La ville d'Icypolis s'étendait devant eux. Malgré leurs nombreuses écharpes et leurs épais manteaux, Kamia, Pegasus et Ikio grelottaient. La fatigue ne faisait qu'accentuer cette sensation. La buée sortait de leurs lèvres bleues. Les maisons étaient faites de glaces quasi translucide. Pourtant, rien ne pouvait être vu à l'intérieur. Dès leur arrivée, les habitants se dirigèrent vers la princesse pour l'accueillir. Personne dans le royaume n'était au courant. "Évidemment" pensa-t-elle. Ils étaient les seuls à voir ce compte à rebours. Les seuls à sentir l'angoisse et la peur leur tirailler l'intérieur. Les seuls à combattre et les seuls à connaître ce combat. Qu'importe l'issue de ce combat. Soit personne ne serai jamais au courant, soit ils feraient passer ça pour un accident. Une chute à cheval ou une flèche perdue. Comme tous ses ancêtres. Elle entendait encore sa mère lui dire que le combat n'était pas pour les jeunes filles. Que celles-ci devaient se contenter d'être belles et de se taire. Son père, au contraire, l'avait encouragé sur la voie du combat. Elle était une grande stratège, une merveilleuse archère et une grande combattante. Elle avait appris à maîtriser ses pouvoirs et savait voir si un combat allait mener à sa victoire ou à sa défaite. Ses yeux de jade se levèrent vers le ciel sans un mot ni un regard pour les roturiers l'entourant. Deux heures et trente minutes. "Ne pas paniquer", se répétait-elle en boucle. "Ne pas paniquer". Un sourire tendre s'afficha sur ses lèvres et elle commença à saluer les gens autour d'elle. Elle prit la fleur qu'un petit garçon lui tendait pour la planter dans sa tresse. Une pâquerette blanche qui ressortait parfaitement dans sa chevelure. Plusieurs fleurs lui furent tendues mais elle refusa la plupart en demandant aux personnes soit de les donner à ses amies, soit de les donner aux gens qui ont besoins d'espoir dans leur vie. Kamia se retrouva ainsi avec une Amaryllis rose dans ses cheveux d'or, Funina un hibiscus rose qu'elle planta au dessus de son oreille droite, et Epona une rose jaune qui trouva place dans ses cheveux bruns. La princesse remercia chaleureusement les habitants avant de se diriger vers le centre de la ville. Elle voyait les regards amoureux entre Funina et Ikio, qui s’étaient d’ailleurs échangés un baiser le matin même. Comme s'ils avaient le temps pour ça. En moins de deux jours, il avait déjà usé de la confiance et l'admiration de deux de ses amies. Crazy soupira doucement en tapotant l'encolure d'Amaterasu. Elle sentait la fatigue dans ses pas. Elle vit un groupe d'amis, deux garçons aux cheveux blancs et une jeune fille rousse a la peau aux reflets bleutés. Elle les interpella en descendant de sa jument. Ses yeux croisèrent ceux du plus grand et elle se figea une demi seconde. Ils étaient orange. De la couleur de la lave. Alors que ceux du plus petit étaient de la couleur de la glace. Elle se posa la question sur le hasard de leur rencontre. Elle leur demanda leur noms puis proposa au groupe de s'occuper de leurs chevaux quelques temps en échange d'un joli somme d'argent ou de leur souhait le plus cher. Alors que la rousse et le grand acceptèrent de suite, le petit sembla hésiter une seconde avant de sourire doucement en regardant l'autre jeune homme et d'accepter à son tour. Elle les remercia de tout son cœur et ses amies ainsi que les fils des Patrick leur confièrent leurs chevaux et juments. Le demi-homme prit la main de sa bien aimée en douceur pour lui indiquer le compte à rebours. Deux heures. Elle respira calmement et interrogea les garçons du regard. Connaissaient-ils la ville ? Leurs expressions lui suffit pour réponse. Pas plus qu'elle. Elle inspira profondément. "Reste calme. Tu vas les retrouver. Tu vas sauver ta famille. Et ton royaume. Mais reste calme. Ne cède pas à la panique. C'est la pire chose à faire". Elle se répétait ces choses en boucle. Finalement, elle tenta de laisser son instinct parler a sa place. Malgré tous ses sentiments négatifs qui voulait prendre contrôle de son corps, la colère de voir la plus jeune tomber dans les bras du chef des Patrick, l'agacement de s'apercevoir de la nonchalance de ses compagnons de route face à la gravité de la situation, sa tristesse face à la disparition de son frère et de sa mort qui avait touché son entourage, sa haine face à son parrain. Elle refoulait au plus profond d'elle-même son envie de hurler, de pleurer, de secouer ses compagnons. Elle devait être positive. Sinon ses pouvoirs se déchaîneraient. Et ce n'était pas une bonne idée. Pas une bonne idée du tout. Elle ouvrit les yeux, à la recherche d’un élément, un seul qui pourrait la mener à ses parents et Brioche. Elle cherchait, de toute son âme, de toutes ses forces mais rien ni faisait. Elle était perdue dans l’une des plus grandes villes et ses espoirs s'évanouirent au fil des secondes. Elle serrait les dents et les poings de rage, au point de faire saigner ses paumes. Avec un calme olympien, elle se défit de sa propre poigne et avança d’un air suspicieux. Ses jambes tremblaient de fatigue mais rien ne l’aurait fait abandonner. Elle voyait parfaitement que Kamia ou Pegasus, par exemple, étaient sur le point de s’effondrer à cause de l’absence de sommeil. Mais elle lisait la détermination dans leur regard. Ses yeux s’illuminèrent et ses lèvres s'étirèrent. Évidemment. Une heure et 45 minutes. Elle tira son compagnon en incitant ses alliés à la suivre. Elle savait où elle voulait aller mais ne connaissait pas l’emplacement exact de ce lieu. Elle interpella un passant qui lui fit aussitôt une révérence
-Pardonnez mon impolitesse mais je n’ai pas le temps pour ce genre de fioritures ! Dites moi où est l’église royale. Le plus vite possible.
