Je passais le bac cette année. La relation avec ma sœur ne s’était pas améliorée, bien au contraire. Ma grand-mami m’avait bien encouragée, j’étais confiante. Une fois sortie de la salle, je souriais. Je suis repartie dans le même état d’esprit et je me suis rendue à la gare, mon sac de cours en bandoulière contre moi. J’avais peur, maintenant, des gens de la ville. Chaque personne qui m’approchait, je m’en écartais. Le train est arrivée. J’y suis rentré et m’y suis assise. Direction Mineral Town. Le trajet était long, il durait une heure trente, mais j’y était habituée. Et puis, d’un coup, j’entendis une explosion. C’était l’avant du train. Je suis sortie du wagon et j’ai marché. Il y avait du feu qui se propageait de plus en plus vite. Malgré ma jambe souffrante, j’ai couru. J’ai couru aussi vite que je le pouvais sur de longs mètres. Au loin, une seconde explosion retentit. Je ne me suis pas arrêtée ni retournée. Et je me suis retrouvée à la gare de Mineral Town en suivant le chemin. Il était vingt-trois heures lorsque j’ai poussé la porte de ma maison. Ma grand-mère a accouru vers moi, paniquée et soulagée. Je lui ai tout expliqué.
« La prochaine fois que nous irons là-bas, je te conduirai, m’a-t-elle alors dit. »
J’ai hoché la tête, encore sous le choc. Je l’ai finalement eu, mon bac.
L’année suivante, j’ai passé et eu mon permis. J’ai alors voulu avoir le permis camion. J’ai commencé à prendre les cours en parallèle de mon travail à la ferme mais c’était bien plus dur que de conduire une voiture. Je me sentais bien plus autonome. Je gagnais mon propre argent, je me déplaçai seule et surtout, ma grand-mami n’avait plus à veiller autant sur moi. Ce n’est pas pour autant qu’elle a arrêté… Je suis restée à la ferme, bien évidemment. J’ai gardé ma chambre et surtout je passais mes journées à m’occuper des animaux, des cultures, des infrastructures et du matériel. Et ça me plaisait de plus en plus.