Point de vue Cékia, à écouter avec
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C'est mon père. Je ne l'avais jamais vu comme ça. Il a bien dit « un instrument de guerre » en parlant de Cello ? Et moi, alors, que suis-je pour lui ? Nous ne sommes donc que des pions dont il se sert sur un champ de bataille ? Ses yeux semblent lancer des éclairs à toute la salle, et sa barbe et ses cheveux blancs ressemblent à des nuages. Je ne sais pas réellement quoi faire. Je brûle d'envie de lui dire ce que je pense, et je veux surtout qu'il m'explique pourquoi il réagit comme ça. Je suis sa fille après tout ! Je veux savoir, je veux comprendre. Mais la plus incontrôlable d'entre nous est Cello, qui n'a pas l'air d'avoir très bien pris les propos de mon père à son égard. Ses yeux sont noirs de colère, et ses poings fermés tremblent comme si elle était transie de froid. Elle ouvre sa bouche lentement, et déclare calmement, la tête baissée, en fixant ses pieds :
-Je vous déteste.
Il y a un court silence qui nous semble à tous durer une éternité. Sa tête est encore baissée, et alors que j'attends la réaction de chacun, et avant même que je ne puisse réagir, Cello bondit sur Zeus dans un élan de rage. Elle hurle comme si elle était en train de se déchirer les poumons. Sa voix est suraiguë, et pendant quelques instants, j'ai l'impression de devenir sourde. Je discerne très bien une onde de choc qui se propage dans l'air vers mon père. Je veux crier, intervenir, mais je me sens impuissante et faible, écrasée au sol. Mais le plus étrange, c'est que j'aperçois Zeus esquisser un sourire narquois dans le coin de ses lèvres. Il tend sa main en avant et fait disparaître les ondes sans effort. Je dois avouer que je suis assez impressionnée, je ne savais même pas qu'il était capable de faire ça. Cello ne faiblit pas dans sa lancée, au contraire, et rugit de plus belle. Je sens qu'Epona essaie difficilement de s'approcher d'elle pour l'en empêcher. Je voudrais faire quelque chose, moi aussi, mais je me sens tellement faible...Mon corps et mon esprit m'ordonnent de m'endormir, tout en moi s'alourdit et ne me suit pas dans le combat que je mène. Allongée au sol, je tends le bras vers mon amie qui ne fait pas attention à moi. Elle est aveuglée par sa rage et sa haine, elle ne se contrôle plus. Zeus se lève de son trône qu'il n'avait pas quitté depuis le début de la séance, et claque des doigts. Je ne comprends pas tout de suite, mais la seconde d'après, Cello vacille, se rapproche du sol rapidement, et son cri s'évanouit avec elle, pareil à des pleurs que l'on étouffe au fond de l'oreiller. Mon père la rattrape avant qu'elle ne s'écrase par terre, et je me sens recouvrer mes forces. Je ne sais pas si je dois m'empresser d'aller voir Cello ou mon père en premier lieu. Mais le temps ne me laisse pas faire de choix, car Zeus disparaît dans un rire qui résonne dans l'immense salle circulaire où se tenait le conseil des Dieux.
Un silence gêné prend place dès que Zeus à quitté l'endroit de manière inattendue, aussitôt rompu par les cris d'Artémis :
-Non !! hurle celle-ci, se précipitant vers la traînée de poussière que mon père a laissée derrière lui.
-Qu'est-ce que...Que s'est-il passé, mère ? demande Epona à sa mère Athéna.
-Pourquoi Zeus est-il parti avec Cello ? je questionne moi-même à sa suite.
Athéna pousse un long soupir qui ne nous apprend rien de plus, puis elle continue :
-Ce n'était pas Zeus. Zeus ne peut pas faire disparaître des ondes de choc aussi facilement, et il n'a jamais eu la capacité d'évanouir les gens rien qu'en claquant des doigts. C'était Chronos.
Chronos ! Tout s'explique. Je réfléchis à toute vitesse. Voilà pourquoi il a dit ça ! Il a délibérément provoqué Cello afin de la pousser à l'attaquer ! Mais alors...Où est le vrai Zeus à l'heure actuelle ? Et...Mais Alors...
