra, désarçonnant son cavalier qui finit la tête la première contre le sol humide et glacé. Les bruits de son cheval affolé s’éloignèrent et le silence se fit autour de lui. Il tremblait de tous ses membres, n’osant pas se redresser, gardant le ventre et le visage plaqués au sol. Une pointe froide se planta légèrement dans sa nuque et il glapit de frayeur.

- Qui es-tu ? demanda une voix grave.
- Je... je m’appelle Bardin... répondit timidement le jeune homme, et... et vous ?
La question parut désarçonner l’homme qui le tenait en son pouvoir, mais Bardin n’avait plus rien à perdre.
- Aypierre. répondit simplement l’homme.

Ce prénom fit s’activer le cerveau embrumé de Bardin. Il l’avait déjà entendu... Mais comment ? Si ! Cela lui revenait ! Kid lui en avait parlé, souvent. C’était un ami de son père ! Il laissa échapper un léger soupir de soulagement.
- Pourquoi es-tu envoyé, messager ? demanda froidement le dénommé Aypierre, qui le tenait toujours en joue.
- Je ne viens pas de la part du roi je... Je viens de la part de Kid...
L’épée s’enfonça un peu plus contre sa peau et un gémissement s’échappa de sa gorge.
- Impossible. Kid est mort. Il y a une année. Vous n’avez aucun cœur a essayer d’affaiblir le prince Azenet de cette manière. Mais j’imagine que cela vous réconforte un peu, vu votre défaite évidente.
- Non ! Non... glapit Bardin, je ne viens pas de la part du roi, je viens de la part de Kid ! Ils... ils vont le tuer !
La pression sur sa nuque disparut et un bruit métallique à côté de lui indiqua au jeune homme que son interlocuteur devait avoir lâché son épée. Il n’eut pas le temps de se sentir soulagé que deux mains puissantes le firent rouler sur le côté et lui attrapèrent le col, le relevant et le soulevant de quelques centimètres.
- Ecoute-moi bien, petit imbécile, je ne dors pas bien depuis le début de la guerre, autant te dire que cela fait longtemps que je manque cruellement de sommeil. Mais demain soir, je pourrai enfin dormir sur mes deux oreilles. Oui. Parce que vous aurez perdu cette guerre que vous avez vous même déclarée. Tu penses pouvoir rapporter ce message à ton roi ? Parce que s’il y a une chose que je ne supporte pas, c’est qu’on bafoue la mémoire de mes hommes tombés au combat !
Il avait secoué violemment Bardin pour appuyer ses dires. Il le fixait dans les yeux pour y voir toute la crainte qu’il avait réussi à lui inspirer et qu’il pourrait retransmettre à son roi. Le jeune homme fondit en larmes.
- Je... Ne... Veux... pas retourner chez le roi... Il veut tuer Kid... Je ne veux pas... Je préfère mourir...
Il plongea ses prunelles embuées dans celles si bleues de l’homme qui le tenait devant lui. Le regard de ce dernier s’adoucit légèrement.
- Il... Il n’est pas mort... Je... Je l’ai sauvé il y a une année et... et maintenant... Ils vont le tuer... Je vous en supplie...
Le ton désespéré de Bardin dû toucher Aypierre car il relâcha sa pression sur lui jusqu’à ce que ses pieds atteigne le sol. Le jeune homme porta ses mains à sa gorge douloureuse et toussa un peu pour reprendre sa voix.
- Qu’est-ce qui me prouve que tu ne mens pas ?
- Kid... Il aime dessiner, tout le temps. Il était blessé au flanc gauche. Il portait un masque bleu sur le visage et...
La voix de Bardin se brisa. C’était tellement dur de revoir toutes ces images... Il entendit vaguement Aypierre crier quelques choses près de lui, mais cela ne lui était pas adressé. Il se sentit soulevé, puis ses jambes rencontrèrent la robe chaude d’un cheval blanc. Aypierre grimpa derrière lui et lança le cheval au galop. Où l’emmenait-il ? Le croyait-il ?
Bardin n’en savait rien. Il tremblait. Il avait l’impression que loin de Kid, tout était terne, tout était irréel.
Il avait tellement besoin de lui...

*****
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Floraly
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Jeu 22 Oct - 20:13
Floraly
- Aypierre, est-ce que tu es sûr de ce que tu avances ?
- Non mon roi, mais il se montre plutôt convainquant.
- Que ferais-tu à ma place ?
- Je lui poserais plus de questions, Monseigneur.

Bardin écoutait leur échange à genoux sur le sol, tremblant de peur, de froid et de fatigue. Il se fichait de tout ce qu’il pouvait bien dire, lui, tout ce dont il avait envie, c’était qu’ils l’aident à sauver Kid. Son Kid. Aypierre et le vieux roi étaient pris dans une discussion sans fin. Le monarque semblait troublé par les révélation que son chef des gardes venait de lui faire. Bardin fixait le sol dans l’attente insoutenable de savoir si oui où non ils allaient lui venir en aide, même si à ce moment, dans la discussion, la question principale était plutôt : Bardin était-il digne de confiance ?

