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[Matoine : Déserteurs] Chapitre 9 : Un doux réveil

Silen
Silen
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Mar 3 Mai - 13:34
Silen
« Demain, ce sera l'anniv' à Mathieu, remarqua Nyo. »

Antoine ne lui répondit pas. Il était d'autant plus triste face à cette célébration sensée rendre joyeux. Mais pas quand le destinataire est dans le coma depuis sept ans. Septième cadeau. Chaque année, le chevelu lui déposait un petit présent pour son anniversaire. Cette année là, en ce 22 septembre 2023, il n'avait encore aucune idée de ce qu'il allait lui offrir. Il se creusa la tête encore toute la nuit avant d'opter pour une lettre qui récapitulerait ce qu'il s'est passé durant ces sept ans.

Il commença à la rédiger à la lueur de sa lampe de bureau mais, à peine quelques mots écrits qu'il bloqua. Il se posait tout un tas de question : Devait-il avouer ses sentiments ? Lui dire que sans lui il se sentait mort ? Peut-être le lui faire comprendre ? Il continua finalement son paragraphe au ''feeling''. Une fois fini, il le relut et, le trouvant bien nul, il fit du papier une boule et le lança dans sa corbeille. Il soupira en voyant le boulette s'écraser contre le mur puis le sol.

Le brun reprit une feuille et redémarra sa lettre mais fut de nouveau bloqué au premier paragraphe. Il décida au final de continuer sa lettre en faisait part de tout ce qu'il ressentait. Même l'amour qu'il ressentait pour l'endormi. Néanmoins, pas nettement. Pas noir sur blanc pour ne pas être trop direct.

Au bout de deux heures d'écriture intensive et une bonne dizaine de feuilles jetées, Antoine écrivit enfin une lettre qui le satisfit. Il la relut plusieurs fois pour y déceler de possibles fautes puis, ne voyant rien, il la mit sous enveloppe, la posa sur son ordinateur et partit se coucher.

Le lendemain, l'homme aux yeux bruns se leva, le cœur lourd, et s'habilla comme à son habitude. Enfin, pas vraiment. D'habitude, il met un t-shirt et un vieux jean mais ce jour-là était trop important. Alors il enfila une chemise bleue et un jean noir. Il se rendit directement dans la chambre de son meilleur ami, sans manger ni saluer Nyo. Ce jour, le jour des trente-quatre ans du châtain encore et toujours endormi, devait lui être uniquement dédié, pensait Antoine. Il déposa la lettre dans sa main droite posée sur son torse avant de s'asseoir au sol. Il saisit sa main doucement et la serra, en caressant le dos de son pouce.

« Réveille toi, Math'... putain, je peux plus continuer à vivre comme un fantôme attendant juste ta résurrection. »

Il rit nerveusement.

« Enfin, t'es pas mort, je sais. Cette putain de machine qui bip me le rappelle chaque jour. Mais j'ai peur que ça arrive, tellement peur... »

Les larmes lui vinrent aux yeux. Très vite, elles se mirent à couler. Un ans qu'il se retenait de pleurer, réservant ses larmes pour ce jour si particulier.

« Réveille-toi... »

Le brun ferma les yeux et posa son front contre le matelas. Il pleura toute la matinée et plusieurs heures encore après midi passé. Vers seize heures, il finit par s'endormir, la main de Mathieu toujours emprisonnée dans la sienne.

Une heure après, il y eu du mouvement dans le lit, une tête bougea, la tête de celui dans le coma depuis plus de sept ans. Il ouvrit difficilement ses yeux clairs comme de l'eau de roche et se redressa pour observer les alentourd. Il paniqua intérieurement, ne reconnaissant pas l'endroit où il se trouvait quand son regard se posa sur l'homme endormi à moitié sur son lit. Il sourit même en s'approchant mais il fut arrêté quand un objet sur son torse tomba.

Il reconnut une enveloppe et la saisit. Dessus était inscrit « Pour tes 34 ans » et le châtain reconnut l'écriture d'Antoine. Mais il ne voulait pas l'ouvrir. Il avait peur de ce qui allait être marqué. Terriblement peur. Il la posa sur sa table de chevet et remarqua avec surprise les six autres cadeaux. Il retira sa main de celle de son aîné et les ouvrit un par un. Il était ému par tout ce qu'il avait reçu, surtout le sixième. Sur la carte qui l'accompagnait, il était marqué que le moyen-métrage avait été réalisé par Antoine lui-même avec ses élèves du cours de cinéma. Son meilleur ami, prof ? Mathieu en rit rien qu'à la pensée de le voir en tant que professeur. Il regarda donc le petit film qui lui était ainsi destiné. Il était réalisé à l'image d'une ancienne intro de What The Cut ?! Avec en supplément des acteurs qui jouaient les personnalités de Mathieu créée pour son émission. Il rit aux éclats jusqu'à la fin avant de reposer le cadeau sur sa table à côté de son lit.

