Le lendemain matin, Antoine se réveilla plus tôt que tous les autres. Il se leva et alla à la cuisine, se saisissant de la bouteille d'eau de Nyo. Il savait qu'il ne supportait pas les épices, alors il versa quelques grammes de poudre de piment de Cayenne et étala du poivre sur le goulot. Il repartit ensuite auprès de Mathieu qui s'était réveillé entre temps. Il lui sourit.
« Qu'est-ce que tu es parti faire, Daniel ?
-Rien... »
Le susnommé leva les yeux au ciel en souriant d'un air innocent.
« Raconte, l'incita son homme.
-Mmh... Juste une petite vengeance... Tu sais... La lettre que tu as lu, elle était pas de ma main mais celle de Nyo. Donc je me suis vengé... Il aime pas le piment...
-C'est puéril, 'Toine...
-Puéril, sadique, c'est comme tu veux... »
Le châtain ria devant la détermination de son petit ami. Les deux amants se câlinèrent encore jusqu'à entendre un cri.
« AAAAH PUTAIN ANTOINE DANIEL J'VAIS T'DEFONCER ENCULE ! Hurla leur ami dessinateur.
-Je pense que t'y es allé un peu fort sur la dose... pensa l'ancien présentateur de Salut Les Geeks à voix haute.
-Mais non, il exagère toujours tout, expliqua son ex-collègue. »
Bientôt, ils entendirent des coups à la porte.
« OUVRE BATARD ! »
Le plus jeune de tous était vraiment remonté contre son meilleur ami qui lui ouvrit finalement, mort de rire, comme Mathieu.
« J'te signale que c'est grâce à moi que t'es avec Math' alors pourquoi tu t'es vengé merde ?!
-Puéril, tu m'disais ? Lança Antoine à l'homme allongé dans son lit.
-Vous faites une belle paire de gamins tous les deux... ria-t-il.
-Bon... T'avais juste pas à te mêler des affaires. Ce que je dis, je le fais toujours, tu me connais. Donc si je t'ai dis que je comptais annoncer à Mathieu que je l'aime, c'est que je l'aurais fait. Tu n'avais pas à jouer au Cupidon et fourrer ton nez dans les affaires des autres.
-Ouais, bon j'suis désolé... Mais c'était quand même très enfantin ce que t'as fait...
-Je sais, mais je voulais le faire quand même... Bon, on va manger Math' ? »
Son interlocuteur prit congé. Le châtain acquiesça et se leva pour rejoindre son petit ami et l'embrasser du bout des lèvres.
Tout deux rejoignirent leurs sept amis pour prendre le petit déjeuner avant de sortir pour une nouvelle journée de travail assommante. La pause du midi fut encore une fois très courte et l'après-midi un enfer. Frédéric se plaignait que les normes de travail n'aient pas été régulées pour interdire le labeur au soleil entre midi et quatre heure de l'après-midi. Mais il devra s'y faire car les travaux risquent de durer longtemps. Très longtemps. Plusieurs années au moins... Aurore les interpella aux alentours de cinq heures.
« On a reçu du matériel amélioré. Voilà pour les constructeurs. »
Elle montra une pile de carton amassé en vrac et fit de même avec un tas à côté.
« Et là c'est pour les préposés aux champs. Récupérez ce qu'il vous faut et retournez travailler. Tout le monde s'exécuta.
Au terme de la journée, le groupe des champs n'avaient pas fini les deux hectares. Deux personnes du groupe de construction, qui n'étaient autre que Seb et Bob, durent aller commencer la clôture autour du champs alors qu'il était dix-neuf heures, moment où, déjà, la brume reprenait sa place nocturne habituelle et la fraîcheur reprenait ses droits sur le soleil et ses rayons. La terre n'était devenue qu'un désert : invivable le jour à cause de l'écrasante chaleur, la nuit était aussi froide que le Groenland avant la guerre. Reconstruire un monde était un défi que Save Earth était prêt à relever, au prix des plus faibles humains.
Tous étaient assis autour de la table et discutaient de la journée. Plus particulièrement de la manière dont les Save Earth traitaient les gens et encore plus particulièrement d'Aurore et les surnoms -inadmissibles- qu'elle donnait aux autres. L'ambiance du repas était bonne enfant malgré tout. Elle dériva sur d'autres sujets bien plus intéressants pour eux.
Lorsque vingt-et-une heure sonna, tous se dispersèrent dans leurs chambres. Mathieu et Antoine se retrouvèrent enlacés dans le même lit que les autres nuits. Le plus vieux caressait l'épaule dénudée de son homme, pensif. Ce dernier le remarqua et releva la tête vers lui avant de l'embrasser à la mâchoire.
« Tu penses à quoiiii ? Demanda-t-il.
-Tout et rien en même temps. Enfin, c'est pas très intéressant. »
Le chevelu l'embrassa sur le front et se cala sous sa couette.
« Dormons.. »
Sur ce dernier mot, il ferma les yeux. Le châtain l'imita mais il ne parvint pas à s'endormir comme l'homme sous lui dont la cage thoracique se soulevait à un rythme lent. Il ne pouvait pas dormir, n'arrêtant pas de réfléchir.
Ce coma qu'il a subi l'avait changé, il en était certain. Enfin, pas seulement son coma, son nouvel amour aussi, l'avait changé. Alors qu'il n'avait jamais souhaité d'enfant avant, il se mit à y penser dans un futur qu'il soit proche ou lointain. Alors qu'il n'aimait pas s'engager, qu'il ne voulait pas se marier, cette idée ne le dérangeait plus le moins du monde. Il ne savait pas si c'était parce que c'était Antoine ou s'il avait mûrit mais il savait maintenant ce qu'il voulait. Et il n'était pas près de changer d'avis. Il savait très bien que sa relation n'allait pas être faite que de beau temps, surtout avec quelqu'un comme Antoine Daniel, assez intempestif, sang chaud et criard, mais il connaissait l'ampleur de son amour pour lui, et jamais il ne mourra.
Sur ces pensées, il réussit enfin à sombrer dans les bras de Morphée.
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Mer 18 Mai - 9:00