Deux pieds se placèrent dans son champ de vision et le jeune homme pencha légèrement la tête, alors que l’homme devant lui s’accroupit pour arriver à sa hauteur. Timidement, Bardin releva les yeux, pour tomber dans ceux marron et chaleureux de son interlocuteur. Ses cheveux bruns grisonnants laissaient apercevoir son âge plutôt avancé. Il souriait doucement au jeune homme et ce dernier ne savait pas comment réagir.
- Alors comme ça, tu aurais sauvé Kid ? Raconte-moi. lui dit-il amicalement, comme un curieux, ignorant totalement la conversation des deux autres hommes qui se poursuivaient non loin.
Bardin aimait bien cet homme. Il n’avait pas l’air de lui vouloir du mal et semblait moins agressif qu’Aypierre. Alors, il lui raconta brièvement sa rencontre avec Kid, comment il l’avait soigné, comment ils avaient vécu une année ensemble avant que son père ne revienne les chercher et comment il avait appris qu’ils allaient le tuer... Il passa sous silence leur amour, qui serait sans doute incompris, comme le lui avait un jour expliqué Kid.
- Je te crois. finit par dire le brun qui se tenait devant lui.
Bardin lui sourit légèrement, reconnaissant et soulagé. C’était le premier sourire qu’il s’autorisait depuis que... Aïe... C’était trop douloureux...
Mais il tenait sa chance. Il ne devait pas la laisser filer...
- Je te crois, mais il faut encore convaincre les deux têtus qui discutent, là-bas. Il n’y a pas quelque chose que tu pourrais raconter que le prince Kid t’aurais dit ou qu’il aurait fait qui était bien propre à lui ?
Le cerveau du jeune homme se mit à bourdonner. Il devait trouver. Il fallait qu’il trouve. La tour, le sourire de Kid, les dessins sur le mur... Les dessins sur le mur !

Lentement, Bardin laissa sa main glisser jusqu’à sa poche sous le regard attentif de l’homme. Il en sortit le morceau de papier qu’il avait pris à Kid quelques longues heures auparavant. Il le déplia difficilement et ravala un sanglot en revoyant les traits si purs de ce dessin aux couleurs vives. Il le regarda longuement avant de finir par le tendre à l’homme devant lui, qui le prit délicatement entre ses doigts. Ses yeux s’agrandirent. Il se leva, laissant Bardin à nouveau seul à terre.
- Roi Fukano ! Appela-t-il, coupant le monarque dans une de ses nombreuses questions à Aypierre.
- Zerator ? lui répondit le roi, visiblement vexé d’avoir été interrompu.
- Je pense que Bardin est réellement envoyé par le prince Kid.
Aypierre et le souverain le dévisagèrent.
- Je propose que nous attendions le prince Azenet pour recevoir une confirmation, mais ce dessin est tout à fait son genre. Je pense que ce qu’il représente s’est réellement passé, n’est-ce pas ?

Il s’était tourné vers Bardin, cherchant son approbation. L’intéressé hocha doucement la tête. Oui, cette scène s’était réellement produite. Kid avait dessiné le premier soir qu’il avait passé dans la tour, lorsque Bardin s’était occupé de lui. Le moment même où ils s’étaient dit leurs prénoms, le jeune homme aux cheveux pourpres penché au dessus du blessé, son regard plongé dans le sien.
Ce moment était devenu beau à travers le dessin de Kid et il lui déchirait le cœur à chaque fois qu’il posait les yeux dessus.

Les portes latérales s’ouvrirent brusquement et un homme entra dans la salle, essoufflé. Bardin sentit son cœur se serrer. Ces cheveux, ces yeux, cette silhouette... Il lui ressemblait tellement, c’était flagrant. Le jeune homme reluqua quelques instants le nouveau venu. Ce dernier semblait affolé et Aypierre, qui tenait le dessin dans ses mains, s’avança vers lui d’un pas hésitant.
- Prince Azenet... Le roi vous a envoyé chercher car... Nous pensons que Kid est en vie...
- Kid... murmura le prince, sous le choc.
- Mais nous avons besoin de votre confirmation. Pensez-vous qu’il ait pu réaliser ce dessin ?
Il lui fourra le bout de papier sous le nez et d’une main tremblante, le prince Azenet s’en saisit. Il porta sa main libre à sa bouche.
- Mon Dieu... chuchota-t-il.
Son regard croisa celui d’Aypierre et Bardin vit passer quelque chose dans cet échange. Comme si le brun réconfortait le prince sans avoir besoin de lui parler. Comme le faisait autrefois... Kid.

Perdu dans ses réflexions, Bardin ne vit pas le prince Azenet s’approcher de lui. Il eut tout juste le temps de sentir qu’on le faisait se remettre debout qu’il fut pris dans une étreinte à laquelle il ne s’était pas attendue. Le léger parfum du châtain ressemblait à s’y méprendre à celui de son amant et il se laissa bercer par ce contact rassurant. Mais il ne dura pas longtemps. Le prince Azenet resta près de lui après l’avoir remercié dans un murmure.
- J’irai le chercher moi-même. avait déclaré Aypierre.
- Hors de question, l’avait repris sèchement le roi, ta place est sur le champ de bataille, à la tête de l’armée, pas en mission d’infiltration désespérée. Cette guerre est pratiquement gagnée, ce n’est pas le moment de tout lâcher.
Aypierre grinça des dents, mais les paroles de son souverain étaient les plus justes.
- Très bien. J’enverrai Daweed à ma place. Il lui faudra être accompagné du sauveur du prince Kid pour qu’il sache où aller chercher. Je leur laisserai deux heures d’avance et j’attaquerai dans la nuit. Cela vous convient-il ?
- Oui, très bien. Je te remercie, Aypierre.
L’homme s’inclina et se retira pour aller chercher le dénommé Daweed. Zerator partit rejoindre le roi à son trône alors qu’Azenet se tournait vers Bardin.
- Tu as sauvé mon fils, jeune homme, je ne te remercierai jamais assez. S’il y a quoi que ce soir que je puisse faire...
- Je veux juste qu’il vive... Monseigneur.
La main du prince se posa sur son épaule.
- Moi aussi. Je compte sur toi.

