« Antoine ? Antoine ! Ressaisis toi ! »
Une voix résonna dans son crâne. Elle lui semblait proche et lointaine, familière et inconnue et ce n'est que lorsqu'il ouvrit ses yeux embués de larmes qu'il en reconnut le propriétaire. Il se leva alors immédiatement pour le serrer dans ses bras.
« Putain, ça fait du bien de te voir... Vivant.
-Mais bien sûr que je suis vivant ! S'ils croient m'avoir si facilement ! »
Antoine sourit.
« Enfin, je ne le serais pas longtemps si je ne trouve ni feuille, ni crayon même de basse qualité ou... ou même un stylo ! Fit remarquer son ami, ce qui le fit rire. »
Il posa sa main sur son épaule.
« T'en fais pas Nyo, tu trouveras du matériel à dessin... Le rassura le plus vieux.
-Ouais... Certainement. Au fait, t'as vu Mathieu ? »
La mine du chevelu se rembrunit.
« Oui... On est arrivé ici ensemble mais il s'est... »
Il réprima un sanglot.
« Il a reçu une balle. Il est là, derrière, finit-il en pointant une porte.
-Oh... Désolé... »
Quelques minutes de silence suivirent avant que le dessinateur ne se décide à aller voir le blessé, laissant ainsi Antoine seul. Ce dernier se remit à pleurer silencieusement et, lorsque Nyo revint, il sécha rapidement ses yeux. Sauf que le châtain l'avait bien vu. Il le prit alors dans ses bras.
« Nyo... gémis l'aîné d'une voix faible. Tu pense qu'on va s'en sortir ?
-Évidemment ! On a tout pour survivre ici, des champs, un verger, des élevages, une source d'eau alimentée par la pluie... Il y a vraiment beaucoup d'installations ici...
-Et... Il se pourrait qu'on reste ici indéfiniment ? Tout le reste de notre vie ?
-Il se pourrait bien, oui... Le gouvernement a dit qu'au bout d'un an, tous les mois, le plus faible du bunker devait remonter voir si tout va mieux. C'est vachement salop, quand même, d'envoyer le plus faible... Enfin... D'ailleurs, ça me fait penser que j'ai oublié de te faire visiter ! Viens, suis moi. »
Ils se levèrent tous les deux. Le plus jeune emmena son ami à travers quelques câbles branchés à la hâte qui pendaient du plafond en grognant contre les travaux qui restent à faire encore.
« Au moins, on s'ennuiera moins... lui répliqua le chevelu.
-Ouais, soupira son cadet. »
Après quelques minutes passées à traverser un long couloir avec de nombreuses portes -qui étaient les chambres-, les deux survivants arrivèrent dans un plus grand corridor vitré. De part et d'autre du chemin, ils pouvaient voir de petites semences perçant à peine la terre.
« Ça, c'est les champs, lui expliqua le 'guide'.
-J'avais compris ! Ria son interlocuteur, vite suivi par son ami. »
Ils ne s'attardèrent plus longtemps ici et continuèrent d'avancer sur vingt mètres avant de se retrouver devant une petite porte de métal. Nyo l'ouvrit et traversa le court couloir -oui, encore- pour ouvrir une seconde porte donnant sur le verger. Antoine foula la terre avec une joie indescriptible. Les derniers arbres qu'il avait vu étaient ceux couchés, morts, avant que Mathieu ne fut blessé. Il chassa ses pensées funestes de son esprit, se convaincant que son meilleur ami survivrait.
À gauche du verger, une énième porte donnait, selon les explicationsde Nyo, sur les laboratoires. Celle de droite sur le Siège d'Écoute et de Protection des Survivants -ou SEPS-. Aucuns des civils ne pouvaient la passer.
« Plus loin, continua Nyo dans sa visite, il y a le Croisement. C'est là qu'on peut rejoindre un autre bunker. Les abris les plus loin sont desservis par des navettes électriques. D'ailleurs, en parlant de ça, j'ai oublié les salles les plus importantes !
-Et celles qui font la bouffe ne le sont pas ? Souleva Antoine.