-Mais il a enlevé Cello ?! je panique. C'est la catastrophe !!
-En effet, déclare Athéna lugubrement. C'est vraiment la catastrophe.
-Pas de problème ! nous rassure Aliona. J'ai placé un traceur dans son voile de téléportation, je sais exactement où il est !
-Ouf ! soupire Epona. Juste deux dernières choses à vous demander mère, et on ira chercher Cello et botter les fesses de Chronos.
Je suis étonnée de la voir prendre les choses ainsi. Elle doit être vraiment confiante pour déclarer cela. Pour ma part, j'ai envie d'agir, mais j'ai peur de ne pas en avoir l'occasion. Je veux faire mes preuves. Étrangement, j'ai l'impression d'être invisible aux yeux des autres.
-On était en train de se battre contre Chronos, et au même moment, il tenait une discussion avec vous. Il peut se dédoubler ?
-On dirait bien, répond sa mère. Je ne savais pas qu'il était capable de faire ça, mais il faut bien se rendre à l'évidence. On ne peut pas nier qu'il est devenu très dangereux, et beaucoup, beaucoup plus puissant.
Je remarque qu'elle a accentué la fin de sa phrase, et qu'elle se mordille la lèvre avec une crainte que je ne lui connais pas.
-Bien, continue Epona. Ensuite, je voulais savoir quel était le lien qui nous unissait Cello et moi. Je veux vraiment savoir ! Ça fait trop longtemps que j'attends ce moment, et ça pourra peut-être nous être utile dans la bataille.
-C'est vrai. Ça fait longtemps que je dois te le dire, mais j'avais peur. Je n'ai pas été raisonnable, j'ai été...Surtout égoïste. La...La vérité, c'est...C'est qu'au moment de donner une partie de mon sang pour l'enfant d'Artémis, et bien...J'ai donné un peu plus qu'une simple goutte de sang. En fait, j'ai donné un verre entier de sang à ma sœur.
Je la regarde sans comprendre. En fait, j'ai très bien compris, mais mon regard est resté complètement impassible, comme si j'étais en train de digérer l'information. Elle a donné un verre de sang entier...En réalité, je ne sais pas vraiment quelles conséquences ça allait créer. Le bébé aurait trop de sang ? C'est une pensée un peu idiote, mais je ne comprends pas bien.
-Mais alors...je réfléchis à voix haute. Mais alors c'est ça le lien avec Epona ?
-Oui, c'est ça. Mon prochain enfant aurait alors la capacité de partager ses pouvoirs avec l'enfant d'Artémis.
-Donc...chuchote Epona. Je ne suis qu'un outil, moi aussi ? Finalement, je ne suis rien d'autre qu'une extension à « l'enfant élu » ? Je compte pour du beurre ? Je suis un personnage secondaire sans importance ? Moi aussi, alors, je ne suis qu'un instrument destiné à assouvir vos ambitions ! Je vous déteste moi aussi !
On sent tous qu'elle est au bord des larmes. En même temps, je la comprends bien. Je ne me sens pas exister. Moi aussi, je me sens dans un rôle de personnage secondaire dans une histoire où le personnage principal est Cello et où tout tourne autour d'elle.
-Epona...Nizzy s'approche d'elle et pose sa main sur son épaule. Nous sommes tous les personnages secondaires de l'histoire où Cello est le principal. Mais rappelle-toi que nous sommes tous le personnage principal de notre propre histoire. Chacun prend des chemins différents, et personne n'est laissé à part. Grâce à tes pouvoirs, tu peux sauver Cello, elle a besoin de toi. Imagine-la si jamais elle devenait la serviteuse de Chronos ! Toi aussi, tu peux écrire ta propre histoire où même Cello sera un personnage de plus parmi les autres. Aucun destin n'est tracé à l'avance. Le futur n'existe que dans nos rêves. Tu seras forcément importante pour quelqu'un. Tu as le droit d'aller aider Cello ou non. Personne ne te forcera. Ce n'est à personne d'autre que toi de faire ce choix.
C'est vrai...Elle a bien raison. Je prends le discours de Nizzy comme s'il m'était adressé. Je suis le personnage principal de ma propre histoire, c'est vrai. Moi aussi, je peux être importante quand il s'agit de moi. Je veux me redresser et regarder ma vie en face. Je veux faire quelque chose tout à coup.