*****

Ils déambulaient dans les couloirs du château, Bardin tentait de paraître normal, suivit de Daweed , qui portait la tenue carmin des soldats de ce royaume. Ils n’avaient eu aucun mal à traverser les lignes ennemies, l’expérience de l’espion du roi Fukano leur permettant de tromper les adversaires facilement.

Bardin ne savait pas s’il aimait réellement l’homme dont il venait de faire la connaissance. Il avait un grand respect pour lui qui venait chercher Kid à ses côtés, mais il était froid, sérieux et implacable. Son visage ne laissait jamais transparaître aucun sentiment et sans s’en rendre vraiment compte, Bardin le craignait.

Le jeune homme aux cheveux pourpres guidait son allié dans l’énorme bâtiment, l’emmenant vers les cachots où se trouvait Kid. Il tremblait d’excitation. Il allait le revoir. Il allait le sortir de cet enfer. Ils allaient le sauver.

Les couloirs devenaient de plus en plus déserts. Ils ne croisaient que quelques soldats effectuant leur tour de ronde nocturne. Tous devaient se préparer pour le combat du lendemain. Bardin sursauta en entendant un cri étouffé de douleur derrière lui après que deux hommes les aient croisés. Inquiet, il se tourna vers Daweed. L’épée de son compagnon était fichée dans le corps de l’un des deux hommes et l’autre gisait à terre, inconscient ou... Pire...
Bardin fit un pas un arrière, la main sur la bouche pour ne pas vider son estomac sur le sol. Daweed essuya nonchalamment son épée sur le corps sans vie du deuxième soldat qu’il venait d’achever avant de la ranger. Il poussa les cadavres hors du chemin pour qu’ils soient invisibles aux yeux inattentifs de quelqu’un qui passerait par là.
- Daweed... appela Bardin, le cœur au bord des lèvres.
- Oui ? demanda son allié sur un ton neutre.
- Est-ce que... tu es obligé de...
- Quoi ? Tu as pitié d’eux ? cracha Daweed.

Bardin avait peur. Daweed ne lui faisait pas confiance, c’était flagrant. Il semblait lui en vouloir de l’avoir entraîné dans cette aventure. Il pourrait tout aussi bien tuer Kid en le voyant plutôt que de le sauver, mais Aypierre avait eu l’air d’avoir confiance en lui, alors...
- Non... Je veux dire... Tu pourrais seulement les assommer ou...
- Les assommer ? Pour qu’ils se réveillent et nous tuent en nous revoyant passer avec Kid ou aillent donner l’alerte ? Non. Chaque soldat que je tue maintenant, c’en est un de moins qui ne pourra pas faire de mal aux nôtres plus tard. Fais-toi une raison.
Bardin baissa les yeux. Ce que Daweed venait de dire lui paraissait affreusement logique, mais cela n’enlevait rien au dégoût que cela lui inspirait. Ils se remirent à avancer et son compagnon tua froidement tous les hommes qu’ils croisaient. Jusqu’à ce que...
- Oh mon Dieu ! Bardin !

L’interpellé se figea. Non. Non. NON ! Il n’eut pas le temps de réagir que PierreTrot qui courait vers lui avait été intercepté par Daweed qui lui avait glissé son épée sous la gorge, à deux doigts de la lui trancher.
- Non ! Daweed, arrête ! s’écria Bardin, impuissant.
PierreTrot le regardait, effrayé, le dos appuyé contre le torse de Daweed, qui lui avait plaquée une main sur la bouche et tenait son épée contre sa peau de l’autre.

Le compagnon de Bardin avait interrompu son mouvement et le regardait froidement. Il attendait des explications. La vision de PierreTrot tremblant sous le joug de Daweed le faisait paniquer.
- Ne... Ne lui fait pas de mal... C’est mon ami... C’est le seul... Je te jure que c’est le seul pour qui je te demanderai ça, mais... Il est inoffensif... S’il te plaît...
La voix de Bardin était devenue suppliante. Il fallait que Daweed l’écoute. Il le fallait...

Il se dévisagèrent de longues et insoutenables secondes durant lesquelles Bardin ne savait pas s’il allait voir ou non son ami mourir devant lui. Daweed retira son épée de la gorge de PierreTrot et l’envoya brusquement valser contre le mur. Il rangea son épée et décrocha la ceinture qui ornait son uniforme. Il s’approcha de sa victime qui n’avait pas osé bouger. Il lui attrapa fermement les poignets et le força à les mettre sans son dos, avant de les attacher solidement ensembles.
- Vous venez... chercher le prince Kid, n’est-ce pas ? demanda PierreTrot.
Bardin allait répondre, mais Daweed l’arrêta d’un regard. Il baissa les yeux.
- J’ai les clefs de son cachot avec moi, vous risquez d’en avoir besoin.
Toujours occupé à lui lier les mains, le soldat s’immobilisa. Dans un mouvement souple, il décrocha le trousseau de clef accroché au pantalon du jeune homme.
- Laquelle ? demanda-t-il abruptement avant de faire défiler les clefs sous les yeux effrayés de l’autre.
- Celle-ci. répondit-il en voyant passer la bonne clef.
- Merci.
Il rangea l’objet dans sa poche, laissant l’objet indiqué par PierreTrot légèrement en dehors, à portée de main. Puis, d’un geste brusque, il retira la ceinture de PierreTrot et la noua autour de ses deux jambes.
- Bardin, donne-moi la tienne.
Le jeune homme ne se fit pas prier et la lui tendit. Daweed la prit d’un geste assuré avant de passer la lanière de cuir dans la bouche de PierreTrot et de la nouer derrière sa tête. Sa victime gémit faiblement lorsqu’il resserra la boucle. L’entravé était en total déséquilibre, privé de ses membres. Daweed le hissa sur son épaule et se mit à avancer. Bardin le suivit, les bras croisés sur son ventre et les yeux baissés. L’espion ouvrit la porte d’un cachot vide et déposa son fardeau à l’intérieur. Il jeta un dernier coup d’œil à celui qu’il venait d’épargner et ressortit.
- On reviendra le chercher quand tout sera fini. dit-il simplement en croisant le regard torturé de Bardin.
Ce dernier acquiesça doucement, reconnaissant. Daweed avait-il un cœur, finalement ? Ce dernier lui fit signe d’avancer et ils repartirent dans les couloirs sinueux des cachots.

