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[Matoine : Déserteurs] Chapitre 10 : Que s'est-il passé ?

Silen
Silen
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Mar 10 Mai - 19:04
Silen
« Nyo ? Je peux te parler ? »


Nyo se tourna vers son ami en souriant. Il s'approcha de Mathieu qui l'emmena dans sa chambre, à l'écart sous l’œil soucieux du chevelu.

« Oui ?

-Je... que s'est-il passé ?

-Hein ? Bah... t'étais dans le coma... lui répondit le dessinateur dans l'incompréhension.

-Non mais... Je veux dire, qu'est-ce que vous avez fait pendant que je ''dormais'' ?

-Oulà... Et bien... commença le plus jeune. J'ai fait d'abord visiter la Fourmilière à Antoine. Enfin, une fois qu'il avait fini de pleurer... et...

-Pleurer ? S'étonna l'ex-présentateur de SLG.

-Hum... Tu es son meilleur ami et il t'a quasiment vu mourir, tu sais. Et il tient beaucoup à toi.

-Mmh, réfléchis Mathieu. Continue...

-J'ai décidé de devenir prof de dessin, et je le suis toujours d'ailleurs... Bon, au début c'était super dur... J'arrivais à me faire comprendre et j'ai failli en claquer plus d'un. Mais après, avec le temps, c'est beaucoup mieux. Puis la plupart de mes anciens sont toujours là. Enfin, ceux qui ne sont pas passé au niveau supérieur.

-Au niveau supérieur ?

-Ouais, je m'occupe des 10-14 ans... expliqua son interlocuteur. En-dessous, y'a les 5-9 ans et au dessus les 15-19 ans puis, en dernier, les 20 ans et plus. J'suis déjà allé à un de leur cours récemment et je peux te dire qu'ils sont beaucoup, une trentaine !

-Une trentaine ?! S'étrangla l'aîné.

-Ouais... Mais c'est super bien organisé. Ils sont 5 profs en tout là-bas. Puis c'est juste pour le secteur...

-Et le secteur, ça rejoint quelles grandes villes ?

-Marseille, Montpellier, Perpignan, Nîmes... Sur un rayon de deux cents kilomètres.

-Mmh... ça fait beaucoup de villes quand même... Et donc ça veut dire qu'il y a des complexes scolaires tout les deux cents kilomètres ? »

Nyo ria sous le regard interrogateur de son ami.

« Non enfin... Tout les quatre cents kilomètres !!

-Ah oui merde... réalisa le plus vieux des deux avant de rire aussi.

-Ça t'a pas fait du bien ce dodo !

-Ta gueule... »

Malgré son ton blasé, Mathieu souriait.

« Sinon, y'a pas...

-AH OUI C'EST VRAI ! S'exclama le cadet comme s'il avait eu une révélation, faisant sursauter le nain à ses côtés.

-Quoi ? Tu m'as fait peur !!

-Désolé. J'ai oublié de te dire qu'Antoine est devenu prof...

-Euh... C'est une blague ?

-Non, non, il est prof d'un atelier cinéma au complexe scolaire. Et j'crois bien que, s'il n'y avait pas eu ses gosses, enfin ceux dont ils s'occupent, ils se seraient laissé mourir à ton chevet...

-Hein ? »

Mathieu ne comprenait pas beaucoup ce que lui racontait son ami à moitié bourré. Il répéta donc :

« Bah, en fait, Antoine est prof d'un atelier cinéma pour des gosses de quinze à dix-neuf ans et s'il n'y avait pas eu ces enfants-là, il serait certainement resté toute la journée dans ta chambre. Il t'aime vraiment beaucoup et on aurait dit qu'il était à demi-mort pendant...

-Tout ce temps ? Le coupa l'aîné, devinant la fin de sa phrase.

-Ouaip'... »

Le plus petit sortit la lettre du chevelu de sa poche et le fixa un moment.

« C'est ton cadeau d'anniv' de l'année ?

-Mmh, oui. Mais...

-Me dis pas qu't'as peur de l'ouvrir ?

-Ben... Ouais...

-Faut pas enfin ! T'as intérêt à la lire au moins de- »

Nyo fut coupé par un grésillement venant des hauts-parleurs. Les deux amis se tournèrent vers ceux-ci.

« A tout nos chers citoyens et survivants, cela fait sept ans que nous sommes enfermé à entendre l'accalmie à la surface. Nous vivons peut-être dans un paradis actuellement mais nous ne pouvons pas y rester éternellement. Et aujourd'hui, enfin, les envahisseurs ont déserté notre Terre. Enfin, nous pouvons reprendre possession de nos terres qu'ils nous ont si durement prises au coût de nombreuses vies. Demain, à l'aube, les habitants des différents bunker et/ou complexes formant la Fourmilière sous la France pourront sortir et brandir fièrement le drapeau de la Patience. Notre envoyé, qui nous a informé du nouveau calme à la surface, voudrait vous adresser un mot. »

Il y eut un blanc.

« C'est le chargé de communication de l'assos', informa le dessinateur. »

L'ex-vidéaste hocha la tête. Enfin, les hauts-parleurs reprirent :

« Mes chers amis, j'ai l'honneur de vous annoncer qu'enfin nous pouvons remonter là-haut, revoir notre soleil et notre lune, nos étoiles et nos nuages, mais je dois cependant vous mettre en garde : je pense bien que, si les envahisseurs nous ont déserté, c'est pour la simple et bonne raison que notre Terre me semble stérile à ce jour. Plus aucuns arbres, aucuns brins d'herbe, pas un oiseau ou un hérisson là-haut, le vide total. Il est de notre devoir de nous réapproprier nos climats, nos paysages et nos horizons, nos champs, nos maisons et nos forêts. Le monde d'aujourd'hui est à reconstruire, et bien nous le ferons ensemble ! Pour l'humanité, nous avons survécu à la guerre. Pendant sept ans, patiemment, nous avons attendu, mais aujourd'hui, ce n'est ni nos compatriotes ni le gouvernement qui a besoin de nous. Aujourd'hui, c'est la Terre que nous devons sauver. Nous devons la dépolluer, la fertiliser et reconstruire nos habitations. Mais ne faisons pas les mêmes erreurs que nos prédécesseurs, construisons tout suite écolo et économe. Des plans-types seront mis en circulation dès demain mais n'oubliez pas, ne commencez pas les constructions tout de suite, nous pouvons encore dormir dans nos chambres dans les bunkers alors pas besoin de bâtir de maisons pour l'instant, concentrons nous sur le repeuplement au niveau naturel. Merci de votre écoute et de votre coopération, mes chers amis, et au revoir. »

Le son fut coupé. Pourtant, les deux hommes restèrent sans bouger un moment. Enfin, Mathieu prit la parole :

« Wow... A peine je me réveille qu'on sort... Coïncidence ?

-Je ne crois pas ! Termina son ami en riant légèrement.

-Bon, soupira le plus vieux en s'étirant, je vais me coucher moi...

-Ouais, moi aussi... La journée de demain promet beaucoup...

-Ouaip'...

-Et n'oublie pas d'ouvrir la lettre, demain !

-Ne t'en fais pas ! »

Sur ces mots, les deux amis se séparèrent pour se retrouver chacun dans leur chambre. Ils se couchèrent rapidement et rejoignirent leurs amis au pays des songes, rêvant à leur retour à la surface.
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