Le châtain regarda Antoine d'un air attendri. Il le trouvait mignon endormi ainsi. Enfin, son ami se réveilla. Il releva lentement la tête, encore dans les vapes, puis sauta au cou de son cadet une fois qu'il ait compris qu'il était bel et bien réveillé.

« Mathieu, putain, tu m'as tellement manqué...

-J'espère bien ! Ria son interlocuteur. J'ai dormi combien de temps ?

-T'as été dans le coma pendant sept ans, cinq mois et treize jours.

-Wow, ça a le mérite d'être précis... T'attendais tant que ça mon come back ?

-Oh oui... Je voulais pas perdre mon meilleur ami ! »

En disant cela, Antoine lui avait ébouriffé les cheveux. Mathieu protesta en riant et passa sa main dans ceux du brun mais ses doigts restèrent bloqués et il dut les retirer plus difficilement.

« Toujours aussi décoiffé, brosse à chiotte...

-Toujours aussi petit, hobbit...

-Hé ! J'ai pas choisi ma taille !

-Bah... J'ai pas choisi mes cheveux !

-Pff... Mais tu peux les couper court toi.

-Tu m'as déjà vu les cheveux coupés court ?

-Euh... réfléchit Mathieu, s'imaginant son ami tondu. Non, en fait je veux même pas voir...

-Je le ferais jamais !

-Et heureusement ! »

Antoine sourit, il avait retrouvé son meilleur ami. Tout était comme avant, à un détail près... L'époque et le lieu ont bien changé. Durant les sept années de coma de Mathieu, son ami avait comme mit sa vie en suspens. Et enfin, aujourd'hui, elle reprenait. Ils sortirent joyeusement de la chambre mais à peine le plus jeune eut-il mis une pied dehors que Nyo lui sauta dessus en criant son nom.

« Moi aussi je suis content de te voir Nyo mais tu m'étouffes là, marmonna-t-il comme il pouvait. »

Son ami s'écarta en s'excusant.

« Joyeux anniversaire au fait !

-Merci...

-Bon, désolé, mais je dois vous laisser. On le fêtera dignement ce soir, proposa le dessinateur avec un clin d’œil.

-Y'a intérêt ! »

Le benjamin s'en alla, laissant les deux meilleurs amis seuls pour la journée. Antoine fit visita la Fourmilière à Mathieu qui était émerveillé par les prouesses tant dans l'organisation que dans les machines utilisées. Ce n'est que vers vingt-deux ans qu'ils revinrent au bercail où leur ami les attendait. Sur la table se trouvaient un pack de bière et tout un repas pour quatre.

Alors qu'ils s'asseyaient, la porte s'ouvrit sur leurs amis qui avaient eu vent de l'éveil de Mathieu. Il y avait Bob, Gabriel, Frédéric, Sébastien, Kriss et Alexis. Après de longues embrassades, accolades et exclamations ravies, tous s'assirent en saisissant chacun une bière, sauf Antoine. Son meilleur ami le fixa, étonné.

« T'en prends pas 'Toine ?

-Mmh... Non, j'ai arrêté de boire, avoua son interlocuteur.

-Quoi ?! Rooh, aller, l'incita le petit ex-vidéaste en lui tendant une bouteille.

-Bon... soupira-t-il. T'as gagné.

-C'était pas difficile... »

Ils se mirent à rire doucement alors que le chevelu attrapa la bière et la décapsula. Il la but en trois gorgées puis reposa la bouteille vide sur la table devant lui.

« Les réflexes reviennent vite, ria Nyo.

-Ta gueule, plaisanta l'ancien présentateur de What The Cut ?! »

La soirée continua dans la bonne humeur et se prolongea toute la nuit. Ce n'est qu'au matin, quand neuf heures sonna, que le groupe d'amis se dispersa dans les chambres pour se reposer. Mais Mathieu intercepta le dessinateur.

« Nyo ? Je peux te parler ? »
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