Après que Daweed ait encore évincé trois soldats, ils parvinrent enfin devant la porte que Bardin cherchait depuis si longtemps. Il effleura la poignée de sa main avant de se tourner vers son compagnon.
- C’est ici.
Daweed hocha la tête et vint enfoncer la clef dans la serrure. Un léger « clic » se fit entendre et il ouvrit la porte. Le cœur de Bardin battait à tout rompre. Dans quel état allait-il retrouver Kid ? Était-il encore là ?
Ses interrogations disparurent lorsqu’il aperçut le corps malmené de son amant allongé sur le sol. Il se précipita vers lui, dépassant Daweed qui s’avançait d’un pas traînant.
- Kid ! Kid, Kid, Kid, Kid... répétait inlassablement Bardin, s’écroulant à terre près de son amant.
Il lui passa doucement une main dans les cheveux et il entendit un léger toussotement provenant du corps inanimé. Kid finit par ouvrir les yeux et il dévisagea Bardin avec attention et une pointe de méfiance.
- Je... Je suis dans un rêve, c’est ça ? demanda-t-il d’une voix rauque.
- Non ! Non, je suis là...
Bardin le souleva délicatement pour le serrer dans ses bras avec tendresse. Il aurait commencé à pleurer, si la voix de Daweed ne les avait pas interrompus.
- C’est bien joli, mais il va falloir qu’on bouge de là.
Kid s’était écarté faiblement du jeune homme aux cheveux pourpres pour venir planter ses yeux dans ceux de Daweed, surpris.
- Daweed ?
- Lui-même. Allez, Bardin, aide-moi, je vais le prendre sur mon dos.
- Comment ... ?
- Ta jolie rousse a réussi à convaincre le grand Aypierre de m’envoyer en mission suicide pour venir te rechercher. Alors me voilà. Bon, on y va.

Kid repoussa doucement Bardin qui semblait ne plus vouloir le lâcher .
- Ça va aller mon grand, je vais m’en sortir... murmura-t-il à son oreille pour que seul lui l’entende.
Il accepta finalement de le laisser après un toussotement exaspéré de Daweed. A deux, ils réussirent à le hisser sur le dos de l’espion. Ce dernier sortit son épée de son fourreau et la tendit à Bardin.
- Mais... Je...
- Tu n’auras pas à t’en servir. Juste le temps que je dépose le prince Kid et je prendrai le relais.
A contrecœur, il accepta l’arme. C’était lourd. Il dut la prendre à deux mains pour ne pas la laisser tomber.
- Passe devant. Emmène-nous à un endroit où l’on pourra se cacher jusqu’à ce que nos troupes atteignent le château.
Bardin ne prit pas la peine de répondre et sortit de la salle. Ils allaient y arriver. Ils allaient vraiment sauver Kid. Il leur suffisait d’atteindre la cachette que Bardin avait choisie... Sa chambre.

*****

Ils avaient réussi. Daweed avait déposé Kid sur le lit de Bardin, le laissant aux bons soins de ce dernier, avant d’aller se placer près de la porte, prêt à faire taire toute personne qui la franchirait.

De nombreux bruits de cor avaient indiqué aux trois hommes que les combats avaient dû commencer à l’extérieur. Ils étaient tendus. Bardin avait glissé sa main dans celle de Kid et fait de son mieux pour soigner ses blessures les plus entravantes. Des marques de brûlures et des plaies sanglantes jonchaient tout son corps et faisaient frissonner Bardin. Il avait peur de ce qu’ils avaient fait subir à son Kid...

Ce dernier s’était mis à lui caresser doucement le dos de la main avec son pouce pour le réconforter. Bardin n’arrivait pas à détacher ses yeux du visage de son aimé. Il avait failli le perdre. Il pouvait encore le perdre. Cette simple pensée lui tordit l’estomac et il sursauta lorsque la porte s’ouvrit brutalement, sur une silhouette imposante et autoritaire. Son père. Le roi.

