Je souffrais toujours de la perte de mon grand-père. Emma, elle, semblait avoir fait son deuil. Tant mieux pour elle. Je montais toujours Lucio. Lilas est maintenant trop vieille. Malheureusement, je ne pouvais plus faire beaucoup de compétition, je devais m’en tenir à une par mois. Le reste du temps, quand je ne m’entraînais pas, je jouais avec Emma et le chat ou j’aidais ma grand-mami à cuisiner et s’occuper de la ferme. Elle m’a appris beaucoup de choses en cuisine et je l’en remercie.
À 12 ans, j’aidais encore et toujours ma grand-mère, je ne la lâchais pas. Et elle en paraissait heureuse, d’ailleurs. Et puis un jour, alors qu’on cuisinait, on reçut un coup de fil. Elle décrocha. Quelques minutes plus tard, je la vis tomber sur une chaise, les larmes aux yeux.
« Grand-mami ? Qu’y a-t-il ? Lui demandais-je, inquiète.
-Je… T… Tes parents… Ils ont eu un accident… et sont décédé sous le coup… »
Elle pleurait maintenant et je la rejoignis. Je l’étreignis fortement. Comment, cette fois-ci, allais-je l’annoncer à Emma ? Elle est trop jeune… Mes larmes redoublaient. Je parvins tout de même à articuler :
« E-et où… j-je v-vais m-main… tenant ? »
Je ne reçus pas de réponse immédiate. Ma grand-mami se calma et, enfin, me donna sa réponse :
« Tu resteras ici, avec Emma. À la ferme. Je m’occuperais de vous.
-Mais… Tu as déjà beaucoup de travail avec la ferme !
-Ce n’est pas une lourde charge… Et puis je ne vous laisserais pas retourner à la ville. C’est bien trop mauvais pour votre santé ! »
Je ne répondis pas. Emma entra alors et je lui expliquais le plus calmement possible ce qu’il s’était passé mais explosa tout de même en sanglots en la voyant pleurer. Nous réussîmes tout de même à faire notre deuil.
L’année suivante fut rythmée par le travail à la ferme. Le labourage, la plantation des graines et, plus tard, la moisson. Quelques semaines avant le passage des tracteurs, je restais des journées entières dans le champ de blé. J’aimais ça. Être entourée de terre, de verdure, de plantes et animaux variés. Je m’occupais également des bêtes. J’emmenais les vaches en pâture, je nourrissais les cochons et les oies, je brossais et entraînais les chevaux et je faisais se reproduire les lapins -bien qu’ils n’avaient pas vraiment besoin d’aide. Tout ça me plaisait, j’adorais. Ça me semblait évident que je reprendrais la ferme plus tard, sans nul doutes.
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Mer 9 Mar - 20:19