-Merci Nizzy...dit Epona en essuyant un début de larme qui se peignait sur sa joue. Tu as raison. Je ne vais pas laisser Cello comme ça, elle est mon amie...Et je suis plus forte que ça.
Artémis et Athéna se regardent l'une et l'autre, attendries, comme deux mères en train de découvrir que leur enfant fait quelque chose d'absolument fascinant.
-Alors ? j'attends. Aliona, tu nous dis où est-ce qu'on va botter les fesses de Chronos ?
Un rire secoue mon amie aux yeux violets, et, sans prévenir, elle balance une de ses petites boules de verre dans la quelle tournoient des particules violettes. Un bruit de verre brisé se fait soudain entendre, et je me sens disparaître.
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Je regarde autour de moi. Tout prend l'air d'être un vieux hangar abandonné, rien de plus. Les fenêtres sont en haut des murs, ce qui rend l'atmosphère assez sombre. Quelques poutres soutiennent le toit, visiblement en bon état. Je remarque que mes pieds s'enlisent dans la boue et que des flaques noient le sol par endroits. Je retire mes chaussures de la terre crasseuse et je commence à marcher dans le vaste endroit, avec légèrement du mal à retirer mes pieds du sol à chacun de mes pas. Dans l'air règne une odeur de rouille et de sale, assez désagréable à mes narines que je sens protester en me picotant. C'est à peine si les autres en font plus que moi. On avance tous plus ou moins prudemment, et je remarque que tous les dieux nous ont accompagnés -hormis Zeus, bien sûr. La situation doit vraiment être aussi grave qu'ils le disent pour prendre autant de mesures de précautions. Soudain, j'entends un bruit de métal qui s'effondre sur le sol. Je remarque avec effroi qu'il m'a manquée de peu, et je pousse un long soupir de soulagement. Quelques gouttes d'eau tombent sur le sol dans un bruit sourd et vague. C'est étrange, mais je sens une présence malveillante et menaçante, je n'ose pas me retourner, ou encore regarder autour de moi, c'est comme une forme de peur oppressante qui me surveille, ces peurs dont on n'ose pas trop croiser le regard comme s'il allait nous fusiller. Alors au moment même où je ferme les yeux pour trouver le courage de regarder derrière moi, je ressens comme un trou, un vide, une grande angoisse, une sensation de tristesse, et je n'avais pas remarqué qu'une petite mélodie se faisait entendre.
C'est alors soudain comme si ma tête battait la chamade, j'ai le sentiment que c'est une bombe au bord de l'explosion : je souffre comme je n'ai jamais souffert, et je sens que mes jambes m'abandonnent peu à peu. Tout mon corps m'appelle au secours, mais je ne les entends pas tant mon esprit est concentré sur la douleur qui taillade chacun de mes membres de ses imprévisibles lames sans retour, s'enfonçant dans mon cœur, s’immisçant dans ma tête, et surtout restent coincées, laissant d'irréparables séquelles. A côté de mon mal, l'étrange mélodie continue tranquillement, comme si rien de grave ne se passait. C'est presque joyeux, mais à la fois profond...Je pense que j'ai trop mal pour l'écouter complètement. Je remarque que les autres n'ont pas l'air d'aller mieux que moi. Pourtant, en plus de la douleur que j'éprouve, ce mal mystérieux dont je ne connais pas la cause, je ressens encore cette présence à l'aura menaçante. Mais cependant, je suis persuadée que la mystérieuse mélodie, mon mal, et la présence malveillante ont un lien. Et je ne compte pas me laisser faire. Dans un ultime effort, je parviens à me redresser à peu près. Je sens encore mon dos qui me pèse et mes épaules ressentent le besoin de s'affaisser, mais je ne fléchis pas. Il faut que je me batte, jusqu'au bout s'il le faut. C'est la volonté qui me régit dorénavant, et je ne vais pas me laisser faire. Oh...Je viens d'avoir une idée géniale.