- Bardin ! Je te retrouve ici. Je me disais bien qu’il n’y avait que toi qui était assez bête pour l’avoir déplacé. Mais je ne te savais pas si violent. Qui t’as appris à tuer ? PierreTrot ? Ou... le prince Kid lui-même ?
Le roi lui parlait sans réellement faire attention à lui. Ses yeux s’étaient fixés sur Kid, qui avait fermé les siens, mimant le sommeil.
- La guerre est perdue ! Mais je le jure, ils retrouveront le corps chaud et ensanglanté de leur prince, qu’ils pensaient perdu depuis plus d’une année. Je veux son sang !
- Père ! Pourquoi ! hurla Bardin, désespéré.
- Parce qu’eux aussi, m’ont pris un fils.
Une lueur démente était apparue dans son regard. Bardin avait donc perdu l’un de ses frère dans cette guerre ? Qu’importe, il ne les connaissait qu’à peine... Le roi entra finalement dans la pièce et écarta Bardin comme on écarte une mouche insignifiante. Il sortit son épée de son fourreau et s’approcha de Kid, prêt à frapper.

Une expression de surprise prit place sur son visage lorsqu’il se fit lui-même empaler sur l’épée de Daweed qui avait bondit en avant et l’avait empêché de nuire. Le corps du roi convulsa quelques seconde avant de tomber sur le sol, raide mort, accompagné dans son mouvement par Daweed. Ce dernier retira son épée du corps sans vie et se retourna vers la porte ouverte, par laquelle un soldat vêtu de rouge venait d’apercevoir toute la scène. Il n’eut pas le temps de le neutraliser avant qu’il ne lance l’alerte et les ennemis, fous de rage d’avoir perdu leur roi, se mirent à affluer près de la porte. Daweed les retint du mieux qu’il pouvait, sauvé par l’embrasure de la porte qui ne laissait pas la possibilité aux soldats de l’encercler.

Bardin le regarda faire, impuissant. Il ne tiendrait pas longtemps, c’était certain. De longues secondes s’écoulèrent avant qu’il ne réagisse enfin. Daweed, dans un hurlement de rage et de douleur, venait de changer son épée de main. Du sang s’écoulait d’une plaie visible sur son épaule. Bardin devait faire quelque chose. Passant outre son dégoût, il souleva le cadavre de celui qui avait été son père et prit l’épée sur laquelle ses mains étaient encore crispées. Il se redressa et regarda Daweed qui se démenait toujours pour les protéger, risquant sa vie à chaque seconde. Il devait le faire. Pour Kid. Pour Daweed. Il allait faire un pas, mais des bras autour de sa taille l’en empêchèrent.

Il sentit le souffle chaud de Kid dans son cou et frissonna légèrement. Il ferma les yeux. Il n’y avait plus qu’eux. Plus rien n’existait. Kid le tenait contre lui, s’enivrant de son odeur. Bardin sentit une main de son amant glisser le long de son bras et se placer sur le manche de l’épée qu’il tenait.
- Laisse-moi faire... murmura son ami derrière lui, lui faisait doucement glisser l’objet des mains.
Bercé par sa voix, il lui abandonna l’arme. Kid s’écarta et la chaleur dont il l’enveloppait disparut. Il le regarda s’éloigner d’une démarche chancelante, l’épée en main.
Une grosse boule se forma dans sa poitrine.
Qu’est-ce qu’il venait de faire ?

Kid se lança dans le combat sans hésitation, soulageant Daweed qui put se reposer sur lui. Ils se protégeaient l’un l’autre et les ennemis se faisaient de moins en moins nombreux. Cela dégonflait légèrement la boule d’angoisse près du cœur de Bardin. Les corps sans vie des ennemis se mettaient à joncher l’entrée de la pièce, rendant l’accès encore plus difficile aux assaillants. Bardin n’arrivait pas à détacher ses yeux de la danse mortelle de ses deux compagnons. Savoir qu’ils pouvaient mourir à tout instant rendait leurs mouvements captivants. Bardin avait peur. Mais il était fasciné...

Un bruit sourd fit trembler les murs du château. Les derniers soldats qui combattaient encore se replièrent soudainement. Les deux compagnons de Bardin attendirent quelques secondes d’être sûrs que ce n’était pas une feinte et ils finirent par se relâcher. Le jeune homme aux cheveux pourpres eut tout juste le temps de se jeter en avant que Kid lui tombait dans les bras, à bout de force. Il l’attira un peu plus loin et l’allongea sur le sol. Il aurait aimé le prendre contre lui et rester ainsi à tout jamais ou lui crier dessus pour ce qu’il venait de faire, mais il n’en fit rien. Il y avait plus important.

Il caressa la joue de Kid tendrement et un léger sourire se dessina sur le visage de son amant. Bardin se releva et se alla se planter devant Daweed, appuyé sur le mur de la salle continuant à surveiller l’entrée malgré tout. Il avait replacée son épée dans son fourreau et se tenait l’épaule dans une grimace de douleur, les yeux fermés
- Daweed ? l’appela doucement Bardin.
L’interpellé leva les paupière et le dévisagea quelques secondes.
- Retourne... t’occuper de lui. Ça va aller pour moi...
- Laisse-moi voir...
- Non !

S’il n’avait pas été plaqué contre un mur, Daweed aurait sûrement reculé d’un pas. Bardin s’approcha de lui et appuya doucement sur son épaule valide pour le faire s’asseoir en s’aidant de la paroi derrière lui. Le soldat n’était pas réellement en état de résister. La coupure semblait profonde et bien que douloureuse, Bardin ne la jugea pas dangereuse. Il partit chercher des draps et tenta de calmer le flot de sang qui s’en écoulait, ignorant les gémissements que Daweed tentait d’étouffer comme il le pouvait.