-Par là, mais elle est abandonnée depuis des années.
Quand elle eut sa réponse, elle prit la main de Zethime et le regarda avec anxiété. Pour toute réponse, il lui caressa délicatement les cheveux en souriant.
-On arrivera à temps. Je te le promets.
Il l’embrassa tendrement sur le front et partit avec elle en direction de l’endroit de son baptême. Le lieu du commencement. Le lieu où son maître chanteur est devenu son parrain. Une heure et 30 minutes. Elle poussa de sa main gauche la porte grinçante. L’intérieur était en ruines. Une silhouette noire venait de passer sous une trappe dans un éclat violet et blanc. Elle s'apprêta à courir mais Feed la retint par le bras.
-Des pièges. Partout.
Il avait raison. La mort les attendait à chaque pas. Un malheureux rat passant par là le leur prouva en se faisant trancher par une lame venue du côté de l’église. La princesse des glaces lâcha un hoquet d’horreur. Ses parents, son frère, ils étaient là elle le savait. Une heure et 25 minutes. Elle chercha un moyen de passer, mais il parut vite évident que quelqu’un devait déclencher les pièges pour laisser passer deux ou trois personnes. Crazy refuser de laisser ses amis se sacrifier pour elle et sa famille mais elle dut regarder la vérité en face. Parfois, des sacrifices s’imposent. On lui proposait un second choix horrible. Allait-elle choisir sa famille, ses parents qui la chérissait, son frère qu’elle adorait, ou des garçons qu’elle connaissait depuis quelques jours ? Sa réponse renforça le silence du bâtiment sacré. “Deux d’entre nous doivent mourir si nous voulons la joie du peuple minecraftien” Le mi-robot, mi-renard s’avança sans hésiter une seconde.
-Je refuse de laisser l’overworld dans les mains de ce vieux pervers immonde. Mes parents n’auraient jamais voulu ça non plus. Un héro a un moment dans sa vie où il est confronté à deux choix ; Mourir pour l’honneur ou se sauver juste pour vivre un peu plus longtemps. Je me dois de prendre le premier choix. Je n’ai pas le droit de salir l’honneur de ma famille. Ce ne serait pas digne du fils du héro d’antan. Je pris de tout coeur que mon sacrifice servira à sauver ta famille.
Elle l’enlaça. Sans réfléchir, sans prévenir elle l'enlaça de toutes ses forces pour le remercier de son geste. Elle lui murmura quelque chose dans l’oreille et il sourit. Il la remercia doucement. Pega s'avança lui aussi.
-Ma destinée m’a amené en ce lieu. Ce n’est pas pour profiter de la gloire, ou pour jouir d’une vie plus belle. Mon temps était comptait depuis le début de cette aventure et aujourd’hui le décompte est fini. Mon aventure avec vous fut belle, mystérieuse, dangereuse et magique. J’ai eu le sentiment d'être utile, de servir le monde. C’est donc pour ça que je vivais et c’est pour ça que je mourrai. Je dois faire vivre les familles royales. Je dois faire en sorte que les héritiers vivent. Alors je me sacrifierai pour eux.
Alors que Ikio restait impassible face à ça, Crazy se retenait de pleurer. Ils se sacrifiaient pour elle et lui. Ils mourraient pour eux. Comment pouvait-il être si insensible? Comment pouvait-il avoir ainsi un coeur de glace ? La sortant de ses pensées, Feed marcha jusqu’au début des pieges.
-Avant de mourir j’aimerai dire quelques mots : Scheiße, Hure, Puff, Hurensohn. Adieu
Il avança doucement vers la faucheuse. Lorsque les différents pièges vinrent le transpercer, le déchiqueter, le broyer, le trancher, Zethime cacha le visage de sa belle contre lui. Leurs vêtements ne virent même pas que du sang frais avait été rajouté au sang séché qui les tachait depuis des jours maintenant. Le premier groupe, composé de Crazy, Zethime et Epona, coura avant que les pièges reprennent leur routine mortelle. Soufflant un grand coup, Pegasus s'avança lui aussi.
-Que Avalon et Excalibur vous protègent. Adieu mes amis.
Son sang ne fut pas coulé en vain, seul une partie des cheveux de Funina ne passa pas les lames de la bâtisse. Elle perdit toute la longueur de ses cheveux Bleus. Mais en 72 heures, elle était devenue adulte. Elle les regarda avec un regard assuré et mature. La fatigue, le stress et la sagesse se lisaient à présent sur son visage. Elle avait dû comprendre quelque chose par ce geste du destin car elle se tourna vers Ikio:
-Je ne comprends pas pourquoi je me suis mise avec toi. Tu es un macho, égoïste et imbu de lui même qui enchaîne les conquêtes et qui a brisé le coeur de ma meilleure amie. Ne compte même plus poser tes magnifiques yeux bleus sur mon corps ou je te décapite.
Crazy leva les yeux. 58 minutes. La vie était si courte. La sienne se finirait dans exactement 58 minutes et 56 secondes.
NANNIV ROCK DU PONEY-CHAN ! Du coup ce chapitre. Je sais pas vous mais j'ai pleure en l’écrivant. Genre vraiment. Paga-kun et Feed-kun quoi :'( Ce chapitre est l'un des derniers. Triste. Quoique. Enfin une fic que je finirais bordel. Je tenterais de reprendre IR après.
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Ven 7 Oct - 9:54