Je tente de me ressaisir, et rapproche difficilement mes mains l'une de l'autre. Aussitôt, je sens l'électricité lier ces deux membres comme des aimants, et des rayons jaillissent de mes paumes en s'entrechoquant. Dans un rugissement qui me paraît interminable, je crée une boule d'électricité qui apparaît comme une bulle autour de mes deux mains, et je vise. Pas la mystérieuse personne, non. Je vise les flaques d'eau par terre.
L'effet est immédiat. Aussitôt, toute mon énergie s'échappe de mes mains et parcourt tout le hangar par l'eau qui se trouve sur le sol. Un petit glapissement de peur se fait alors entendre, presque couvert par les détonations de mon filet d'électricité. Avec lui s'ensuit le silence. La petite mélodie qui semblait avoir entravé mes forces s'est éteinte, et tout le monde se relève lentement. Je me sens à la fois fière et importante, puis je repense aux paroles de Nizzy : « Tu seras forcément importante pour quelqu'un ». Quand tout sera fini, j'aimerais beaucoup que l'on se dise que j'ai joué un rôle majeur dans notre victoire. Peut-être que Zeus me portera enfin le regard que je souhaite depuis si longtemps...Mais aujourd'hui, ce n'est pas encore fini, car un rire sadique se fait retentir avec l'écho de l'endroit sombre et inhospitalier. Par réflexe, je me retourne et aperçois la touffe de cheveux blancs qui m'est si familière. Elle est en pétard, et je me sens légèrement responsable. La personne qui la porte a les yeux rouges, et ça ne m'évoque guère de bons souvenirs.
-Salut tout le monde ! s'écrie-t-elle joyeusement. J'espère que vous avez fait bon voyage ! Aliona, je suis tellement désolée...Mais tu es tombée dans mon piège !
Ce disant elle cligne de l’œil et tire la langue comme un petit enfant inconscient du danger, puis éclate d'un rire encore plus enfantin. Elle a l'air d'avoir complètement changé de personnalité en dix minutes, je n'arrive pas à croire qu'elle était sur les nerfs. Sur le coup, on comprend tous qu'elle est manipulée par Chronos, mais on a vraiment envie de croire qu'elle est gaie de son plein gré.
-C'était bien joué, Cékia, le coup de l'électricité, me félicite Cello, mais pas encore assez pour me battre !
Elle éclate à nouveau de rire. Je m'apprête à la remercier, mais je me rappelle qu'elle est sous l'influence de Chronos et cette pensée m'arrête. C'était stupide, en même temps, comme idée.
-En tout cas, vous pouvez être sûrs qu'aucun d'entre vous ne ressortira vivant de cet endroit !
Ses mots me glacent le sang. A la fois brûlante et transie, je sens le stress monter. On sait tous de quoi Cello est capable, et, sous le contrôle de Chronos, elle semble complètement invincible. J'ai eu trop de mal à contrer une simple attaque mentale pour savoir que la situation est désespérée. (A écouter avec
cette musique :)C'est alors que la fille aux cheveux de l'hiver entonne le thème de la reine de la nuit dans la flûte enchantée. Elle semble parfaitement calme, et chantonne le morceau comme si elle était en train de se divertir. Pourtant, je me sens écrasée sur moi-même comme si la pression de l'air s'abattait sur moi avec ardeur. Je suis prise de convulsions qui me secouent brusquement et je pense que je ne tiendrai pas très longtemps. Heureusement, j'aperçois une boule de feu s'abattre sur la fille corrompue et le ré suraigu de la chanteuse est légèrement pincé quand elle se décale pour l'éviter, ce qui me libère instantanément du sortilège qui m'était lancé.
-Eh bien, Cello, t'es pas contente de me voir ? raille Epona.
-Epona ! s'extasie Cello. Justement, je mourrais d'envie de te revoir justement !
S'ensuit alors le thème principal de la reine de la nuit. Chaque do prononcé ressemble à un rire à la fois chaleureux et froid, et pour la première fois, je lis sur son visage un plaisir, mais le plaisir de tuer, l'envie de commettre un meurtre, la réjouissance d'un acte impardonnable. Les notes s'échappent de ses lèvres et son rire sadique reprend de plus belle dans un crescendo tonitruant. C'est un espèce de ping-pong qui se joue, entre le moment où Cello chante et parle, et entre le moment où nous souffrons et nous nous battons. Alors je veux me battre, car je refuse de finir ainsi, je trouve ça trop bête de finir ainsi. C'est terminé, je ne fuis plus. Je ne tournerai plus jamais le dos à mon destin.