Un sifflement retentit dans les couloirs. Trois notes. Bardin s’immobilisa. Qu’est-ce que...
Daweed prit une inspiration rapide et essaya de siffler à son tour, mais il ne réussit pas, trop affaibli par la douleur. Derrière le jeune homme aux cheveux pourpres, Kid s’était redressé et siffla trois notes à son tour. Sans comprendre, Bardin lança un regard interrogateur à son amant.
- Aypierre. répondit-il en se levant difficilement.
Une fois debout, Kid se dirigea vers l’entrée pour accueillir le nouvel arrivant. Bardin resta près de Daweed qui le regardait toujours froidement. Le jeune homme tenta tout de même un léger sourire qui parut déstabiliser le blessé. Il détourna les yeux.
- Merci. Bardin.
Le sourire de l’intéressé s’agrandit alors qu’Aypierre, enfin arrivé, prenait Kid dans ses bras et le serrait contre lui de toutes ses forces. Ses yeux dévièrent sur le corps du roi, à terre près du lit. Il félicita Daweed avec un air grave et ce dernier hocha la tête faiblement.

A sa demande, Bardin entreprit de lui raconter comment ils en étaient arrivé là et Aypierre fit de même pour ce qu’il s’était passé de leur côté, mais le jeune homme aux cheveux pourpres n’écoutait pas ce que disait le chef de la garde. Il était trop focalisé sur la main de Kid que ce dernier avait discrètement glissé dans la sienne. Bardin réalisait enfin. Ils étaient sauvés.

C’était fini.

*****

- Kid ! Kid ! On va se promener ?
- Attends !
- En plus, il y a un joli chemin dans la forêt, et...
- Oui ! Attends deux secondes.
- Allez, viens !

Bardin venait de poser ses mains sur les épaules de son amant. Il le secoua un peu pour le tirer de son dessin. Il faisait beau dehors, et c’était le seul moment du mois où ils pouvaient être rien que tous les deux, sans se soucier des serviteurs et gardes du palais. Mais comme à son habitude, Kid dessinait plutôt que de s’occuper de Bardin. Ce dernier s’impatientait justement et s’accrocha au cou de celui qu’il aimait pour le faire réagir.

- Bardin, tu m’étouffes !
- Je m’en fiche, d’abord ! C’est Daweed qui m’a dit de faire ça quand tu veux pas m’écouter.
- Il va m’entendre celui-là...
- Et PierreTrot à approuvé ! chantonna le jeune homme aux cheveux pourpres.
Kid lâcha son pinceau et d’un geste vif, il se retourna, attrapa le col de Bardin et plaqua ses lèvres sur les siennes, l’embrassant fougueusement durant de longues secondes.
- Tu crois qu’il l’approuve, ça ? demanda-t-il dans un souffle
- On a pas besoin de son autorisation... murmura Bardin en plongeant sur la bouche de son amant. Il s’assit sur ses genoux pour être installé plus confortablement et se blottit contre le torse de Kid, rompant le baiser.
- C’était risqué de tout avouer à ton père, quand même...
- Non... Et tu sais très bien pourquoi...
Un léger sourire se dessina sur les lèvres de Bardin.
- Alors finalement tu me crois ?
- Depuis que tu me l’as dit, ça me parait évident. Après, je t’avoue que ça me fait bizarre... Mon père avec Aypierre...
- Chhhhht, on pourrait nous entendre... l’arrêta Bardin en l’embrassant pour le faire taire. Kid le serra contre lui et leurs langues vinrent se rencontrer tendrement.

Ils avaient effectivement raconté toute leur histoire au prince Azenet qui les avait écouté attentivement. Kid n’était pas un prétendant direct à la succession au trône, alors il pouvait faire ce qu’il avait envie, cela n’avait que peu d’importance. De plus, depuis qu’ils avaient cru l’avoir perdu, le roi lui laissait beaucoup plus de liberté.

Il passait ses heures perdues à dessiner de nouvelles fresques pour le palais ou à coordonner la création de nouvelles tapisseries, toujours accompagné de son fidèle Bardin qui était devenu son assistant. Le prince Azenet leur avait donné sa bénédiction pour leur relation, à condition que celle-ci reste secrète à toute personne extérieure à la famille royale. Cela convenait très bien aux deux jeunes hommes qui n’avaient pas besoin d’un quelconque public pour être heureux. Ils se contentaient d’être discret lorsqu’ils étaient au château et profitaient d’être plus démonstratif lorsqu’ils pouvaient enfin partir quelques jours dans cette petite cabane en forêt que leur prêtait un ami de Zerator, un certain Soulsstealer...

Grâce à Bardin et étonnement à Daweed qui avait surpris tout le monde en se déclarant favorable, PierreTrot était devenu un précieux conseiller du roi et il était resté un ami dévoué du jeune homme. Il était au courant de sa relation avec Kid, mais il savait garder un secret, l’expérience l’avait prouvé...
Daweed était monté à la tête du service d’espionnage du royaume. Il se faisait donc plutôt discret mais il venait tout de même donner quelques nouvelles à Kid et Bardin de temps à autre. Sa blessure à l’épaule s’était bien remise et il avait compensé en attendant en utilisant plus son bras faible.

- On va la faire cette balade ? demanda doucement Kid, près de l’oreille de Bardin.
- Nan. Je suis bien là... répondit Bardin d’une voix enfantine
- Allez, bouge toi !
Kid le souleva et le força à se lever. Bardin le bouda un peu mais il ne put que se rendre sous les chatouilles de son amant, qui l’empêchait de lui fuir. Main dans la main, ils finirent par repartir dans la forêt. Kid proposa qu’ils empruntent une direction différente de leur habitude et ils se baladèrent, écoutant les chants joyeux des oiseaux et le doux bruissement du vent dans les feuilles. Ils marchaient depuis un long moment lorsque Kid s’immobilisa soudainement. Bardin le regarda, inquiet. Son ami avait les yeux fixés sur quelque chose, au loin.
- C’est... commença-t-il.
Il se tourna vers Bardin, comme choqué, et l’entraîna avec lui dans la direction dans laquelle il regardait quelques secondes plus tôt. Intrigué, le jeune homme aux cheveux pourpres le suivit. Il comprit ce que son ami avait voulu dire lorsqu’ils quittèrent la forêt pour arriver dans une petite clairière.