-Si ! Mais nous n'avons pas à nous en occuper, des personnes agrégées le font... Je parle de la salle de bain commune, la salle de sport, le complexe médical et le complexe de cours où se trouve une bibliothèque.
-UNCOMPLEXE DE COURS ?! S'étouffa presque le chevelu en écarquillant les yeux.
-Bah... Oui... Tu sais, il y a des femmes enceintes, des enfants et des couples ici, il faut bien assurer l'éducation de tout le monde. Il y a pleins de salles et il dessert plusieurs bunker. Tous ceux du Sud de la France en fait.
-Une vraie civilisation souterraine...
-Ouais... Si ça se trouve, on devra rester encore cent ans ici. Alors il faut bien se préparer à cette éventualité...
-C'est vrai... Bon, continue.
-Dans le complexe médicale, il y a toute les branches. Certaines sont souvent vides car leurs occupants doivent enseigner leur spécialisation pour les générations futures. Il y a, à l'entrée, trois cabinets de médecins, un cabinet de médecin de garde pour la nuit, de l'orthopédie, de la kinésithérapie, de la cardiologie, de la neurologie, et encore pleins d'autres !
« Dans le complexe scolaire, c'est pire. Il y a de tout, en spécialisations : de la chaudronnerie, de l'esthétique, de la médecine et toutes ses branches, une école d'ingé, de jeux vidéos. C'est énorme ! (comme ma bite !) J'ai été voir le programme, les élèves sont une soixantaine par classe et ils sont presque toujours encadrés par deux enseignants.
-Attends, attends... Comment on peut avoir une telle organisation alors qu'en vingt ans, la France n'a pas réussi à avoir une telle chose ?!
-Hé bien... Ce n'est pas le gouvernement qui s'est occupé de tout ça en fait, il a juste fait les annonces et le financement. C'est une association mondiale créée au tout début de l'apocalypse qui s'en est chargé. Ils doivent être plusieurs milliers, si tu veux mon avis. Tu m'étonnes qu'ils sont organisés à partir de ce moment là !
-Tu me parais vachement éclairé sur ce sujet quand même...
-J'ai eu le temps de visiter et de me renseigner, en une semaine.
-Une semaine ? Ça fait aussi longtemps que tu es ici ?
-Ouais... Et tu sais quoi ?
-Mmh...Non ?
-Il font aussi des cours extra-scolaires et adultes au complexe.
-Ah bon ?
-Ouais, cours d'électricité, de bricolage, de théâtre, des activités sportives, des cours de chant, de musique et.. de dessin !
-Je crois que tu n'en as pas besoin, Nyo !
-Je ne pense pas y aller... Enfin, en tant qu'élève...
-Attends... Tu veux être prof de dessin ?
-Ouaip'... J'suis peut être pas le plus pédagogue mais je pense que ça s'apprend.
-...Wow... »
Un silence s'installa alors qu'Antoine regardait aux alentours, admirant la décoration très cyberpunk. Du métal et des câbles prédominaient.
Le retour se passa aussi en silence. Ils s'assirent à une table. Antoine était très fatigué, ce que Nyo remarqua rapidement.
« J'ai dû t'ennuyer avec toutes ces histoires, rigola Nyo. Va te coucher, t'as une tête horrible...
-Mmh... T'as raison... »
L'aîné s'en alla dans une des chambres sans trop regarder laquelle et s'étala sur le lit. Cela étaient bien trop pour son cerveau, tous ces événements. D'abord, la guerre, puis l'apocalypse, le bunker, l'organisation digne d'une fourmilière, tout... Son crâne fatigué bouillonnait sous toutes les informations.
Une énorme explosion retentit, faisant plus que trembler le sol. Le chevelu se redressa, alerte. Un tremblement de terre s'en suivit. Il s'arrêta au bout d'une heure seulement. L'homme à lunettes aurait bien voulu allait voir Nyo pour lui demander ce qu'il se passait, ce qu'était cette explosion, et il hésita longuement avant de s'évanouir à moitié de sommeil sur le lit suspendu (un peu comme en prison, par des chaînes sur le mur, mais c'est plus confortable hein...).
Voilà la suiite ! Bisous <3
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Mar 26 Avr - 14:49