Le matin fut la même routine pour les neuf hommes. Sauf évidemment que Nyo demanda l'attention de tous ses amis.
« Aurore m'a donné une lettre hier...
-D'amour ? Ria Bob.
-Non, elle aurait besoin de nous, dimanche 14 à vingt-trois heures ici.
-Et pourquoi on irait la voir ? Demanda Antoine, suspicieux, en croisant les bras. Ça me semble un peu gros que, du jour au lendemain, elle fasse sa gentille et qu'elle nous demande de l'aide...
-Je suis de l'avis d'Antoine, appuya Gabriel.
-Ouais, c'est surréaliste... acquiesça Seb. »
Nyo soupira.
« Et tu veux y aller, toi ? Questionna Mathieu.
-Je compte bien, ouais... Au moins pour voir ce qu'elle veut...
-Fais gaffe qu'elle te viole pas, rigola Bob une nouvelle fois. »
Nouveau soupir de la part du dessinateur.
« Bon, si vous changez d'avis, vous n'aurez qu'à me rejoindre le soir même. Moi, j'irai. »
Sur ces mots, le cadet monta à la surface, suivit de ses amis qui se regardaient, les yeux rempli d'incompréhension.
Encore une fois, Aurore se montra clémente. Enfin, légèrement plus que d'habitude. La journée se passa sans encombre. Cette fois-ci, Mathieu avait rejoint le groupe des champs pour travailler.
Au soir, tous les huit confirmèrent à Nyo qu'ils ne viendraient pas avant d'aller se coucher dans leurs chambres respectives. Le châtain s'assit sur le bassin de son petit ami, posa ses mains sur son torse et le fixa.
« Alors, t'y as réfléchi ?
-A quoi ?
-Bah, le mariage, les enfants... Tout ça !
-Non Math', soupira Antoine, on a déjà parlé et je ne reviendrai pas sur ma décision !
-Mais enfin, tu peux pas y repenser un peu ? Essayer de reconsidérer la question ?! Ou alors c'est trop demander à monsieur !
-Je t'ai dit que je ne voulais pas ! Et arrête de me bassiner avec ça, j'ai bien compris que tu le voulais, ton mariage et ton enfant, mais moi non !
-Je te demande juste d'y repenser un moment ! Donc t'y penseras ou merde ?!
-Merde ! »
Antoine s'extirpa de l'étreinte de Mathieu et se leva pour aller dans la chambre du plus petit. Ce dernier le regarda partir, triste. Très triste. Il soupira longuement et s'allongea, dos à la porte. Il fixa le mur devant lui et sentit une larme couler le long de sa joue. Il l'essuya rageusement. Il ne pouvait pas pleurer pour ça quand même ! Si son homme ne souhaitait pas revenir sur sa décision pour lui, c'était peut-être qu'ils n'étaient pas vraiment fait pour être ensemble. Peut-être. Cette éventualité lui fit mal au cœur, le déchirant en deux. Et il se remit à pleurer. Il ne voulait pas perdre Antoine, pour rien au monde, maintenant qu'ils s'étaient trouvés. Mais la douleur de ne pas pouvoir avoir d'enfants ni se marier à celui qu'il aimait était si grande...
De son côté, Antoine réfléchissait aussi. Peut-être pouvait-il accorder à son aimé une simple réflexion sur cette question. Après tout, ils s'aiment, il peut bien faire quelques concessions... Enfin essayer. Un enfant, c'est beaucoup de responsabilités. Et il craignait de ne pas être à la hauteur. Tout lui faisait peur, dans la paternité. Et si l'enfant ne se plaisait pas dans un foyer homoparental ? Et si il n'arrivait pas lui même à assumer ses responsabilités ? Et si leur couple ne s'en sortait pas ? Et si Mathieu mourrait, il serait l'unique papa ? À force de réfléchir à toutes les éventualités, il en devenait parano. Maintenant, à vrai dire, il était de moins en moins sûr à ne pas vouloir d'enfants. Et puis, finalement, un enfant, ça ne voulait pas dire seulement les pleurs, les réveils en pleine nuit, les crises de nerfs et les chantages. Il y avait aussi les rires, les moments de jeux en famille, tout le bonheur dont Antoine ne voulait pas avant finalement. Avant. Mathieu le faisait réfléchir sur sa vie avec lui... et un enfant. Et il ne savait toujours pas s'il voulait ou non. Peser le pour et le contre était difficile avec toutes ses peurs et ses craintes. La peur de ne tout rater, de fuir, de tout saboter dans son couple sans le vouloir. Mais il était certain qu'il devrait en discuter avec son homme. C'était la seule personne qui pouvait le rassurer sur son potentiel de père. La seule ? Pas vraiment, il était certain que ses amis aussi pouvaient l'aider dans sa réflexion sur tout ça... Et surtout le rassurer. L'éventualité d'avoir un enfant lui paraissait maintenant plausible, et beaucoup moins déjantée qu'il y avait quelques années où il ne se voyait même pas en couple. Mais pour maintenant, il était exténué. Il réfléchira mieux le lendemain, certainement. Alors il décida de s'endormir sans savoir que, dans sa chambre, son petit ami pleurait encore des larmes amères de déception.
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Lun 23 Mai - 12:58