Dans un hurlement de douleur, de rage, et d'espoir, aussi, je joins mes mains l'une en face de l'autre et ré-invoque mon pouvoir. Quelques étincelles surgissent, et je gémis, je le supplie de ne pas m'abandonner dans un moment pareil. Comme s'il m'avait entendue, il surgit plus brillant que jamais, et éblouit toute l'assemblée. Je le sens s'emparer de moi, me parcourir tout le corps, s'enfoncer dans mes vêtements, parcourir mes cheveux, rendre mes yeux vairons d'une seule et même couleur, la couleur de la fureur, tout mon pouvoir électrique parle pour moi, et je sens que c'est ça mon atout.
La mélodie de Cello ne peut plus m'atteindre, je hurle tellement fort que je n'entends rien d'autre que mon rugissement. Je me sens forte, puissante, rien ne semble pouvoir m'atteindre. L'électricité me protège et empêche tous les obstacles de m'atteindre. Je suis devenue complètement invincible avec mon atout.
-Hé, Cékia ! m'appelle Cello joyeusement. C'est ton atout ! Il est plutôt marrant ! Tu m'attaques pour voir ce que ça fait ?
Je ne me fais pas prier, et mes oreilles, complètement assourdies par le bourdonnement de ma bulle électrique, n'entendent pas les cris d'alerte des personnes autour de moi. Je laisse mes émotions parler et envoie des ondes électriques vers la chanteuse.
-Cékia ! hurle-t-elle suffisamment fort pour que je l'entende à travers les détonations de mon atout. Tu me fais penser à un enfant qui joue avec un objet sans savoir à quoi il sert !
Elle a dit...Aussitôt, je sens mes forces me quitter. L'assurance qui me gagnait jusqu'à maintenant m'abandonne brusquement, et je ne sais pourquoi cette remarque m'a tant vexée. Elle me traitait d'enfant ? Elle se moquait de mon atout ? Je suis prise d'une rage intérieure qui alimente mon regard plein de haine et de fureur. Je n'ai qu'une envie, c'est d'envoyer tout mon arsenal électrique sur cette petite prétentieuse. C'est ce que je fais. Je réajuste mes tirs, et mes rayons électriques repartent de plus belle. Cependant, Cello continue sa petite mélodie comme si rien ne s'était passé, ce qui a le don de m'énerver encore plus. Non seulement elle ne me prend pas au sérieux, mais en plus, elle se fiche de moi ! Je ne la supporte pas dans cet état. J'ai l'impression que la fureur contrôle mon pouvoir, qu'elle me ronge pour le régir, et je la laisse faire, à la fois calme et en colère. Quelques débris qui jonchaient au sol s'envolent en tornade autour de moi. Des éclats de bruits, des métaux s'entrechoquent dans de violents affronts, tout se fait guerre à mes côtés. Dans un énième hurlement, je projette toute ce qui me reste d'énergie sur Cello dont la mélodie retentit toujours à mes oreilles, si bien que je commence moi aussi à faiblir. Cependant, toute mon attaque lui fonce dessus sans lui laisser aucun recours. Alors que je me délecte de la scène qui va se jouer sous mes yeux, j'aperçois un sourire se dessiner sur les lèvres de la fille aux cheveux blancs. Je prends alors conscience en une fraction de seconde qu'elle me tendait un piège depuis le début.
Cello passe au travers de mon attaque, comme si ce n'était que de l'air, qu'un petit coup de vent, et son image se dissipe dans une traînée de poussière. C'est alors qu'un nombre incalculable de personnes apparaissent dans le hangar. Ce sont toutes des Cello. Chacune des silhouettes a les cheveux blancs et un petit sourire moqueur qui m'est adressé. Des dizaines de Cello apparaissent dans un nuage de poussières, clonée de tous les côtés. Je suis alors prise d'un effroi terrifiant. Je prends conscience du trop plein de pouvoir qui lui a été accordé. Au final, Chronos, sous les traits de mon père, avait peut-être raison. Cello est une arme, un instrument de guerre. Et celui qui la détient devient la personne la plus puissante au monde.