Devant eux se dressait fièrement une tour de pierre. Elle semblait avoir été plantée là sans réelle raison. Bardin ne pouvait pas en détacher ses yeux. Était-ce un bon ou un mauvais souvenir ? Kid ne lui laissa pas le temps de réfléchir. Il l’emmena au pied de la tour. L’endroit même où Bardin l’avait retrouvé le jour où ils s’étaient rencontrés. Kid lui sourit tendrement et appuya son aimé contre la paroi de la tour, l’embrassant passionnément.
- Tu te souviens... murmura-t-il en glissant ses lèvres dans son cou.
- J’aurais pu te laisser mourir... dit Bardin, malicieux, frissonnant de plaisir.
- Mais tu ne l’as pas fait. continua Kid sans que ses lèvres ne quittent la peau si douce du jeune homme contre lui.
- Tu veux monter ? demanda soudainement Bardin.
Kid arrêta de le câliner et, ses mains sur les hanche de Bardin, il plongea son regard dans le sien.
- Non. La seule chose intéressante qui se trouvait là-haut, c’était toi.
Ils se sourirent et Bardin se jeta sur Kid pour l’embrasser à nouveau.

Ils étaient là où tout avait commencé, mais cela leur paraissait si lointain... Comme s’ils s’étaient toujours connus, comme si leurs corps n’avaient jamais été capables de vivre l’un sans l’autre.

Là, à l’ombre de cette tour qui avait vu grandir leur amour, ils se firent une promesse.

Celle de s’aimer à jamais.

Celle de se chérir à jamais.

Celle de ne plus jamais se quitter.
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Nothingness
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Bébé Sadique
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Jeu 22 Oct - 20:17
Nothingness
Feuuuuursteuuuh !
Bon. Que dire.
J'ai t'ai déjà un peu tout dit sur cet OS :b Mais bon je vais te dire ce que je t'ai pas dit hier.
Que dire à part que c'est PUTAIN DE TROP GENIAL DE SON PERE LE CHAT.
Non. Sérieusement. Cet OS est juste incroyable.
Tu m'as mise en PLS putain !
C'est juste tellement beau !
Cette relation entre Kid et Bardin est tellement fusionnelle et magnifique !
Et puis le dessin '-' J'aimerais tellement le voir hihihihi !
Je suis amoureuse de cet OS :b
Limite j'ai plus rien envie d'écrire pour pas gâcher ce chef-d'oeuvre et que mes textes sont pitoyables comparé à ça xD
Bref... C'est génial, j'adore, j'adhère, et je t'aime <3
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Floraly
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Jeu 22 Oct - 20:54
Floraly
Nothingness :

MOI AUSSI JE T'AIME <3 #Flothingness

Ouiii, je voulais du fusionnel pour Kid et Bardin *_*
Honnêtement ? Je veux aussi le dessin :/

Si tu veux, cet OS est célibataire ! >.< (mais tu dois déjà te marier avec moi)

Et t'as intérêt à continuer d'écrire ! :'(
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As de coeur
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Jeu 22 Oct - 22:11
As de coeur
Flo en fait tu veux nous faire complexer c'est ça ? xD
Parce que....
BORDEL SON CANARD J'EN PEUX PLUS DE TES TEXTES ILS SONT TROP BEAUX JE ME DIS QUE JE SUIS UNE GROSSE MERDE A COTE !!!!!!!!!!!!
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Floraly
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Jeu 22 Oct - 22:14
Floraly
As :

Maiiiiis naaaaan ! Tu le sais très bien ! Very Happy

Et t'es pas une grosse merde ! ET T'ES PAS MORT ALORS JE FERAI PAS TE TEXTE POUR TE RANIMER ! MOUAHAHAHAHAH.
(En vrai il va falloir que tu redeviennes bleu bientôt sinon je refuserai de te ranimer la prochaine fois Twisted Evil )
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Silen
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Ven 23 Oct - 7:27
Silen
EN PLUS ON A PLUS DE DÉFIBRILATEUR !
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Usirichap
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Ven 23 Oct - 8:27
Usirichap
C'est trop magnifique ♥
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Princessekw3
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Ven 23 Oct - 12:28
Princessekw3
C'est trop bien, émouvant, merveilleux, fantastique.....
Je pourrais le relire tellement de fois sans m'en lasser
Et se que j'aime c'est que les trois contes se suive et ce qui était au premier son là au troisième, vraiment, je trouve que ça à son charme de faire des suites et j'approuve cela
Sinon en parlant de l'os, il est juste génial, je trouve que ça fait longtemps que je n'est pas autant apprécié un one-shot.
En tout cas, si il y aura une suite, je veux être parmi les premiers à la lire.
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Floraly
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Ven 23 Oct - 15:12
Floraly
Silen :

Eeeeh oui, va falloir en racheter un :/

Usi :

Merci <3

Mlle kw3:

Ow merci beaucoup ! 0.O
Le relis pas trop de fois non plus, ça prend du temps ce bazar ! x)
Pour la suite, honnêtement, même si j'écris un OS conte de fée, il ne sera probablement pas la suite des trois-là ;D
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Silen
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Ven 23 Oct - 15:12
Silen
J'ai plus de sous moi ><
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Nyal27
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Ven 23 Oct - 15:36
Nyal27
Souls la bonne fée o/
En vrai c'est mignon C:
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Nayara
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Ven 23 Oct - 16:19
Nayara
Alors que dire que dire... C'est incroyable, véritablement, et je n'aurais que peu de reproches à lui faire xD
C'est long, bien écrit et sans fautes, comme d'habitude. Tu sais déjà que j'aime ça dans ta façon d'écrire, mais je peux pas m'empêcher de le redire x)
Encore une fois, l'histoire est originale et belle, avec de l'amour sans tomber non plus dans la guimauve (sauf cette fin avec cette promesse d'amour éternel bien culcul la praline, mais après les événements un peu sanglants, on apprécie :3). De plus, elle se situe dans une bonne continuité avec les histoires précédentes et on a plaisir à redécouvrir les parents et grands parents en même temps que l'on suit les aventures des enfants.
Seule petite reproche que je pourrais te faire, c'est la vitesse avec laquelle arrive la relation entre Bardin et Kid. Je m'étais habituée à ce que les relations débutent à la fin de l'histoire avec toi, et du coup je suis surprise. Disons qu'on ne sait qu'à peine ce qui les attirent l'un vers l'autre et qu'on passe tout de suite à une relation très fusionnelle, sans le passage où ils tombent amoureux précédant normalement ce genre de relation. Je sais pas, j'ai trouvé qu'ils s'attachaient extrêmement rapidement l'un à l'autre. Après, c'est pas non plus super grave xDD

Voilà, j'ai hâte de lire tes autres Os parce que trop de talent en toi :3
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Floraly
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Ven 23 Oct - 16:27
Floraly
Nyal:

J'ai essayé de le faire sans parler de Souls, mais...
SOULS QUOI !

Meurciii <3

Nayara:

Tout d'abord, merci très chère madame pour votre joli et constructif commentaire !
J'ai un sérieux problème avec les fins. Et les titres. Demandez à Nothing x)
Pour leur relation, je suis totalement d'accord avec toi. C'est rapide. Je t'avoue que je voulais que Bardin tombe amoureux de Kid en voyant son visage, la première fois. Sauf que Bardin ne savait pas ce que c'était l'amour, puisqu'il avait vécu seul dans une tour toute sa vie, alors ça devait être Kid qui devait faire le premier pas, et...
Comme Bardin s'est occupé de Kid et lui a sauvé la vie, pour moi il était logique que leur attachement de base venait de là. Après, c'est vrai, je te l'accorde, j'aurais pu/du travailler un peu plus cet aspect là Wink

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CitrouillePommePoire
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Ven 23 Oct - 16:35
CitrouillePommePoire
Je... je... OMG BORDEL DE KKUETE !!!!!! OoO 

Je... je... je suis on mode "choqué mais PAS DU TOUT DÉÇU SA MAMAN !"

PLUUUUUUUUUUUS ! *q*
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Nothingness
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Ven 23 Oct - 16:48
Nothingness
DEUX !
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Ota
Ota
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Localisation : Dans ton c... Cadeau de Noël. J'étais en promo, on m'a achetée, voilà...
Ven 23 Oct - 17:47
Ota
"un certain Soulsstealer..." ANANAS! SOULS LA BONNE FÉE ANANAS!
Nan mais j'ai ri... J'ai riiiiiiii... Mais d'une puissaaaaaance! Ahlala.
Cet OS est génial. Un piti Aynet qui se glisse au milieu le fourbe!
C'est trop bien cet OS! D'ailleurs j'ai pas lu Azenet au bois dormant je crois!
Vouala bisou keur.
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Floraly
Floraly
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Ven 23 Oct - 19:19
Floraly
Cerise :

Hihihihihihihihi

*retourne écrire le RP*

Nothingness:

TROIS

Ota:

Merciiii <3
Je crois que le "Azenet au bois dormant" est celui que j'aime le moins des trois :/
Mais c'est du Aynet, alors ... x)
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Bébé Sadique
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Ven 23 Oct - 19:27
Nothingness
QUATRE
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Sherazade Luna
Sherazade Luna
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Localisation : Dans une forêt enchantée aux feuilles bleues.
Mar 27 Oct - 0:32
Sherazade Luna
.......HaaaaAAAAAAAAAHHHHHAAAAAAaaaaaahhhh.........C'est la plus belle histoire d'amour que j'ai jamais vue dans un conte de fée !! Flora t'es juste incroyable, tes fanfictions sont juste merveilleuses !! Veut tu devenir mon sensei ?? ;^;
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Floraly
Floraly
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Mar 27 Oct - 0:39
Floraly
PAF LE CHIEN

Luna:

Du calme, du calme x)
Ton compliment me fait très plaisir, mais je pense qu'il y a bien meilleur que moi ;D
Si tu veux me faire lire tes textes avant tout le monde pour que je te donne mon avis, AUCUN SOUCIS, j'adooooooore avoir les textes avant tout le monde ! ;P
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As de coeur
As de coeur
Sadique Régulier
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Localisation : Vous voyez Paris ? Eh ben c'est pas là
Mar 27 Oct - 1:31
As de coeur
FLO T'AS PAS LE DROIT !!!

Luna ! J'au aucun talent mais je peux te donner un avis sur tes textes !! Very Happy
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